8 réponses à ce sujet

[FrozenOwl]

L'actualité Netflix est intéressante à suivre pour les fans d'anime des années 80-90 et j'ai l'impression qu'on n'en a pas trop parlé sur ce forum. Après la série 3D Saint Seiya avec la bouche d’égout qui parle, et une adaptation live de One Piece dont tous les fans disent qu'elle est très réussie, Netflix a sorti coup sur coup des séries "revival" de Urusei Yatsura (Lamu) et en cours, de Ranma 1/2, deux comédies romantico-fantastiques qui sont bien dans l'esprit de KOR.

 

Je viens de regarder le 1er épisode de Ranma 1/2 et je me suis bien marré : si vous voulez être biberonnés avec un peu de nostalgie, je vous le recommande! (Et puis il y a le côté "à l'ancienne", où il faut ATTENDRE avant de regarder l'épisode suivant! )

 

Après votre avis m'intéresse : tout ceci est-il bien utile? Après tout, on peut bien regarder les anciennes séries, d'abord parce que ce sont de relativement fidèles adaptations des mangas dont ils sont tirés. Et, en tout cas pour le 1er épisode de Ranma 1/2 revival, c'est très similaire au premier épisode de l'anime que j'ai vu il y a bien longtemps.

 

Seulement voilà : JAMAIS je ne serais spontanément allé regarder les 161 épisodes de Ranma et les 195 épisodes de Lamu certainement très inégaux et pleins de fillers. Alors une version plus "light" en une vingtaine d'épisodes avec des moyens de production moderne, une animation plus fluide, et dont on peut espérer qu'ils soient dans le haut du panier scénaristique du manga, ça réveille suffisamment ma nostalgie des années Club Do et ça me va tout à fait!

[Olivier]

Merci frozenowl. Je pense, et Lamu en est un excellent exemple, que tout ceci est malheureusement avant tout une histoire d'argent. En parallèle à la nouvelle série de Lamu, il est sorti au Japon ces deux dernières années environ un millier de goodies liés à la nouvelle série. Un millier !! A mon avis, tout est dit.

Sur le fond, la nouvelle Lamu est jolie, beau chara-design, animation correcte. Mais ne nous leurrons pas, je pense que l'idée première de ces nouvelles séries est juste de vendre du goodies.

Tu peux rajouter Creamy qui va aussi avoir le droit à sa nouvelle série après Lamu et Ranma.

Pour ma part, ça ne me dérange pas d'avoir une ancienne et nouvelle série. Et on aura d'ailleurs peut-être KOR en 2027 car Creamy est du Studios Pierrot pour les 40 ans de Creamy. De là à ce qu'ils fassent pareil pour KOR, c'est très probable.

Après, ils veulent aussi attirer les nouvelles générations en faisant des remake d'ancienne série car moins risqué. Mais encore une fois, l'avalanche de goodies explique l'attente numéro un des japonais, faire du fric.

[FrozenOwl]

"Faire du fric" a toujours été la principale motivation de tous les éditeurs, producteurs, studios, distributeurs, etc. y compris à l'époque de la première diffusion de KOR ou de Lamu. Donc je ne dirais pas "malheureusement" parce que sans la motivation de la thune, on n'aurait jamais eu KOR!

Et on pourrait se dire que cette vague "revival" se fait au détriment de la nouveauté : mais même pas vraiment puisque la production d'aujourd'hui en matière d'entertainment surpasse (en quantité), et de loin, celle des années 80. Jamais on n'a autant produit, que ce soit en matière d'anime, de séries, de films ou de jeu vidéo. Et ne serait-ce que pour Netflix et l'animation, on trouve de très bonnes productions, saluées tant par la critique que par le public : Arcane, Blue Eye Samuraï, l'anime Scott Pilgrim, le Pinocchio de Del Toro, etc.

 

En revanche, on a tous cette impression diffuse qu'il y a "comme un problème", et je pense que c'est lié à plusieurs facteurs :

- on a beaucoup de mal, dans toute cette abondance de production, à repérer les bons "produits",

- la hype pour une œuvre redescend aussi vite qu'elle est montée. On a du mal à voir aujourd'hui qu'elle est l’œuvre qui va résister à l'épreuve du temps.

- même s'il y a beaucoup de production, tout est formaté pour répondre à un cahier des charges "safe" qui satisfera à un maximum de public. Le "bad buzz" est la chose la plus redoutée des studios et on évitera toute forme d'aspérité, ce qui limite très fortement la créativité, la provocation et l'outrance.

- et puis pour les quadras-quinquas, il y a une forme de "déjà-vu" persistant : passé les jeunes années où "tout est nouveau" on est plus difficile à surprendre, à réjouir ou à émouvoir.

[Olivier]

Je crois pas qu'il demeure aujourd'hui une question sur comment une oeuvre va résister a l'épreuve du temps. Je pense qu'on est dans l'ère où une nouveauté régulière remplace la précédente devenue has been. Les nouvelles générations n'ont d'ailleurs pas la volonté de refaire ou revoir quelque chose de déjà vu ou fait. On pourrait même dire qu'ild vivent le fameux carpe diem de notre génération. En un sens, c'est très bien. Mais je ne suis pas sûr que des notions comme se retourner, regarder en arrière, sont des notions d'aujourd'hui. Donc une oeuvre n'a pas besoin de rester si elle a fait son job à sa sortie. Rapporter de l'argent et utiliser du temps de vie pour ceux qui consomment l'oeuvre. Je crois qu'il n'y a justement que des quadra/quinqua pour rester alerte sur des choses du passé. Peut être aussi parce que nous avons eu des années 70-90 insouciantes quand les jeunes ont eu covid, guerre, incivilités et violences de plus en plus fréquentes. D'ailleurs, un bon exemple est jeux vidéo.com, quand les jeunes se demandent quand sortira la PS6 des le lendemain de la sortie de la PS5

[Punch]

Merci pour ce débat très intéressant FrozenOwl

 

L'animation japonaise, tout comme le Japon, est à un tournant de son histoire.  Le métier est difficile, mal rémunéré, épuisant, les "anciens" quittent le métier petit à petit et les "jeunes" n'ont pas forcément envie de reprendre la suite.

 

L'animation japonaise n'a jamais été aussi populaire, elle n'a jamais autant rapporté d'argent mais les salaires ne suivent pas et les cadences sont infernales (malgré l'aide de l'outil informatique).

 

Ce qui est même incroyable, c'est qu'hier les coréens étaient sous-traitants des japonais et maintenant les japonais adaptent des web toons coréens...

 

Pourquoi alors déterrer des œuvres du passé ? Manque d'idées ? Argent facile ?

 

Je ne saurais être objectif dans un tel débat. Tout ce que je peux dire, c'est que les adaptations modernes peuvent offrir une seconde chance aux séries anciennes. Et, par exemple, pour les Aventures de Dai/Dai no Daibôken/Fly (appelez le comme vous voulez), la nouvelle adaptation a permis à l'intégralité du manga d'être adapté dans de bonnes conditions.

 

Oui, nous sommes des "enfants" gâtés, nous avons plus de choix aujourd'hui qu'hier et nous nous plaignons d'avoir trop à regarder. C'est la même chose avec les mangas, les séries, les films, les jeux vidéo...

 

Le géant culturel américain lui-même ne sait plus où aller en privilégiant les remake, reboot, suites... Disney a tué ses poules aux œufs d'or (Disney, Marvel, Star Wars) en les faisant aller tout azimut et en proposant trop de contenu au point de nous dégoûter... 

 

Dans cet océan culturel, comment laisser leur chance aux innovateurs ? aux créatifs ? Et s'ils ont la chance de pouvoir s’exprimer publiquement, arriveront-t-ils à trouver leur public et à obtenir le succès mérité ?

 

Beaucoup de questions et très peu de réponses en somme...

 

Voyons le bon côté des choses, tant que les médias existent, il y a de l'espoir

[FrozenOwl]

"Et, par exemple, pour les Aventures de Dai/Dai no Daibôken/Fly (appelez le comme vous voulez)" : t'as oublié "Dragon Quest"!

 

Bon, je retiens quand même une hypothèse évoquée par Olivier et peut-être qu'on peut lancer un pari dessus : KOR revival sur Netflix en 2027?

[Baltique]

Je m'incruste dans cette passionnante discussion pour vous souffler un terme qu'on emploie peu au quotidien mais qui est essentiel dans les réunions marketing aujourd'hui : "pre-awarness".

En gros, c'est l'idée qu'il est plus facile de vendre quelque chose que le public connait déjà plutôt que d'essayer de lui vendre quelque chose de nouveau.

D'où la mode de faire des suites, des reboot, des remake, etc...
 

Je ne dis pas que tout est à jeter. Certaines productions sont faites avec amour et sincérité. Mais le fait est qu'il est aujourd'hui plus facile de trouver le financement pour un adaptation live de One Piece ou une adaptation d'un jeu populaire tel que League Of Legends parce que ces titres ont déjà une fan base acquise.

Ce n'est pas nouveau... mais c'est devenu une véritable norme dans l'industrie et ça gangrène véritablement la production audiovisuelle.

[Punch]

FrozenOwl, m'a séché une fois de plus... j'avais fait exprès de ne pas mettre "Dragon Quest" et j'attendais de voir si quelqu'un allait le remarquer

 

Merci pour le terme Baltique, j'ai appris quelque chose, mais de là à le sortir spontanément dans une discussion...

 

La tendance est de privilégier la rentabilité à la créativité... jusqu'à ce que lassés de zapper sur du déjà-vu, on ne finisse par éteindre et faire autre chose.

 

Dans la longue liste, on peut citer Grendizer U, Patlabor EZY, Versailles no Bara, Magic Knight Rayearth...

 

Si avec tout ça on n'a pas de Kor, il n'y aura plus qu'à manger son chapeau (de paille rouge)

[Baltique]

J'ai envie de te répondre que la tendance a toujours été de privilégier la rentabilité.

Sauf qu'avant, on cherchait la nouveauté qui allait attirer le public. Maintenant, on n'ose plus parier sur la nouveauté et on mise sur des choses qui ont fait leurs preuves par le passé.

Les gens aux manettes tiennent plus de gestionnaires de patrimoine que de créatifs. Ca durera jusqu'à ce que la multiplication des bides montre que la nostalgie ne fait plus recette.