Aller au contenu


Photo de CyberFred

CyberFred

Inscrit(e) (le) 14 mai 2004
Déconnecté Dernière activité hier, 23h51
-----

Messages que j'ai postés

Dans le sujet : Les travaux de CyberFred

hier, 23h42

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 27 – Le sacrifice d'une mère

 

 

C’était anormal.

Revenu de sa frayeur initiée par les mots-clés prononcés par Takashi, Kyosuke dérivait, lui et Hikaru, au sein d’un firmament sibyllin. Tous deux étaient suspendus dans un vide abyssal, un espace qui n’avait ni sol, ni ciel, ni horizon, ni limites. Ils flottaient, comme en apesanteur, dans un royaume d’étrangeté pure, une interdimensionnalité aux contours imprécis et aux couleurs versatiles. C’était comme si la réalité elle-même avait été fracturée, chaque éclat scintillant et changeant, reflétant des visions qu’aucune logique humaine ne pouvait appréhender.

Autour d’eux, l’espace se déployait dans une myriade infinie de formes et de motifs, formant tout un kaléidoscope vivant de textures et de lumières. Des courants lumineux, semblables à des rivières de néon, serpentaient dans toutes les directions, entrelacés en une danse hypnotique. Ces courants pulsaient au rythme d’une énergie invisible, une force vitale qui semblait imprégner cet espace de sa présence vibrante. Parfois, ils s’entrechoquaient, créant des explosions silencieuses de couleurs qui s’étalaient en vagues et en spirales.

Des structures impossibles flottaient également, des formes géométriques à la fois familières et étrangement déformées, comme des polyèdres en perpétuelle mutation. Elles semblaient construites de matériaux translucides, émettant une lumière douce et iridescente qui changeait constamment de teinte. Parfois, ces structures se décomposaient en fragments brillants, avant de se réassembler en de nouvelles configurations, comme si l’architecture de cet espace était en perpétuelle création et destruction.

Au-delà de ces courants et de ces structures, des visions hallucinantes apparaissaient et disparaissaient à l’infini. Des éclats de paysages oniriques surgissaient comme des mirages : des forêts aux arbres luminescents dont les feuilles brillaient d’une lumière intérieure, des océans suspendus où des vagues liquides s’écoulaient lentement dans le vide, formant des cascades éphémères qui se dissipaient en brume scintillante… Et tant d’autres possibilités…. Ces visions étaient accompagnées de sons étranges et envoûtants, des mélodies lointaines éthérées et des murmures indéfinis qui semblaient surgir des profondeurs de cet espace multidimensionnel.

Kyosuke et Hikaru sentaient également une étrange pression autour d’eux, comme si tout cet espace était vivant, conscient de leur présence. Cette conscience diffuse les enveloppait, leur insufflant des sensations et des émotions qu’ils ne pouvaient définir. C’était une communication sans mots, une connexion directe avec l’essence même de cette interdimensionnalité. Ils pouvaient presque sentir les échos des autres univers, des réalités parallèles qui se frôlaient et se chevauchaient dans cet espace liminal, créant un tissu complexe aux possibilités infinies.

Les deux jeunes gens étaient à la fois prisonniers et explorateurs de ces lieux, telles des particules errantes au sein d’un océan de potentialités. Chaque instant passé dans cet espace interdimensionnel les imprégnait d’une compréhension plus profonde de la nature de la réalité, une réalité qui dépassait de loin les limites de leur imagination et de leur savoir.

Ainsi, dérivaient-ils au sein de ce royaume au-delà des mondes, leur esprit s’ouvrant peu à peu aux merveilles et aux mystères de cette dimension autre, où chaque vision constituait un fragment d’un puzzle cosmique, et chaque sensation un fil cousu dans la tapisserie infinie du Multivers. Ils ressentaient une étrange sérénité, une compréhension intuitive des mystères de cet espace. Ici, les limites de l’existence étaient floues, et tout semblait possible. Ils se savaient connectés à quelque chose de plus grand : une toile cosmique où chaque filament représentait une existence, une histoire, un univers entier.

La main d’Hikaru, dont on cherchait à lui faire regagner son monde d’origine par ce voyage interdimensionnel interrompu, était tenue fermement par celle du jeune homme qui flottait à ses côtés. Pour elle, tout cela pouvait évoquer une téléportation immobile initiée par son Kyosuke, qu’elle espérait retrouver bientôt. Mais toutes ces visions incroyables des alentours étaient situées au-delà de sa propre compréhension.

– Où… où est-on ? demanda la jeune fille. Que s’est-il passé ?... Pourquoi ne sommes-nous plus dans le salon ?...

Kyosuke regardait tout autour de lui, cherchant un repère, décryptant l’inconnu, déchiffrant l’impossible. Il était incapable de réfléchir à un moyen de s’échapper d’ici pour le moment.

– Nous tentons de rentrer chez toi, dans ton monde, expliqua-t-il seulement.

Les yeux de la jeune fille se chargèrent d’un espoir soudain.

– Tu… tu veux dire que je vais retrouver mon Kyosuke ?...

– Ce n’est pas si simple. Si nous parvenons dans ton monde, je vais normalement et temporairement échanger ma place avec lui. Ton Kyosuke devra alors revenir dans le mien.

– Comment ?!... s’étonna Hikaru. Mais, alors… il ne sera plus là que je rentrerai ?!...

– Juste le temps pour moi de ramener Ayukawa avec moi vers mon univers. Et tout se passera bien.

Hikaru, déjà agacée par la tension qui avait régné entre elle et Kyosuke dans le salon de Madoka, se sentit à nouveau contrariée par la situation. Néanmoins, elle comprit qu’il lui fallait faire preuve de patience pour que chaque pièce du puzzle s’assemble harmonieusement à la fin.

– Mais où sommes-nous, ici ? demanda-t-elle encore.

– Nous sommes dans une sorte de dimension intermédiaire d’entre les mondes, répondit Kyosuke.

– Mais… n’étions-nous pas supposés revenir instantanément dans le mien ?

– Oui, en effet, mais quelque chose nous retient ici. Nous ne parvenons plus à avancer. Nous avons été stoppés en pleine route pour une raison que j’ignore.

Hikaru plongea dans une certaine inquiétude. Allaient-ils tous deux rester prisonniers de cet endroit pour toujours ?... Son propre sort ne dépendait désormais que de ce double de son Kyosuke allait décider ou faire. Ce Kyosuke-là semblait ne pas avoir vraiment prise sur ces manifestations étonnantes qui formaient tout ce décor fantastique. C’eût été différent avec son Kyosuke. Au moment du départ depuis le salon, ce type avait été pris d’une crainte inexplicable, puis ils se sont instantanément retrouvés ici.

– Avoue que ceci n’est pas normal, fit Hikaru, qui commençait à moins supporter les visions incroyables que lui renvoyait inlassablement ce sous-espace.

Kyosuke songea à Kurumi et au déploiement incontrôlé du Pouvoir dont elle faisait montre, depuis que Madoka - enfin son double - était sous sa coupe. Même si elle n’était pas celle qu’il aimait, il devait faire quelque chose pour la tirer d’affaire, et parvenir en même temps à stopper la crise que manifestait dangereusement sa petite sœur. S’il ne parvenait pas à atteindre l’autre univers pour chercher du secours, nul ne savait quel destin allait subir son propre monde, ainsi que sa famille qu’il venait de quitter.

– Est-ce que tu sais comment repartir d’ici ? demanda Hikaru.

– Je ne sais pas, admit le jeune homme.

– Tu as bien le Pouvoir, toi aussi, n’est-ce pas ? C’est bien toi qui sais comment franchir ces dimensions ?

– Oui, mais, j’ignore pourquoi nous sommes bloqués ici.

– Nous voilà bien !...

Hikaru remarqua alors qu’elle tenait toujours la main de Kyosuke.

– Mais pourquoi devons-nous encore nous tenir la main ? émit-elle, quelque peu gênée par cette sorte d’intimité imprévue avec le double de son Kyosuke.

– Hikaru, il est impératif que nous nous tenions continuellement la main, car tu représentes un « compas » pour nous guider vers ton monde. Si je disparaissais soudainement sans nous tenir la main, tu resterais toute seule ici sans possibilité d’être secourue. De plus, tu vois que dérivons, actuellement… Si nous nous lâchions la main, on s’éloignerait l’un l’autre, sans possibilité de nous rejoindre.

La jeune fille admit qu’il y avait là du bon sens. Elle fit donc mauvaise fortune bon cœur.

Les deux jeunes gens flottaient toujours au sein d’un océan de couleurs aux intensités inimaginables, se mouvant en vagues hypnotiques, des teintes d’outremer fusionnant avec des nuances de pourpre, des verts émeraude éclatants se fondant dans l’éther. À leurs yeux, chaque couleur semblait avoir sa propre vie, sa propre intention, se mélangeant et se séparant dans une danse perpétuelle.

Des sphères lumineuses flottaient autour d’eux, grandes comme des planètes, mais d’une légèreté incroyable. Elles étaient faites de pure énergie, émettant des filaments de lumière qui ondulaient comme des cheveux sous l’eau. En dérivant vers ces manifestations ne pouvant être tangibles, Kyosuke pouvait percevoir en elles des scènes d’autres mondes, des fragments de réalités parallèles. Certaines montraient des paysages étranges peuplés de créatures fantastiques, d’autres des cités brillantes faites de lumière pure. Chaque sphère représentait une réalité alternative, un aperçu d’un autre univers.

– Je crois que nous ne devons pas nous en approcher, fit Kyosuke avec méfiance. Car ces mondes ne peuvent pas nous accueillir.

– Et quand bien même ? fit Hikaru. Nous pourrions-nous pas faire une pause ?

– C’est ton propre monde que nous devons atteindre, et nul l’un d’eux.

– Mais comment as-tu fait pour parvenir jusqu’ici ?

– Mon père a prononcé des mots particuliers qui ont permis ce voyage.

– Des mots ?...

– Oui, juste avant de partir.

– Lesquels ?

– Je ne sais plus. On m’a hypnotisé pour que je ne puisse pas les retenir si on me les prononçait.

Hikaru tenta de se remémorer ce qui avait été dit par le père de Kyosuke juste avant qu’elle et lui ne s’évanouissent du salon. Elle se souvint que des mots avaient été prononcés, mais ils étaient étranges.

– Oui, ton père a dit quelque chose de rapide… Des mots en anglais… mais je n’arrive pas à m’en souvenir. Tout est allé trop vite. Mais si j’arrivais à m’en rappeler, est-ce que cela pourrait nous permettre de repartir d’ici ?

– Je ne sais pas, fit Kyosuke, hésitant. Normalement, il faut que cela soit prononcé dans un monde tangible, et non ici. J’ignore complètement ce qui se passerait si j’entendais ces mots en de tels lieux. Tu comprends pourquoi je ne souhaite pas aller vers ces mondes ? Sans connaître ces mots-clés, il ne faut surtout pas nous retrouver sur l’un d’eux, au risque de ne plus jamais en repartir.

– Je… je comprends, fit Hikaru calmement. C’est clair.

Flottant inlassablement au cœur de toute cette immensité hallucinante, Kyosuke sentit son esprit vaciller petit à petit sous la surcharge sensorielle. Hikaru le ressentait aussi. Ces effets n’étaient pas trop intenses pour le moment, mais viendrait le moment où même s’ils se forçaient tous deux à fermer les yeux, leur esprit ne pourrait éviter les effets hypnotiques de ces lieux pouvant traverser tous ses sens.

Kyosuke tenta d’utiliser son pouvoir télékinésique pour avancer devant lui, mais ce fut peine perdue car leur progression restait assez lente. Même une téléportation ne parvint pas à faire avancer plus vite.

– Mais qu’est-ce que tu essaies de faire ? demanda Hikaru intriguée.

– C’est peine perdue, laissa tomber son compagnon de voyage, la lassitude se lisant sur son visage.

Soudainement, un tourbillon s’ouvrit non loin d’eux, déchirant le tissu-même de cet espace étrange. C’était comme un portail, pulsant et doté d’une force irrésistible, une spirale de lumière et d’énergie tourbillonnant, projetant des éclats scintillants dans toutes les directions. La force d’attraction qui en émanait était palpable, tel un vent cosmique aspirant tout sur son passage.

Kyosuke et Hikaru sentirent immédiatement la puissance du vortex, une force implacable qui cherchait à les engloutir. Instinctivement, Kyosuke activa son Pouvoir, cherchant à créer une barrière télékinésique autour de lui et Hikaru, ce qui permit de résister plus ou moins à la force d’attraction, mais pas de s’en éloigner. Cependant, la jeune fille, qui tenait la main de Kyosuke, était la plus proche du danger.

– Hikaru, tiens bon ! cria Kyosuke, sa voix résonnant comme un écho étouffé dans l’immensité interdimensionnelle.

Surprise et effrayée, la jeune fille s’accrochait désespérément à Kyosuke, ses doigts serrant sa main de toutes ses forces. Attirées, ses deux jambes pointaient déjà en direction du centre du vortex. Ses yeux reflétaient une panique croissante, sa respiration rapide et saccadée trahissant sa terreur. Elle pouvait sentir la puissance implacable du portail tirer sur elle, une force qui semblait vouloir la déchirer de son ancrage représenté par la seule main du jeune homme.

– Ky… Kyosuke, je n’y arriverai pas ! hurla-t-elle, sa voix tremblante d’émotion.

Le regard du jeune homme porta vers l’intérieur du tourbillon de plus en plus proche. À travers la spirale de lumière et d’énergie, il distingua des images familières. C’était son propre monde, son univers d’origine, qui le rappelait à lui.

Il comprit alors ce qui était en train de se passer. Le Pouvoir de Kurumi était devenu tellement puissant qu’il commençait à émaner au-delà même de la dimension tangible de la réalité. Kurumi continuait à pulser quelque chose de plus en plus immense, se manifestant comme un puissant attracteur cherchant à se frayer un chemin vers la source-même du Pouvoir, quitte à replier l’espace-temps tout autour d’elle. La Terre entière n’était pas touchée, mais seulement le quartier autour de la résidence des Ayukawa. Cette « bulle » grossissait petit à petit malgré tout, progressant sans détruire, mais inondant tout l’espace de vibrations subtiles pouvant se montrer dangereuses si on laissait faire les choses. C’était ce que sa propre mère avait évité de justesse le jour de la naissance de Kurumi, mais au prix de sa propre vie.

Tout semblait inciter Kyosuke à lâcher prise, à se laisser emporter par cette force implacable. Pourtant, cela lui était interdit car il devait rejoindre le monde où était Madoka, qui était seule et sans possibilité de revenir chez elle. Kyosuke savait qu’il ne pouvait pas non plus abandonner Hikaru, et qu’il ne pouvait pas revenir vers son propre monde, car cela serait la fin de tout. Il lui serait alors impossible d’en repartir.

– Non ! rugit-il à la vue du tourbillon se rapprochant de plus en plus vite, concentrant toute son énergie pour résister à l’attraction.

– Je ne te laisserai pas partir ! hurla-t-il à la jeune fille.

Mais Hikaru, épuisée par l’effort et la peur, sentait ses forces l’abandonner. Ses doigts glissèrent lentement, son emprise se desserrant malgré elle, malgré tous les efforts de la part de Kyosuke pour garder prise. Ses yeux se remplirent de larmes alors qu’elle sentait l’inévitable se produire.

– Kyosuke...

Et puis, ce fut fini. Sa main glissa de celle du jeune homme, et elle fut aspirée violemment dans le portail. Elle hurla, son corps disparaissant dans la spirale de lumière et d’énergie. Hurlant également, Kyosuke tendit la main dans un dernier geste désespéré pour rattraper une main toujours tendue vers lui, mais il était déjà trop tard. Hikaru était partie, définitivement emportée à travers ce portail.

Alors que Kyosuke allait se faire aspirer à son tour, le tourbillon commença étrangement à se refermer, ses bords se recroquevillant jusqu’à disparaître complètement, laissant le jeune homme dans un silence assourdissant.

Abasourdi, Kyosuke resta là, flottant seul dans l’immensité interdimensionnelle, un sentiment d’impuissance envahissant son âme. Il voulut se rassurer en supposant que Hikaru était revenue au point de départ, qu’elle était sauve, dans le salon des Ayukawa, et que son père devait être à ses côtés pour la rassurer.

Pourquoi le portail, ayant emporté Hikaru, s’était-il refermé, alors qu’il était censé se maintenir et même progresser ? L’énergie incontrôlée de Kurumi, tentant de percer à travers le sous-espace, avait-elle fait une pause, avant de revenir plus tard ?... Ou bien le retour inattendu de Hikaru avait-il empêché cette énergie de retrouver toute trace de Kyosuke ?... Tout était possible.

Kyosuke s’interrogea sur la suite de son propre voyage. Sans Hikaru pour la guider vers le monde où résidait actuellement Madoka, il était désormais impossible de pouvoir s’orienter. Il demeurait isolé, perdu entre les dimensions, dans un espace où le temps et la réalité semblaient toujours se confondre et se dissoudre.

Épuisé et désorienté par la pression des lieux qui inondaient de plus en plus son esprit d’images et de sons franchissant ses sens de manière incessante, Kyosuke commença à désespérer. Même sans portail aspirant, il lui serait bientôt impossible de tenir en ces lieux. Tout semblait se resserrer de plus en plus autour de lui, créant en lui une sensation d’oppression étouffante. Allait-il devenir fou ?... Son esprit résisterait-il encore longtemps aux visions hallucinantes des coulisses du Multivers ?... Il était à présent inutile de fermer les yeux sans ressentir un vertige. Kyosuke préféra les laisser ouverts, mais pour combien de temps encore ?... Il songea à ses proches, à sa famille qui voyait en lui l’espoir de sortir d’une crise gravissime. Il songea à Madoka, qui désirait et priait ardemment son retour.

« Kyosuke… »

Une voix… ?

« Kyosuke… »

Kyosuke entendit résonner autour de lui une voix douce et apaisante. La voix d’une femme.

– Où êtes-vous ? demanda Kyosuke.

Au début, il crut à une hallucination, un autre tour de l’esprit qui vacillait sous la pression de cet endroit inconcevable. Mais la voix persistait, claire et insistante. Il se retourna lentement, cherchant la source de cet appel.

Devant lui, dans un éclat de lumière douce et chaleureuse, apparut le visage d’une jeune femme. Une projection venue d’ailleurs, et non de ces lieux. Comment était-ce possible ?... Les traits de la femme étaient empreints de douceur et de familiarité. Elle souriait à Kyosuke avec une tendresse infinie. Le jeune homme sentit son cœur s’arrêter un instant, incapable de croire ce qu’il voyait.

– Maman... ? reconnut-il, la voix murmurante et tremblant d’émotion.

La femme hocha doucement la tête, ses yeux brillant d’une joie apparente.

Il s’agissait bien d’Akemi Kasuga, sa mère, telle qu’il l’avait vue dans les albums-photos. Elle était bien celle de son propre monde, et non l’alter-ego issu d’un autre univers parallèle venu se projeter ici par hasard. Le visage de la mère de Kyosuke était apparu devant lui avec une clarté qui défiait les années de séparation. Elle avait les cheveux courts et marron clair, coupés en une coiffure élégante qui encadrait parfaitement son visage délicat. Ses mèches brunes semblaient danser doucement autour de son visage, captant la lumière iridescente de cet espace interdimensionnel, et la reflétant en nuances chaudes et réconfortantes.

Ses yeux, d’un violet profond et envoûtant, étaient la première chose que Kyosuke remarqua. Ces yeux, si uniques et mémorables, brillaient d’une intelligence vive et d’une tendresse infinie. Ils semblaient contenir une myriade de souvenirs et d’émotions, chaque clignement de ses yeux semblant porter une promesse de protection et d’amour inconditionnel. Les pupilles dilatées, les iris violets renvoyaient des reflets lumineux, créant une aura mystique tout autour d’elle.

Le sourire d’Akemi était radieux, illuminant tout son visage d’une chaleur bienveillante. Ses lèvres pleines et rosées s’étiraient en un sourire qui dégageait à la fois douceur et force, une expression qui parlait de joie profonde et de détermination indéfectible. Ce sourire était la source de réconfort que Kyosuke avait tant de fois cherché dans ses lointains souvenirs d’enfant. Chaque fois qu’il le revoyait, même en photo, il se sentait immédiatement transporté dans un endroit sûr et aimé.

Les joues d’Akemi étaient légèrement rosées, donnant à son visage une apparence de jeunesse et de vitalité. Elle avait une peau douce et claire, marquée par un petit grain de beauté, qui ajoutait un charme innocent à son visage. Ses traits étaient fins et gracieux, avec un nez délicatement sculpté et des pommettes hautes qui soulignaient encore davantage son sourire éclatant. Ses sourcils étaient finement dessinés, s’arquaient légèrement, ajoutant une expression constante de curiosité et de compassion à son regard.

Pour Kyosuke, redécouvrir ce visage après tant d’années était une expérience bouleversante. Il se souvenait de chaque détail avec une précision émotive, chaque caractéristique ravivant des souvenirs enfouis de tendres moments partagés. La vue de sa mère, bien plus impressionnante qu’en photo, avec ses cheveux courts marron, ses yeux violets enchanteurs et son sourire radieux, était comme un baume pour son âme tourmentée. C’était une vision qui lui apportait à la fois réconfort et une douleur douce-amère, lui rappelant l’amour perdu, mais jamais oublié.

– Oui, Kyosuke, c’est bien moi, ta maman. Ma voix provient du passé, d’il y a longtemps pour toi. Tu as tant grandi !

Kyosuke était stupéfait. Comment était-ce possible ? Comment sa mère, disparue depuis longtemps, pouvait-elle lui parler à travers les dimensions et le temps ?

– Mon esprit se projette à travers les dimensions, poursuivit-elle. Alors que ta petite sœur, Kurumi, vient de naître.

– Kurumi… Oh grand ciel !…

Akemi était en train de communiquer avec son fils, au moment où un terrible drame allait se produire pour elle de manière imminente. Quand Kyosuke fut en âge de comprendre, son père, Takashi, lui avait raconté que dès le début de la crise qu’avait manifesté Kurumi à sa naissance, sa mère avait immédiatement téléporté de force tout le monde à l’extérieur de la clinique, dont les fondations avaient commencé à vibrer dangereusement : lui (âgé de deux ans), son père Takashi, Manami (qui venait de naître ce jour-là, peu avant Kurumi), ainsi que les patients et tout le personnel médical. Il était impossible pour Akemi de se téléporter elle-même, du fait que Kurumi mettait involontairement des barrières de Pouvoir partout, tout autour d’elle. Mais il n’était pas question pour Akemi de laisser Kurumi toute seule. Elle était restée avec elle… jusqu’au bout.

– J’ai hélas peu de temps, mon enfant, reprit Akemi. Ta petite sœur, qui vient de naître, manifeste un pouvoir devenu incontrôlable. Elle n’est en rien fautive. En résonance aux vibrations de plus en plus intenses qu’elle projette, j’ai vu dans le futur que tu te retrouverais ici, perdu entre les sphères dimensionnelles, confronté à une crise similaire avec Kurumi.

– Maman…

La voix d’Akemi était douce mais ferme, emplie de l’autorité d’une mère protectrice :

– Je suis ici pour t’aider, Kyosuke, mais je ne puis atteindre ta sœur de ton temps présent pour la guérir de sa colère. Mais avant de te contacter, j’ai pu refermer provisoirement le portail qui cherchait à te faire revenir à elle.

– C’était donc toi ! souffla le jeune homme. Et Hikaru ?...

– Je suis hélas arrivée trop tard pour empêcher ce que tu as vu, mais ton amie Hikaru est retournée d’où vous êtes partis. Rassure-toi, elle va bien. Cependant, je ne pourrai pas longtemps contenir les spasmes de Pouvoir que ta sœur commence à disséminer à travers les Sphères. Ce portail aspirant pourrait se reformer, et revenir te chercher si tu restes trop longtemps là où tu es. Je vais donc te donner une partie de mon pouvoir pour que tu puisses poursuivre ton voyage vers la dimension que tu cherches à atteindre.

– Comment vas-tu faire ? Sais-tu comment t’y prendre ?...

– Sache que tu as hérité de mon don du voyage interdimensionnel, don que je n’ai jamais souhaité utiliser moi-même, sauf aujourd’hui. Ce pouvoir concerne aussi ta sœur Manami, d’une certaine manière. Mais ne t’inquiète pas pour elle, elle va bien aussi, et sillonne vers son destin. Je sais qu’en mon absence, tu as découvert ce don par accident, mais que tu ne contrôles pas encore très bien. Mais j’ai confiance en toi : tu parviendras à le maîtriser un jour, comme je l’ai fait autrefois.

– Maman…

Akemi coupa son fils à regret, car son temps à elle lui était de plus en plus compté pour les explications urgentes :

– Kyosuke, quand tu atteindras le monde que tu recherches, tu devras trouver le moyen d’apaiser la crise qui frappe Kurumi, en cherchant toute l’aide que tu parviendras à trouver. Il y a espoir ! L’autre partie de mon pouvoir, je vais l’offrir à Kurumi, qui vient de naître, pour qu’elle puisse maîtriser et canaliser son pouvoir pour les années à venir.

Kyosuke secoua la tête, la panique et la douleur se mêlant dans tout son esprit chamboulé.

– Maman ! Non, non, je ne peux pas accepter ça ! Donne ton pouvoir à Kurumi, mais gardes-en en toi, s’il te plait ! Tu en as plus besoin que moi ! Je peux trouver une autre solution. Tu peux être sauvée !

Akemi sourit, une expression de fierté et de tristesse se dessinant sur son visage :

– Mon petit Kyosuke, je suis si fière de toi. Mais tel est mon devoir. Je connais ma destinée. Elle ne peut pas changer. Je lis ton esprit. Je sais la peine que tu as subie autrefois par mon absence, alors que tu étais si jeune. Mais je suis déjà comblée par la belle vie que tu as menée, toi, tes sœurs et papa. Je vous sauverai tous, ce sera ma plus grande satisfaction.

– Maman…

– Kyosuke, je dois assurer non seulement le présent et le futur de Kurumi, qui vient de naître, mais aussi tout votre futur. Savoir que Madoka fait partie de ta vie et que tu cherches aussi à la secourir, me remplit de joie. Elle t’aime et te soutient. Continue à la protéger et à l’aimer, comme tu le fais si bien. C’est une raison de plus pour que je t’aide maintenant et plus que jamais. Je peux le faire, quoi qu’il arrive. Je ne vois pas l’avenir au-delà de ton temps présent, mais mes prières vont vers toi, tes sœurs, papa, tes cousins, et tous ceux que tu aimes.

Kyosuke hocha la tête, sa gorge nouée par l’émotion. Les larmes commençaient à couler sur ses joues.

– Maman, si tu nous donnes tout ton pouvoir, tu... tu pourrais… insista Kyosuke.

Les yeux brillants de sa mère répondirent avec tendresse et une détermination inébranlable.

– Mais mon amour pour vous est plus fort que tout, dit-elle doucement. Je veux que vous viviez toujours heureux.

Akemi clôt alors ses yeux et eut un moment de concentration. Kyosuke sentit alors une énergie immense le traverser, réchauffant son corps et son esprit. Le Pouvoir donné n’a pas de frontières. Une sorte d’aura semblait l’entourer, les visions se clarifiant un instant, repoussant les troubles subis jusqu’alors.

Les larmes de Kyosuke coulèrent inlassablement sur ses joues, alors qu’il contemplait le visage rayonnant de sa mère, qui rouvrit les yeux. La clarté retrouvée de l’esprit du jeune homme permit aux souvenirs d’enfance, parfois effacés par le sillage du temps, d’affluer. Il se rappela alors des moments de bonheur et de sécurité avec sa mère. Bien qu’apparue ici comme une vision devant lui, elle semblait à présent étrangement réelle dans son esprit.

– Maman... murmura-t-il, sa voix brisée par l’émotion en contemplant sa mère lui sourire doucement.

Pour Kyosuke, c’était comme s’il était de nouveau un enfant, cherchant réconfort dans la présence rassurante de sa mère.

– Maman, je... je ne veux pas te perdre ! dit-il d’une voix tremblante. Il y a tant de choses que je veux te dire, tant de choses que je veux partager avec toi…

Akemi hocha doucement la tête, son sourire se faisant plus triste, mais toujours aussi tendre.

– Je sais, mon chéri. Mon cœur se serre très fort, mais j’éprouve une immense gratitude de pouvoir te dire au revoir, toi que je peux atteindre, te voir et te parler dans le futur. Sache que je serai toujours avec toi, dans ton cœur. Chaque décision que tu prends, chaque pas que tu fais, je serai là, veillant sur toi.

Les larmes de Kyosuke coulèrent plus que jamais.

– Je t’aime, maman ! hurla Kyosuke. Merci… merci pour tout ce que tu as fait pour nous !...

– Je t’aime aussi, mon enfant. Je t’embrasse tendrement. J’embrasse aussi tes sœurs et papa.

– Maman !...

– Adieu, mon Kyosuke, murmura-t-elle, sa voix se fondant dans l’immensité interdimensionnelle. N’oublie jamais que je suis toujours avec toi dans chaque battement de ton cœur…

L’aura d’Akemi s’éteignit doucement, et son visage disparut dans le firmament.

Kyosuke ressentit une émotion immense traverser son esprit.

– Maman !! cria-t-il une dernière fois, sa voix se perdant dans l’infini. Maman !... Reviens !...

La douleur de la séparation était déchirante. Kyosuke, brisé par ce dernier adieu maternel, sentait pourtant une nouvelle force émerger en lui, comme si l’amour et le pouvoir de sa mère le guidaient désormais. Elle était partie pour toujours, laissant derrière elle une sensation de paix et de réconfort dans le cœur de son fils. Les yeux embués de larmes, Kyosuke savait qu’il devait poursuivre sa route. Le sacrifice de sa mère ne serait pas vain. Grâce à elle, il trouverait un moyen de sauver Kurumi. Il devait être plus fort que jamais. Le cœur lourd mais résolu, Kyosuke se lança à nouveau dans l’inconnu, désormais guidé par un cap précis, portant en lui l’amour éternel de sa mère.

 

 

 

« «

«


Dans le sujet : Les 40 ans de KOR

16 juin 2024 - 21h49

Je crois que si.


Dans le sujet : Les 40 ans de KOR

16 juin 2024 - 11h39

Kody a dit sur KORSE qu'il irait à l'expo d'Osaka mais il ne prend pas de commandes.

 

Oui son départ est pour bientôt.


Dans le sujet : Goodies japonais des expositions KOR

15 juin 2024 - 21h37

Ah je vois que Baltique a fait des recherches spécifiques. Ok, bien vu, c'est un autre exemple, mais celui-ci est adapté au personnage qu'on veut mettre en évidence par effet éthérique, vu qu'il n'y a aucun décor derrière. Quant à Madoka baskets, il me paraissait étrange qu'avec un décor de palmiers et de plage, on rajoutât un tel flou quelque peu envahissant.

 

 

Je pense qu'elle simplement colorié le centre et laissé l'aquarelle s'estomper naturellement sur les bords. C'est assez courant. Ça crée un effet onirique. 

 

C'est un peu la même chose avec ce tableau, par exemple :

 

orange_hanga7-2_1000x.jpg?v=1632820671


Dans le sujet : Goodies japonais des expositions KOR

15 juin 2024 - 14h04

Ok, mais je trouve étonnant que ce flou progressif, il n'y a que sur cette toile qu'elle l'a pratiqué à ma connaissance. 


  • Loading Countdowns