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Le coin des mélomanes... en concert


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69 réponses à ce sujet

#1 Baltique

Baltique

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Posté 07 décembre 2014 - 22h59

Allez hop ! Je me permets d'ouvrir un petit sujet sur la musique, et plus particulièrement sur les concerts parce les ces, youtube ou les mp3 c'est bien sympa, mais la scène reste encore le meilleur endroit pour aller vraiment découvrir les artistes.

 

Je vous propose un petit compte rendu du concert d'Emilie Simon auquel j'ai eu la chance d'assister récemment et j'avoue que je n'ai pas pu résister au plaisir de faire cette review sous la forme décalée d'une lettre à l'artiste. Quoi qu'il en soit, et plus sérieusement, ce fut un excellent concert et je vous encourage sincèrement à aller la voir si elle passe près de chez vous.

 

 

26 Novembre 2014

Emilie Simon @ Le Rocher de Palmer

 

Chère Emilie, je vous aime Ca ne date pas d'hier. Ca m'est tombé dessus comme un pot de fleur ce jour où j'ai découvert par hasard votre album Végétal et depuis je suis inlassablement votre carrière. J'avoue que je n'étais pas là à Rock En Seine, quand vous aviez convoqué un orchestre entier pour vous accompagner. Je garde un profond regret de ce rendez-vous manqué. Aussi, quand j'ai appris que vous me feriez la courtoisie d'un passage éclair près de chez moi, il était hors de question que je vous fasse à nouveau faux bond.

 
J'étais là, au milieu de cette foule anonyme, impatient et nerveux à l'idée de vous revoir, mais malgré tout sûr de moi et de mon charme. Le noir tomba sur la salle. Votre silhouette se découpa en ombre chinoise sur le paravent qui décorait la scène et toute assurance s'effondra d'un coup. Quelle élégance dans les gestes ! Quelle sensualité dans la voix ! Au bout de quelques seconde, vous êtes sortie de votre cachette pour apparaitre enfin en pleine lumière. Je fus toute de suite saisi par la beauté de vos épaules nues sur lesquelles les mèches flamboyantes de vos longs cheveux ricochaient en écume. Vous portiez cette splendide robe fourreau qui mettait si bien en en valeur votre vertigineuse chute de reins. On aurait dit une seconde peau. Un peau d'écailles. Des écailles d'or au reflets verts éblouissants.
 
Vous étiez superbe ! Et moi j'étais définitivement perdu. Car non seulement votre beauté m'a plongé dans un émoi des plus profonds, mais de plus vous avez choisi de débarrasser votre musique de ces oripeaux synthétiques qui vous ont fait connaître, pour offrir un show plus brut, plus électrique, plus reptilien en somme. 
 
Vos compositions s'en sont trouvées transformées, s'affirmant ainsi dans leur forme la plus minérale. Galvanisée par une énergie nouvelle, elle m'ont pris instantanément au tripes et m'ont emporté. Et alors que nous étions au milieu du concert et que je pensais avoir tout compris, vous avez soudain abandonné votre guitare pour passer derrière le clavier et me prendre à nouveau à contre pied. Car si les synthés si familiers ont fait leur retour le temps d'une poignée de titres, c'est pour mieux emmener toute la salle hors de sentiers battus, perdre votre public avant de dynamiter définitivement toutes ses attentes.
 
Ce soir là, vous avez accompli votre mue. La jolie poupée électro a d'abord cédé sa place à la rockeuse vénéneuse et ardente, avant de s'effacer derrière une artiste aussi belle qu'insaisissable. Mais si vous avez changé de peau, votre sourire malicieux de petite fille est resté le même et a éclairé votre visage du début à la fin du concert. Vous étiez heureuse d'être sur scène, et ça se voyait.

Vous m'avez mis au tapis et je ne m'en relèverai jamais. Chère Emilie, je vous en supplie, épousez-moi ! Je veux porter votre enfant !


#2 Punch

Punch

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Posté 07 décembre 2014 - 23h15

Et bien Baltique quelle fougue !

 

Merci pour cette nouvelle rubrique musicale (qui n'est pas de moi pour une fois :P).

 

Je connaissais pas cette artiste pour laquelle tu n'as même pas daigné mettre une photo !

 

Ha là, là :lol:

 

Dans tous les cas, tu as une très belle prose. Tu pourrais écrire des fanfictions ou même des poèmes !

 

A moins que ce ne soit que le "sujet" qui t'ai tant inspiré à ce point ;)



#3 Baltique

Baltique

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Posté 08 décembre 2014 - 00h14

Pour ce qui est d'une fan fiction, ça fait longtemps que j'y pense mais sans trouver de sujet qui m'inspire jusqu'ici. Quoi que j'ai peut-être une idée intéressante. On verra bien si je trouve le temps de creuser la chose.

 

Concernant Emilie Simon, j'avoue que malgré tous mes effort, je n'ai pas pu me résoudre à ne parler que de la prestation musicale tant la beauté de la demoiselle était éclatante !  :D

 

Pour les photos, j'avoue que celle que j'ai pu prendre lors du concert sont globalement loupées ! Et je ne voyais pas l'intérêt de mettre une photo officiel vu que tout le monde ici doit savoir utiliser un moteur de recherche.

 

En tout cas, si jamais tu es curieux de la découvrir, je te conseillerai vraiment d'aller écouter Végétal, qui reste mon album préféré d'Emilie Simon. Son premier album qui s'appelle tout simplement "Emilie Simon" est également très bien. Elle a aussi composé l'excellente BO du film La marche de l'Empereur.

 

Ses autres disques sont tous très bons, mais avec des ambiances radicalement différentes qui peuvent décevoir quand on a aimé les premiers. Ca a été mon cas par exemple avec son album The Big Machine auquel je n'ai pas du tout accroché au début. J'ai quand même été la voir sur scène à ce moment là et j'ai pris une petite claque qui m'a fait totalement revoir mon jugement sur ce disque.

 

Donc écoutez ses albums et surtout n'hésitez pas à aller la voir sur scène parce que c'est vraiment là que sa musique s'exprime le mieux.

 

Je n'ai malheureusement pas réussi à trouver de vidéo qui retranscrive correctement l'ambiance de cette tournée. Qu'à cela ne tienne ! Je me fais un petit plaisir et vous mets une vidéo extraite de son concert enregistré à l'Olympia en 2006.

 

Ca s'appelle Fleur de saison et ça vous donnera une petite idée du talent de la demoiselle.

 



#4 CyberFred

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Posté 08 décembre 2014 - 11h08

Bonjour Baltique,

 

Talentueuse. J'ai aussi trouvé cette vidéo de son concert (à CENON) le 26 novembre que tu évoques :

 

 

Est-ce cela que tu as vu ?


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#5 Olivier

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Posté 08 décembre 2014 - 11h22

C'est la fille d'Yves Simon. Vous ne connaissiez pas ?
I'm looking for the red straw hat...

#6 Baltique

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Posté 08 décembre 2014 - 12h56

Oui, c'est précisément à ce concert là que j'étais. J'étais au deuxième rang.

 

Il y a plusieurs vidéos qui trainent sur youtube mais je trouve qu'aucune ne donne vraiment une idée juste de l'ambiance générale du concert. Et puis j'avoue que je rechigne à mettre des vidéos amateurs pour illustrer mes posts parce que j'ai plutôt tendance à penser que les gens feraient mieux d'accorder toute leur attention à l'artiste et à sa musique plutôt que de tout voir à travers l'écran de leur téléphone.

 

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#7 Punch

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Posté 08 décembre 2014 - 14h10

Effectivement, j'ai connu ce problème lors de la Japan Expo 2013. Comment apprécier un artiste tout en le filmant en même temps ? Ce n'est pas possible ! C'est pour cela que je n'ai pu faire que des courtes vidéos (de faible qualité en plus !).

 

Malheureusement, pour ma part, je peux difficilement assister à des concerts live pour des raisons pratiques...

 

Il est certain que l'on n’apprécie un artiste qu'à sa juste valeur lors de ses représentations sur scène (leur véritable lieu d'expression). On perd peut-être en confort et en acoustique mais on y gagne largement en émotion.



#8 CyberFred

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Posté 08 décembre 2014 - 15h08

Il y a des concerts où c'est pas permis de filmer en direct. Je ne sais pas si c'était le cas de cette artiste ou de son concert. Là, ce que j'ai trouvé sur Youtube, c'est une vidéo courte, tellement courte qu'on a l'impression que celui qui a filmé cela ne voulait pas trop se faire remarquer. 


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#9 CyberFred

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Posté 08 décembre 2014 - 15h08

C'est la fille d'Yves Simon. Vous ne connaissiez pas ?

 

Inconnue au bataillon pour moi avant que Baltique n'en parle. 


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#10 Baltique

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Posté 08 décembre 2014 - 17h38

Il est généralement interdit de filmer ou d'enregistrer les concerts. Après, difficile pour les organisateurs de faire la police et la pratique est plus ou moins tolérée.

 

Après, il y a quelques artistes qui encourage leur public à le faire. Des fans de Radiohead ont ainsi monté un concert entier à partir de vidéo prises par les fans avec le support du groupe qui a fourni un enregistrement audio effectué directement sur la console du concert.

 

A l'inverse, j'ai vu des vigiles faire la chasse aux appareils photos à des concerts de Prince.

 

Concernant Emilie Simon, il y a pas mal d'autres vidéos de sa dernière tournée qui trainent sur youtube. Mais entre une vidéo tremblotante et le fait d'être présent au concert, les frisson n'est pas le même.



#11 Baltique

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Posté 29 mai 2015 - 15h04

Un petit compte rendu du concert d'AC/DC qui avait lieu au Stade De France ce mardi 26 dernier.

 

Quelle claque mes amis ! AC/ DC en concert c'est un véritable ouragan, un rouleau compresseur de bruit et de fureur qui laisse totalement pantelant avec pour seule envie d'en reprendre encore plein la gueule !

 

Pourtant, le show fut étonnamment sobre comparé à ce que le groupe nous a offert lors des précédentes tournées. Pas de train qui débarque sur scène, ni de statue géante d'Angus Young. La scène était réduite à un mur d'ampli Marshal encadré par quelques écrans géants. Tout était fait pour que l'attention se recentre sur la performance du groupe. Et force est de reconnaitre que cette bande de vieux briscards élevés à la bière en a encore sous le capot malgré le poids des années. C'était chaud, sale, et électrique, ça dégoulinait de sueur et de testostérone et il s'exhalait du stade de france un doux parfum houblonné et désaltérant.

 

Le groupe dégage une puissance incroyable ! Pendant près de 2 heures, ils ont enchainés les classiques avec une rage et une férocité impressionnante. Je me souviendrai longtemps de cette version de Back In Black sous stéroïde et de ce Sin City bien rugueux comme il faut. Et que dire de cet interminable solo d'Anges Young ? Le guitariste, comme possédé par sa musique, semblait tenir le stade tout entier dans le creux de sa main au point que l'on sentait tout le public s'abandonner au son de sa guitare et que l'on se sentait envahi par le sentiment qu'il pourrait nous emmener où il voulait avec quelques accords. Tout simplement extraordinaire !

 

Comment font-ils pour tenir un tel rythme avec autant d'intensité ? C'est vraiment hallucinant ! Ce soir là, l'enfer régnait sur le Stade de France, et franchement on en redemande !

 

Hell Yeah !

 

On aurait juste aimé un son un poil moins fort et un peu moins saturé car, même si ce n'était jamais vraiment mauvais, ça sonnait par instant quand même un peu brouillon.

 

J'en profite pour faire un petit coup de pub pour Vintage Trouble, qui a franchement bien chauffé l'ambiance en première partie. La grande classe ! Quant à No One Is Innocent, malgré toute la sympathie que je peux avoir pour eux, je dois avouer que ça ne fonctionnait pas très bien, en particulier à cause d'un son franchement mauvais et manquant cruellement de puissance.



#12 bigface

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Posté 29 mai 2015 - 18h23

Ma favorite de Ac/Dc c’est "Who made who"....bon groupe j’adore
BIGFACE

#13 Punch

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Posté 29 mai 2015 - 20h24

Beau compte-rendu détaillé Baltique :o

 

C'est comme si l'on y était ! N'hésites pas à nous en faire d'autres ;)



#14 Baltique

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Posté 25 juin 2015 - 16h49

Vendredi 19 juin dernier, les Eagles Of Death Metal se produisaient non loin de chez moi. Je ne pouvais décemment pas louper ça et bien m'en a pris car je n'ai franchement pas regretté le déplacement. Pendant 1h30 de concert absolument réjouissant. les Eagles Of Death Metal ont imposé leur son résolument rock'n roll, fun et décomplexé, quelque part entre le sérieux inébranlable des Queens Of The Stone Age et la pantalonnade surréaliste des Tenacious D.

 

L'énorme prestation de Jesse Hughes, charismatique leader du groupe restera longtemps gravé dans les mémoires ! Cheveux gominés, lunette de soleil inamovibles, moustache fière et broussailleuse, il formidablement arrangé la foule et s'est régulièrement livré a quelques pas des danses totalement indescriptibles, prouvant ainsi, si besoin été, que non seulement le ridicule ne tue pas, mais que poussé jusqu'à un certain point, il s'en dégage une certaine classe. Le chanteur au look improbable a entraîné le public dans son sillon en l'invitant à balancer toutes ses inhibitions stupides, à profiter du moment en chantant et en s'amusant le plus possible. Pari gagné haut la main !

 

Alors, vous aussi, oubliez pendant quelques temps les idols et autres fantaisies de la pop asiatique ! Laissez parler la sueur et la testostérone ! Lachez-vous, arborez votre plus belle moustache et laissez vous porter par le son des Eagles Of Death Metal ! Musicalement c'est bien ! Et humainement, en ces temps tristes et policés, c'est une bonne action !



#15 Baltique

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Posté 19 janvier 2016 - 21h54

Ce 17 janvier, j'étais à Paris, dans la superbe salle du Trianon pour assister au concert de José Gonzales. Le show était initialement prévu le 16 novembre mais avait été reporté suite aux attentats du Bataclan.

 

Ce fut un très beau moment. Impossible de ne pas se laisser emporter par les mélodies aériennes et les accords de guitares entêtants qui rythment les chansons de cet artiste précieux. Soutenue par son groupe dont les percussions aux accents latins rappellent ses origines argentines, la voix lumineuse du chanteur suédois, dont le timbre unique évoque les grandes étendues sauvages des paysages scandinaves, met à nu les fils qui relient les continents et les hommes. On sort de son concert l'âme apaisé et rempli d'un formidable sentiment de liberté.

 

A voir et à écouter absolument.



#16 Baltique

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Posté 12 février 2016 - 18h37

Le 29 février prochain je monte sur Paris avec quelques amis pour voir l'un des groupes qui s'est imposé comme l'un des plus populaires dans nos contrées : Muse.

 

Or, un de mes inénarrables camarades de concerts s'est vu malheureusement contraint de faire défection. Suite à ce désistement, j'ai donc une place à céder pour le dit concert qui aura lieu à Bercy, enfin... à l'Accor Hotel Arena (je ne me ferais jamais à ce nom !).

Donc si vous aimez Muse ou si vous êtes curieux de découvrir ce groupe sur scène, n'hésitez-pas à me contacter et venez vous joindre à nous ! Vous êtes d'ores et déjà le ou la bienvenu(e) et aurez aussi la joie incommensurable (ou pas) de pouvoir passer le concert avec notre petit groupe, voire plus si affinités ! ;-)

 

Et pour essayer de vous donner envie et pour que ce post ne se réduise pas à une simple petite annonce, je vous propose un long compte rendu d'un des concerts que Muse a livré à Londres en 2012 et auquel j'ai eu la chance d'assister. Je précise toutefois que ce texte a été originellement écrit dans la foulée du dit concert et qu'il s'adressait avant tout à des fans du groupe. Je me suis donc permis de le remanier légèrement un peu afin de l'actualiser un peu et de le rendre plus agréable à lire.

 

Et pour ceux qui ne connaissent pas du tout Muse, je vais vous les présenter rapidement : il s'agit d'un groupe de rock britannique. qui est apparu sur la scène musicale en 1994. Le trio est composé de Matthew Bellamy (chant, guitare, piano), Christopher Wostenholme (basse, harmonica, chant, chœurs) et Dominic Howard (batterie, percussions). Ils sont surtout connus pour leurs tubes Time Is Running Out et Starlight.

 

 

Je vous souhaite bonne lecture... enfin si vous en avez le courage !  :smart3:

 

Mettons les choses au clair tout de suite : le concert auquel j’ai assisté en 2012 était loin d’être irréprochable : ouverture décevante au regard des standards habituels imposés par le groupe, set list sans grande surprise qui fait la part belle à des singles mille fois entendus, parti-pris de mise en scène discutables et cabotinage ridicule du chanteur en roue libre. Oui ! Tout cela est présent et pourrait suffire à me ranger définitivement aux côtés de ceux qui s’insurgent contre ce que Muse est devenu sur scène. Mais avoir conscience des imperfections de quelque chose n’empêche nullement le plaisir qu’elle peut nous procurer. Or, si plaisir il y a, c’est bien que, d’une certaine façon, cette chose répond à nos attentes, parfois même au point que l’on finisse par en oublier ses défauts.

 

Vous l’avez compris, je ne vais pas me la jouer blasé ou pseudo-hype ! J’aurais beau adhérer pleinement aux critiques les plus argumentées sur la médiocrité de certains passages, je ne peux me résoudre à condamner ces concerts de Muse, et ce, pour des raisons totalement irrationnelles qui sont de l’ordre du ressenti. Très honnêtement, j’ai vraiment adoré ce à quoi j’ai eu la chance d’assister ! Vraiment ! J’en suis d’ailleurs le premier surpris car, contrairement à certains fans, je n’ai jamais sacralisé la bande à Matthew Bellamy. Malgré l’affection profonde que je porte à leur musique, il y a déjà plus de 12 ans que je pense que leur réputation de groupe de scène est totalement illégitime et qu’il y a rien à attendre de leurs concerts sinon, au mieux, un gros spectacle, un peu pauvre en émotions, mais ultra-récréatif (ce qui est déjà pas mal).

 

Je vous livre donc mon compte rendu sur l’événement qui, à l'époque, a déclenché chez les fans du groupe autant d’enthousiasme aveugle que de haine irrationnelle; compte rendu hautement personnel que j’espère aussi juste et agréable à lire que possible.

 

Encore aujourd’hui, je garde un souvenir très précis du entrant sur scène au son Take A Bow en 2006 ou de We Are The Universe en 2009. S’il est une chose que j’ai toujours reconnu aux concerts de Muse, c’est bien leurs ouvertures à vous couper le souffle ! Comparée à ce à quoi le groupe nous a habitué, l’introduction de cette année 2012 a quelque chose de terriblement quelconque. Quelle déception de les voir tranquillement débarquer par un bête escalier ! C’est d’autant plus frustrant qu’Unsustainable s’impose naturellement comme LE morceau taillé pour illustrer une arrivée sur scène musclée et que le titre se prête vraiment, mais vraiment à quelque chose de visuellement dantesque.

 

Heureusement, le groupe ne tarde pas à rectifier le tir en enchainant très rapidement avec le deuxième morceau à coups de riffs massifs aux accents « James Bondien ». Matt, peut-être conscient de la faiblesse de son entrée, va tout de suite au contact du public sur la petite plate forme qui avance vers la fosse et tombe à genoux. Mâchoire serrée, concentration maximale, il semble vraiment remonté. On sent tout de suite qu’il a envie d’en découdre et qu’il veut emmener groupe et toute la salle dans son sillon. Et lorsqu’arrive le refrain et que tout le monde se met à hurler « supremacyyy », le concert est définitivement lancé. Trois petits mosh pit se forment dans la fosse de l’O2. A partir de là, les morceaux de bravoures vont se succéder sans temps mort.

 

L’un des plus marquants est bien sûr le moment où une immense pyramide inversée révèle sa présence. Dans l’obscurité de cette salle où règne un climat quasi apocalyptique de bruits sourds et de fumées, voir lentement descendre cette gigantesque masse noire, dont les angles saillants laissent s’échapper de menaçantes gerbes de lumière rouge sang, a vraiment quelque chose d’inquiétant. C’est certainement l’une des choses les plus folles et les plus abouties que j’ai pu voir en concert. Comment ne pas être emporté par la puissance visuelle de cette apparition ?

 

Dès lors la scène peut enfin s’exprimer dans toute sa splendeur et l’ambiance monte d’un cran. Soutenu par un ligthshow monstrueux, Muse en profite pour livrer une impressionnante démonstration de force et commence à aligner les titres à un rythme infernal, ne laissant aucun répit à la salle. Et si Panic Station ne retrouve pas toute l’énergie de la version studio, Supermassive Black Hole et Resistance, en revanche, délivrent un déluge de sons et de lumières qui submerge le public. La hargne du groupe est quasi palpable. Sans que l’on s’en rende vraiment compte, les trois petits mosh pit du début fusionnent peu à peu en un énorme cercle au centre de la fosse. Il se passe indéniablement quelque chose ce soir. Sublimée par une illustration visuelle brillante, la magnifique Animals fait mine de vouloir calmer les choses avant que son final méchamment rageur ne pousse définitivement l’O2 au bord du KO.

 

Alors que la tension est à son comble, Dom et Chris se lancent dans un jam d’un calme inattendu qui prend toute la salle à contre pied. Ils imposent un tempo lent dont l’élégance éthérée est soulignée par un éclairage bleuté des plus sobres. L’atmosphère vaporeuse qui se dégage de ce passage surprend autant qu’elle séduit. Cette simplicité assumée a quelque chose d’envoutant. Vraiment ! Je suis même certain que beaucoup étaient tellement captivés l’image presqu’irréelle du duo basse/batterie qu’ils n’ont remarqué l’apparition du piano sur la scène qu’au moment où Matt a commencé à en jouer. Loin de rompre le charme, ces quelques accords, comme échappés de nulle part, donnent à la fin de ce « Monty Jam » une vraie classe et laissent présager que le meilleur est encore à venir.

 

Résonnent alors les premières mesures d’Explorers, berceuse improbable perdue au milieu d’un concert de rock. Toujours au piano, Bellamy joue de sa voix la plus douce et, aussi étonnant que cela puisse paraître, la magie opère. Cette chanson s’impose de façon si naturelle qu’elle sonne comme une évidence. Emporté par la rythmique imparable d’un Dom qui parait habité par chaque coup de baguette et par l’interprétation formidablement chaleureuse de Matthew, le public se laisse inéluctablement gagner par ce morceau débordant d’affection et de bienveillance. Qui aurait pu imaginer qu’un tel titre trouverait sa place après le déferlement de riffs électriques que le groupe envoyait quelques minutes auparavant ? Par quel sortilège Muse a-t-il réussi cela ? J’ai beau adorer la version studio, je ne m’explique toujours pas une telle réussite. Sur scène, Explorers a vraiment tout d’un petit miracle.

 

Peut-être que le groupe est simplement très en forme, au point de pouvoir tout faire passer. Quoi qu’il en soit, ils ont air contents d’être là. Bellamy, plus souriant que jamais, prend quelques instants pour présenter la chanson qui va suivre. L’annonce d’un titre extrait de leur tout premier album reçoit une acclamation si enthousiaste que le chanteur a du mal à étouffer un rire fait de nervosité, de surprise et de gêne mêlées. Il ne s’attendait manifestement pas à un tel accueil. Il fait mine de se chauffer un peu la voix pour mieux se reprendre puis se lance. S’en suit un moment de grâce pure. Alors que les premières notes de Falling Down commencent à attiser le public, la voix de Matt submerge instantanément la salle et prend tous les spectateurs de court. Soudain le temps se suspend :

 

« I’m falling down ».

 

La nostalgie, la tristesse et la mélancolie s’égrènent l’espace de ces quelques mots si simples. Mille émotions se bousculent durant cette petite seconde qui semble durer une éternité. Quelle claque ! Mais quelle claque ! Et cette voix incroyable qui fille le frisson et emporte tout sur son passage ! L’O2 retient son souffle et cherche que faire. Plus personne ne sait s’il doit crier, chanter en chœur, ou écouter religieusement. Matthew donne la réponse lui même :

 

« And fifteen thousand people scream ».

 

A ces mots, la foule toute entière s’embrase. Une ovation extraordinaire consume la salle en un instant et atteint le groupe de plein fouet. Matt lance un regard fugace vers la fosse, un peu complice, un peu surpris, un peu touché aussi. Il y aurait encore tellement de choses à dire sur cette magnifique version de Falling Down au piano, saisissante de beauté, tant elle transcende l’originale mais les mots me manquent pour retranscrire toute l’intensité de ce moment définitivement à part. A la fin du morceau, Matt empoigne son micro et se tourne vers le public. On sent qu’il cherche ses mots, qu’il a envie de dire quelque chose, qu’il a envie de lancer un remerciement. Finalement il renonce et quitte son piano. Certains silences valent plus que des mots.

 

Le concert reprend. Un son éraillé inonde la salle. On croirait un écho surgi du passé. Que ce soit les fans les plus avertis ou ceux qui ne connaissent de Muse que ce qu’ils en ont entendu à la radio, tous tendent l’oreille, captivés. Accompagné de sa seule guitare, Matthew a quelque chose de magnétique. On en oublierait presque les autres membres du groupe.  Il y a toujours eu dans le début dépouillé de Host comme une sorte de suspense, une sorte de retenue sourde qui distille un sentiment d’attente indéfinissable. On le sent : quelque chose d’énorme va arriver, c’est certain ! L’obscurité recouvre la scène alors que le dernier accord de guitare résonne encore. Quelques coups de baguettes se font entendre, évoquant le tic tac qui précède les détonations. Boum ! La bombe est lâchée ! L’O2 s’illumine et explose au son de Time Is Running Out ! Ce putain d’enchainement fait sombrer le public dans l’hystérie. C’est de la folie ! Tout le monde crie, gueule, hurle. La fosse est en feu. Dans une ambiance indescriptible, toute la salle s’unit pour reprendre en chœur les paroles et chanter de plus en plus en fort jusqu’à ce que cet hymne s’achève par l’ovation assourdissante d’une masse quasi en transe.

 

Mais pas le temps de souffler pour autant ! Déjà le cri strident d’une guitare convulsive assaille les oreilles tandis qu’on distingue le manche lumineux de la basse qui avance dans la pénombre. Dès la première seconde Liquid State balaye tout ! Sur le devant de la scène, Chris vit le morceau à fond. Il secoue la tête à s’en péter la nuque et martèle le sol du pied. Sa silhouette affutée en impose vraiment. Il y a de la rage dans sa voix. De son côté, Matt, libéré de son micro, en profite pour se lâcher debout aux côtés de Dom avant de se balader un peu partout en maltraitant sa guitare. Il nous offre un pur moment de frénésie. Oubliez le côté étouffé de la version studio ! Emmenée par un son de basse écrasant et la prestation énorme de Chris, Liquid State dégage en concert quelque chose de rugueux et d’agressif qui rappelle un peu les Queens Of The Stone Age période Nick Oliveri et laisse la fosse groggy.

 

Muse se permet alors une rupture de ton totale et dégaine Madness, leur dernier single en date. Affublé d’une paire de lunettes dont les verres affichent les paroles de la chanson, Matthew saisit la caméra qui le filme et commence à jouer avec. Son visage apparaît sur les écrans géants en gros plan. Outrageusement frimeur, il s’amuse à prendre une attitude de crooner complètement décalée qui contrebalance le côté finalement assez austère du début de Madness. Même si ça ne dure qu’une petite minute et que Matthew cesse jette ses lunettes dès que le morceau s’étoffe, j’avoue que ce petit moment d’autodérision m’a fait sourire. Ca fait même franchement plaisir  de voir que, malgré le succès, il ne se prend toujours pas au sérieux et qu’il est capable d’afficher son côté facétieux ailleurs que sur le documentaire d’Hullabaloo. Beaucoup d’artistes n’auraient pas osé aller plus loin. Mais Muse est, pour le meilleur comme pour le pire, un groupe de l’excès.

 

Follow Me s’ouvre ainsi sur l’image surnaturelle d’un rayon de lumière transperçant les ténèbres d’une salle plongée dans le noir. Comme surgi du ciel, il vient frapper Matthew dans le creux de sa main. L’effet est d’une beauté renversante. Quelques lasers commencent ensuite à fuser tout autour du décor en suivant le rythme hypnotique des impulsions synthétiques du morceau tandis que des visuels similaires à celui qui orne la magnifique pochette de The 2nd Law défilent sur les écrans de la pyramide. Armé de son seul Micro, Bellamy s’avance lentement au-devant de la fosse et fait monter la pression en exhortant les spectateurs à applaudir. Une décharge électrique parcourt l’enceinte de l’O2 qui répond à l’unisson. La chaleur s’intensifie jusqu’à en devenir insoutenable. Tout à coup, au moment du refrain, le chanteur tombe à genoux alors que, derrière lui, éclatent de spectaculaires salves de lasers. La scène devient le théâtre d’un véritable champ de bataille spatiale qu’on contemple médusé, au risque de se brûler la rétine.

 

Mais loin de se reposer sur le light-show, Matthew assure aussi le spectacle de son côté. Cependant, si l’attitude excessivement poseuse dont il a toujours fait preuve sur scène fonctionne parfaitement lorsqu’il a une guitare entre les mains, la chose s’avère bien moins efficace dès qu’il se retrouve privé d’instrument. Certains ne manqueront pas d’ailleurs de s’en émouvoir et de pointer du doigt le comportement trop surjoué du chanteur au point d’accuser ce dernier de manquer de spontanéité. C’est oublier un peu vite que se balader, avec pour seul accessoire susceptible de donner de la contenance, un unique micro est l’une des choses les plus difficile qui soit.

 

Mais ça n’est finalement pas gênant tant Matthew se donne à fond. Il se courbe, se tord, se plie en deux, s’agenouille. On sent que ce morceau lui tient à cœur. Ca se voit dans la précision de ses gestes, dans son rapport au micro, dans la façon dont il balance sa tête, dans la détermination qui marque chacune des rides de son visage. Concentré comme jamais il fait appel au moindre de ses muscles et va chercher sa voix au plus profond de ses trippes ! Chacun de ses gestes appuient les notes qui sortent de sa gorge. Quoi qu’on en pense, cette volonté de se mettre en danger force le respect et devant une telle performance vocale, une telle maitrise, une telle exigence, une telle recherche de la perfection, on ne peut que s’incliner. Car, sans mentir, son interprétation m’a filé la chaire de poule et lorsque sa voix et celle de Chris se répondent à la toute fin de la chanson, j’ai senti ma poitrine se soulever et un frisson me parcourir. Galvanisé ! J’étais galvanisé !

 

Je me surprends même à acclamer Undiscosed Desires, un titre que je n'aime pourtant pas du tout ! C’est dire ! Mais je dois aussi reconnaître que j’apprécie plutôt la façon dont le morceau a évolué sur scène par rapport à la version de 2009. A ma décharge, convenez que l’absence de keytar est déjà une raison suffisante pour se réjouir. De plus, le fait que Dom abandonne sa batterie pour aller s’offrir une petite récréation derrière son pad rend cette version 2012 finalement assez fidèle à l’originale. Mais dans le même temps, les nouveaux arrangements, plus synthétiques, accentuent le côté décalé et le second degré du titre. Ca ne transforme pas Undisclosed Desires en grande chanson, mais le morceau gagne incontestablement en personnalité et en efficacité en assumant sa légèreté pop. Bellamy joue d’ailleurs le jeu à fond et semble prendre énormément de plaisir à parader sur scène pour embarquer le public dans la fête. Certes c’est bien ridicule de le voir se balader en agitant le bras, mais c’est tellement dans l’esprit de la chanson (on parle quand même d’Undisclosed Desires) que je me suis laissé prendre comme la quasi-totalité de l’O2.

 

Tout le monde s’amuse et l’atmosphère déborde à ce point de chaleur humaine que Matt se fend même d’un « I’m glad I can do this » au moment où il descend saluer les premiers rangs de la fosse. La phrase est inattendue, spontanée, sincère. Jamais je ne l’avais vu parler autant que ce soir. N’en déplaise à ceux qui détestent ce passage mais voir ce petit bonhomme tomber le masque et aller vers les gens avec des étoiles pleins les yeux et un sourire d’enfant a vraiment quelque chose de touchant. Et lorsque qu’il disparaît sur le côté de la scène en partant dans un délire de human beat box pour conclure la chanson, j’ai pour la première fois l’impression de voir le Matthew d’Hullabaloo. Pas celui du concert monté par un épileptique ! Non ! Celui, bien plus authentique, du documentaire où on découvrait un jeune homme avenant, souriant, déconneur, potache même, et bien différent de son image de rock-star énervée.

 

Mais ça ne l’empêche nullement de revenir sur scène en martyrisant sa guitare avant de nous balancer le riff de Plug In Baby comme d’autres balancent des uppercuts. La fosse se déchaine, secouée par de violentes vagues humaines. La salle vibre, tremble, vacille, menace même de s’effondrer avant de se rattraper de justesse et de hurler le refrain jusqu’à en couvrir le son du groupe. Totalement grisé, Matt finit même par quitter son micro pour laisser chanter le public et faire le tour de la scène. On jurerait un enfant incrédule, sidéré par l’ampleur de ce qu’il déclenche. Il aimerait que cela ne s’arrête jamais et refuse de conclure le morceau ! Prenant presque ses camarades par surprise, il se lance dans un baroud interminable en s’agrippant à sa guitare pour étirer le final autant qu’il le peut. On en redemande !

 

La suite arrive dans la foulée avec une amusante vidéo qui transforme le décor en roulette de casino géante. L’idée d’annoncer la dernière chanson du set de la sorte est vraiment sympa et exploite intelligemment la forme de la scène. La bille s’arrête sur New Born. L’O2 exulte ! C’est parti pour ce classique qui s’avère toujours aussi inusable et épique. Le groupe est survolté. Au dessus de leurs têtes la pyramide qui planait immobile jusque là prend vie et mute en une entité perturbée et menaçante. Comme s’ils se sentaient visés par cette agglomération indescriptible et oppressante, les membres de Muse s’agitent partout sur la scène. Ce qui ressemble à une course effrénée pour leur survie culmine dans une outro brutale et définitive qui sonne presque comme un dernier cri de révolte et de désespoir au moment où la pyramide se retourne pour venir s’écraser sur le groupe ! Bordel que c’est fort ! Il y a du souffle, de l’audace, de l’ambition dans cette séquence d’anthologie qui restera longtemps gravée dans les mémoires !

 

Déjà l’heure du rappel ! C’est passé à une vitesse folle ! Je me rends compte que j’ai écrit beaucoup plus que prévu. Mais il y a tellement de choses à dire sur ce concert, et tellement de choses dont j’ai oublié de parler. Chaque chanson a sa petite originalité, son petit truc marquant à l’image de la mise en scène absolument géniale idée de mise en scène d’Explorers qui utilise tous les écrans du décor pour afficher un Matthew géant face auquel on se sent tout petit… comme un nouveau né. C’est simple, mais ça fonctionne et on ne pouvait trouver mieux pour illustrer une berceuse. Bien sûr, tout n’est pas aussi brillant et certaines choses laissent tout de même un peu perplexe. Isolated System est l’une d’entre elle. Certes, le fait de diffuser une vidéo n’a rien de détestable en soi. Mais le fait que le groupe commence à jouer par dessus vers la moitié du titre est assez déstabilisant. Ce n’est plus tout à fait un clip, mais ça ne devient pas une chanson jouée pour de vrai pour autant. On ne pas un mauvais moment en la regardant, mais il y avait, je pense, moyen de faire bien mieux. Au final cet interlude laisse surtout une impression d’inachevé.

 

Heureusement, Uprising ne tarde pas à remettre les pendules à l’heure. Etonnamment, le morceau semble avoir gagné en fraicheur depuis la précédente tournée. Porté par une rythmique irrésistible, il s’impose comme le moment de gloire de Dom bien que ce dernier reste caché sous la pyramide pendant une bonne partie de la chanson. Mais il est malgré tout plus présent que jamais à travers des vidéos hilarantes où l’on voit la batteur dans un costume évoquant celui de Bruce Lee dans « Le jeu de la mort » distribuer les coups de tatanes à des ombres chinoises. Et lorsque la pyramide se soulève enfin c’est pour que l’on découvre qu’il a réellement revêtu le dit costume. Excellent ! Ca m’a rappelé leur concert de Bordeaux en 2006 où il était apparu déguisé en Spiderman. C’était déjà très sympa à l’époque, mais je trouve que la façon dont c’est amené sur cette tournée a encore plus de panache !

 

Du panache, Survival n’en manque pas non plus. Même si l’on aurait apprécié la présence de vrais chœurs, ça n’empêche nullement Muse de faire honneur à la démesure de ce morceau. Déjà redoutablement puissant sur l’album, le titre est incontestablement taillé pour la scène et c’est bien ici qu’il prend toute sa dimension ! On ressent les efforts et les sacrifices, le sang et la sueur, le feu et la poussière. Chaque solo de guitare devient une véritable épopée homérique dans laquelle Matt s’abandonne tout entier. Les yeux clos, il cherche ses limites. Ses doigts semblent pris de spasmes. Lui et l’O2 sont au bord de la rupture ! Son dernier cri sonne comme un soulagement, une libération et offre au public un ultime moment de répit avant le dernier rappel.

 

C’est un groupe visiblement très détendu qui revient sur scène. Bellamy, décidément plus bavard que jamais, prend le temps de dire quelques mots au public et dédie la prochaine chanson à sa grand-mère qui vient de fêter ses 100 ans. Touchant ! Le groupe est vraiment très heureux d’être là, ça se sent. A tel point que Starlight dégage vraiment quelque chose de particulier ce soir. D’aucuns auraient simplement parlé de communion entre l’artiste et son public mais ils auraient eu tort. Non ! Lorsque que Matt tend le micro pour laisser chanter la salle, c’est autre chose qu’il se passe, quelque chose de plus fort que ça, quelque chose de très difficile à raconter. En fait, à cet instant très précis, je suis envahi par le sentiment très fort et très rare que Matthew tient toute la salle tient dans le creux de sa main, qu’il a pris le contrôle de l’O2 et peut tous nous emmener où il le souhaite. Incroyable ! Starlight n’a sans doute jamais sonnée aussi juste !

 

Mais Muse a une dernière cartouche en réserve. Même si l’effet de surprise a disparu depuis longtemps, voir Muse reprendre le thème de « L’homme à l’harmonica » d’Ennio Morricone a toujours autant de gueule ! La suite est connue. Se lassera-t-on un jour de Knights Of Cydonia ? J’ai l’impression qu’elle devient de plus en plus puissante au fur et à mesure que les années passent. Transcendée par la voix de Matt, plus présente que jamais, cette chevauchée fantastique conclue magistralement la soirée. Le chanteur s’égosille à s’en ravager les cordes vocales. Quelle claque ! Muse aurait pu en rester là. Mais non ! Ils sont tous à bout de forces mais prennent malgré tout le temps de dire au revoir à l’O2. Chris est lessivé, ruisselant de sueur,  complètement hors d’haleine. Dom peine à tenir debout et titube presque en allant saluer la fosse. Matt reprend le micro pour crier une dernière fois. Puis les membres de Muse quittent finalement la scène en laissant derrière eux un public haletant.

 

C’est la première fois que je sors dans un tel état d’un concert de Muse. Contrairement aux cerbères impitoyables qui se veulent les gardiens du Muse des jeunes années et du « mythe hullabaloo »,  mes attentes étaient proches du néant et c’est peut-être pour cette raison que je n’ai vu nulle trahison illégitime dans l’attitude du groupe. Bien au contraire, je me suis laissé embarqué et j’ai frissonné, j’ai été ému, je me suis pété la gorge, j’ai sauté et applaudi comme jamais auparavant. Au final, je me dis d’ailleurs, que c’est sans doute l’exigence relative, que l’on accorde à quelque artiste ou concert que ce soit, qui conditionne fondamentalement notre ressenti.

 

Impliqués, sincères et parfois touchants, Matt, Dom et Chris finissent même par rendre leurs défauts attachants. Car en dépit de certains choix maladroits, les membres de Muse prennent leur concert à bras le corps, avec un véritable amour pour leur musique et leur public, et dévoilent une générosité insoupçonnée, un sens du spectacle rare, une aptitude à la dérision salvatrice et surtout un visage profondément chaleureux et humain, à mille lieu de ce cynisme à la mode qui partout se répand. Autant de choses qui participent à créer d’inoubliables moments d’émotion pure, ce qui est à mes yeux, une condition essentielle à un concert réussi.



#17 Punch

Punch

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Posté 12 février 2016 - 21h52

Très honnêtement, si on devait faire un quiz en musique, je serais à dix pieds sous terre tellement ma culture est limitée ! Muse, c'est à peine si je sais que c'est un groupe qui joue du rock ! Mais bon, connaissant ta plume et ta façon de raconter, Baltique, je me suis dit que je devais lire ton "pavé" (et aussi par respect pour toi qui l'a rédigé).

 

J'ai donc tout lu d'une traite, et même si je n'ai pas tout compris, j'ai décelé un vrai talent de conteur avec des pointes de poésie. Tu as un don certain pour raconter ce que tu as vu et entendu, et j'imagine difficilement comment un journaliste spécialisé ou un écrivain professionnel pourrait faire mieux !

 

Bravo !



#18 Baltique

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Posté 12 février 2016 - 23h10

Si tu n'as pas tout compris, c'est que je me suis planté quelque part !  :sign11:

 

C'est un vieux texte, écrit il y plus de 3 ans que j'ai retrouvé au fin fond de mon disque dur. Je me souviens que la chose que je visais avant tout c'était d'essayer de faire quelque chose qui soit le plus fluide et le plus agréable à lire possible, quelque chose qu'on puisse lire d'une traite le plus naturellement du monde, histoire de faire partager mon ressenti sans être poussif. Et de ce point de vue là, je suis plutôt satisfait, j'avoue.

 

En revanche, c'est clair que je me suis totalement planté sur l'approche et je réalise aujourd'hui que ce compte rendu ne parlera totalement qu'aux personnes qui connaissent bien Muse et leur discographie. Monumentale erreur ! Quand on se lance dans ce genre d'exercice et qu'on essaie de faire partager son ressenti, il ne faut jamais perdre de vue le fait que les lecteurs ne sont pas tous des fans et essayer de faire en sorte de ne laisser personne sur le côté.

 

Depuis, j'essaie de faire plus attention et moins faire perdre son temps au lecteur en lui citant des titres de chansons qu'il ne connait pas forcément pour m'attacher à essayer de rendre un plus compte de l'ambiance. Ceci dit, pour Muse, cela relève du casse tête insoluble tant, sur scène, le groupe s'attache à soigner mise en scène pour qu'elle colle le mieux possible à chacune de leurs chansons.

 

En tout cas, merci pour le compliment et merci pour ta patience. Ca me touche  :ashamed2:



#19 Punch

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Posté 12 février 2016 - 23h30

Effectivement Baltique, tu as toi-même saisi les deux principaux défauts de ton récit : sa longueur et ses références trop pointues.

 

Mais, tu n'as pas à t'excuser, car c'est le fan qui a écrit ces lignes la passion et l'émotion qui s'en dégage en sont la preuve.



#20 Baltique

Baltique

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Posté 13 février 2016 - 10h29

Sincèrement, je ne pense pas que la longueur soit un réel problème. J'ai récemment lu la biographie de Steve Jobs, et malgré la longueur du bouquin (plus de 1000 pages), j'avais vraiment du mal à m'arrêter tellement c'était captivant. Donc, si mon texte avait été mieux écrit, tu ne l'aurais sûrement pas trouvé trop long !  :biggrin2:

 

Mais grève de bavardage ! Une petite vidéo vaut parfois mieux qu'un long discours. Voici donc un extrait du concert qu'ils ont donné dans le Stade Olympique de Rome en 2013. J'espère que vous apprécierez.

 






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