Madoka & Compagnie
Un des charmes de KOR c’est la narration à la première personne que nous offre Kyosuke. Que ce soit par l’approche de l’histoire ou par ses prises à partie du spectateur, on se sent tout de suite impliqué. Nous aussi, nous débarquons dans cette nouvelle ville et on va se faire de nouveaux amis, vivre de nouvelles expériences.
Cette vision de l’histoire donne sa saveur au récit car comme Kyosuke, on n’a pas de vision d’ensemble. On ne sait pas vraiment ce qui se passe dans la tête des différents protagonistes. Ce qui leur arrive hors champ. Pas étonnant que comme lui, on envie Kazuya, capable de lire dans les pensées.
Ceci dit, au fil des épisodes, se dévoile la psychologie des personnages. On comprend petit à petit ce qu’ils ressentent et expriment. Et bien sûr c’est particulièrement le cas de celle qui est au cœur de cette histoire : Madoka. Voilà pourquoi, une fois étanchée notre soif de connaître le dénouement de cette histoire, le réflexe qui identifie le vrai fan de KOR, c’est de retourner presque immanquablement au début pour analyser le récit, fort de sa nouvelle compréhension des personnages auxquels il est maintenant irrémédiablement attaché.
Alors, si on changeait un peu de point de vue ?
Si on tentait d’exprimer ce que ressent Madoka tout au long du récit. Quels en sont les points d’inflexion majeurs. A quels moments ses sentiments envers Kyosuke, mais aussi Hikaru, changent ? Est-il possible de discerner les instants clés qui aboutiront au final que nous connaissons ?
J’ai trouvé cet exercice très intéressant et je vous propose de livrer mon analyse personnelle. Mais, je suis persuadé que les connaissances et les expériences de chacun pourront enrichir et corriger cette analyse. Avec l’aide de chacun, pourrions-nous analyser de manière détaillé le comportement et les pensées de ce personnage si riche et énigmatique ?
« Je m’appelle Ayukawa Madoka. J’ai 15 ans et je viens d’entrer en classe de 3e. Les cours ? ça ne me passionne pas, mais c’est important alors... mais je m’intéresse davantage à la musique. La famille ? C’est important aussi, d’ailleurs ce goût pour la musique me vient sûrement de mes parents qui sont des artistes reconnus. J’aime ma famille, mais je n’en suis pas très proche. Mes parents vivent à l’étranger et ma sœur est souvent absente. En fait, celle qui compte vraiment pour moi, c’est Hikaru. Le reste ? … ça ne vous regarde pas ! »
Ça aurait été trop facile comme ça…
Mais malgré le caractère secret de Madoka, dans KOR on découvre beaucoup de choses sur elle qui sont antérieures à sa rencontre avec Kyosuke. Son enfance a été plutôt difficile lorsque ses parents se sont éloignés à cause du travail. La laissant souvent pendant de longues périodes. Même si sa sœur était là, il semble qu’elle n’ait pas créé de lien très fort avec elle. C’était une solitaire, s’endurcissant petit à petit, devenant même garçon manqué. Toutefois, elle finit par prendre sous son aile Hikaru une petite fille de 2 ans sa cadette. Une amitié très forte s’est construite au fil du temps. Hikaru a une confiance aveugle envers sa « grande sœur » qui est dès le début très protectrice avec elle. Et le bien-être de son amie va devenir quelque chose de central dans sa vie.
Yûsaku ? Ses relations avec Madoka sont floues. On pourrait s’attendre à ce qu’ils soient proches car les 3 sont effectivement amis d’enfance. Mais il semble que Yûsaku, même si elle l’apprécie, est surtout l’ami d’Hikaru. Par exemple, Madoka n’est pas suffisamment proche pour avoir discerné les sentiments qu’il a envers Hikaru.
Tout semble indiquer que dans les 5 ans entre la Madoka de 1982 et celle du début de l’anime, sa situation familiale va l’amener à se marginaliser. On ne saura jamais vraiment ce qui s’est passé dans cette période qui sera pourtant fondamentale pour définir qui elle est. En tout cas, ce qu’on sait c’est qu’elle a eu à faire à des bandes de délinquantes. Sans pour autant en faire partie. Mais elle a appris à se défendre. Et comme elle excelle dans tout ce qu’elle entreprend, elle est devenue redoutable. Crainte au point d’être appelée « Pikku no Madoka », mais aussi respectée car ses écarts de conduite ne lui ont pas fait perdre son sens des valeurs. Elle s’éloigne malgré tout du conformisme et de ce qu’on attendrait d’une fille de bonne famille. Elle fume, boit et traîne en boîte de nuit. Et elle entraîne malgré elle Hikaru sur ce chemin. Elle aussi fume et s’attire des ennuis avec des délinquants dans le premier épisode. Mais Madoka veille et la tirera de ce mauvais pas.
Elle s’est donc forgé une image de fille distante et solitaire qui n’a que faire de ce que les autres pensent d’elle. Elle ne montre jamais qui elle est ou ce qu’elle pense, et même Hikaru ne verra chez son amie que ce que cette dernière voudra bien lui montrer. Le reste, elle le garde pour elle.
Pourtant cette image est finalement très loin de la véritable personnalité que l’on va petit à petit découvrir au fil des épisodes. Elle joue un rôle, tout le monde s’en accommode, elle la première. C’est cette contradiction qui va dérouter Kyosuke, tout comme le spectateur qui ne comprennent pas plus l’un que l’autre ce comportement versatile.
Mais les choses vont commencer à changer à partir du 1er épisode de cette histoire. L’amour et les garçons ne semblaient jusque-là pas avoir leur place pour la « Madoka au médiator ». La délinquante ne montrerait pas une telle faiblesse. Mais qu’en est-il pour la vraie Madoka ? Que sait-on a posteriori ?