Aller au contenu


Photo

Les travaux de CyberFred


  • Veuillez vous connecter pour répondre
399 réponses à ce sujet

#381 tcv

tcv

    KORiste

  • Modérateur
  • Réputation
    429
  • 7 362 messages
  • Genre:
  • Localisation:Région parisienne

Posté 02 mars 2024 - 16h06

Vu sur KORSE, lecture de Kody pour vous faire découvrir le 1er épisode de "La Première Marche".

 


Sky is the only limit

#382 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 02 mars 2024 - 17h20

Merci, tcv, c'est gentil à toi.

 

Je précise que je vais aussi publier d'ici ce soir l'épisode 15 .


banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#383 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 02 mars 2024 - 18h14

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 15 – Le Cap

 

 

– Ayukawa, es-tu certaine que Hikaru et mon autre moi-même sont allés dans une autre dimension ? interrogea Kyosuke, d'une voix teintée d'incertitude.

La jeune femme aux yeux émeraude semblait s’accorder avec la logique de la situation, compte tenu du peu d’information dont elle disposait pour l’instant.

Elle lui répondit avec un soupçon de résignation :

– Kasuga, tout ce que je peux dire, c’est qu’ils ont disparu sans laisser de trace sous les yeux de témoins. Et donc, ils auront probablement changé de sphère. Mais où exactement ?...

Un sourire se dessina sur les lèvres de Kyosuke, constatant que Madoka, nouvelle venue dans la découverte du Pouvoir, s'efforçait vaillamment de rationaliser sur ce sujet, face à des membres de la famille expérimentés sur ce point. Il souhaitait cela. Car il ne fallait pas que sa petite amie se sente démunie face à ce nouvel univers.

– Quoi qu'il en soit, il faut apporter notre aide à Manami ici présente, déclara-t-elle avec une détermination palpable. Nous devons retrouver son frère où qu’il soit. Et nous partirons bien entendu à la recherche de notre Manami, qui doit sans doute s'inquiéter quant à la manière de regagner notre monde.

– Nous ignorons déjà comment elle a réussi à partir d'ici, s'inquiéta ajouta Kurumi. Elle doit être paniquée, la pauvre ! (elle se tourna vers son frère) Kyosuke, penses-tu pouvoir aller la chercher ?

Son frère leva les yeux et prononça :

– Mais comment faire, sœurette ?... Je n’ai pas le pouvoir d’aller à volonté dans d’autres univers.

– Cousin, dis-nous quand même comment cela s’est produit pour toi les fois précédentes, demanda Akane. Tu nous as bien réussi à y aller à différentes reprises, non ?

– Oui, concéda Kyosuke. Deux fois. Mais c’était toujours par accident.

– Comment cela ? s'étonna Madoka, ses yeux s'écarquillant d'étonnement.

– Eh bien, la première fois, c'était lorsque je me suis heurté la tête contre un poteau, révéla-t-il [Tome 8, NDLR].

Kazuya esquissa un sourire en réponse à cette évocation et dit :

– Il suffit qu’on te tape sur la tête pour que tu puisses aller dans une autre dimension ?... C’est trop fort !

Kyosuke lança alors un regard méfiant à son jeune cousin :

– Je te vois venir, petit chenapan. Tu comptes me taper dessus, c’est ça ?...

– Bon, et que s’est-il passé ensuite ? s’interposa Madoka, cherchant à éviter les digressions.

– Un portail s'est ouvert devant moi, expliqua Kyosuke. Et je l'ai traversé.

– Tu es donc passé de l'autre côté ?

– Oui, et j’ai découvert un univers où Hikaru n’existait pas, ainsi qu’un double de toi-même, Ayukawa, un brin sévère, et qui ne me connaissait que de vue.

Cette déclaration laissa tout le monde bouche bée.

– En tout cas, tu n'as pas été dans mon univers, fit remarquer Manami. Car Hikaru y est bien présente.

– Bonne remarque, fit Takashi. Cependant, Kyosuke, une question me taraude : tu étais quand même bien reconnu par d’autres personnes dans cet univers, n’est-ce pas ?

– Oui, admit son fils. Par Hatta et Komatsu lorsque j’étais allé en classe. Il s’agissait pour moi d’un jour normal. Mais je ne m’étais pas encore rendu compte de suite que j’étais passé dans un autre univers.

Takashi eut un air pensif sur ce propos.

– C'est pour le moins étrange, murmura-t-il...

– Et comment es-tu revenu ici ? demanda ensuite Madoka.

Kyosuke se sentit légèrement mal à l'aise, mais finit par avouer :

– Heu… Eh bien... Je suis tombé dans une bouche d'égout...

Kazuya ne put retenir un rire moqueur après une telle confidence :

– Ha ha ha ! Pauvre cousin Kyosuke ! J'aurais bien aimé voir ça !

– Donc, un choc semble être nécessaire pour voyager d'une dimension à une autre ? observa Takashi.

– Apparemment.

– Cela me paraît trop simple… marmonna l’homme. Et concernant ton autre voyage interdimensionnel ?

Kyosuke rassembla ses souvenirs avant de répondre :

– C'était quelques temps après, à la fête foraine [Tome 10, NDLR]. Aux côtés de Hikaru, j'ai pris place dans un manège doté d'un grand huit. La vitesse et l'effervescence de ce manège m'ont plongé dans la panique. À un moment donné, j'ai senti que je perdais pied... J'ai cru que j'allais mourir. Soudain, je me suis retrouvé de l'autre côté, mais toujours assis dans un manège identique. À la fin de l’attraction, Hikaru, tout comme Manami et Kurumi plus tard, ne m'ont pas reconnu. J'ai alors compris que j'avais atterri dans un univers où je n’existais pas ! J'y ai même rencontré une Ayukawa qui ne me connaissait pas du tout, ainsi qu'une autre Akane, leader d'un groupe de voyous.

– Quoi ? s'étonna l'intéressée, les yeux écarquillés. J’avais un double là-bas ?...

– Oui, et tu… enfin… elle nous a fait bien des histoires, si tu savais. Au final, on s’en est sortis. Mais par accident, je suis tombé de moto en pleine course… la peur que j’ai eue ! Et je me suis soudainement retrouvé aux côtés de Hikaru, à l’attraction, mais cette fois-ci, de retour dans mon univers.

– Kasuga, tu m’as caché bien des choses en mon absence ! répliqua Madoka d'un ton un peu sombre. Tu prends de véritables risques avec ton Pouvoir, tu sais ?

Un léger malaise s'installa dans la pièce.

Kyosuke tenta d'expliquer tant bien que mal la situation :

– Mais, Ayukawa, tout ceci est arrivé de manière fortuite. Et je crains que nous soyons maintenant confrontés à une chose difficile à mener, car je ne sais pas comment aller dans une autre dimension sans choisir ma destination.

Takashi, toujours en train de disséquer les choses, prit la parole :

– Kyosuke, à chaque fois que tu as basculé vers un autre univers parallèle, tu as ressenti une peur profonde. Comme si tu pressentais ta propre mort. Percuter un poteau fait mal sur le moment, mais la peur est présente. Tomber dans un trou d'égout engendre la peur de l'inconnu, de même ce qui t'attend tout au fond. Tu as eu peur sur le grand huit à pleine vitesse, tout comme pour cette moto filant à vive allure. Quand tu sens que ta propre sécurité est menacée, le Pouvoir semble vouloir s'activer pour te protéger, et te tirer hors de la réalité. C'est ainsi que tu te retrouves propulsé à n'importe quel endroit.

– Oui, papa, c'est à peu près ça. On dirait bien que c'est la peur du danger immédiat qui me pousse à une échappatoire, quel qu'en soit le moyen.

– Ce que vous dites semble bien plausible, monsieur Kasuga, acquiesça Madoka.

La jeune femme se tourna alors vers Kyosuke :

– Kasuga, lorsque tu m'as sauvée à maintes reprises dans le passé, c'était parce que tu avais peur pour moi, mais pas pour toi-même. Tu t'es oublié. Ainsi, dans ces moments-là, tu n'as jamais été projeté dans une autre dimension par accident, parce que ton attention était en permanence focalisée sur quelqu'un d'autre.

Le passé défila dans l’esprit de Kyosuke. Il est vrai qu’après toutes les tribulations qu’il avait vécues aux côtés de Madoka, face à tous les dangers endurés avec elle, rien ne s’est produit pour lui-même pour échapper à la réalité. C’était terrible, mais en présence de Hikaru à ses côtés à la fête foraine, il… avait quand même été contraint de fuir la réalité. Mais jamais avec…

– Ayukawa… Oui, c'est vrai, admit-il d’un air un peu mélancolique.

Kyosuke regarda son père :

– Tu as raison, papa, c'est bien la peur qui a déclenché tous ces voyages que j'ai entrepris, et non une série de chocs.

Takashi sourit et poursuivit ses explications :

– De plus, j'ai également remarqué que chaque fois que tu ressens à nouveau cette peur, tandis que tu es dans une autre dimension, tu reviens normalement et automatiquement dans la nôtre. C’est bien cela, fiston ?...

– En effet, fit l’intéressé. Je n’ai jamais pensé à cela. Cela semble se tenir.

– Mais alors… notre Manami aurait-elle également été prise d'une soudaine peur bleue dans la chambre de Madoka ? suggéra Akane. Au point d'avoir été aspirée vers un autre monde ?

– Mais que pourrait-elle craindre dans ma chambre ? répliqua Madoka, manifestant son scepticisme. Rien ici ne le justifie, tu le constates toi-même.

– Exact, acquiesça Akane.

Kazuya intervint en prolongeant le sujet :

– Il faudrait donc que cousine Manami ait peur dans l’univers où elle se trouve actuellement, pour qu’elle revienne ici automatiquement ?

– Ce n'est pas aussi simple, rectifia Kyosuke d'un ton réfléchi. Même si nos pouvoirs sont similaires, ils ne se manifestent pas nécessairement de la même manière. Je doute que la peur ait été le déclencheur du voyage de notre Manami vers un autre univers.

– J'ai souvent été assaillie par la peur par le passé, surtout avec l'entraînement que j'ai subi ces deux dernières années, intervint Manami. Pourtant, jamais cette peur n'a déclenché mon Pouvoir pour me propulser d'un univers à l'autre. La preuve : je n'étais pas effrayée au moment précis où je me suis retrouvée subitement dans votre univers. Il est donc évident que mon voyage jusqu’ici a été déclenché d'une autre manière.

– Tu as raison, acquiesça Takashi. En réalité, nous ne pouvons pas nous permettre de faire trop d'hypothèses. Notre principal défi réside dans le fait de retrouver notre Manami dans ton univers, puis de la ramener ici.

Kyosuke reprit alors la parole :

– Attendez un instant ! Tout d'abord, la peur ne se commande pas. Ensuite, je ne peux pas maîtriser mes actions ni prévoir ma destination. Même si l'hypothèse de la peur s'avérait juste pour moi, je ne pourrais jamais garantir un voyage vers la bonne destination.

– Il a raison, admit Akane. Comment se rendre précisément dans l’univers d’origine de Manami ici présente ?

Le silence retomba dans la pièce, chacun plongeant dans ses propres pensées.

– Je suis convaincu que la clé réside en Manami ici présente, déclara Takashi d'une voix assurée.

– Comment cela, papa ? fit Kurumi interrogative.

Takashi prit une lente respiration et dit :

– Considérons le dilemme du Pouvoir, confronté au choix d'une trajectoire vers un autre univers parallèle. La question est la suivante : pourquoi, lors des voyages vécus par Kyosuke, le Pouvoir a-t-il sélectionné pour lui une direction aléatoire ?

– J’ai du mal à te suivre, papa, fit Kurumi.

– C’est là que réside toute la question, expliqua son père avec solennité. La destination de Kyosuke était arbitraire. À chaque fois, il s'est retrouvé catapulté dans un univers choisi au hasard. Il n'a pas eu son mot à dire. La peur inhibe toute réflexion. C'est le Pouvoir qui a aléatoirement décidé de sa destination. Cependant, lors du retour de Kyosuke ici, ce même Pouvoir a toujours su retrouver son point de départ. Je pense donc que la fréquence vibratoire de Kyosuke agit comme un « compas » qui aide le Pouvoir à lui faire réintégrer son univers d’origine.

– C'est une explication plutôt complexe, oncle Takashi, fit Kazuya.

– Et quelle conclusion tirez-vous de cela, monsieur Kasuga ? demanda Madoka, de plus en plus intriguée.

– Au lieu de laisser le Pouvoir choisir au hasard pour Kyosuke, il nous faudrait cette fois-ci l'aider à prédire un cap précis, au moment où il ressent la peur.

Un murmure d'admiration et d'étonnement parcourut l'assemblée.

– Et ce cap serait incarné par Manami ici présente ? s'enquit Madoka.

– Exactement, confirma Takashi.

– Mais comment faire ? s'interrogea Kazuya. Il m’est impossible de lire dans les pensées de Manami, car sa fréquence vibratoire diffère de la nôtre.

– Nous n'aurons pas besoin d'en arriver là, répliqua Takashi. Il suffira que Kyosuke tienne la main de Manami au moment où il ressentira la peur. Dès qu'il éprouvera cela, le Pouvoir recherchera vraisemblablement un « vecteur » susceptible de l'aider à déterminer une trajectoire précise dans le multivers. S'il ne trouve rien, il optera pour des coordonnées au hasard. Mais comme Manami ne représente pas une menace pour Kyosuke, il utilisera probablement en priorité sa fréquence vibratoire « autre » pour ouvrir un portail dimensionnel vers son propre univers portant également la même fréquence.

– Papa, je ne t'aurais jamais cru si érudit en matière de Pouvoir, murmura Kurumi, frappée d'étonnement.

Madoka songea de même. Elle savait qu’un membre de la famille Kasuga, comme Takashi, ne possédant pas de dons extra-sensoriels, pouvait avoir en contrepartie une analyse assez fine des mécanismes parfois surprenants que recélait ce fameux Pouvoir dont elle entendait souvent parler. Il fallait absolument qu’elle aussi intègre tous ces mécanismes, afin d’aider et d’assister Kyosuke dans le futur si besoin était.

– Kurumi, c'est ta mère qui m'a initié à comprendre la nature du Pouvoir, confia Takashi. Elle savait que cela pourrait m'aider à comprendre les situations auxquelles vous étiez confrontés quand vous étiez jeunes. Par exemple, quand vous étiez enrhumés. C'est dans ces cas-là que le Pouvoir, logé en vous, pouvait connaître des « ratés ».

– Vraiment ? s'exclama à nouveau Kurumi, impressionnée.

Convaincu par toutes les explications de son père, Kyosuke reconnut qu'il y avait maintenant une opportunité réelle de rejoindre sa sœur.

– D'accord ! Allons chercher Manami ! déclara-t-il à tous.

– Et je viens avec toi, annonça Madoka.

Un silence étonné s'abattit dans la pièce.

– A… Ayukawa, tu n’y penses pas, j’espère ?...

– Tu vas me dire que c'est trop risqué pour moi, hein, « Ka… Kasuga » ? répliqua-t-elle d’un air malin, en faisant presque exprès de l’imiter.

– Ayukawa…

– Kasuga-kun ?

Décidément, envers son ami, Madoka savait faire montre de son charme moqueur, tout en restant ferme dans ses décisions.

– Mais... mais c'est tout un saut dans l'inconnu, insista encore Kyosuke, poussé dans ses retranchements. Tu ne sais pas ce que c'est que de passer d'une dimension à une autre…

– Ne cherche pas des excuses, lui asséna Madoka.

– Oncle Takashi, est-il techniquement possible que Madoka puisse accompagner Kyosuke dans un voyage interdimensionnel ? intervint Akane.

– Oui. Ils ont tous deux la même fréquence vibratoire, car appartenant au même univers. Le Pouvoir, percevant la peur de Kyosuke, ne se servira donc pas de Madoka pour trouver un cap. Il va plutôt chercher le cap « autre » le plus proche, qu’il trouvera forcément en Manami ici présente.

– Et quand bien même tu pourrais voyager avec moi, Ayukawa, sommes-nous bien certains que tu atterriras avec moi au même endroit, de l’autre côté ? interrogea Kyosuke d'un ton empreint de réflexion. Il y a aussi le fait que tu n’as pas le Pouvoir… Et si…

– Ne cherche pas encore d'excuses alambiquées, Kasuga ! coupa Madoka, ses sourcils se fronçant davantage. Je te connais trop bien. Je viens avec toi, ai-je dit.

– Dans le pire des cas, Madoka, si le Pouvoir te laisse en arrière, tu resteras simplement ici, commenta Akane.

– Admettons, mais je dois quand même tenter ma chance… Que ton cousin le veuille ou non.

– Oh, je ne vais pas me battre contre toi, Ayukawa, laissa tomber l’intéressé en souriant.

– Ainsi, je te protégerai des dangers du monde de Manami, lança la jeune femme d'un air malicieux, taquinant encore son ami, tout en lui renvoyant un sourire qui en disait long. Car il semble que bien des ennuis nous y attendent.

– Oui, il faudra se méfier de Kenji Hiyama et de ton alter-ego, fit Manami.

– Je ne me vois pas combattre contre moi-même, fit Madoka en souriant.

– Mais au fait, Ayukawa, cela fait bien longtemps que tu ne t’es pas entraînée, releva Kyosuke.

– Cela revient vite, fais-moi confiance. D'ailleurs, je vais me préparer.

Elle se dirigea vers la sortie de sa chambre.

– Où... où vas-tu ? demanda Kyosuke.

– Dans le grenier.

– Dans le grenier ?...

Madoka à tous :

– Et, s’il vous plaît, quittez tous ma chambre, je vais me changer à mon retour. Quant à toi, Kasuga, prépare-toi dans le salon avec les autres, en attendant que je revienne.

Madoka tourna les talons et traversa le corridor du premier étage pour se diriger vers une autre aile de la grande demeure.

Avant de sortir de la chambre, comme les autres, Manami songea aux explications données par son père, Takashi. Enfin les explications du double de son père. Si la fréquence vibratoire de chacun était comme un compas pour le Pouvoir à travers les dimensions, il valait mieux prendre ses précautions, au cas où il y aurait plusieurs tentatives pour rejoindre sa dimension par le Kyosuke de cet univers.

Elle vit alors les ciseaux posés sur le meuble situé à l’entrée. D’un geste, elle coupa avec une large mèche de ses propres cheveux. Ces cheveux seraient le compas pour revenir dans son univers. Elle déposa les ciseaux sur le meuble, ainsi que la mèche de ses cheveux tout à côté.

Les Kasuga se retrouvèrent donc dans le salon, lieu bien plus vaste que la chambre à coucher du premier étage. Tous assis sur le grand sofa, ils fixèrent à présent Kyosuke, qui demeurait seul debout devant les autres.

– Maintenant, comment faire en sorte que Kyosuke ressente la peur sur commande, sans qu'il ait à risquer sa propre vie ? demanda Takashi. Tout va dépendre de cela.

– Je pourrais essayer de lui donner un bon coup sur la tête, ha ha ! suggéra Kazuya, attendant patiemment l'occasion idéale pour agir.

– Baka ! répliqua Kyosuke les bras croisés. Tu ne m'auras pas comme ça.

Chacun se creusa les méninges pendant un petit moment.

Soudain, Kurumi se leva, une idée venant de germer dans son esprit :

– J'ai trouvé ! Je vais l'hypnotiser !

– Ah… ? Comment cela ? fit Takashi le premier, les sourcils quelque peu froncés par une interrogation perplexe.

– Mais oui ! répondit la jumelle pleine d’entrain. Je dois hypnotiser Kyosuke pour le programmer à ressentir la peur dès qu’il entendra des mots spécifiques.

– Pas mal, cousine ! fit Akane d’un air admiratif.

Kyosuke exprima cependant ses doutes, d'une voix quelque peu nerveuse :

– Houlà !... Je connais ta maîtrise de l'art de l'hypnose, Kurumi. Mais penses-tu vraiment que cela fonctionnera ?

– Je suis capable de le faire, répondit sa sœur d’un ton confiant. J’ai acquis plus d’expérience en la matière, ces dernières années. Il me faut juste programmer en toi le déclenchement d’une peur suffisante, à l'écoute de mots bien choisis.

Kazuya ne put alors s’empêcher d’intervenir :

– Avec mon don de télépathie, je peux transmettre à Kyosuke un stress qui agira comme déclencheur de sa peur.

– Parfait, approuva Kurumi. Lorsque je toucherai le front de Kyosuke, tu devras me tenir la main et transmettre le stress. Mais fais attention : ne me l’envoie pas dans ma sphère consciente.

– Attendez ! intervint Akane. Cela ne suffira pas.

– Comment ça ? ronchonna Kurumi.

– Certes, le stress transmis par Kazuya grâce à ton hypnose aura son effet, mais son intensité ne sera pas suffisante, expliqua Akane. Je dois donc également intervenir dans le processus.

– Mais n’es-tu pas censée envoyer des illusions à ceux qui te regardent ?

– Oui, Kurumi, mais mon pouvoir ne doit pas directement choquer Kyosuke dans cette pièce, sinon il risque d’être propulsé dans un autre univers.

– Tout juste. Que vas-tu faire ?

– Kurumi, je vais donc « encapsuler » des visions sélectionnées à travers l'impulsion télépathique de Kazuya qu’il t’enverra. Ainsi, tu pourras renvoyer ce « colis piégé » dans l'esprit de Kyosuke au moment où tu vas l’hypnotiser.

– Hé, doucement avec ça, Akane ! s’écria Kyosuke un brin déconcerté. Ne m'envoie pas d’images trop fortes, car je pourrais bien faire une crise cardiaque !

Akane, jeune fille métamorphe, se transforma soudainement en Madoka Ayukawa dans la rétine de Kyosuke, qui en fut tout surpris :

– Que ?!...

– Mais ne t'en fais pas, mon Kasuga chéri… je prendrai soin de toi si tu n’es pas bien, fit Akane, posant sous les traits de Madoka, un sourire espiègle flottant sur ses lèvres et ayant le même timbre de voix.

– Akane, ne me fais pas cela ! hurla Kyosuke.

– Mais que se passe-t-il ? demanda Takashi.

Akane fut pris d’un fou-rire et reprit sa forme normale aux yeux de Kyosuke, ce dernier n’hésitant pas à exprimer son agacement :

– Toi, Akane, tu vas me faire mourir avant l’heure avec tes plaisanteries !

La jeune fille reprit un ton plus sérieux :

– T’inquiète pas, cousin, je ferai attention.

Le sourire en coin que sa cousine lui lança inquiéta plutôt le jeune homme.

– Parfait ! conclut Kurumi d'une voix déterminée. L'opération hypnose commence !

Un frisson d'admiration parcourut Manami qui venait d’assister à une drôle d’ambiance depuis quelques minutes.

– C’est incroyable ce que vous parvenez à faire tous ensemble, souffla-t-elle, impressionnée.

– On est comme cela, fit Kazuya, un large sourire aux lèvres. Du moment que Kyosuke est le cobaye. Ha ha !

Un grognement étouffé s'échappa des lèvres de Kyosuke, son regard dardant vers son petit cousin des pensées malicieuses qu’il espérait faire écouter dans son esprit.

– Mais au fait, quels mots-clés déclencheurs choisir ? demanda Takashi. Il faudrait que ce soit quelque chose d’unique à prononcer et qui n’est pas dans le langage courant.

– Je suggère : « Tu es le cousin stupide de Kazuya », fit le petit cousin de Kyosuke, tout en gloussant.

Sa sœur Akane semblait plus inspirée :

– Mais non, idiot ! Cela pourrait être un haïku du genre :

« Chuchotements d'étoiles,

Madoka, Kyosuke, amour,

Dimension des cœurs. »

– Oh, please… fit Kyosuke, dépité, tout se portant la main sur les yeux.

– Ne vous fatiguez pas, vous autres, j’ai déjà choisi, déclara Kurumi d’un air fier. Ce sera « Kimagure Orange Road ».

– « Kimagure » quoi ?... fit Akane, un peu déstabilisée.

– Je n’ai jamais entendu ces mots-là dans mon univers, fit remarquer Manami.

– Kurumi, mais d’où sors-tu cette idée ? demanda Kyosuke.

– Je ne sais pas. Cela m’est venu d’un seul coup. En tous cas, c’est cela que je vais adopter.

Quelques instants plus tard, se tenant debout devant le majestueux canapé du salon, tandis que seuls Takashi et Manami restèrent assis, Akane posa délicatement sa main sur la tête de Kazuya, qui, à son tour, prit la main gauche de Kurumi, laquelle, d'un geste gracieux de son autre main, effleura du bout de son index la tête de Kyosuke.

– Attention, je commence ! annonça Akane d’une voix solennelle.

– Surtout, il ne faudra jamais prononcer les mots choisis quand l’opération sera terminée, prévint Kurumi à tout le monde.

Une aura mystérieuse commença aussitôt à envelopper la main d'Akane, posée avec une étrange assurance sur la tête de Kazuya. Celui-ci capta alors les influx de visions que lui transmettait sa sœur. Bien sûr, ces visions étaient soigneusement encapsulées, laissant Kazuya dans l'ignorance de leur contenu. Néanmoins, il parvint à intercepter ce « paquet » et le transmit à Kurumi avec empressement, en lui lançant :

– C'est à toi maintenant, cousine ! Tu devrais ressentir mes ondes télépathiques !

Kurumi se concentra complètement. Jamais elle n’avait eu à œuvrer de cette manière. Elle parvint à lire l’impulsion télépathique émise par Kazuya, et l’utilisa comme fil conducteur pour la mise en place de son hypnose.

Puis, d'une voix lente et mesurée, elle s'adressa à son grand-frère, resté silencieux jusqu'ici :

– Kyosuke, quand tu entendras les mots « Kimagure Orange Road », une série de visions que je te fais maintenant parvenir, scellées, se dévoileront à toi, enveloppant ton esprit tout entier d'une terreur soudaine. Cette peur, amplifiée par les visions que je t'envoie, te permettra d'ouvrir un portail interdimensionnel, te transportant vers un autre univers choisi par le Pouvoir. Une fois franchi ce seuil, tu ne ressentiras plus cette angoisse, et tu oublieras également les mots déclencheurs. Allez !

Kyosuke sembla demeurer impassible face à ce message. Puis, lentement, ses paupières se refermèrent. Il s'installa dans un silence éthéré, son esprit tourbillonnant dans toutes sortes d’influx hypnotiques.

– Est-ce que cela marchera ? se demanda Manami, intriguée.

Kurumi garda le silence, laissant son doigt effleurer le front de Kyosuke, poursuivant dans sa séance :

– Grand-frère, écoute-moi bien attentivement : assimile l'ordre que je viens de te donner. Lorsque tu l'auras pleinement assimilé, fais-le-moi savoir.

Le garçon demeura immobile, les paupières closes.

Au bout d’un moment, toujours les yeux clos, il prononça lentement :

– Je suis prêt.

– Kyosuke, à présent, je vais maintenant te demander d’ouvrir lentement les yeux, poursuivit Kurumi. Quand tu te réveilleras, tu sauras qu’il existe des mots particuliers qui changeront ton état, mais tu ne pourras jamais les retenir consciemment. Tu ne t’en souviendras pas. À ton réveil, tu les oublieras. Tu te sentiras bien et prêt à accomplir ta mission. (Kurumi eut alors un étrange moment d’hésitation). Et… et… quand tu te réveilleras, tu… tu… (C’était comme si elle luttait en elle)… tu embrasseras Madoka dès que tu la verras !…

Takashi se leva brusquement du canapé.

– Kurumi ! s'exclama-t-il.

– Que dit-elle ?... murmura Manami à ses côtés, troublée par quelque chose d’inimaginable dans son esprit.

Akane stoppa net aussi ce qu’elle faisait. Elle fut atterrée par les dires de Kurumi :

– Nani ?!...

Les yeux de l’intéressée paraissaient étranges. C’est comme si un conflit intérieur avait soudainement pris place dans son esprit.

– Réveille… Réveille-toi, Kyosuke ! s’écria-t-elle alors, comme sur le point d’émerger d’une lutte intérieure, tout en même temps.

Le jeune homme ouvrit les yeux, présentant à tous une expression sereine.

Kurumi relâcha la pression, puis revint à elle. Elle se tourna prestement vers son petit cousin, qui lui tenait encore sa main. Manami mit un terme à cette prise et fronça les sourcils de colère :

– Kazuya ! C'est… c’est toi qui m'as fait ça !... Tu as profité de la situation pour me jouer un tour avec ton pouvoir télépathique !

– Quoi ?... Moi ?... Ha ha ha ! s'exclama l’intéressé, feignant l'innocence en passant une main derrière sa tête.

– Oh non… soupira Akane.

– Kazuya... qu'as-tu fait ?... fit Takashi à son tour.

– Qu'a fait Kazuya ? questionna alors une voix provenant de l'escalier menant au salon.

C’était Madoka, qui avait fini de se préparer dans sa chambre. Elle était en train de descendre les marches avec assurance, sa présence emplissant la pièce. Vêtue d'un jean moulant et d'une veste légère pour favoriser sa liberté de mouvement, elle arborait également une ceinture étrange autour de sa taille, ornée de deux rangées de médiators en acier trempé. Elle avait dans une main une paire de chaussures sportives qu’elle tenait par les lacets.

Dans un silence presque palpable, Kyosuke pivota lentement la tête, découvrant Madoka, qui était maintenant dans le salon, à quelques pas de lui.

Telle une créature de Frankenstein incarnée par Boris Karloff, il leva lentement les bras, en position horizontale, comme pour saisir de ses mains quelque chose de précieux situé devant lui. Puis, mû par une détermination effrayante, il se mit à avancer de cette manière de plus en plus vite vers la jeune femme aux yeux d’émeraude restée figée d'étonnement.

– Madoka, embrasse-moi ! hurla-il soudainement, son regard presque luisant, obéissant à un ordre irrésistible qui résonnait dans son esprit.

Les yeux de Madoka s'écarquillèrent encore plus d'incrédulité.

Rien ne pouvait stopper un Kyosuke déterminé à aller jusqu'au bout !

 

 

 

« «

«


  • tcv aime ceci
banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#384 tcv

tcv

    KORiste

  • Modérateur
  • Réputation
    429
  • 7 362 messages
  • Genre:
  • Localisation:Région parisienne

Posté 03 mars 2024 - 00h56

Cela me fait penser qu'il faudrait que je relise le manga pour mieux appréhender ton récit.
Sky is the only limit

#385 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 03 mars 2024 - 01h00

C'est l'anniversaire du manga de KOR, c'est en effet la bonne occasion :P


banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#386 Olivier

Olivier

    Fan pour la vie

  • Modérateur
  • Réputation
    330
  • 7 007 messages
  • Genre:
  • Localisation:Paris

Posté 03 mars 2024 - 08h54

Tu n'avais pas dit que tu le commentais cette année avec un volume par mois ?
I'm looking for the red straw hat...

#387 tcv

tcv

    KORiste

  • Modérateur
  • Réputation
    429
  • 7 362 messages
  • Genre:
  • Localisation:Région parisienne

Posté 03 mars 2024 - 09h38

Tu n'avais pas dit que tu le commentais cette année avec un volume par mois ?

Exact mais je n'ai pas encore commencé. Mes derniers souvenirs du manga datent au mieux de 2016.
Sky is the only limit

#388 Olivier

Olivier

    Fan pour la vie

  • Modérateur
  • Réputation
    330
  • 7 007 messages
  • Genre:
  • Localisation:Paris

Posté 03 mars 2024 - 12h34

Il faut t'y mettre. Le 1er volume commence à la fin du mois.
I'm looking for the red straw hat...

#389 tcv

tcv

    KORiste

  • Modérateur
  • Réputation
    429
  • 7 362 messages
  • Genre:
  • Localisation:Région parisienne

Posté 03 mars 2024 - 13h43

Effectivement je commencerai par le tome 1 le 26 avec commentaires jusqu'au 26 avril puis passage au tome 2, etc.
Sky is the only limit

#390 Kody

Kody

    Fan pour la vie

  • Animateur
  • PipPipPipPipPip
  • Réputation
    145
  • 559 messages
  • Genre:
  • Localisation:Boston

Posté 06 mars 2024 - 12h42

Lorsque tu auras fini la nouvelle, je pensais faire un petit schéma / organigramme de qui est où entre les deux "endroits" (euphémisme anti spoil !) et l'évolution au fil de l'histoire. C'est passionnant en tout cas !



#391 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 06 mars 2024 - 14h36

Lorsque tu auras fini la nouvelle, je pensais faire un petit schéma / organigramme de qui est où entre les deux "endroits" (euphémisme anti spoil !) et l'évolution au fil de l'histoire. C'est passionnant en tout cas !

 

Merci :) Ah c'est vrai que tu veux faire un schéma. Je te préviens qu'il va se complexifier d'avantage car les deux prochains chapitres vont révéler un aspect inattendu de ce qui se passe actuellement.


banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#392 Olivier

Olivier

    Fan pour la vie

  • Modérateur
  • Réputation
    330
  • 7 007 messages
  • Genre:
  • Localisation:Paris

Posté 09 mars 2024 - 14h45

Sinon pour les audiolib, y en a des tas avec un lecteur ou une lectrice qui fait toutes les voix, masculines ou féminines. En soi ce n'est pas gênant, donc une lecture complète est possible.
I'm looking for the red straw hat...

#393 tcv

tcv

    KORiste

  • Modérateur
  • Réputation
    429
  • 7 362 messages
  • Genre:
  • Localisation:Région parisienne

Posté 10 mars 2024 - 20h13

Episode 16 disponible sur KORSE.


Sky is the only limit

#394 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 10 mars 2024 - 20h32

Désolé, j'ai eu un contretemps. Je publie l'épisode 16 ici.


banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#395 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 10 mars 2024 - 20h33

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 16 – Le Voyage

 

 

 

Les Kasuga se retrouvaient impuissants face à l’avancée inexorable de Kyosuke. Sa progression irrésistible le conduisit presque jusqu’à Madoka, qui le contemplait d’un air étrange, comme perdue dans ses pensées. La surprise, qu’elle avait manifestée quelques instants plus tôt, laissa place à une sorte de torpeur. Elle observait maintenant son ami, qui s’approchait dangereusement d’elle, prêt à tenter un baiser :

– Mado…

« BLONK ! »

Ce fut là le bruit d’une des chaussures que Madoka fit s'écraser sur la tête de Kyosuke. Elle venait de descendre l'escalier en chaussettes de sport, et d'un geste habile, elle fit tournoyer l'une des chaussures qu'elle tenait par les lacets, comme une fronde. Puis, d'un air calme et déterminé, tout en tenant fermement l’extrémité des lacets, elle la fit chuter sur la tête de son ami.

Ce dernier retomba à la renverse, et se retrouva au sol sur le dos, les yeux tournoyant, regardant des étincelles.

Les Kasuga regardèrent Madoka d’un air à la fois étonné et admiratif.

– Bien joué Madoka ! s’écria Kazuya, qui avait enfin trouvé un moyen de se venger par personne interposée du coup que Kyosuke lui avait porté sur la tête, peu de temps avant.

– C’est incroyable ! fit Akane.

Madoka s’approcha tranquillement de Kyosuke, toujours à terre. Un léger sourire sur les lèvres, elle prononça d’un air malin :

– Tu vois que je n’ai pas perdu la main, hein Kasuga ?...

Kyosuke semblait se réveiller comme d’un mauvais rêve. Il ne comprenait pas : sa sœur Kurumi lui avait fait quelque chose qui n’était pas prévu.

– Ayukawa… Que… que s’est-il passé ? demanda-t-il, en se relevant lentement, la main sur sa tête encore douloureuse.

– Je suis certaine que tu as encore été hypnotisé par ta sœur, énonça-t-elle, tout en regardant du côté de Kurumi.

Madoka savait que la sœur de Kyosuke avait ce don. C’était d’ailleurs la seule manifestation d’un pouvoir exercé ouvertement devant Madoka, avant que Kyosuke ne lui révèle plus tard que toute sa famille disposait de capacités très particulières.

Il y a quelques années, Kurumi avait en effet déjà hypnotisé son grand frère dans le but de l’obliger à faire en sorte que Madoka se déshabille. Tout cela s’était finalement retourné contre lui, car alors qu’il était bien redevenu conscient, il avait continué à feindre son état second devant son amie. Cela lui avait valu bien des ennuis bien par la suite. Les poings de Madoka s’en souvenaient encore comme d’un triomphe indélébile [Tome 12, NDLR].

Quelque peu tendue et toujours énervée par ce que lui avait fait subir Kazuya, Kurumi intervint :

– Nous allons t’expliquer, Madoka ! fit-elle en parlant vite. Cela fait partie du plan.

– Du plan ?

– Oui, pour faire paniquer Kyosuke à la demande, j’ai dû l’hypnotiser. Il pourra ainsi aller dans l’univers de Manami au bon moment.

– C’est ingénieux, reconnut Madoka, retrouvant le sourire.

– Mais… et moi ? se plaignit Kyosuke, qui avait l’impression de se retrouver tout seul face à ce qui venait de lui arriver.

Ignorant les complaintes de son ami, Madoka se rapprocha de Manami. Cette dernière l’informa :

– Dès que Kyosuke entendra des mots particuliers, il sera pris d’une panique telle, qu’il devra s’enfuir dans une autre dimension.

– C’est bien trouvé, admit Madoka. Mais es-tu certaine qu’il ne va pas essayer aussi après de… tu vois ce que je veux dire ?...

– Non-non-non ! Ça c’est purement marginal et ne se reproduira pas. Madoka, comme tu es du voyage, je dois maintenant te souffler les mots déclencheurs en question. Mais Kyosuke ne doit surtout pas les entendre. Approche-toi, je vais te les souffler à l’oreille.

Regardant Kyosuke d’un air méfiant, Madoka s’éloigna de Kurumi et se dirigea vers lui.

– Ayuka… ? commença-t-il par dire.

« BLONK !! »

Kyosuke retomba à nouveau sur le sol, martelé pour la seconde fois par une chaussure venue s’écraser bien plus fermement que précédemment sur sa tête, à la plus grande joie de Kazuya, au passage. Étendu sur le sol, Kyosuke se retrouva complètement évanoui.

– Madoka... Mais pourquoi l’as-tu encore frappé ? demanda Kurumi, incrédule.

– Je me méfie de la super-ouïe que ton frère possède, laissa tomber d’un air tranquille, la jeune femme aux yeux d’émeraude.

– Il.. il a un pouvoir dans son audition ? demanda Akane.

– Oui, il peut accentuer ses cinq sens. Cela fait partie des petits secrets concernant ses pouvoirs qu’il m’a révélés depuis peu.

Akane ressentit de l’admiration envers Madoka. Cette dernière savait se montrer toujours aussi confiante en elle-même, et savait gérer toutes les situations possibles. Cela rappela à Akane les années où elle était encore bien plus admirative envers Madoka qu’aujourd’hui…

– Maintenant qu’il dort, chuchote-moi les mots à l’oreille, demanda Madoka, revenue vers Manami.

– Bien sûr.

Kurumi vint se porter à l’oreille de Madoka, et prononça : « Kimagure Orange Road ».

À l’écoute de ces trois mots, quelque chose interpela Madoka. Cela lui semblait familier. Elle n’arrivait pas à se l’expliquer. Les mots choisis par Kurumi auraient pu être autres, sans la moindre importance, mais ces mots-là avaient une résonnance particulière en elle. Comme un souvenir lointain, mais qui n’était pas encore advenu… Comme si un message lui était destiné.

– Comment as-tu choisi ces mots ? demanda Madoka, intriguée.

– Cela m’est venu comme cela, répondit Kurumi.

– « Comme cela », dis-tu ?...

– Oui.

Takashi ne put s’empêcher de remarquer l’étrange trouble qui avait parcouru les pensées de Madoka durant quelques instants. Comment des mots venus subitement dans l’esprit de Kurumi, avaient pu intriguer aussi curieusement Madoka ?... Alors que tous les autres ont à peine eu ce même ressenti. Il laissa de côté cette observation et se concentra plutôt sur la mission principale, qui était de faire en sorte que Manami puisse regagner sa dimension d’origine, avec Kyosuke et Madoka.

Il s’avança vers Kyosuke, toujours étendu au sol.

– Bon, les enfants, il faut réveiller Kyosuke. On ne peut pas le laisser comme ça, tout de même.

– Oui, Papa, acquiesça Kurumi.

– Je m’en occupe, dit Madoka.

La jeune femme se dirigea vers lui d’un air serein, tandis que son ami était toujours évanoui. Elle l’avait vraiment bien sonné. Ce n’était pas la première fois qu’elle avait fait cela. En ce temps-là, il fallait faire comprendre à un obsédé comme Kasuga, qu’il ne fallait pas lui chercher des ennuis par son comportement indécent.

Madoka s’accroupit et lui prit la main. Combien de fois avait-il fallut être confronté à Kyosuke de cette manière ? N’avait-elle pas d’autre solution que la violence pour le confronter ? Manquait-elle encore de confiance vis-à-vis de lui ? Kyosuke lui avait offert son amour, révélé ses sentiments malgré son indécision maladive et ses maladresses. Elle se remémora sur le moment l’instant où il lui avait révélé qu’il possédait des pouvoirs :

 

Il y a quelques semaines, tout en haut des marches du grand escalier…

 

Kyosuke (sérieux) : – Ayukawa, j’ai quelque chose d’important à te dire :

Madoka (sérieuse) : – Oui, Kasuga ?...

Kyosuke (sérieux, mais commençant un peu à surjouer) : – Quelque chose d’important…

Madoka (interloquée) : – À ce point là ?

Kyosuke (toujours sérieux, et en train de surjouer de plus en plus) : –Oui, il me faut te révéler un secret. Un secret très important que je ne pouvais pas te dire jusqu’à présent… Ayukawa…

Madoka (intriguée) – Et tu me dis cela maintenant ? J’espère que ce n’est pas quelque chose de grave, tout de même ?

Kyosuke (soudainement hésitant) : – Je… En fait…

Madoka (patiente) : – Oui ?...

Kyosuke (cherchant dans sa tête) : – En fait… Heu… Je…

Madoka (un peu moins patiente) : – Moui ?...

Kyosuke (perdu) : – Ano

Madoka (commençant à faire la moue) : – Mhhh… ?!

Kyosuke (une perle de sueur coulant lentement sur sa joue) : – Je…

Madoka (impatiente) : – Mais accouche !

Kyosuke (tout en panique) : – J’ai des pouvoirs paranormaux !

Madoka (les yeux éberlués) : – Nani ?...

 

Fin du flashback

 

Madoka se remémorait cette scène avec une précision troublante. Elle y avait vu Kyosuke, doté de pouvoirs extraordinaires, se révéler dans toute sa vérité. Le mur de verre brisé n’avait pas altéré son essence profonde ; il était resté fidèle à lui-même, comme s’il portait en lui une lumière intérieure inaltérable. Ce moment avait renvoyé à Madoka sa propre image, comme si elle se contemplait dans un miroir aux facettes complexes. Elle aussi, depuis toujours, avait enfoui des secrets du passé, soigneusement préservés à l’abri des regards, en particulier au sein de sa propre famille. Son passé sombre l’avait contrainte à une authenticité réservée. Ce ton maussade et déconcertant, qui l’entourait au collège et au lycée, était le reflet de cette dualité. Mais Kyosuke avait tracé pour elle un chemin vers sa propre lumière intérieure. Certes, le Pouvoir demeurait encore secret pour elle, mais Madoka avait saisi l’opportunité de bâtir sa paix intérieure en côtoyant la famille Kasuga. Au final, elle considérait que même si Kyosuke n’avait jamais disposé de dons extraordinaires, ses sentiments à son égard demeureraient inchangés. Car, il avait su continuellement préserver ses dons paranormaux pour gagner petit à petit son amour.

Madoka sourit en regardant son ami, qui demeurait les yeux clos. En tenant la main de Kyosuke, elle accompagna son réveil.

– Que… ?

– Ça va, Kasuga ?...

– Ma tête… (Il mit sa main sur le haut de son crâne, cherchant une éventuelle bosse).

– Elle est solide, ta tête. Allez, lève-toi, Kasuga. Nous avons une mission à remplir pour Manami, souviens-toi.

Vacillant légèrement, le jeune homme se remit sur pieds, aidé par Madoka qui, se l’avoua-t-elle, avait cette fois-ci un peu forcé la mesure.

Revenu complètement à lui, Kyosuke prit alors conscience de sa situation.

– Ayukawa ! C’est toi qui m’as fait ça ! s’écria-t-il, en dardant sur elle un doigt accusateur.

– Bien sûr, fit Madoka, d’un calme imperturbable. Tu ne devais pas entendre les mots déclencheurs que Kurumi allait me dire. Je te rappelle que ton Pouvoir peut te faire entendre des murmures à distance. Aussi, te fallait-il ne pas écouter ce que l’on avait à me chuchoter.

Réfléchissant quelque peu, Kasuga acquiesça, conscient que Madoka avait pris la bonne décision. Le simple écho des mots déclencheurs à son oreille aurait suffi à le propulser vers n’importe quel recoin du multivers. Aucun risque ne devait être pris.

– Bon, déclara Takashi, rassuré sur l’état de santé de son fils. J’espère que vous êtes prêts.

– Oui, il est temps d’aller chercher Manami ! clama Kurumi.

– Ouais ! fit Kazuya.

– Entièrement d’accord, fit alter-ego de sa sœur.

Madoka se plaça au milieu du salon, là où il n’y avait pas de tapis et dans un espace dégagé. Comme elle ne voulait pas être dehors, dans le jardin, à la vue de n’importe quel témoin extérieur, il fallait que le voyage interdimensionnel s’effectue à l’intérieur de la maison, dans le grand salon. Sur le parquet, elle mit ses chaussures et attendit Kyosuke et Manami. Cette dernière, déjà chaussée depuis son arrivée dans cette dimension, se tint à ses côtés. Kyosuke, lui, s’éclipsa brièvement pour récupérer ses chaussures restées à l’entrée de la demeure. Puis, il revint, prêt à les porter.

Finalement, tout le monde se rassembla autour des trois voyageurs.

– Faites bien attention à vous ! fit Akane à leur adresse.

– Et ne faites pas de bêtises ! émit Kazuya tout sourire.

Takashi rappela à Madoka les conditions d’un bon retour :

– Madoka, souvenez-vous que seul Kyosuke a le pouvoir de vous ramener ici, tous les trois. Il est crucial que vous soyez en mesure de lui prononcer les mots déclencheurs que vous connaissez, tout en maintenant votre lien physique, en vous tenant par la main.

– J’ai bien compris. Merci, monsieur Kasuga.

Kyosuke, Madoka et Manami se placèrent alors tous les trois en cercle.

– Bon voyage à vous tous ! fit Kurumi, aux côtés de Takashi, Akane et Kazuya. Revenez sains et saufs !

Vint le moment où les trois voyageurs d’entre les dimensions devaient s’apprêter à se tenir par la main.

Mais alors qu’ils étaient tous sur le point de se toucher, Manami disparut dans le néant !

Tétanisés, Madoka et Kyosuke restèrent seuls. Takashi, Akane et Kazuya furent muets de stupeur.

Tout se passa alors en une fraction de seconde. À la vitesse de l’éclair, Madoka empoigna les mains de Kyosuke, resté paralysé. Celui-ci était certainement en train de penser qu’il n’y avait plus de moyens de rejoindre la dimension de Manami. Mais plus le temps de penser. Il fallait agir !

– Kasuga, fais-moi confiance ! lui hurla Madoka, en lui tenant fermement les deux mains.

– Que ?...

– « Kimagure Orange Road » !

Les sens de Kyosuke furent portés à leur paroxysme. La panique, la peur… Un sentiment irrésistible de partir… de fuir… Quant à Madoka, elle se sentit également partir. La vision des deux voyageurs fut floutée par la séparation des atomes et à leurs rassemblements dans la réalité qui les attendait.

Tout se passa en un instant.

Quand leur vision devint claire, l’instant qu’ils découvraient chacun, de leur côté, dépassa l’imagination.

Madoka se retrouva dans une pièce qui évoquait sa propre chambre, bien que légèrement différente. Devant-elle, elle entr’aperçut Manami qui lui faisait face. Elle était bien arrivée à destination car Madoka en reconnut les vêtements qu’elle portait. Mais dopée par un instinct de survie aguerri, l’attention de la jeune femme aux yeux d’émeraude fut immédiatement attirée à sa droite. Un homme à l’air enragé était sur le point d’attaquer Manami. Alors que celle-ci était restée sans défense, ce type était sur le point de lui asséner un mauvais coup !...

De son côté, Kyosuke ressentit une étrange privation d’air, ses lèvres captives, scellées par d’autres lèvres. Alors que sa vision retrouvait sa netteté, il réalisa qu’il était en train d’embrasser une jeune femme. Et quelle surprise inouïe ! Cette femme n’était autre que… Hikaru !...

Dans le salon, d’où Takashi, Akane et Kazuya avaient été témoins du départ précipité de Manami, juste avant que celle-ci ne tienne les mains de Kyosuke et de Madoka, la surprise persistait. À première vue, Kyosuke et Madoka semblaient n’avoir jamais quitté les lieux, malgré les mots déclencheurs prononcés par Madoka il y a quelques instants. C’était a priori normal, car aucun d’eux n’avait eu l’occasion de saisir les mains de Manami, avant sa mystérieuse disparition.

Mais ce qui défiait toute logique, c’était le changement de leurs vêtements. Alors qu’ils étaient tous deux restés immobiles et à la même place qu’au départ, leurs habits s’étaient en effet subitement métamorphosés !

 

 

 

« «

«

 

-> Aller à l'épisode 17


  • tcv aime ceci
banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#396 tcv

tcv

    KORiste

  • Modérateur
  • Réputation
    429
  • 7 362 messages
  • Genre:
  • Localisation:Région parisienne

Posté 10 mars 2024 - 21h04

Désolé, j'ai eu un contretemps. Je publie l'épisode 16 ici.

 

Sur le forum ou sur KORSE, ta fanfic est toujours plaisante à suivre.


Sky is the only limit

#397 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 10 mars 2024 - 22h30

 

Sur le forum ou sur KORSE, ta fanfic est toujours plaisante à suivre.

 

Merci, tcv  :woot:


banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#398 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 16 mars 2024 - 19h01

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 17 – Hikaru

 

 

 

Hikaru regardait le ciel étoilé.

Le firmament était bien visible ce soir-là. De la fenêtre de sa chambre d’où elle contemplait ce magnifique spectacle céleste, elle laissa son esprit vagabonder d’étoile en étoile, laissant libre court à des songes nostalgiques.

Ici, sur l’île de Hokkaidō, la saison avançait en se radoucissant petit à petit, après un hiver assez rigoureux. Mais pour Hikaru, « l’hiver de sa vie » a commencé bien avant la saison elle-même. L’an dernier fut la période la plus tragique de toute son existence. Après trois ans d’insouciance passés auprès de ses amis Kyosuke et Madoka, à Tokyo, elle dût s’éloigner d’eux avec une immense tristesse. Savoir, après tant d’années, que l’amour de sa vie, Kyosuke Kasuga, sortait avec sa meilleure amie, Madoka, son amie d’enfance, presque sa sœur… Et que leur amour s’était construit entre eux durant tout ce temps à son insu… c’était plus qu’elle ne pouvait en supporter. Tant d’espoirs, tant de projets pour le futur, tant d’amour donné… pour rien ?... Pourquoi ? Pourquoi ?... Elle posait ainsi ces inlassables questions devant les étoiles, se demandant si ces soleils des confins de l’univers allaient enfin répondre à certaines de ses prières.

Il y a plusieurs semaines déjà, qu’avec ses parents, elle avait élu domicile ici, à Otaru, petite ville côtière un tantinet éloignée et nichée au nord-ouest de la grande ville principale de Hokkaidō, Sapporo, que l'on pouvait atteindre en trente minutes de voyage ferroviaire.

Quittant la tumultueuse Tokyo, berceau de son enfance, pour cette contrée lointaine située au nord du Japon, Hikaru avait également laissé derrière elle deux compagnons de son âge qui l'avaient soutenue dans les épreuves : Yûsaku Hino et Shinichi Harada. Tous deux avaient patiemment rivalisé pour gagner son cœur. Bien que leur présence ait été pour elle un réconfort moral ces derniers mois, Hikaru avait finalement éprouvé de la lassitude à les voir se disputer constamment son affection. Elle ne voulait pas suivre le même chemin que Kyosuke : faire un choix qui en laisserait un sur le bord du chemin. Elle ne les avait pas prévenus de son départ. Son seul appel téléphonique avait été pour Kyosuke seul. Et lui seul… sa lumière à sens unique, à défaut d’être son amour.

Même si Hikaru avait donné sa liberté à Kyosuke, elle eut du mal à supporter son absence. L’an dernier, Madoka avait pris la décision de s'installer seule quelque temps à Los Angeles, laissant Kyosuke, séparé d'elle par un vaste océan. Pour Hikaru, même la proximité de Kyosuke dans la même ville qu’elle était trop étouffante. Elle n'envisagea jamais de renouer le dialogue avec lui. Elle ne voulait pas tirer avantage de l'absence de Madoka, qui demeurait loin de là. C'était trop oppressant. Elle devait s'éloigner, ce qu'elle fit dès le retour de Madoka au pays.

En effet, au même moment, ses propres parents avaient décidé de quitter définitivement la grande capitale nippone, devenue pour eux trop agitée, pour une vie plus sereine, même si le climat était plus rude en saison hivernale. Hikaru n’eut pas le choix que de les suivre. Elle en remercia presque le Destin. Ce fut l’espoir de changer d’air, de s’éloigner du drame de sa propre vie… D’en reconstruire une autre ailleurs… Pour une nouvelle ère.

Hikaru avait intégré une petite maison avec un étage, où sa chambre lui permettait d’avoir une belle vue sur le canal d’Otaru qui longeait le port. Ce canal, très prisé des touristes, surtout en hiver lors du festival « neige et lumière », rappelait à Hikaru celui qu’elle avait connu autrefois à Tokyo. C’était dans ce canal qu’elle avait fait ses adieux à sa propre enfance, avec sa séparation avec son Kumagoro, son vieil ours en peluche. Que pouvait-elle à présent laisser pour toujours derrière elle, en regardant s’écouler le flot ininterrompu du canal d’Otaru ?... Ses souvenirs amers ?... Ses regrets ?... Son amour ?... Devait-elle rendre tout cela à ces eaux purificatrices ?...

Quels projets avait-elle pour construire un nouvel avenir en ces lieux ? Sa passion était la peinture, talent révélé autrefois lors de l’anniversaire de son amie Madoka, à qui elle avait offert son portrait [Tome 13, NDLR]. Tous ses souvenirs étaient liés à Madoka et Kyosuke. Comment oublier d’un revers de la main ce passé toujours persistant en elle ?... Même dans l’extrême nord du Japon, il lui fut difficile d’effacer ce que les étoiles lui chuchotaient inlassablement à ses yeux. Car contempler la lumière d’une étoile, c’était regarder le passé. Cette lumière, se reflétant dans sa rétine, rappelait ainsi à Hikaru que son propre passé brillait toujours en elle.

Otaru était une ville touristique qui permit à son père d’intégrer un des postes à responsabilité de l’office de tourisme de la ville. Il avait conscience que sa fille, cachant mal une souffrance intérieure perceptible, avait besoin d’occuper une activité stimulante. Il lui avait alors proposé de l’aider à préparer la nouvelle saison touristique qui allait battre son plein cet été. Cependant, empeignée d’une mélancolie toujours persistante, elle demeurait dans l’indécision.

Hikaru aura-t-elle la force de dissimuler les spectres du passé derrière l'activité professionnelle qu'offrait le domaine du tourisme ? La question de son avenir se posait, entre l'intégration universitaire ou l'entrée directe dans le monde du travail. Prendre les rênes de sa vie, immédiatement, semblait être la voie à suivre. Devenir autonome, s'affranchir des liens de dépendance, voilà ce qui semblait l’inspirer.

Perchée sur la balustrade de sa chambre, bercée par la douce caresse de l'air pur qui faisait danser ses courtes mèches dorées, Hikaru laissait son regard errer parmi les étoiles étincelantes, tandis qu'elle méditait sur l'existence qu'elle aurait pu partager avec Kyosuke s'il avait fait le choix de l'aimer. Elle se demanda s’il pensait de temps en temps à elle… Et si Madoka et Kyosuke avaient toujours en mémoire les joyeux moments passés tous les trois ensembles dans l’insouciance…

Hikaru regarda toujours les étoiles scintillantes et… disparut dans le néant.

 

 

 

« «

«

 

-> Lire l'épisode 18


  • tcv aime ceci
banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#399 CyberFred

CyberFred

    Modérateur

  • Modérateur
  • Réputation
    607
  • 6 674 messages
  • Genre:
  • Localisation:France

Posté 24 mars 2024 - 02h37

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 18 – Bonneteau (Partie I)

 

 

Ainsi, il advint, précédemment, que Hikaru, résidant à Otaru, s'évanouit soudainement dans le néant, telle une ombre se fondant dans l'abîme. Sans doute ce phénomène énigmatique aura-t-il éveillé votre curiosité. Cependant, il convient de comprendre que toute chose obéit à une logique dictée par les normes du Pouvoir. Revenons donc quelques instants en arrière, juste avant que Hikaru ne se volatilise.

 

Dans l’autre univers, Madoka devait absolument intervenir pour empêcher ce type menaçant de s’approcher de Manami. Étrangement, elle était positionnée face à elle, comme si elle avait déjà commencé à se précipiter vers elle. Mais ce type à ses côtés… comment se faisait-il qu’il était déjà presque sur Manami, alors qu’elle n’avait réintégré son univers d’origine que depuis quelques secondes ?... Son esprit, d'une perspicacité rare, nota au passage l'absence de Kyosuke dans la pièce. Que s’est-il passé ? Pourquoi n’était-il pas ici avec elle, alors qu’elle et lui étaient partis ensemble, main dans la main ?... Pourquoi se retrouvait-elle dans une chambre qui semblait être la sienne, alors que le point de départ était le salon de sa résidence ? Toutes ces interrogations tournoyaient dans l'esprit de Madoka, mais elle n'eut guère le loisir de s'y attarder. La priorité était de mettre Manami à l'abri, sa seule alliée dans cette dimension. Sans une once d'hésitation, Madoka décocha un coup de poing cinglant en direction de l’individu menaçant. Le choc qu’il reçut sur son profil gauche le propulsa violemment contre le décor, le laissant gisant et inconscient sur le sol.

Toujours portée par l’élan qu’elle avait senti à son arrivée, Madoka n’eut pas de mal à se porter vers celle qu’elle voulait protéger :

– Manami-san, est-ce que ça va ?

– Merci, Madoka-san. C’est incroyable : à peine suis-je apparue que j’ai été attaquée par… Mais… (Elle s’arrêta)

– Quoi donc ?...

– Je ne comprends pas : ce type, que tu as cogné, c’est le frère de Hikaru : Kenji Hiyama.

– Ah... C’est donc lui ?... Il m’a paru bien gringalet. Qu’il est étrange de voir le frère d’Hikaru, alors que celui-ci n’existe pas dans mon univers.

– Ce que je voulais dire, Madoka-san, c’est que j’ai vu quelque chose de plus étrange…

– Quoi donc ?...

– Quand j’ai réintégré ce lieu, Kenji et toi étiez déjà en train de m’attaquer. Mais tu portais alors un blouson noir et une combinaison en cuir de même ton. C’est alors que tes vêtements ont subitement changé. J’ai reconnu alors ceux que tu portais dans le salon de ta maison avant notre départ. Ton expression a aussi brusquement changé lors de ton changement vestimentaire.

Madoka s’interrogea. Elle ne comprenait pas comment Manami avait pu être témoin de cet étrange changement de vêtements. Mais dans l’immédiat, il y avait autre chose de plus important à penser : où était passé Kyosuke ?

– Pourquoi Kasuga-kun n’est-il pas avec nous ? demanda Madoka.

– Il... il était avec toi ? s’étonna Manami, en regardant Kenji toujours inconscient. Sache qu’il n’était pas ici à mon arrivée. Es-tu sûre, Madoka-san, qu’il était bien avec toi quand tu es partie ?

– Oui, aucun doute, fit la jeune femme aux yeux émeraude. Sans ses pouvoirs, je ne serais pas parvenue à franchir les dimensions. Mais je dois comprendre une chose, Manami-san : comment se fait-il que tu sois partie avant nous ? Avant même que nous nous tenions tous par la main ?

– C’est quelque chose que je ne comprends pas moi-même : j’ai été aspirée par une force inconnue, j’ignore comment et pourquoi. Je sais que n’ai pas pu vous tenir par la main au départ du salon de ta demeure. C’est comme si je revenais naturellement chez moi, sans l’avoir provoqué moi-même. Mais au fait, comment avez-vous tous deux réussi à parvenir ici sans vous tromper d’univers ?

Madoka sourit alors et lui présenta ce qu’elle tenait depuis le début à la main gauche. Manami regarda de plus près et s’écria :

– Oh mais !... C’est…

 

«

 

Stupéfait, Kyosuke eut un geste de recul. Il avait surgi dans un univers où Hikaru l’embrassait sur les lèvres. Comment était-ce possible ?...

– Kyosuke ?...

Devant lui, la jeune femme aux cheveux dorés le nomma non sans une certaine surprise. Celui qu’elle avait enlacé tendrement venait d’avoir comme une réaction anormale. Mais alors qu’elle venait tout juste de constater que les vêtements de Kyosuke avaient brusquement changé, tout changea autour d’elle. En effet, l’atmosphère éthérée qui prévalait jusqu’ici était en train de disparaître ! Kyosuke et Hikaru s’aperçurent avec horreur que le vide était en train de se former tout autour d’eux.

– Que ?...

Kyosuke vit se former sous ses pieds un vide noir, béant à hurler, se propageant tout autour de lui. Une peur irraisonnée germa alors immédiatement dans son esprit, car le stress de son arrivée, s’additionnant avec la peur d’un sombre inconnu l’appelant à tomber, tout cela fut de trop pour le jeune homme. Alors qu’il tenait toujours les épaules de la jeune fille, tous deux disparurent dans le néant.

Et à la place…

 

«

 

Takashi observa avec une stupéfaction mêlée de curiosité le singulier ballet vestimentaire qui se déroulait devant lui, où les habits se métamorphosaient, tandis que les visages demeuraient inchangés. Il y a de cela quelques instants à peine, Madoka avait murmuré à Kyosuke les paroles permettant à ce dernier de quitter cette dimension pour en atteindre un autre. Cependant, Manami avait déjà pris les devants, sans que l'on puisse comprendre les raisons de son départ précipité. Toujours est-il que Madoka avait pris un risque énorme en décidant seule de quitter cette réalité, avec Kyosuke, sans la guidance sécurisante de la main de Manami.

Les mots à peine prononcés, les vêtements de Madoka s’étaient soudainement mis à changer, ainsi que ceux de Kyosuke. Au départ, Madoka avait porté un blue jean et une veste légère de couleur vert. À la place, de la tête aux pieds, elle se présentait avec un ensemble sombre en cuir, comme une sorte de combinaison de moto personnalisée. Au niveau du cœur, elle arborait un médaillon accroché sur sa veste, sans doute une sorte d’emblème. Quant à Kyosuke, ses vêtements avaient aussi changé.

Que se passait-il ?... Où étaient Manami ? La Manami de tous, ici. N’était-elle pas censée revenir avec Madoka et Kyosuke de l’autre univers, une fois retrouvée ? Pourquoi Kyosuke et Madoka rentraient-ils bredouilles avec d’autres vêtements sur eux ? Mais ces deux-là étaient-ils vraiment partis ?... On eut dit que seuls des habits venus d’ailleurs avaient transité d’une dimension inconnue vers celle-là. Si Kyosuke et Madoka étaient bel et bien partis, le temps était-il différent entre les deux univers au point qu’ils aient eu le temps de changer de vêtements avant de revenir ?

Dans son esprit, Takashi tenta de rassembler tout un puzzle complexe, dont il ne parvenait pas à comprendre toute la logique. Il regretta qu’Akemi, sa défunte épouse, ne lui ait pas avoir dévoilé les subtilités du Pouvoir dans toute son ampleur. Mais savait-elle des choses sur les univers parallèle, elle, qui pratiquait plutôt le Pouvoir en d’autres domaines de prédilection ? Il aurait aimé alors consulter son beau-père, mais ce dernier demeurait hors de portée, établi dans une province reculée et montagneuse.

Dans le salon, où tout le monde restait figé de stupeur, Madoka était comme stupéfaite, comme figée par quelque chose qu’elle ne parvenait pas encore à comprendre. De son côté, Kyosuke semblait chercher une présence familière censée se trouver près de lui, mais une sorte d’irritation naquit en lui. Dès qu’il identifia Madoka à ses côtés, une expression de fureur se dessina soudainement sur son visage. Regardant du côté du groupe formé par Takashi, Akane, Kurumi et Kazuya, le visage de la jeune femme commença à faire également montre de tels traits.

Sans hésitation, démontrant une détermination inhabituelle, Kyosuke leva son poing. À la grande stupéfaction des personnes présentes dans le salon, témoins impuissants d’une scène à venir inimaginable, ce poing vengeur, brandi par un Kyosuke déterminé comme jamais, était déjà en train de se diriger inexorablement droit vers le visage de la jeune femme !...

 

 

 

« «

«


  • tcv aime ceci
banner_kor.jpg  logo_facebook_forum.jpg
 
 
 

#400 tcv

tcv

    KORiste

  • Modérateur
  • Réputation
    429
  • 7 362 messages
  • Genre:
  • Localisation:Région parisienne

Posté 24 mars 2024 - 07h50

Je l'ai lu de bon matin et sans trop spoiler, cela se mélange de plus en plus entre les deux univers. Comment tout cela va-t-il se résoudre?
Sky is the only limit




3 utilisateur(s) li(sen)t ce sujet

0 membre(s), 3 invité(s), 0 utilisateur(s) anonyme(s)

  • Loading Countdowns