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Les travaux de CyberFred


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446 réponses à ce sujet

#441 Jingo

Jingo

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Posté 11 avril 2024 - 13h44

Bravo Fred, c'est magnifique !


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#442 CyberFred

CyberFred

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Posté 13 avril 2024 - 19h19

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 21 – La rencontre

 

 

Manami était présentement « propulsée » au sein d’un voyage qui semblait s'étirer interminablement à ses yeux. Pourquoi n'avait-elle pas encore atteint sa destination ? Qu'était-il en train de se passer ?

Son esprit s'attarda sur le chapeau de paille rouge qu'elle portait sur la tête avant que sa vision ne se trouble entièrement. Un nouveau voyage… Provoqué par le chapeau ?... Initié par elle-même ?... Les mêmes questions persistaient, toujours sans réponse. Cette fois-ci, il y avait quelque chose de nouveau. Quelque chose qui n’était pas « prévu au programme ».

Elle revisita les événements récents dans son esprit. Quelques temps auparavant, elle s’était retrouvée dans une situation où un danger immédiat l’avait menacée. Kenji Hiyama et la Madoka Ayukawa de l’univers parallèle étaient tous deux sur le point de fondre sur elle, afin de la neutraliser avant qu’elle ne puisse utiliser son Pouvoir contre eux. Leur prudence était justifiée. Pourtant, curieusement, bien qu'elle ait eu les moyens de se défendre, elle détourna son attention du danger, attirée par le chapeau de paille rouge posé désormais sur sa tête. Ce chapeau l'avait incitée à réagir autrement, loin de la violence.

Juste avant de disparaître de la réalité de cet univers alternatif, Manami avait encore entr’aperçu des flashes avec son et images provenant d’un « ailleurs » qu’elle espérait probablement atteindre par ce présent voyage interdimensionnel.

Cependant, quel sens pouvait-il y avoir à se perdre dans un univers où Madoka égarait sans cesse son chapeau, le laissant choir sur le sol, sans qu'aucun Kyosuke ne vienne finalement à elle ? À travers ses visions, Manami avait contemplé une multitude de scénarios où Madoka perdait son couvre-chef, chaque réaction de la jeune fille variant à chaque fois par la suite. Manami allait-elle se retrouver dans l'un de ces univers où tout était déjà scellé ? Car une fois que Madoka avait égaré son chapeau et que personne ne venait à sa rencontre, quelle signification pouvait bien revêtir une telle réalité « inachevée » ? En effet, même si Manami se retrouvait plongée au sein d’un tel univers, comment pourrait-elle alors intervenir pour changer le destin de cette rencontre tant espérée entre Madoka et Kyosuke, au sommet de cet imposant escalier, et la reproduire ? Alors qu'à chaque occurrence, Madoka avait toujours quitté seule ce grand escalier, d’autant que Kyosuke n’était jamais là.

Manami ne parvenait pas à saisir pourquoi les choses se déroulaient de la sorte. Son esprit était obsédé par cette rencontre inéluctable qui scellait le destin de son frère et de son amie, Madoka. Elle désirait ardemment que cette rencontre se produise (ou se reproduise) au sommet de cet escalier majestueux. Et que tout ce qui adviendrait par la suite entre ces deux jeunes gens, malgré les obstacles rencontrés, se déroule comme ils l'avaient eux-mêmes vécu. Manami souhaitait simplement les laisser vivre leur vie en paix.

Et Hikaru ? Qu'en était-il d'elle dans tout ceci ? Pauvre Hikaru, celle qui avait nourri tant d'espoirs de lier son destin à celui de Kyosuke. Manami se sentait souvent déchirée entre la culpabilité et une profonde empathie pour cette jeune fille, qui avait toujours été si bienveillante et attentionnée envers son frère. Bien qu'Hikaru eût parfois recours à des démonstrations excessives pour témoigner de son amour, elle demeurait loin, à présent, tout comme Manami elle-même.

Un jour, elle eut l’idée de se rendre par elle-même à Otaru, pour parler à Hikaru. Elle voulait lui exprimer ses regrets concernant l'incident du chapeau et les conséquences qui en découlèrent. Cette révélation fatidique où un simple chapeau détermina le destin de chacun, scellant l'avènement officiel d'un couple au prix d'une douleur profonde. La douleur de Hikaru, bien sûr, mais aussi celle de Manami, qui, sans le vouloir, avait déclenché une terrible réaction en chaîne. Elle en assuma pleinement cette culpabilité, qui désormais faisait partie intégrante d'elle-même, et ceci à jamais. Elle souhaitait désormais confier à Hikaru que tout espoir n'était pas perdu pour elle. Car la Vie, en sa sagesse, trouve toujours son chemin, et façonne, pour celui qui ose et espère, une voie vers un bonheur inattendu.

Mais à présent, Manami se tenait à la croisée des chemins, cherchant la voie qui l'appelait inévitablement. Qui donc l'appelait ? Était-ce elle-même ? Le chapeau ? Ou bien quelque force mystérieuse ?...

Ce périple s'étirait vraiment en longueur, à l'opposé du précédent qui s'était plutôt déroulé à vive allure. Pourquoi ne pas trouver un lieu où se reposer un instant, voire se restaurer ? Manami commençait à ressentir la faim. Dans son monde, tout avait basculé lors de ce dîner que Madoka concoctait dans sa cuisine. Elle avait savouré d’avance la spécialité américaine qui mijotait dans son four. Mais en cet endroit de « transition » vers une autre réalité, les ressources alimentaires étaient absentes. Il fallait patienter. Si sa sœur Kurumi avait été à sa place, elle aurait déjà vacillé, tant son impatience pour se nourrir eût été plus importante. Quoi qu'il en soit, Manami devait avant tout se concentrer sur son voyage immédiat. Elle s'efforça donc de mettre de côté les tiraillements de son estomac pour se focaliser vers sa destination, quoi qu’il arrive.

Soudain, elle ressentit une décélération, et son champ de vision s'éclaircit, revenant progressivement à la normale. Que se passait-il ? Elle sentait déjà le souffle d'un air frais extérieur caresser son visage.

Elle put alors contempler son environnement avec une clarté retrouvée. C'était le jour, un soleil printanier éclairant les arbres alentour. Mais quelque chose d'incroyable se produisait : elle reconnaissait cet endroit. Impossible... C'était LE lieu...

Le grand escalier !

Elle se trouvait au sommet des marches. Étonnée, Manami ne put s'empêcher de marquer un temps d'arrêt. C'était bien la Colline avec son grand escalier, situé dans le quartier où elle et sa famille résidaient. Tout était identique. Elle pouvait même distinguer le petit jardin d'enfants situé quelques mètres plus haut, entre la résidence Green Castle et la dernière marche (ou peut-être était-ce la première ?), emplacement d’où elle se tenait présentement. Mais était-ce réellement le même endroit ? Son voyage l'aurait-il vraiment ramenée dans son propre univers ?... Était-elle enfin de retour ?... Il était difficile de le dire. Normalement, si elle était revenue dans son univers d'origine, il ferait toujours nuit, et non jour. La date du jour restait donc un mystère.

Quoi qu'il en soit, l'endroit semblait figé dans le temps. Manami repensa encore à la rencontre entre Madoka et Kyosuke sur les marches du grand escalier. Son voyage actuel lui offrirait-il l'opportunité d'assister à cette scène emblématique en direct ? Était-elle revenue dans le passé ? Madoka allait-elle bientôt faire son apparition en ces lieux ? De son côté, Kyosuke était-il déjà en train de gravir et compter les marches ? Manami serait-elle le témoin privilégié de ce qui s'était déroulé des années auparavant pour son grand-frère ? Néanmoins, elle réalisa qu'en cas de rencontre, elle serait une simple intruse. Dans un élan de retrait, elle décida de se replier discrètement vers l'aire de jeu, offrant ainsi un point de vue idéal sur la situation.

Mais un coup de vent printanier vint interférer avec ses intentions. Les larges bordures du chapeau qu’elle portait sur sa tête ne purent résister à la pression de l’air. Il s’envola !

– Non ! s’écria-t-elle, saisie d'effroi. Oh non ! Pas maintenant !...

Impuissante, elle vit le chapeau s'élever et disparaître vers les marches inférieures de l'escalier, hors de sa vue. Il était impossible de laisser ce chapeau se perdre où que ce soit, car elle le considérait comme son « guide » dans ses voyages interdimensionnels. Elle se précipita alors pour tenter de le rattraper, avant qu’il ne disparaisse… et surtout avant qu'une tierce personne n'intervienne.

Soudain, une vision stupéfiante captiva son regard...

Le chapeau, posé en apparence sur l'une des marches en contrebas, amorça de lui-même une lente remontée vers elle, escaladant chaque marche de manière autonome. Manami ne put en croire ses propres yeux. Comment cela était-il possible ?...

En s'approchant du sommet, l'objet volant, qui présentait à Manami sa face supérieure, glissait sans effleurer le sol, comme animé d'une vie propre. Ce n'était ni le vent, ni même une force mystique qui le propulsait vers elle.

Un frisson d'inquiétude parcourut Manami. Il était manifeste que ni Kyosuke, ni Madoka, ne viendraient ici et maintenant. Manami ne revivait donc pas le même instant magique qu'autrefois en ce lieu, du moins si c'était bien le même univers.

Le chapeau, arrivé au sommet, sur la première marche, présentant toujours son côté pile, s’arrêta alors devant la jeune fille. Avec précaution, Manami se risqua à essayer de récupérer son bien le plus précieux, étendant lentement la main vers le rebord le plus proche. Un miaulement retentit derrière le chapeau, surprenant la jeune fille.

– Que ?... Qu’est-ce que c’est ?...

Le chapeau se tourna alors vers le ciel, révélant qu'un chat beige aux yeux orangés s'était coiffé de l'objet. Assis sur la première marche, l'animal la fixait, tout en poussant un autre petit miaulement.

 

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– Un chat !?... C'est donc sur ta tête que le chapeau a choisi de retomber !

Voilà qui expliquait le fait qu’elle ait eu l’impression qu’il remontait tout seul, comme par magie. Cette découverte éclairait le mystère de l’impression qu’elle avait eue de le voir remonter de lui-même, comme par enchantement. Les larges bordures du chapeau avaient enveloppé tout le corps de l'animal, rendant difficile sa présence, alors qu'il grimpait les marches.

S'agenouillant devant le félin, qui se révélait être aussi inoffensif qu'adorable avec sa frimousse, Manami interrogea doucement :

– Que fais-tu ici, tout seul ?

Elle ôta délicatement le chapeau de l'animal pour le reposer une nouvelle fois sur sa propre tête.

Manami attendit une réponse du chat, ses yeux orangés fixant intensément ceux de la jeune fille. Un léger miaulement s'échappa de lui, suivi d'un regard furtif vers les environs, comme s'il cherchait quelque chose ou quelqu'un.

– Tu as l'air un peu perdu, toi aussi, dit-elle doucement, en essayant de rassurer l'animal.

Manami observa le chat avec des yeux doux, cherchant à comprendre sa situation. Le félin la fixait toujours, ses yeux orangés brillants d'une lueur à la fois curieuse et méfiante. Il miaula doucement, comme pour répondre à ses interrogations.

– Tu as besoin d’aide ? demanda encore la jeune, sa voix remplie de compassion.

Le chat émit un petit miaulement plaintif, se frottant doucement contre la main de Manami, comme cherchant réconfort et protection auprès d’elle.

– Tu es bien perdu… tout comme moi d’ailleurs, murmura Manami.

Elle caressa doucement la tête du chat, appréciant tout à la fois ce moment de paix retrouvée, après le voyage mouvementé qu’elle avait subi précédemment. Le chat ronronna doucement en réponse, ses yeux fixés sur Manami avec une confiance naissante. Il semblait apprécier l'attention qu'elle lui portait, cherchant instinctivement la chaleur et la sécurité.

Elle examina le chat de plus près, en quête de tout signe d'identification, mais il n'avait ni collier ni étiquette. C'était un chat visiblement bien soigné, ce qui lui fit penser qu'il avait dû être abandonné récemment.

– Tu as été abandonné ?...

L’animal émit alors un miaulement assez triste, comme s’il confirmait aux yeux de la jeune fille ce triste fait.

– Tu es bien trop mignon pour subir un tel sort, dit-elle en caressant doucement le chat.

Elle sourit doucement, touchée par la situation :

– D'accord, je vais t'aider, dit-elle en se levant, tout en prenant le chat dans ses bras.

Ce dernier miaula à nouveau, plus doucement cette fois-ci, comme pour confirmer qu'il était effectivement seul et désorienté.

– Je vais m'occuper de toi, promit Manami, en souriant tendrement au chat. Tu veux venir avec moi ?...

Le félin frotta doucement sa tête contre le cou de Manami, émettant un petit ronronnement apaisé. Il semblait apprécier l'attention et le contact chaleureux de la jeune fille.

– On dirait que c'est un « oui », dit-elle, en riant légèrement. Alors, qu'en dis-tu ?... Et si on y allait ensemble ?

Le chat se blottit plus que jamais contre elle, comme s'il avait trouvé en Manami une nouvelle amie et protectrice. Elle sentit son cœur se serrer d'affection pour ce petit être qui avait l'air si vulnérable et perdu.

– Tu vas venir chez moi, petit chat, annonça-t-elle. Je vais bien m'occuper de toi, tu verras.

Le chat émit un dernier miaulement doux, comme pour remercier Manami de sa gentillesse et de sa décision de l'adopter. Elle sourit, le serrant un peu plus fort tout contre elle, heureuse d'avoir pris la décision de le recueillir. Elle n’avait jamais eu d’animaux domestiques durant sa vie. Les déménagements incessants empêchaient une présence stable pour un animal au sein du foyer. Elle se demanda comment allaient réagir son père, Kyosuke et Manami, à la vue de cet animal, qui allait venir s’installer chez eux.

– Allez, en route, dit-elle doucement.

Et ainsi, Manami prit la direction de Green Castle, le petit chat blotti tout contre elle. Ne sachant pas si cet univers était bien le sien ou non, elle voulut savoir si sa famille habitait bien la résidence, située non loin. Elle s’apprêta à quitter les lieux, emportant avec elle une nouvelle amitié.

Était-ce enfin l’achèvement de son voyage mouvementé ?...

Elle n’eut pas le temps de se poser la question plus avant : juste avant d’arriver à l’aire de jeux, un portail circulaire se forma devant elle. Elle s’arrêta net. Jamais cela n’était arrivé jusqu’ici. Elle ne rêvait pas : il y avait vraiment une sorte de vortex qui venait de s’ouvrir et qui semblait l’attendre. Il ondulait doucement, comme une surface d'eau agitée par une brise légère. Sa brillance était hypnotique, une lueur bleuâtre parsemée d'éclats d'argent qui scintillaient comme des étoiles lointaines. Un doux bourdonnement émanait de cette porte vers l'inconnu, tel un chant mélodieux qui appelait Manami à s'approcher.

Intangible et pourtant si réel, il semblait insaisissable, comme s'il était fait d'une substance située à la frontière entre la matière et l'énergie. L'air tout autour semblait vibrant, chargé d'une énergie électrique qui faisait légèrement frissonner la peau de la jeune fille.

Manami ne comprit pas. Lors de ses deux précédentes incursions interdimensionnelles, elle avait cru à l'émergence d'un tout nouveau pouvoir en elle, catalysé par la « participation » plus ou moins volontaire d'un objet énergisé, à savoir le chapeau de paille rouge de Madoka. Ici, tout se produisait devant elle, sans les flashes annonciateurs présentant Madoka cherchant toute seule son chapeau envolé. Il était évident que quelque chose d'autre était présentement à l’œuvre.

Manami devait-elle franchir ce seuil, et ainsi accéder aux réponses tant attendues à ses interrogations ? Ou bien devait-elle trouver refuge dans l’appartement de la résidence dont elle apercevait les fenêtres au loin ? Si, bien sûr, il s'agissait réellement de son propre univers d’origine...

Hésitante, la jeune fille regarda le chat toujours blotti dans ses bras. Ses yeux ambrés la fixaient avec une confiance silencieuse, comme s'il savait que le vortex ne représentait aucun danger pour eux. Elle sentit une vague de tranquillité l'envahir, une certitude que cette porte mystérieuse la conduirait là où elle devait aller.

Se rapprochant lentement du portail interdimensionnel, elle inspira profondément, rassemblant tout son courage. Oui, c’était différent, mais était-ce la fin du voyage ?...

Puis, sans plus d'hésitation, Manami franchit le seuil du vortex, le petit chat toujours blotti contre elle, ce qui l’aida à préserver son courage. En un instant, ils furent tous deux engloutis par la lumière éblouissante du portail, et disparurent de la réalité.

 

 

 

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#443 Olivier

Olivier

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Posté 13 avril 2024 - 19h45

Non, non, j'ai dû mal voir...
I'm looking for the red straw hat...

#444 CyberFred

CyberFred

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Posté 13 avril 2024 - 22h36

Surpris ? Il faut lire la fan fiction pour savoir pourquoi j'ai volontairement fait les choses comme cela. Rien n'est là par hasard.
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#445 tcv

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Posté 14 avril 2024 - 00h26

Cette nouvelle photo est surprenante. Ainsi un détail important change entre le manga et la série TV.
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#446 CyberFred

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Posté 14 avril 2024 - 00h46

Salut tcv. Oui, c'est complètement volontaire de ma part. Tu me connais bien : je suis capable avec l'IA de faire des personnages ressemblants. Mais ici, non. Et puis, il est pas mignon, ce petit chat ? 


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#447 CyberFred

CyberFred

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Posté 20 avril 2024 - 16h38

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 22 – NANI ?!!!

 

 

 

Hikaru eut le souffle court. Elle ne pouvait y croire : Kyosuke se tenait bel et bien à ses côtés. C’était vraiment lui, l’auteur de cet acte héroïque qui l’avait sauvée d’une situation aussi inimaginable que périlleuse.

Le jeune homme, visiblement éreinté, posa ses yeux sur celle qui avait l’apparence de son amour. Pourtant, il savait pertinemment qu’elle n’était pas la véritable Hikaru.

La jeune fille, déboussolée, le fixa. Que se passait-il ?... Pourquoi Kyosuke était-il là, à ses côtés, dans ce lieu improbable ?... Les questions se bousculaient dans son esprit, mais elle n’osa pas les formuler à voix haute. Le mystère était trop grand, et la réalité semblait peu à peu se dissoudre autour d’elle.

– Hikaru…

Le jeune homme s'efforça de parler avec une sérénité à toute épreuve, soucieux de ne pas dérouter ou bouleverser cette Hikaru issue d'un univers parallèle. Avant de revenir ici, il avait rapidement entr’aperçu un lieu de l’univers de cette autre Hikaru… Un vaste salon, où se tenaient des gens ressemblant à des membres de sa propre famille, mais qui lui semblaient trop étrangers pour les reconnaître véritablement. Kyosuke avait l’art de distinguer le vrai du faux. Il savait que l’Hikaru présente à ses côtés provenait de cet autre univers, tandis que la sienne devait y demeurer. Il ne comprenait pas pourquoi les choses s’étaient déroulées ainsi. Il se demanda si cela n’était pas un « effet secondaire » de la perte de contrôle de sa bulle de téléportation immobile. Il se demanda ensuite si Hikaru connaissait bien la nature du Pouvoir au sein du clan Kasuga. Mais au regard perdu qu’elle affichait, il était évident qu’elle n’était pas familiarisée avec tous ces mystères et secrets. Il se rendit compte que lui expliquer tout cela ne serait pas une mince affaire.

– Hikaru… Écoute-moi attentivement… C’est très important…

Désorientée, la jeune fille balaya du regard les alentours, cherchant des repères familiers pour s’orienter.

– Je… Est-ce là le pont de Yokohama en construction ?... demanda-t-elle.

Des poutres métalliques s’élevaient vers le ciel, semblant défier la gravité.

Hikaru ne comprenait pas ce qui venait de lui arriver. Elle avait vécu des aventures mouvementées aux côtés de ses anciens amis, Madoka et Kyosuke. Et voilà que ce dernier réapparaissait, surgissant de nulle part, dans ce lieu situé à des centaines de kilomètres de chez elle.

– Oui, c’est bien ici.

– Madoka est-elle là, aussi ? demanda-t-elle, scrutant toujours autour d’elle.

Pourquoi cette Hikaru parlait spécifiquement de Madoka, et non pas aussi de son propre frère Kenji ? se demanda Kyosuke.

– Non, répondit-il, avec une pointe d’amertume. Et c’est préférable, car cela provoquerait des remous.

Hikaru s’arrêta net, l’air surpris.

– Pourquoi dis-tu cela ? s’enquit-elle.

– Elle ne verrait pas d'un bon œil notre présence ici.

Hikaru se montra perplexe. Elle avait du mal à comprendre. Madoka prendrait ombrage à la voir en présence de Kyosuke ?... Tout était pourtant clarifié depuis longtemps.

Devant la confusion que manifestait la jeune fille, Kyosuke commença à se dire qu'il ne fallait pas trop en dire. Il ne connaissait pas la Hikaru qui se tenait ici. Et il était clair qu'elle réagissait par rapport aux événements de l'univers qu'elle seule connaissait. Après tout, de son côté, il avoua lui-même ne pas connaître la Madoka de son univers à elle.

– Écoute, Hikaru… Je dois d'abord t'expliquer…

– Expliquer quoi ? coupa Hikaru, ses yeux fixant intensément ceux du jeune homme. Je me retrouve ici sur ce pont en construction de la baie de Yokohama, alors que j'étais tranquillement chez moi à Otaru.

« Otaru ?... »

La Hikaru de cet autre univers habitait-elle vraiment si loin de Tokyo ? se demanda Kyosuke. Pourquoi vivait-elle là-bas ?... Que s'était-il passé dans son univers ?... Le jeune homme savait qu'il devait faire preuve de plus grande prudence dans ses propos, car les événements vécus par cette jeune fille devaient être très différents. Mais il n'eut pas d'autre choix. Cette malheureuse ne devait pas être induite en erreur plus longtemps.

– Écoute-moi, Hikaru… Je ne sais pas, comment te le dire… mais tu n’es pas d’ici…

– Pardon ? commença par dire Hikaru avec méfiance. J’ai vécu longtemps ici, tu le sais bien.

– Je veux dire… tu viens d’un autre univers !

Le silence… Hikaru en eut le souffle coupé. Que venait de dire Kyosuke ?... Que se passait-t-il ?... Serait-il devenu fou ?... De quel « autre univers » parlait-il ?...

– Hé, Kyosuke, tu ne serais pas en train de me faire une blague, là ?

Hikaru esquissa un petit ricanement, mais son air était teinté de nervosité. Elle avait été transportée ici de manière si soudaine... Et Kyosuke, lui-même, semblait différent, et plus sérieux dans ses propos. Elle remarqua ce changement, mais peinait à comprendre ce dont il parlait.

– Comment et pourquoi suis-je ici ? demanda-t-elle avec sérieux. On m’a droguée et kidnappée ?

– Non, aucunement, fit le jeune homme avec le même sérieux que la jeune fille. Tu viens de voyager de ton univers vers le mien. Ici !

Hikaru le fixa, incrédule.

– Tu… tu parles… d’un voyage entre les dimensions, comme dans les films de science-fiction ?...

– Exactement.

Elle émit un sourire nerveux.

– Balivernes ! Je ne crois pas !

– Pour une raison que j’ignore, tu as été échangée contre ton double, qui résidait ici, dans mon univers. Elle est maintenant dans ta dimension.

Hikaru éclata d'un long rire sonore, si caractéristique de sa voix, qui résonna jusqu'aux lumières scintillantes de la ville lointaine. Kyosuke s’était soudainement couvert les oreilles tant la voix particulière de la jeune fille était incroyablement forte.

– Hikaru, je suis très sérieux, reprit Kyosuke. Je ne crois pas que tu connaisses l’existence du Pouvoir dans ton univers, mais tu dois me croire.

– Mhh ?... Comment puis-je te croire, après tout ce que nous avons vécu ? Il y a quelques mois, toi et moi, étions des amis très proches. Et soudainement, toi et Madoka, avez révélé au monde que vous étiez ensemble !

– NANI ?!!!...

Kyosuke ne put s’empêcher de hurler de la sorte, au point que Hikaru dût se protéger les oreilles à son tour. Un choc incommensurable vint frapper l’esprit du jeune homme. Que… que venait-elle de dire ?... Dans son univers, son propre double était en couple avec Ayukawa ?... Ayukawa, son ennemie jurée, en même temps que Kenji Hiyama.

– Hé ! Ne crie pas comme ça ! fit Hikaru offusquée. Ne joue pas les étonnés avec moi, ça ne marche pas !

La mine de Kyosuke s’assombrit. Cette Hikaru vivait vraiment dans un univers radicalement différent du sien.

– Tu veux dire qu’Ayukawa et mon alter ego sont ensemble dans ton univers ? demanda-t-il.

– Baka ! Pour qui tu me prends ? rétorqua Hikaru. Tu es devenu fou, ma parole ! Quel alter ego ?... Tu m’as plaquée pour elle !

Cette fois-ci, Kyosuke éclata de rire. Bien qu'il eût déjà entendu parler des univers parallèles par d'autres membres du clan Kasuga, il n'avait jamais imaginé que l'un d'entre eux puisse être le pire qui soit selon son point de vue.

– Hé bien, je plains mon double… murmura-t-il en reprenant son sérieux, mais pas suffisamment bas pour qu’Hikaru ne l’entende pas.

– Ton double ? fit la jeune fille d’un ton assez renfrogné. De qui tu parles ?... (elle se ressaisit) Écoute, Kyosuke, nous ne pouvons pas rester ici. Tu dois me ramener à Otaru et oublier tout cela, d'accord ?

– Je ne suis pas la cause de ta présence ici, Hikaru. C’est le Kyosuke de ton univers qui a fait cela !

– Mais arrête de me parler d’un autre ! Tu es là ! rétorqua-t-elle, exaspérée.

– Tu ne me laisses pas le choix, se résigna-t-il.

Inquiète, Hikaru se mit en garde. Elle ne reconnaissait plus le Kyosuke qu’elle avait côtoyé autrefois. Plus il réagissait, plus il paraissait étrange.

– Je dois te parler du Pouvoir, dit-il.

– Ça y est… encore ce « truc-Pouvoir »… Mais tu vas cesser tes enfantillages ?

Sans prêter attention à la remarque, Kyosuke s'évapora littéralement sous les yeux de la jeune fille. Le vide laissé par ce phénomène produisit une brusque aspiration d’air venue le combler, balayant au passage les cheveux cours de la jeune fille. La disparition soudaine de Kyosuke dans le néant laissa Hikaru sans voix. Elle scruta fébrilement les alentours. Puis, tout aussi soudainement, le jeune homme réapparut devant elle.

– KYA !!...

Elle hurla de surprise. Elle n’avait pas rêvé ! Kyosuke était là, puis plus là, et fut de nouveau là ! Par quel trucage avait-il réussi à faire cela ?

– Que… Que… Quoi ?!... balbutia-t-elle, les yeux hagards.

Elle regarda alors Kyosuke droit dans les yeux.

– Mais que se passe-t-il, ici ?! hurla-t-elle.

– N’aie crainte. C’est un des pouvoirs que j’ai.

– J’ai dû rêver ! C’est pas possible ! Je suis encore sous le coup de la drogue qu’on m’a administrée !

– Non point, rétorqua Kyosuke. Je viens simplement de me téléporter devant toi. Pour te démontrer que le Pouvoir existe… Et que je suis très sérieux quand je te dis que tu as voyagé d’un univers à l'autre.

Les yeux couleur azur d’Hikaru s’assombrirent… ses dents se serrèrent. Quelle était cette étrange folie ?... Comment Kyosuke possédait-il un tel don ?...

– Je peux aussi faire de la télékinésie, ajouta-t-il.

– Télékinésie ?...

– Oui, déplacer des objets à distance, par la seule force de ma pensée.

Cette autre révélation inattendue fit surgir un souvenir lointain dans l’esprit de la jeune fille, un moment précis plongé durant sa première année de collège. Elle se souvint d’un événement singulier, un instant qui allait bouleverser sa vie. Alors qu’elle s’était cachée pour fumer une cigarette, Hikaru s’était retrouvée dans la salle de gymnastique de l’école. Pensant être seule, elle s’apprêtait à allumer sa cigarette, quand ses yeux se posèrent sur un garçon, rencontré depuis peu, Kyosuke. Il était assis seul à l’autre bout de la salle. Il tenait un ballon de basket dans sa main droite. Son regard semblait lointain, comme perdu dans une rêverie qui semblait le transporter ailleurs. Puis, sans la moindre hésitation, il lança d’une main le ballon. L’objet s’éleva dans les airs, défiant la pesanteur, et vola directement vers le panier d’en face, marquant sans la moindre hésitation. Aux yeux pétillants de la jeune fille, c’était là quelque chose de prodigieux… « Il est prodigieux ! » [Tome 1, NDLR] Hikaru resta figée, fascinée par cette scène irréelle, dont elle seule fut témoin. Même si elle avait déjà croisé ce garçon depuis peu, qui était-il vraiment, avec ses gestes si assurés, et à l’aura si mystérieuse ? Pourquoi avait-il choisi cet instant précis pour accomplir cet exploit ?... Les questions tourbillonnaient dans son esprit… Le destin venait de les réunir, et rien ne serait plus jamais comme avant. La vie de Hikaru était désormais liée par ce geste divin, cette trajectoire parfaite tracée dans l’air, comme une promesse d’amitié à venir assurée, et plus encore.

Une sirène portuaire lointaine la rappela à la réalité. Laissant de côté ce souvenir précieux, Hikaru se mit alors à penser que, peut-être, Kyosuke avait déjà pratiqué la télékinésie par le passé.

– C'était donc grâce à ce pouvoir que tu as réussi ce panier au collège depuis l'autre bout du terrain ? demanda-t-elle, une goutte de sueur glissant sur sa joue.

– Je n'ai jamais fait cela, fit Kyosuke. À cette époque, nous ne venions pas de la même ville, et encore moins du même établissement scolaire. N'oublie pas que tu viens d’un univers où les événements que tu as vécus ont divergé par rapport à ceux de mon monde !

– Mais tu t’entends parler ?... Je ne te reconnais plus !

– À juste titre ! Je te répète que je ne suis pas le Kyosuke que tu as toujours connu ! Tu te trouves dans un univers parallèle au tien !

– Un univers où tu possèdes des pouvoirs…

– Oui... Je suis désolé de te confronter à tout cela… Mais pour t'aider, je dois te dévoiler tous les aspects des problèmes.

– Si ce que tu dis est vrai... si tu n'es pas le Kyosuke que je connais... est-ce que celui que je connais a également des pouvoirs ?

– Très probablement, car c'est lui qui est à l'origine de ta présence ici.

Les yeux de Hikaru s'écarquillèrent, frôlant l'exorbitation, tant la surprise la saisit :

– Que... que dis-tu ?... Il aurait fait cela ?... Pourquoi ?...

– Je l’ignore. La possession du Pouvoir au sein du clan Kasuga varie d'une personne à l'autre, dans mon univers. Cette règle doit certainement s'appliquer dans le cas des alter egos interdimensionnels résidant à travers tout le multivers.

Tous ces termes étrangers à son vocabulaire étaient trop techniques pour Hikaru. Mais elle retint le fait que probablement, tous les Kasuga de son propre univers posséderaient aussi… le Pouvoir ?... Donc, Manami ?... Donc, Kurumi ?... C’était trop pour Hikaru.

– Je veux rentrer chez moi ! hurla-t-elle à l’adresse de Kyosuke.

– Je ne peux pas !

Elle saisit alors fermement le col de chemise du jeune homme.

– Tu dis avoir des pouvoirs ! Ramène-moi chez moi !

– Écoute, Hikaru : je dispose de dons qui pourraient encore te surprendre, mais le voyage d'un univers à l'autre, ça, je ne sais pas faire. C'est hors de mes capacités.

– Je... je suis donc coincée ici ? dit-elle, en relâchant prise, l’air perdu.

– Je vais t'aider, car je dois retrouver ma Hikaru.

– « Ta Hikaru » ?...

– Oui, elle et moi, on est ensemble !

– NANI !!!

– Ce n’est pas la peine de hurler comme ça ! fit le garçon se bouchant ses oreilles.

Hikaru pouvait tout entendre : univers parallèles, pouvoirs extraordinaires, tout… Mais l'affirmation de Kyosuke selon laquelle il vivait normalement en couple avec une version d'elle-même dans cet univers-ci, la laissa totalement stupéfaite. C'était inconcevable, même presque trop beau pour être vrai. Qu'avait donc fait Madoka ici ?

– Et Madoka ?...

– Mais pourquoi me parles-tu encore d’elle ? rétorqua Kyosuke, l’air agacé d’entendre ce prénom.

– C'est mon amie d'enfance. Comme je suis fille unique, je l'ai toujours considérée comme ma grande sœur.

– Hein ?!... Tu plaisantes ? s’étonna Kyosuke à son tour.

– Je ne plaisante pas avec ces choses-là…

– Par le Ciel… je comprends… Dans ton univers, tu n’as pas de frère ainé, mais à la place, tu as comme une sœur ainée…

– Nani ?!... Tu… tu viens de dire qu’ici j’ai un frère ?!... Comment cela est-il possible ?...

– Oui, c’est hélas la réalité… Et il doit te chercher depuis…

Il ne dit plus un mot… Kyosuke s'arrêta net, le regard inquiet, scrutant les alentours. Le temps... Il avait omis ce paramètre crutial. La construction du pont lui paraissait à présent nettement plus avancée qu'à son arrivée sur la structure. Il posa ensuite les yeux sur Hikaru. Bien qu'issue d'un autre univers, elle semblait différente. En réalité, elle paraissait avoir le même âge que lui, alors qu’en principe, deux années les séparaient tous les deux.

– En… en quelle année sommes-nous ? demanda-t-il.

Hikaru leva un sourcil, amusée :

– Toi, qui prétends avoir des pouvoirs, tu ne sais plus en quelle année nous sommes ?

– C'est essentiel. Tout à l'heure, j'étais avec ma Hikaru, dans une bulle de téléportation immobile.

– Une quoi ?...

– Peu importe. Nous y sommes restés un certain temps pour échapper à ton frère Kenji et sa copine Ayukawa. Mais à l’extérieur, le temps s’est accéléré.

Hikaru manifesta encore des surprises :

– Que… Comment ?... Il s’appelle Kenji ?... Et lui et Madoka... (elle fit les gros yeux) Mais c'est quoi ce délire ?!!...

– Ils sont ensemble ! acheva Kyosuke.

Hikaru aurait pu clamer un nouveau et vif « Nani ! » d'une intensité plus ou moins comparable aux précédents, mais elle se ravisa. Au fond d'elle-même, elle sut qu’elle devait impérativement lâcher prise, et définitivement admettre qu'il y avait bien tout une « dimension surnaturelle » calquée à sa propre réalité.

– Quand la bulle a disparu, j'ignore si le temps a avancé normalement ou pas, ici, poursuivit Kyosuke. Nous étions en 1986...

– On est en 1988, laissa tomber Hikaru.

Le jeune homme semblait désorienté, au point de tâter son propre visage, histoire de savoir s’il avait vieilli lui-même aussi vite.

– Ciel !... Oh non... Deux ans ! J'ai fait un saut de deux ans ? Deux ans ont passé…

Hikaru ne put s’empêcher de penser que ce Kyosuke avait vraiment des problèmes. Il ne fallait pas qu’elle se montre trop sévère envers lui.

– Cela fait donc deux ans qu'ils me recherchent tous. Ma famille... et son frère, murmura-t-il encore, l'air abattu.

Hikaru se trouva désemparée à son tour, sans mots pour répondre. Ce Kyosuke paraissait si différent de celui qu'elle connaissait. L'autre ne se serait jamais laissé submerger par le désespoir comme celui-ci. Il aurait cherché une solution. Néanmoins, ce nouvel aspect de Kyosuke pourrait peut-être, d'une manière qu'elle ignorait encore, vraiment l'aider à retrouver son véritable chez-soi.

– Nous devons quitter cet endroit, trancha alors Kyosuke, au bout d’un moment. Chez moi sera plus sûr. Ma mère saura me dire comment nous aider.

Intérieurement, Hikaru était une fois de plus frappée par les contrastes entre cet univers et le sien. Ici, la mère de Kyosuke était en vie… Quelle chance pour lui. Elle se surprit alors à imaginer Kenji, ce frère qu’elle n’a jamais eu, et que Kyosuke semblait détester. À quoi ressemblait-il ? Qu’était-ce que de grandir avec un frère ? Ces pensées vagabondes intriguèrent Hikaru. Et si Kenji était présentement chez Madoka, à l’heure actuelle, puisqu’ils sont censés être ensemble ?

Elle n’eut guère le temps de s'interroger davantage.

Un vrombissement de moto se fit entendre, lointain d'abord, puis se rapprochant rapidement. Une unique moto convergeait vers eux, plein phare.

– Qui est-ce ? s'enquit Hikaru, se mettant sur ses gardes.

Kyosuke, intrigué, ne reconnut pas les signes ornant la cylindrée qui approchait de plus en plus. Les motos de la bande de Kenji arboraient tous un emblème circulaire, symbole de leur appartenance. Mais ici, c'était différent. Il s'agissait d'un pilote appartenant à un autre groupe. Et il était bien seul.

– Je l'ignore, répondit-il. Ce n'est pas une moto de la bande de Kenji.

La moto coupa ses moteurs à une dizaine de mètres d'eux. Kyosuke et Hikaru se positionnèrent côte à côte, prêts à faire face à cet adversaire inconnu, qui, manifestement, démontrait une confiance telle qu'il venait seul à leur rencontre.

Il était clairement évident qu’il s’agissait d’une jeune femme qui se trouvait aux commandes de cette machine. Son casque de moto masquait ses traits et sa chevelure, mais Hikaru la vit descendre de moto avec une élégance certaine. Sa combinaison moulante en cuir blanc immaculé dévoilait une silhouette athlétique qui aurait fait pâlir bien des gymnastes de haut niveau. Sans compter l'audace de sa veste en cuir décolletée, un peu trop osée à son goût, selon Hikaru.

Chaussée de talons hauts assortis à sa combinaison, la mystérieuse jeune femme s'avança vers le couple immobile avec une démarche à la fois assurée et agile. Elle s'arrêta à quelques pas d'eux, puis ôta lentement son casque, révélant son visage, ainsi qu’une chevelure particulière qui se déployait pour onduler aussitôt au grès de la brise naissante soufflant à ce moment précis sur le pont suspendu.

– Qui es-tu ? interrogea Kyosuke, à la vue de cette jeune femme, toujours muette.

Les yeux et les lèvres de cette inconnue témoignaient d'une volonté affirmée et d'une parfaite maîtrise de ses actes.

Mais de son côté, Hikaru fut tétanisée. Elle réalisa alors que l'homme à ses côtés, ce double de Kyosuke, n'était en rien celui qu'elle avait toujours connu. Elle comprit que ce monde était radicalement différent du sien. En effet, dans son univers, il aurait été impensable que « son » Kyosuke ne reconnaisse pas celle qui se tenait présentement devant elle.

– Je te connais ! s'écria Hikaru, n’en croyant pas ses propres yeux. Toi ?!...

– Nani ?! s’exclama Kyosuke, stupéfait, en tournant la tête vers Hikaru. Tu la connais ?...

Il aurait dû savoir qu'il ne fallait pas commettre une telle erreur.

Distrait pendant une fraction de seconde, il offrit une opportunité parfaite à la jeune femme qui lui faisait face. D'un geste vif, défiant presque les lois de la physique, elle projeta une sorte de dard qui se ficha dans le cou de Kyosuke. Il s'effondra au sol, totalement pris au dépourvu par la rapidité et l'agilité de son agresseur, une inconnue pour lui, mais certainement pas pour Hikaru.

– Kyosuke ! hurla-t-elle, horrifiée de voir son compagnon inerte sur le sol.

Avant même qu'elle puisse lui porter assistance, une piqûre aiguë la frappa au cou. Elle s'effondra à son tour.

 

 

 

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