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CyberFred

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Dans le sujet : Les travaux de CyberFred

aujourd'hui, 02h29

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 35

C'est cela !...

 

Précédemment, dans « Kimagure Orange Road – La Première Marche »

Kyosuke a réussi l’impossible, en réintégrant la dimension où Madoka et Hikaru se trouvent. Ayant convaincu Kenji de ses origines, il doit s’efforcer de soigner Madoka, qui a été blessée gravement lors de son affrontement avec Sayuri. Une voix nouvelle derrière lui ordonne de cesser toute action.

 

En se retournant, Kyosuke et Kenji observèrent un étrange groupe de trois femmes qui se tenait à quelques mètres d’eux. Kenji, prompt à réagir dès que quelque chose n’allait pas, écarquilla les yeux. Il reconnut la première fille, celle qui portait normalement des lunettes, mais ne les avait plus. Deux autres personnes l’accompagnaient : une jeune fille de son âge, aux cheveux longs et soyeux, avec un regard à la fois tranquille et rêveur. Mais celle qui avait ordonné de cesser toute action se tenait devant elles, imposante par sa prestance.

Une femme d’une trentaine d’années, aux cheveux courts stylés, de couleur marron clair, et aux yeux d’un violet profond, empreints d’une vivacité d’esprit, se distinguait par son allure élégante. Elle portait une jupe beige midi qui tombait jusqu’aux mollets, une fine ceinture marron soulignant sa taille, et une blouse en satin noir à pois blancs avec un col lavallière. Ses escarpins blancs accentuaient la sophistication de sa démarche.

Kyosuke resta pétrifié. Cette femme… c’était sa mère ! Akemi Kasuga se tenait là, devant lui, bien vivante ! Il avait encore en mémoire son visage, celui avec lequel il avait échangé lors de son incursion dans l’espace entre les dimensions. Pourtant, avant qu’il ne puisse prononcer un seul mot, il comprit qu’il ne devait pas l’appeler « maman ».

Kenji, lui, n’essaya même pas de masquer son agitation :

– C’est quoi ce cirque ?!… Qui sont ces femmes ?!… Comment sont-elles parvenues ici ?…

De son côté, Hikaru, encore au pied du grand container, demanda :

– Que se passe-t-il, là-haut ?…

Akemi, quant à elle, regardait Madoka, allongée au sol, sa respiration faible.

– Il ne faut pas soigner cette jeune femme avec des moyens rudimentaires, même si vous avez fait de votre mieux, dit-elle d’une voix douce.

Akemi s’agenouilla à côté de Madoka, posa ses mains au-dessus de sa jambe blessée, puis ferma les yeux. Un souffle d’énergie subtile émana d’elle, enveloppant la jeune fille aux cheveux bleu nuit d’une lumière apaisante. Peu à peu, la plaie de Madoka se referma toute seule, puis ne laissa aucune cicatrice. Et bien qu’encore endormie, elle semblait désormais paisible. Enfin, d’une pensée, Akemi dénoua le garrot qui enserrait la jambe de celle qu’elle avait guéri avec tant d’aisance.

Kenji, abasourdi, recula d’un pas.

– Qu’est-ce que… Comment est-ce possible ?!…

– Elle doit encore se reposer un peu, déclara calmement Akemi en se relevant.

La femme fixa alors Kyosuke avec un regard perçant. Elle s’avança vers lui.

– Alors, c’est toi… le Kyosuke originaire de l’autre univers ? Que devient mon fils ?… Si tu es ici, cela signifie qu’il est actuellement à ta place, n’est-ce pas ?…

Kyosuke hocha la tête.

– Comment savez-vous…

– Manami m’a tout raconté quand elle est venue me voir à la maison, reprit Akemi. J’ai dû prendre du temps pour appréhender tout ce qui est arrivé. Je devais être ici maintenant.

Son regard se porta sur les scènes de désolation situées au pied du container et au-delà.

– Il semble que bien des troubles aient eu lieu ici, poursuivit-elle. Je vais d’abord demander à mes deux filles d’évacuer tous les blessés vers l’hôpital de Yokohama, en prenant soin de ne pas attirer l’attention. Les filles, pouvez-vous vous en charger ?

– Oui, maman ! répondirent-elles en chœur.

Kurumi posa une main sur le garde imposant que Madoka avait terrassé sur le container. En un instant, il disparut dans le néant, sous les yeux ébahis de Kenji.

– Oh !… Mince de mince !… s’exclama-t-il, incrédule.

Manami sauta à pieds joints du container, en contrôlant et ralentissant sa chute à l’aide de son pouvoir télékinésique, pour finalement atterrir proche de Sayuri Hirose, toujours évanouie à terre. Elle s’agenouilla à côté d’elle, et répéta les mêmes gestes de sa sœur. Sayuri disparut également. De son côté, Kurumi se téléporta dans la pièce voisine de l’entrepôt, pour s’occuper du groupe d’acolytes de Sayuri, évanouis ou gémissant encore au sol. Lorsque l’un d’eux était éveillé, la jeune fille l’endormait immédiatement d’un doigt avant de le téléporter de force ailleurs. Manami la rejoignit pour l’aider à compléter l’opération.

Bientôt, il ne resta plus aucune personne du groupe de Sayuri dans les environs. Les deux jeunes filles revinrent, se téléportant aux côtés de leur mère. Manami en profita pour ramener Hikaru avec elle, en la téléportant tout en haut du container pour rejoindre tout le monde.

L’incroyable spectacle impressionna Kenji, témoin de pouvoirs extraordinaires déployés devant lui sous ses propres yeux.

– Merci, les filles, dit Akemi, une fois qu’elles furent revenues à ses côtés. À quel endroit de l’hôpital les avez-vous transportés ?

– Ils sont tous dans la cafétéria, inconscients, expliqua Manami. À cette heure-ci, personne ne vient manger, mais j’ai lancé un signal d’alarme dans cette pièce pour que les urgentistes puissent les découvrir.

– Parfait ! Merci encore, les filles. Nous allons pouvoir discuter tranquillement sans être dérangés.

Akemi se tourna vers Kenji, qui manifestait silencieusement un visage incrédule, suite à tout ce dont ses yeux venaient d’être témoin.

– Ce que tu viens de voir ne doit jamais être raconté, même à tes proches, lui dit-elle. Est-ce bien clair ?

Kenji déglutit.

– Ou… Oui, madame, répondit-il après hésitation.

– J’aurais pu t’hypnotiser pour que tu oublies tout cela, mais je pense que tu es capable de changer et d’œuvrer pour rendre ton monde plus paisible, surtout si tu retrouves ta petite sœur, actuellement coincée dans l’autre univers.

Kenji parut troublé, mais acquiesça.

– Oui, madame. Ma sœur est… tout pour moi.

Akemi sourit légèrement.

– À la bonne heure. On va t’aider.

Un profond changement habita Kenji. Lui qui était si dur, semblait redevenir plus social.

Hikaru, qui jusque-là avait observé le silence depuis son retour en haut du container, se tourna vers Kyosuke, visiblement inquiète :

– Et maintenant, Kasuga ?… Est-ce que nous pouvons rentrer chez nous ?… Je ne veux pas rester ici. Mais… tu disais tout à l’heure que c’était compliqué ?…

Kyosuke baissa la tête, un air sombre se lisant à présent sur son visage. Il savait que le moment était venu de parler de choses sérieuses.

– C’est compliqué, effectivement, murmura-t-il.

Kenji, toujours sur le qui-vive, s’approcha d’eux, les sourcils froncés.

– De quoi parle-t-elle, Kasuga ?… Qu’est-ce qui est compliqué ? demanda-t-il, de plus en plus inquiet.

– Ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, répondit Kyosuke d’une voix lasse.

Manami, qui écoutait en silence, intervint alors avec assurance :

– Si ce sont les mots-clés dont tu as besoin pour rentrer, je les connais, lui dit-elle avec calme.

Mais Kyosuke secoua la tête.

– Ce n’est pas ça, Manami. Ce n’est pas une question de mots-clés. Le problème vient de ma sœur, Kurumi… Elle a… piégé Madoka – celle de cet univers – dans une bulle où elle la torture avec grande colère. Je ne peux pas revenir chez moi sans apporter une solution à sa crise.

– Je vous en prie… Faites quelque chose pour ma Madoka ! implora Kenji.

Intriguée, Akemi, qui avait écouté Kyosuke avec attention, posa une main apaisante sur son épaule.

– Kyosuke… Je sens que ton esprit est déjà troublé par tant de choses, dit-elle d’une voix douce. Je ne veux pas que tu ravives ces drames en les exprimant à voix haute.

Kyosuke leva des yeux fatigués vers elle, reconnaissant, mais désemparé.

– Je suis ici pour demander votre aide, lui dit-il. Voilà pourquoi je suis revenu dans ce monde.

Akemi montra un signe d’étonnement :

– « Revenu dans ce monde » ?… Ce que tu as accompli est absolument unique. Tu ignores sans doute qu’il est normalement impossible de revenir une deuxième fois dans le même univers parallèle. Pourtant, tu l’as fait.

Kyosuke fronça les sourcils, intrigué.

– Impossible, dites-vous ?… Comment ça ?…

– Je veux comprendre ce qui a motivé un voyage aussi risqué, reprit Akemi. Et pour cela, je dois explorer tes souvenirs.

Kyosuke eut un léger mouvement de recul.

– Mes souvenirs ?… Vous pouvez faire ça ?…

– Oui. Cela m’aidera à comprendre ce qu’il se passe.

– Mais mon cousin Kazuya était incapable de lire les pensées de personnes issues d’autres mondes.

– Ton cousin, bien qu’il soit télépathe, ne peut pas encore lire à son âge les pensées des voyageurs d’autres dimensions, expliqua Akemi. Son don est encore limité aux fréquences de ton monde. Mais en grandissant, il saura ajuster son pouvoir au-delà des Sphères. Ce que je peux faire.

Hikaru, qui écoutait avec attention, fronça les sourcils.

– Vous voulez dire que vous pouvez lire dans l’esprit de Kasuga ? demanda-t-elle.

Akemi acquiesça.

– Seulement voir dans ses souvenirs récents, ce qui s’est passé depuis hier. Cela nous aidera à mieux comprendre la situation. Car je pressens que sa sœur Kurumi ne souffre pas d’une simple crise de colère.

Kyosuke hésita, mais il comprenait que la situation dans son univers était critique. Il soupira et accepta.

– Très bien. Faites-le.

Akemi s’approcha alors de lui, posant délicatement sa main sur son front, en fermant les yeux. Kyosuke sentit une vague de chaleur envahir son esprit. Il ferma les yeux à son tour, se laissant aller à cette étrange sensation. Le visage d’Akemi se tendit à mesure qu’elle explorait ses souvenirs. Ses paupières tremblaient légèrement, et ses lèvres, auparavant calmes, se crispèrent. Manami et Kurumi, observant leur mère, échangèrent un regard inquiet.

– Maman… est-ce que tout va bien ? demanda Manami, s’approchant doucement.

Akemi ne répondit pas immédiatement. Après quelques secondes, elle retira brusquement sa main du front de Kyosuke, reculant d’un pas, le souffle court.

– Maman ?! s’exclamèrent Manami et Kurumi en même temps, accourant toutes les deux vers elle avec inquiétude.

Kyosuke, encore sous le choc, ouvrit les yeux pour découvrir la femme vaciller légèrement.

– Que… Que s’est-il passé ?! demanda-t-il avec appréhension.

Akemi prit une grande inspiration et fit signe à ses filles qu’elle allait bien.

– J’ai bien fait de plonger dans tes souvenirs, Kyosuke, dit-elle enfin, la voix grave.

– Maman, qu’as-tu vu ? demanda Manami, le visage marqué par l’inquiétude.

Akemi détourna le regard, visiblement troublée.

– La situation est bien pire que tu ne l’imagines…

Un silence pesant s’installa alors. Kyosuke sentit son cœur s’alourdir, tandis que Kenji observait la scène avec une certaine méfiance.

– Mais… que voulez-vous dire ?… Qu’est-ce qui est pire ? demanda Kyosuke, la voix tremblante.

Akemi ferma les yeux, comme pour rassembler ses pensées avant de répondre, puis les rouvrit, en posant son regard sur Kyosuke.

– C’est bien Kurumi, ta petite sœur. Elle est en train de subir un « dévorement conflagrateur du Pouvoir ».

– Nani ?… Un… quoi ? balbutia Kurumi, sous le choc.

Le visage d’Akemi se fit plus sombre.

– C’est une crise extrêmement rare. Nos ancêtres, bien plus érudits que nous tous dans l’art du Pouvoir, en parlaient comme d’une légende. Je pensais jusqu’ici que cela n’existait que dans les théories les plus folles. Mais Kurumi absorbe le Pouvoir à un rythme incontrôlable et effroyable. Si cela continue, elle pourrait faire effondrer les barrières qui séparent les dimensions. Kurumi est désormais proche du point de rupture.

Le sang de Kyosuke se glaça.

– Vous voulez dire que… cette crise pourrait affecter tout le Multivers ?…

Akemi acquiesça gravement.

– Dans tes souvenirs, j’ai vu que Kurumi avait réussi à ouvrir une brèche dans l’Entre-Dimensions pour tenter d’absorber ton Pouvoir. Cela prouve que son mal se propage déjà à un rythme exponentiel. Si elle parvient à ouvrir un passage complet, et qu’elle ne peut plus continuer absorber toute cette énergie… alors oui, nous serons tous confrontés à une catastrophe.

Tout le monde resta figé. Manami et Kurumi se regardèrent, bouleversées par la gravité de la situation.

– Maman… est-ce qu’on pourrait arrêter Kurumi avec nos pouvoirs ? demanda Manami, d’une voix hésitante.

– Non, surtout pas ! répliqua Akemi fermement.

En pleine confusion, Kyosuke fronça les sourcils.

– Comment ça ? Pourquoi ne pas intervenir ?! s’exclama-t-il, incrédule.

Akemi se tourna vers Kyosuke, le regard lourd de gravité.

– Kurumi est devenue bien trop puissante. Si nous intervenons directement, elle pourrait aspirer nos pouvoirs et ainsi amplifier sa crise. Nous serions alors totalement impuissants face à elle.

– Kurumi… est devenue trop puissante, maintenant ? répéta Kyosuke, abasourdi.

– Oui, et elle s’est enfermée dans une bulle, tout comme à sa naissance, continua Akemi, son ton empreint de gravité.

Kyosuke fronça les sourcils en se rappelant les mots de sa mère.

– Une bulle ?… Ma mère m’en avait parlé…

Akemi hocha lentement la tête.

– Cette bulle est une sorte de dimension de poche mais toujours dans ta dimension. Si elle venait à « exploser », elle remplacerait instantanément toutes les dimensions du Multivers. Ce serait le point zéro d’un tout nouvel univers. Et pour nous tous… la fin de tout.

Kyosuke sentit un immense frisson parcourir son échine.

– Mais… mais ma mère avait réussi à calmer Kurumi à sa naissance, avec son Pouvoir, murmura-t-il, espérant trouver une lueur d’espoir.

Akemi le regarda avec douceur.

– J’ai vu ta mère dans l’Entre-Dimensions, Kyosuke. C’était une femme d’un courage exceptionnel, dit-elle avec admiration. À la naissance de ta sœur Kurumi, elle nous a tous sauvés ce jour-là. Elle a sauvé ton univers et tous les autres ! Elle a réussi à stopper la crise de Kurumi en sacrifiant sa propre vie. Alors qu’elle était avec sa fille, j’ai vu qu’elle t’a guidé à travers le Temps, pour que tu puisses trouver ton chemin jusqu’ici et sauver celle que tu aimes. Ta mère était une femme d’une grandeur infinie.

Kyosuke serra les poings, sa voix tremblant légèrement d’émotion.

– Ma mère n’est plus… Voilà pourquoi je me tourne vers vous… pour m’aider à résoudre cette crise. Avec votre Pouvoir, avec vos connaissances…

Akemi soupira doucement avant de secouer la tête.

– Cela ne suffira pas, Kyosuke. Il faut pénétrer à l’intérieur de la bulle pour avoir une chance d’arrêter Kurumi. Mais aucun Pouvoir ne peut traverser la barrière qu’elle a érigée autour d’elle. Pire encore, tout Pouvoir situé à l’extérieur sera immédiatement absorbé par Kurumi, aggravant ainsi sa crise… La rapprochant dangereusement du point de rupture conflagrateur.

La voix tremblante d’espoir, Manami se tourna vers sa mère :

– Maman, je suis certaine que l’on peut faire quelque chose !

– J’en suis certaine aussi ! fit Kurumi à ses côtés.

La voix pleine d’incertitudes, Kyosuke ajouta :

– Ma mère a donné tout son Pouvoir à ma sœur Kurumi pour parvenir à calmer sa crise…

Akemi acquiesça doucement :

– Oui, c’est vrai. Elle a tout donné. Et c’était la bonne chose à faire. Une fois encore, ta mère a été l’héroïne qui nous a tous sauvés. Il n’y a pas de femme plus courageuse qu’elle. Sois fier d’elle, Kyosuke, et de l’héritage qu’elle a légué à ceux qu’elle aimait. Elle est restée seule dans cette clinique avec Kurumi dans ses bras, et elle a pu lui transmettre son Pouvoir directement. La présence de ta mère et du Pouvoir qu’elle possédait a permis à Kurumi d’accepter cette guérison.

– Je ne comprends pas, fit Kyosuke perplexe tout en fronçant les sourcils. Si ma mère nous a quittés après avoir guéri Kurumi, pourquoi cette dernière n’a-t-elle pas eu d’autres crises similaires dans les années qui ont suivi ? Elle a toujours eu du mal à maîtriser son Pouvoir et a déjà subi des accès de colère. Et puis, les disputes entre mes deux sœurs étaient monnaie courante. Alors… pourquoi maintenant ?

Akemi regarda le jeune homme avec une grande patience.

– Kyosuke, il faut que tu comprennes quelque chose : ta sœur Manami n’est pas simplement la jumelle de Kurumi. Elle est bien plus que cela. Manami a, sans le savoir, toujours aidé Kurumi à canaliser son Pouvoir. Leur lien est très profond. Et c’est ce lien qui a permis à Kurumi de garder le contrôle, même en l’absence de ta mère durant toutes ces années. Mais aujourd’hui, ta sœur Manami a quitté ta dimension pour une autre, puis une autre encore. En s’éloignant ainsi à travers les Sphères, le lien qu’elle entretenait avec Kurumi s’est étiolé, laissant Kurumi perdre ses moyens pour maîtriser son propre Pouvoir, canalisé pour elle jusqu’ici par sa sœur aînée.

– Je… J’en reviens pas ! s’écria Kyosuke.

Manami, visiblement inquiète, s’exclama alors :

– Mais maman, je suis la jumelle de Kurumi ! Est-ce que cela signifie qu’elle pourrait subir une crise similaire, si je m’éloignais d’elle ?

Kurumi, qui observait la scène, répliqua avec un sourire ironique :

– Oh, toi, je te vois venir !

Akemi leva la main pour les rassurer :

– Doucement, les filles !… (Se tournant vers sa fille aînée) Manami, tu as déjà quitté ta dimension pour celle de Kyosuke, et tu en es revenue. Ta sœur a-t-elle eu pour autant un début de crise ? Non. Toutes les deux n’êtes pas concernées, je vous assure. Ce problème est spécifique à la dimension où vit Kyosuke.

Ce dernier, revenant au sujet qui le préoccupait, demanda avec insistance :

– Donc, ma sœur Manami… c’est elle qui a permis de canaliser durablement ce qui avait été endormi chez Kurumi par ma mère, n’est-ce pas ?

Akemi hocha la tête.

– En effet. Tant que Manami ne s’éloignait pas de sa propre dimension, Kurumi pouvait contrôler de manière normale son propre Pouvoir, comme tous les êtres disposant du Pouvoir dans le Multivers.

Kyosuke, le regard grave, poursuivit :

– Il faut donc que le Pouvoir puisse parvenir à Kurumi sans être absorbé brutalement par elle, mais qu’il soit d’une nature à l’apaiser et non à nourrir toujours plus sa crise…

– Oui, confirma Akemi.

– Mais… dans cette bulle ? insista Kyosuke.

Akemi soupira doucement avant de répondre.

– Oui, mais cela ne suffira pas. C’est plus compliqué encore.

Kyosuke fronça les sourcils, perplexe.

– Comment ça ?…

Akemi posa un regard désolé sur lui.

– Maintenant que je comprends la situation, je sais qu’il ne suffit pas d’entrer dans la bulle pour donner simplement du Pouvoir à Kurumi. Il faut que ce soit donné par ta mère !

Kyosuke, abasourdi, s’écria :

– Mais… vous êtes… « comme » ma mère !

Akemi secoua la tête doucement.

– Je lui ressemble, oui, mais je ne suis pas ta mère, Kyosuke. Je ne suis pas non plus la mère de ta sœur Kurumi.

Le jeune homme soupira, désemparé.

– Ce n’est pas ce que je voulais dire…

Akemi lui adressa un regard compréhensif.

– Je sais ce que tu voulais dire, Kyosuke. Tu crois que si j’arrivais à entrer dans la bulle où Kurumi s’est enfermée (et ça, ce serait déjà un immense miracle), je pourrais lui transmettre mon Pouvoir, tout comme ta mère l’a fait autrefois, et que cela suffirait, n’est-ce pas ?

– Oui, exactement.

Mais une fois encore, Akemi secoua la tête tristement.

– Non, ce ne sera pas suffisant.

– Même avec une quantité supérieure de Pouvoir ? demanda Kyosuke, l’espoir vacillant peu à peu.

– Non plus. Puisque ta mère n’est plus là, il faut maintenant que ce soit Manami, ta sœur, et non moi, qui fasse cela. Elle seule est désormais capable d’offrir le Pouvoir à Kurumi pour l’apaiser.

Kyosuke se montra désemparé :

– Mais… Manami a complètement disparu ! On ne sait absolument pas où elle est ! Il existe une infinité de dimensions dans le Multivers ! Il est impossible de la retrouver avant que Kurumi n’atteigne le point de rupture !

Akemi soupira profondément.

– Tu as raison, répondit-elle avec gravité. Et imaginons qu’elle parvenait à revenir chez elle, ignorant en plus ce qui se passe dans ton univers, son Pouvoir serait instantanément absorbé par Kurumi. Ce serait une catastrophe.

Kyosuke, luttant pour trouver une solution, releva soudain la tête.

– Et si c’était moi qui prenais la place de Manami ? Je suis son frère, après tout ! Je pourrais transmettre mon Pouvoir à ma sœur !

Akemi secoua la tête avec regret.

– Je suis désolée, Kyosuke. Ni toi, ni tes cousins, ni même ta tante ou tes grands-parents ne pourraient faire cela. Il faut que ce soit sa sœur jumelle, née le même jour qu’elle… Ou ta mère… Or, toutes les deux sont… hors de portée.

Kyosuke se passa une main dans les cheveux, désespéré.

– C’est… c’est insoluble ! murmura-t-il, la voix tremblante.

Akemi acquiesça tristement :

– La situation est désespérée… La bulle dans laquelle Kurumi s’est enfermée est à présent inexpugnable. Même si ta sœur Manami revenait maintenant dans ton univers, elle ne pourrait plus franchir cette barrière… Même son lien qu’elle entretenait depuis toujours avec Kurumi pour canaliser son Pouvoir ne pourrait plus avoir d’effet sur elle, du fait de cette barrière.

– Maman, je suis certaine qu’on peut faire quelque chose ! insista Manami, pleine d’espoir.

– Oui, je veux retrouver ma petite sœur Hikaru ! ajouta Kenji avec ferveur.

Kyosuke, désemparé, se prit la tête entre les mains en marmonnant :

– Mais pourquoi une telle malédiction s’est-elle abattue sur Kurumi ? Pourquoi elle ?…

Akemi le regarda avec compassion.

– Nous n’avons pas toutes les réponses, exprima-t-elle. Le Pouvoir est une force redoutable qui ne connaît ni Bien, ni Mal. Nous avons la chance d’en être dotés, mais tous ne sont pas capables de le maîtriser aisément. Kurumi est née dans ton monde avec la capacité de régénérer en elle le Pouvoir, comme tous ceux disposant du Pouvoir. Sauf qu’elle n’a pas de « mécanisme de sécurité ».

– De mécanisme de sécurité ?

– Je ne connais pas vraiment le mot car c’est inné. Ici, tous les membres de la famille Kasuga possèdent en eux ce mécanisme qui empêche une absorption excessive du Pouvoir. C’est inscrit en chacun. Mais dans le cas de Kurumi, étonnement, ce mécanisme n’existe pas en elle. En revanche, il est présent pour elle à travers Manami, sa sœur jumelle. Elle en possède deux !

Kyosuke écarquilla les yeux.

– Deux mécanismes ? C’est incroyable…

Akemi acquiesça.

– Oui, c’est ce qui a permis de maintenir l’équilibre de Kurumi jusqu’à maintenant. Mais nous devons non seulement résoudre cette crise, mais aussi anticiper pour que cela ne se reproduise plus jamais.

Kyosuke réfléchit un instant avant de répondre :

– Vous avez raison. Maintenant que je sais ce qui se passe avec Kurumi, nous devrons être plus vigilants à l’avenir.

Akemi posa un regard grave sur Kyosuke.

– D’autant plus que si tu quittes cette présente dimension, nous ne pourrons plus jamais nous revoir. Tu as eu une chance incroyable de revenir ici pour Madoka, mais il n’y aura pas de troisième opportunité. Si ta sœur Kurumi devait faire face à une nouvelle crise à l’avenir, nous serions incapables de vous aider. Il ne te restera que ta sœur Manami.

Kyosuke hocha la tête, pensif.

– Mais pour l’instant, il faut arrêter ce qui arrive à Kurumi, dit-il, résolu.

Akemi acquiesça silencieusement, puis s’éloigna de quelques pas, se plongeant dans une réflexion intense. Elle envisagea toutes les solutions possibles, mais aucune ne semblait satisfaisante. La situation était vraiment désespérée.

De son côté, Kyosuke observait cette femme qui ressemblait tant à sa mère. À quoi pensait-elle ?… Était-ce réellement la fin de tout ?… Comment une simple bulle de pouvoir isolée formée par Kurumi pouvait-elle menacer toute l’existence ?… C’était inconcevable, et pourtant… Akemi semblait si préoccupée. Manami et Kurumi la rejoignirent et elles discutèrent ensemble à voix basse. Kyosuke ne put entendre ce qu’elles se disaient.

C’est alors qu’Hikaru s’approcha de lui.

– Kasuga… tu crois vraiment à tout ce que cette femme vient de dire ? demanda-t-elle.

– Oui, Hikaru… Je crois que tout est possible.

Hikaru se mordit la lèvre, inquiète.

– Mais… comment faire pour rentrer maintenant ? Sommes-nous condamnés à rester ici ?…

Kyosuke la regarda un moment, avant de soupirer.

– Même ici, nous ne serions pas à l’abri. Ce que traverse ma petite sœur est bien pire que tout ce que je pouvais imaginer. Mais une chose est sûre…

Hikaru le fixa, anxieuse.

– Laquelle ?…

Kyosuke sourit faiblement.

– Si nous sommes encore là, en train de parler, c’est que Kurumi n’a pas encore atteint le point de rupture.

Hikaru esquissa un sourire en retour.

– Voilà une remarque rassurante… Mais tout ça est devenu tellement insensé. C’était si simple, autrefois…

Kyosuke fronça les sourcils, curieux.

– De quoi parles-tu ?

Hikaru eut un regard nostalgique en levant la tête pour regarder symboliquement le ciel.

– Je parle de l’époque où tu nous cachais l’existence de tes dons. Tes maladresses, tes excuses étranges, tes disparitions inexplicables… Tout ça, c’était à cause du Pouvoir, non ?… Avec le recul, je me rends compte que cela ne t’a pas aidé à conquérir Madoka.

Kyosuke sursauta.

– Conquérir ?…

Hikaru sourit doucement.

– J’exagère un peu. Mais je suis heureuse que tu n’aies pas utilisé ton Pouvoir pour forcer le Destin.

Kyosuke baissa alors les yeux, songeur.

– Ayukawa et moi…

– Oui, je sais… Madoka savait déjà ce qu’il en était pour elle-même, répondit Hikaru avec tendresse. Il n’y avait pas de Pouvoir entre vous, seulement l’amour. Il n’y avait que vous deux.

Kyosuke la regarda, touché par ses mots.

– Hikaru…

La jeune fille au regard azur sourit tristement et ajouta :

– Tu sais… j’ai maintenant un peu peur que ce soit notre dernier jour. Je n’avais jamais imaginé que le Pouvoir, cette énergie si spéciale, deviendrait une menace pour nous tous.

– Le Pouvoir n’est pas une malédiction, fit Kyosuke en secouant la tête.

Hikaru haussa légèrement les épaules et reprit :

– Kasuga, je voulais juste te dire… Il n’y a pas de problème entre nous. Il y a eu des souvenirs heureux qui nous ont rapprochés, des moments tristes qui nous ont éloignés, et un jour où nous nous sommes retrouvés. C’est cela que je retiens, maintenant. Même si nous ne devions pas voir l’aube après cette nuit, je veux garder cela en mémoire avec bienveillance.

Kyosuke la regarda en silence. Hikaru semblait transformée, comme si la prise de conscience de ce danger omniprésent et universel l’avait rendue plus sereine et plus réfléchie. Son sourire doux cachait une sagesse nouvelle, comme si en trouvant refuge dans un passé nostalgique et amer à la fois, elle pouvait enfin lâcher prise sur tout un poids qui pesait sur ses épaules.

– Tu sais, Kasuga, j’ai déjà vu une manifestation de ton Pouvoir, une fois…

Kyosuke, surpris, arqua un sourcil.

– Hein ?… De quoi tu parles ?…

– Le panier que tu as réussi à marquer de très loin, lors de ta première semaine à Koryô Gakuen… Je l’ai vu.

Hikaru lui fit un clin d’œil complice, tandis que Kyosuke écarquillait les yeux.

– Quoi ?!… Tu as vu ça ?… Je croyais que j’étais seul…

Hikaru tourna la tête en regardant droit devant elle, vers le fond du hangar.

– Oui, je l’ai vu. Et je me rends compte maintenant que c’est ton Pouvoir qui m’a fascinée au tout début. Bien sûr, tu étais déjà un garçon gentil, mais ce que tu as accompli ce jour-là m’a vraiment intriguée. Tu as accompli ce panier à l’abri des regards, sans jamais te servir de ton don pour obtenir ce que tu voulais devant un public. J’ai vu quelque chose que je n’aurais pas dû voir, et c’est ce qui m’a plongée dans cet émerveillement… qui n’a plus cessé ensuite…

Elle marqua une pause, de peur au passage que Kyosuke n’imagine des choses, avant de reprendre, pensive :

– Je veux dire que je n’ai pu me détacher de toi, parce que je suis tombée amoureuse. Mais tu dois savoir que Madoka, aussi exceptionnelle qu’elle est…. (Son esprit fut alors envahie par des images épiques)… Si tu l’avais vue combattre tout à l’heure pour me sauver… Madoka, est exceptionnelle. Elle mérite vraiment quelqu’un d’exceptionnel. Non pas parce qu’il est doté du Pouvoir… Mais parce qu’il est celui qui est resté toujours droit dans ses sentiments jusqu’au bout. Tu n’as pas failli, Kasuga. Malgré toutes les situations complètement folles que nous avons vécues autrefois, tu n’as jamais failli envers celle que je considère toujours comme ma grande sœur. Il était normal que…

Kyosuke sourit à ces mots. Il sentit aussi un poids se libérer en lui.

– Hikaru, je comprends à quel point Ayukawa est exceptionnelle et combien elle compte pour toi. Ce que tu dis sur elle et sur moi me touche énormément. Mais sache que tu n’as rien à te reprocher à toi-même. Tu n’as en rien démérité un bonheur qui t’attend quelque part. Nous serons toujours là, Ayukawa et moi, pour te soutenir.

Hikaru sourit tendrement, intégrant en elle les mots tout aussi tendres que venait de lui prononcer Kyosuke.

– Je me demande souvent comment les choses auraient été pour moi si je n’avais jamais vu ce panier… lâcha-t-elle alors, comme pour détendre l’atmosphère.

Kyosuke sourit.

– C’est tout un monde parallèle à explorer, peut-être. Il y a tout une myriade de possibilités, comme tu as pu le découvrir ici.

Hikaru acquiesça doucement.

– Oui… Ici, c’est un monde où toi et moi sommes ensemble. Tu te rends compte ?

Kyosuke la regarda tendrement.

– Je te rassure, Hikaru : ce qui s’est passé ici n’a rien à voir avec un panier. Cela démontre encore que le champ des possibles est infini. Il existe sûrement des tas de mondes où un autre « toi » est avec quelqu’un d’autre…

Hikaru eut un petit rire.

– Quand je pense à tous ces univers où nous sommes ensemble… Je me demande comment ils ont fait pour gérer leur couple ! Ha ! Ha ! Ha !…

Kyosuke rit à son tour.

– Au fait, Hikaru, je me souviens que Yusaku et Shinichi Harada s’intéressaient tous les deux à toi…

Hikaru éclata encore de rire.

– Mais tu plaisantes, Kasuga ! Tu me voyais vraiment avec l’un ou l’autre de ces deux-là ?

Kyosuke sourit à cette évocation. Mais il dût admettre quelque part qu’elle avait bien raison.

– Mais tu as eu des nouvelles d’eux, récemment ?

Hikaru hocha la tête.

– Harada a déménagé dans une autre préfecture. Là-bas, il a fini par trouver une copine. Il m’écrit moins souvent… preuve sans doute que tout va bien pour lui et elle…

– Et Yusaku ?…

Hikaru soupira légèrement.

– Il est toujours au lycée Koryô. Mais il s’ennuie depuis que j’ai déménagé à Otaru avec mes parents. Je lui ai dit de faire quelque chose de sa vie. Oui, je sais qu’il avait de grands espoirs avec moi. Mais je n’ai jamais souhaité construire ma vie avec lui. Il a toujours été comme le petit frère parfois turbulent… que je n’ai jamais eu.

– J’ai tout entendu ! fit Kenji de loin les bras croisés.

Hikaru lui tira la langue pour se moquer de lui.

Soudain, un soupir émergea des lèvres de Madoka, brisant ce rare moment détendu. La jeune femme aux cheveux de jais se réveillait lentement du long sommeil provoqué par le dard anesthésiant.

– C’est Ayukawa ! s’exclama Kyosuke. Elle revient à elle !

– Madoka ! Enfin ! s’écria Hikaru l’âme joyeuse.

Madoka ouvrit les yeux, cherchant à percer le brouillard qui se distillait à travers son esprit engourdi. Son regard légèrement troublé se posa sur des visages familiers qui l’entouraient. Elle jeta alors un œil inquiet à sa jambe blessée… Elle était totalement guérie, comme si rien ne s’était passé. Un frisson d’incertitude la traversa un moment. Était-ce là un rêve ou la réalité ?… Mais en voyant clairement Hikaru et Kyosuke s’approcher d’elle, sa conscience se reconnecta au monde (ou plutôt, au monde parallèle) qui l’entourait.

– Madoka ! Je suis si heureuse que tu ailles bien ! s’exclama Hikaru la première, l’enlaçant avec force.

La jeune fille aux cheveux dorés éprouvait le besoin de célébrer une amitié retrouvée, après tant d’éloignement et d’incertitudes.

– Hikaru… Tu es saine et sauve… émit Madoka encore faiblement, un sourire doux illuminant petit à petit son visage. C’est tout ce qui compte.

– Tu as été incroyable tout à l’heure ! clama Hikaru d’un ton presque larmoyant. Mais quelle frayeur tu m’as causée ! Ne recommence plus jamais cela !

Madoka lui rendit son sourire, ses yeux brillants d’une lueur sincère.

Hikaru relâcha son étreinte pour laisser place à Kyosuke, qui s’était approché. Le visage du jeune homme était marqué par une hésitation palpable.

– Ayukawa, je… Je ne sais comment…

Une pensée le traversa : était-il convenable de s’exprimer ainsi en présence d’Hikaru ?…

– Allez, Kasuga, aide Madoka à se relever ! incita Hikaru avec douceur.

– Oui, laisse-moi t’aider, Ayukawa. Est-ce que tu peux marcher ?

– Ma blessure… fit-elle. Elle a disparu… Je ne comprends pas…

Il sourit.

– Oui, c’est un petit miracle de la part des membres de la famille Kasuga.

Kyosuke prit délicatement la main de Madoka et utilisa son autre bras pour soutenir son dos, l’aidant à se redresser lentement.

– Est-ce que ça va, Ayukawa ? demanda-t-il, son regard empreint d’inquiétude.

– Je n’ai plus de douleur, observa la jeune femme. C’est comme si je n’avais jamais été blessée. J’avais une telle douleur avant…

– Regarde…

Kyosuke lui désigna Manami, Kurumi et Akemi Kasuga, qui se tenaient là, des silhouettes familières, mais étranges.

Madoka éprouva une surprise mêlée de compréhension en découvrant ou en redécouvrant ces visages de la famille de Kyosuke, mais appartenant à un univers parallèle. Manami portait les mêmes vêtements que tout à l’heure, tandis que Kurumi affichait un regard rêveur, bien plus sérieux que son alter ego. Une différence frappante. Cependant, la femme qui les accompagnait toutes deux éveilla en elle une stupéfaction sans précédent.

– Mais, c’est… ! commença-t-elle par dire.

– C’est ma mère dans cet univers, expliqua Kyosuke. Elle est vivante. C’est elle qui t’a soignée tout à l’heure, pendant ton sommeil. Elle possède des dons de guérison… Entre autres.

Hésitant tout d’abord, Madoka avança alors vers Akemi, son cœur débordant de gratitude.

– Madame Kasuga, je vous remercie infiniment pour ce que vous avez fait pour moi. Enchantée, je suis Madoka Ayukawa.

Elle s’inclina en signe de respect.

Akemi contempla cette jeune femme au regard émeraude qui était celle pour qui Kyosuke avait défié toutes les lois du voyage interdimensionnel.

– Madoka, tu as agi avec bravoure pour défendre la justice ici, répondit Akemi, sa voix empreinte de respect. Tu as pris des risques considérables pour sauver ceux que tu chéris.

– Je n’ai pas peur pour moi, mais pour les autres…

– C’est tout à ton honneur. Mais sache, Madoka, que je me dois de t’expliquer ce qui arrive à présent dans ton monde.

Madoka se figea.

– Comment ?…

– Ayukawa, nous allons t’expliquer, ajouta Kyosuke, prêt à la soutenir au moindre signe de faiblesse.

– Oui, Madoka, confirma Akemi. Dans ton monde, Kurumi, la sœur de Kyosuke ici présent, a déclenché une crise sans précédent qui pourrait…

Madoka eut du mal à entendre la suite. Est-ce le coup de l’émotion ?… Toujours est-il qu’un vertige la saisit soudain. Elle faillit perdre l’équilibre, avant que Kyosuke ne la retienne avec précaution.

– Ayukawa !…

– Madoka ! s’écria Hikaru, surprise.

Kyosuke, d’un bras protecteur, maintint la jeune femme sur ses pieds.

– Est-ce que ça va, Ayukawa ?… As.. as-tu besoin de t’asseoir un moment ?

Madoka retrouva rapidement ses appuis, bien que le malaise d’un instant ait laissé son empreinte dans les esprits.

– Non, merci, Kasuga. Je vais bien maintenant. Ne t’inquiète pas.

– Mais que t’est-il arrivé, Madoka ? demanda Hikaru, curieuse et inquiète.

– Je pense que tu manques de vitamines, Ayukawa, tenta Kyosuke pour détendre l’atmosphère.

Témoin de la scène, Akemi fut soudain traversée par une pensée funeste qui lui fait regarder vers le ciel. Si Madoka avait ressenti ce malaise soudain, c’était que la situation dans son propre monde prenait une tournure bien plus inquiétante. Akemi comprit alors avec effroi que la souffrance de l’alter ego de Madoka, prisonnière de Kurumi dans son monde, commençait à se répandre à travers tous les doubles de Madoka dans le Multivers ! Une catastrophe imminente ! Même si Madoka ici présente venait de guérir complètement de sa blessure à la jambe, une menace bien plus terrifiante était sur le point de fondre sur elle. Akemi choisit de taire cette révélation pour éviter de semer davantage de confusion et de panique. Il fallait agir… maintenant et vite !

Tournant à nouveau la tête vers Madoka, Akemi haussa soudainement les sourcils, un étonnement palpable illuminant son visage. Après le malaise de Madoka dont elle fut témoin, elle venait à l’instant de voir quelque chose d’inattendu.

– Attendez ! s’écria-t-elle brusquement.

Tous se tournèrent vers elle, intrigués par son expression soudainement frappée de surprise, juste après le petit malaise de Madoka.

– Par nos ancêtres ! s’écria encore Akemi, n’en croyant pas ses propres yeux. Est-ce possible ?…

Stupéfait, Kyosuke observa celle qui ressemblait à sa mère. Il ne l’avait jamais vue aussi déconcertée. Même Manami et Kurumi semblaient découvrir leur mère sous un jour nouveau.

– Maman ?…

– Mais enfin, madame Kasuga, que se passe-t-il ? s’étonna Hikaru, perplexe.

– C’est cela ! s’écria Akemi, ne prêtant aucune attention à la question. C’est cela !...

Elle ferma les yeux et inspira profondément, comme si une prière ou une illumination venait de lui être révélée.

Silencieusement, tous les autres restèrent figés sur le container, spectateurs d’un moment inattendu qui dépassait toute compréhension…

 

 

 

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Dans le sujet : 11e convention Japan Matsuri en Suisse

20 septembre 2024 - 23h13

Personne réagi aux artworks ? Madoka est vraiment bien dessinée. Surtout qu'Akemi Takada a fait cela rapidement. 


Dans le sujet : 11e convention Japan Matsuri en Suisse

20 septembre 2024 - 18h38

Les artworks d'Akemi Takada pour ses dédicaces suisse (la convention commence demain) sont sortis.

 

On peut les voir sur la page Facebook de la convention -> CLIC


Dans le sujet : OAV 1&2, presque une nouvelle saison

19 septembre 2024 - 23h36

Mhhhh... Tiens tiens...


Dans le sujet : Les travaux de CyberFred

14 septembre 2024 - 16h56

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 34

Le dernier espoir

 

 

Précédemment, dans « Kimagure Orange Road – La Première Marche »

Kyosuke a réussi l’impossible, en réintégrant la dimension où Madoka et Hikaru se trouvent. Pendant ce temps, son double est propulsé en conséquence dans l’univers où Kurumi exerce une pression implacable sur l’alter ego de Madoka à l’aide d’un pouvoir devenu de plus en plus incontrôlable, menaçant de plonger toute cette réalité dans le chaos.

 

Kyosuke émergea lentement des profondeurs d’un sommeil lourd et troublé. Ses paupières encore closes, il sentait autour de lui une agitation sourde, comme si l’air lui-même vibrait des murmures inquiets qui flottaient dans la pièce. Les sons se mêlaient dans une confusion étouffée, mais une voix perça le brouillard de son esprit embrouillé, claire et familière : celle d’Hikaru.

– Kyosuke !… Kyosuke !… Est-ce que tu m’entends ? demanda-t-elle, une lueur de panique teintant ses mots.

Encore alourdi par la torpeur, le jeune homme essaya de rassembler ses pensées. Il sentait sous son dos la texture d’un canapé. Il ouvrit lentement les paupières, comme si le simple fait de soulever ce voile de ténèbres demandait une force qu’il ne possédait plus. Il se sentit étrangement épuisé. Son regard encore trouble se fixa sur un visage qu’il connaissait mieux que n’importe quel autre : Hikaru, penchée sur lui, les yeux remplis d’une anxiété qu’elle ne parvenait pas à cacher de son côté.

– Kyosuke… Enfin, tu es réveillé, murmura-t-elle d’une voix vibrant d’émotion.

Il la fixa sans un mot, ses pensées encore brumeuses se bousculant pour retrouver un semblant de cohérence. Un souvenir s’imposa alors dans son esprit : le pont de Yokohama, cette nuit où tout avait basculé. Une jeune femme totalement vêtue de blanc, telle une apparition fantomatique, lui avait lancé quelque chose qui avait piqué son cou. Il se souvint alors de la paralysie soudaine qui avait envahi son corps. Puis ce fut l’obscurité complète, comme si un anesthésiant fulgurant l’avait plongé dans une torpeur profonde. Combien de temps avait-il sombré dans l’inconscience ?…

En essayant de se redresser légèrement, il laissa son regard parcourir la pièce. Les contours lui étaient familiers, mais pas tout à fait… Comme un reflet déformé d’un lieu connu. Mais quelque chose clochait ici. Soudain, il comprit : c’était cet autre univers ! Le salon dans lequel il se trouvait ressemblait à celui qu’il avait vu de manière fugace quand il fut propulsé de force hors de sa téléportation immobile du pont de Yokohama.

– Qu’est-ce que je fais ici ? souffla-t-il, ses pensées encore embrouillées.

– Nous sommes dans l’univers de nos propres doubles, répondit Hikaru, son visage se durcissant légèrement.

Kyosuke tenta de se redresser brusquement, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine. Mais son action fut ralentie. Quelque chose n’allait pas. Une tension étrange et palpable flottait dans l’air, comme si les murs eux-mêmes étaient en alerte. Tendue, Hikaru l’observait avec inquiétude. Mais ce qui attira l’attention du jeune homme se trouvait derrière elle. Ce qu’il vit le glaça d’effroi : Ayukawa, celle de son univers, avec sa tenue moulante habituelle, était suspendue à quelques centimètres du sol, retenue par une force invisible, prisonnière d’une puissance qui émanait de celle qui ressemblait à sa propre sœur Kurumi ! Mais elle n’était pas la Kurumi qu’il connaissait… Non, celle-ci était bien différente, dominée par une énergie sombre et incontrôlable.

– Mais qu’est-ce qui se passe ici ? s’exclama-t-il, la voix teintée de panique.

Hikaru se tourna vers la scène dramatique qui se déroulait sous leurs yeux, son visage trahissant l’angoisse qui l’habitait.

– C’est Kurumi… Elle… Elle n’est plus elle-même, Kyosuke. Elle a perdu le contrôle… Et Ayukawa en fait les frais.

Kyosuke serra les poings, luttant contre l’envie de foncer tête baissée pour stopper Kurumi, qui y allait un peu fort, mais quelque chose le retenait. Ce n’était pas seulement la peur, c’était une sensation étrange… Son propre pouvoir semblait s’être éteint. Il tenta intérieurement de puiser en ses énergies, mais sans succès. Une froide réalité s’imposa à lui.

– Hikaru, je… je n’arrive plus à utiliser mon pouvoir ! Les aurais-je perdus en entrant dans cet univers ?…

La jeune fille montra des yeux empreints d’une tristesse profonde.

– Kurumi nous bloque complètement. C’est comme si toute l’énergie qui circule ici ou ailleurs était avalée par elle.

Kyosuke se leva alors d’un bond, une vague de frustration le submergeant.

– Mais pourquoi Kurumi agit-elle ainsi ? Que lui est-il arrivé ?…

Avant qu’Hikaru ne puisse répondre, une voix grave résonna derrière lui. Takashi, ou plutôt, le double de son père dans cet univers, s’approchait.

– Kyosuke, je suis heureux que tu aies pu arriver jusqu’ici. Cela prouve que mon fils a réussi à accéder à ton univers.

Kyosuke fixa cet homme qui ressemblait tant à son propre père, mais il savait qu’il n’était pas son père véritable. Le choc de cette réalité parallèle l’envahissait de plus en plus.

– Vous… Vous ressemblez vraiment à mon père, murmura-t-il, un frisson parcourant son échine.

– Oui, répondit Takashi, sans chercher à adoucir la vérité. Et je sais que cela doit te semble étrange. Cependant, il y a des choses bien plus graves que tu dois comprendre.

– Comme le fait que Kurumi est en train de… de torturer Ayukawa ?!

– Je sais. Mais la situation est bien plus compliquée que cela, admit Takashi, le visage empreint de gravité. Et ce que je vais te dire va peut-être encore plus te troubler : ta maman, enfin son double dans cet univers, n’a pas survécu à la naissance de Kurumi. Mais dans ton propre monde, elle est encore vivante, n’est-ce pas ?

Kyosuke sentit une vague de stupeur l’envahir. Sa mère ?… disparue, ici, dans cet univers ?… Il avait du mal à accepter cela.

– Oui, ma mère est vivante chez moi. Mais le double de maman… Elle n’est plus… ici ?… souffla-t-il, abasourdi.

Takashi hocha la tête, le regard grave.

– Oui, et c’est précisément pour cela que ton double est parti en urgence dans ton univers à la recherche de ta maman. Elle est la seule capable de nous sauver de cette crise. Comme tu le constates, le pouvoir de Kurumi est devenu ingérable. Si ta maman ne vient pas ici pour l’arrêter, nous sommes tous condamnés.

– Comment est-ce possible ?… Pourquoi ma mère ?

– Je sais que c’est difficile à croire. Mon fils n’avait que trois ans lorsqu’une crise similaire a éclaté pour la première fois.

Kyosuke sentit une vague de stupeur l’envahir.

– Comment ?… C’est… Que s’est-il passé ?…

Takashi laissa échapper un soupir lourd de souvenirs douloureux.

– La naissance de ma Kurumi a été compliquée. Elle a déclenché une crise dévastatrice. Pour la calmer, ma femme a dû utiliser tout son pouvoir, bien plus qu’elle n’en possédait… Cela l’a consumée…

Kyosuke baissa les yeux, profondément attristé par cette révélation. Il n’aurait jamais imaginé un tel drame dans cet autre univers.

Takashi pointa la scène chaotique où Madoka, prisonnière d’une bulle d’énergie, subissait la furie incontrôlée de sa fille cadette. La maison tremblait toujours sous l’assaut de cette force incontrôlable.

– Cette nuit, Kurumi a soudainement vécu une résurgence de la même crise qu’à sa naissance. Sa colère alimente son Pouvoir et inversement. Et elle menace de tout détruire autour d’elle, si nous ne faisons rien. Ce sera une catastrophe !

– Par les Cieux ! s’exclama Kyosuke, les yeux écarquillés. Vous voulez dire… que nous pourrions tous disparaître ?…

– Je ne sais pas précisément ce qui se passera, répondit Takashi. Car autrefois ma femme avait réussi à empêcher le pire. Mais maintenant, il n’y a plus qu’une solution : ton double doit impérativement ramener ta mère ici, pour qu’elle puisse stopper cette crise, grâce à ses connaissances et son Pouvoir. Rassure-toi, je ne souhaite pas que cela se passe mal pour elle.

Kyosuke passa une main nerveuse dans ses cheveux, l’esprit tourmenté. En cherchant dans ses souvenirs, sa mère n’avait jamais eu à affronter de crises similaires de la part de sa propre fille Kurumi.

– Comme tu le vois, Kyosuke, il est impossible de s’approcher de Madoka et Kurumi, ajouta Takashi. Kurumi s’est enfermée elle-même avec Madoka dans une bulle qui semble indestructible. Je sais que ton Pouvoir est très affaibli, tout comme celui de mon neveu Kazuya et ma nièce Akane. Tu dois savoir aussi qu’une autre bulle, englobant la première, grandit tout autour de la maison, nous emprisonnant tous à l’intérieur. C’est pourquoi, tu entends gémir les murs et les fondations de cette demeure.

– Vous voulez dire que nous tous sommes captifs ici ?…

– Exactement, répondit Takashi, le regard sombre. Nous ne pouvons plus fuir. C’est pourquoi nous n’avons plus qu’un seul espoir : ta mère et sa connaissance de crises similaires.

Kyosuke resta silencieux, son esprit assailli par des pensées tourbillonnantes. Le poids de la situation l’écrasait. Sa propre mère était désormais comme la clé du salut d’un univers entier.

– Et… si elle ne vient pas ? demanda-t-il d’une voix grave.

Takashi se tourna vers la scène chaotique où Madoka, toujours emprisonnée par la bulle de Kurumi, semblait toujours lutter contre des forces qui l’ont toujours dépassée. Le sol tremblait de plus en plus sous leurs pieds.

– Alors… nous n’aurons plus aucune chance, répondit Takashi, sa voix à peine plus audible qu’un murmure.

Hikaru prit soudain les mains de Kyosuke et les serra avec force.

– Peu importe ce qui arrive, je ne te laisserai pas ! lui dit-elle, ses yeux brillants de larmes.

Kyosuke la fixa un instant, sentant à quel point elle avait risqué sa vie pour être ici avec lui. Mais au fond de lui, une peur sourde continuait de croître. Le destin de tous ceux qu’il aimait était suspendu à un fil, et ce fil se trouvait à des dimensions de là, dans son propre monde.

Kyosuke serra à son tour les mains d’Hikaru, absorbant sa chaleur, comme si c’était la seule ancre qui le retenait encore à sa propre réalité. Mais son regard ne pouvait se détourner de la scène glaçante qui se déroulait sous ses yeux : Kurumi, emportée par une force incontrôlable, tenant à distance Madoka, isolée avec elle dans une bulle d’énergie invisible qui pulsait et vibrait avec une intensité croissante. Il pouvait presque sentir la colère et la confusion qui bouillonnaient en elle, prêtes à exploser.

À ses côtés, Takashi, son visage toujours marqué par une inquiétude palpable, prononça ces mots chargés de tension :

– Nous n’avons pas beaucoup de temps. Si ta mère n’arrive pas ici bientôt, cette situation va dégénérer au-delà de tout contrôle.

Kyosuke avait le cœur serré. Malgré la venue hypothétique de sa mère, il ne voyait pas comment elle pourrait forcer cette bulle. Tout était trop puissant, trop hors de contrôle…

Il regarda encore Madoka, qui semblait hurler de colère quelque chose à Kurumi à travers la barrière d’énergie, mais plus aucun son ne parvenait désormais jusqu’aux oreilles des spectateurs situés au-delà de la barrière. Kyosuke ne pouvait que regarder cette scène, impuissant, tandis que son esprit tournait en quête d’une solution, une échappatoire à cette situation cauchemardesque.

Akane, Kazuya et le couple Hamada s’approchèrent de lui. Akane fut la première à prendre la parole, son ton léger contrastant étrangement avec la gravité de la scène.

– Alors, c’est toi, le double de notre cousin Kyosuke ? demanda-t-elle, esquissant un sourire tendu. C’est vrai que tu sembles un peu plus jeune de que celui que je connais.

Kyosuke la fixa un instant, réalisant combien elle ressemblait à sa propre cousine, tout en étant légèrement différente.

– Oui, répondit-il. Et toi, tu ressembles vraiment à Akane… (Il regarda alors le petit garçon à ses côtés) Et toi, Kazuya, tu es le portrait craché de celui que je connais.

– Mais il doit y avoir quelques différences entre nous, non ? demanda Akane, un éclat de curiosité dans les yeux.

Kyosuke réfléchit un instant avant de répondre.

– Tu possèdes bien le pouvoir de projeter des illusions, n’est-ce pas ?

– Exactement.

– Et toi, Kazuya, tu es télépathe, c’est bien ça ?

– Oui, répondit Kazuya avec un sourire timide.

Kyosuke hocha la tête.

– Vous avez donc les mêmes pouvoirs que vos propres doubles dans mon univers. Mais en effet il y a une différence… Dans mon monde, vous vivez tous les deux à l’étranger avec vos parents.

Akane haussa un sourcil, surprise.

– Ah oui ?… Où ça ?…

– Aux États-Unis, à Hawaï.

– Incroyable ! fit-elle. Je me souviens que nos parents avaient envisagé un moment de partir vivre là-bas, à cause du travail de mon père, mais finalement, ils sont restés au Japon. Nous sommes finalement venus dans cette ville.

Madame Hamada, jusque-là silencieuse, prit alors la parole, son visage marqué par la fatigue, et s’adressa à Kyosuke :

– C’est bien beau tout ça, mais est-ce que tu vas nous aider à résoudre cette situation ?… Ma sœur Madoka ne peut pas rester ainsi sous l’emprise de cette Kurumi.

Elle prononça ces mots tout en pointant du doigt la scène chaotique.

– Mais, ma caille, ce n’est pas vraiment ta sœur, intervint son mari qui était à ses côtés. Et Kyosuke, ici présent, n’est pas non plus celui que nous connaissons.

Le jeune homme en question, surpris, tourna son regard vers madame Hamada.

– Vous êtes la sœur d’Ayukawa ? demanda-t-il.

– Oui… Mais même si cette jeune femme n’est pas vraiment ma sœur, je refuse de la voir souffrir ainsi ! Kurumi est devenue incontrôlable, et nous devons faire quelque chose, ajouta-t-elle avec désespoir.

Takashi intervint, la voix grave et solennelle :

– Kyosuke, tu connais à présent la situation. Penses-tu que si ta maman parvient jusqu’ici, elle pourra calmer Kurumi ?…

Tous les regards se tournèrent vers Kyosuke, comme si chacun d’eux plaçait en lui leur dernier espoir. Mais en son for intérieur, le jeune homme sentait le poids de la fatalité peser sur ses épaules.

Il prit une profonde inspiration avant de répondre.

– Je connais globalement les pouvoirs de ma mère, et je sais qu’ils dépassent largement tout ce que nous pourrions imaginer. Elle est d’une puissance extraordinaire… Mais ici, je crains qu’elle ne puisse franchir cette barrière d’énergie qui entoure Kurumi et Madoka. Ce champ de force est bien trop puissant.

Kyosuke marqua une pause, son visage grave, laissant son regard errer sur la scène dévastatrice devant lui.

– Un bref instant, j’ai même envisagé que si Kurumi apercevait soudainement le visage de ma mère apparaître dans cette pièce, cela pourrait suffire à la choquer, à lui faire reprendre ses esprits, et à briser cette folie qui la consume. Mais je crains que cela soit désormais impossible. Malgré la diminution de mes pouvoirs, je sens toutefois que cette barrière ne se contente pas de nous séparer physiquement. Kurumi s’est aussi peu à peu coupée du monde extérieur, visuellement et mentalement, refusant toute distraction qui pourrait perturber sa concentration.

– C’est vrai qu’on n’entend plus ce qui se dit dans cette bulle, remarqua Akane.

À l’attention de tous, Kyosuke désigna à nouveau la bulle qui enfermait les deux jeunes filles.

– Kurumi nous permet de voir ce qu’il se passe à l’intérieur, comme une vitre sans tain, expliqua-t-il. Mais de l’autre côté, elle a volontairement érigé un voile qui la maintient aveugle et sourde à tout ce qui pourrait provenir de l’extérieur. Elle s’est enfermée dans sa propre rage, et rien ni personne ne semble pouvoir atteindre cette forteresse mentale qu’elle a érigée. Je n’ai jamais vu cela avant.

Un silence pesant s’installa dans la pièce, comme si l’espoir venait de s’éteindre en même temps que les paroles de Kyosuke.

– Tu en es sûr ? demanda Akane d’une voix tremblante.

– Oui, répondit Kyosuke (Il se tourna vers Takashi). Monsieur Kasuga, vous m’avez dit tout à l’heure que cette crise était similaire à celle que Kurumi avait traversée à sa naissance, quand votre épouse a dû utiliser tout son pouvoir pour la calmer…

– Exact, confirma Takashi.

– Et à ce moment-là, votre femme était avec Kurumi, n’est-ce pas ? Elles étaient toutes les deux dans la même bulle ?

– Oui, elles étaient seules et ensemble. Ma femme a utilisé son pouvoir pour téléporter tout le monde le plus loin possible de la clinique, loin de toute bulle, et a utilisé directement tout le reste de son pouvoir sur Kurumi pour endormir sa crise.

Kyosuke hocha la tête, comprenant peu à peu l’ampleur de la situation.

– Mais ici, personne ne peut s’approcher de Kurumi, dit-il. Elle est complètement isolée dans cette bulle. Même ma mère ne pourrait pénétrer ce champ solide pour l’approcher.

Le silence dans la pièce se fit encore plus lourd. Chacun semblait pris dans un étau de désespoir.

– Si ma mère parvient à venir ici grâce à mon double, ajouta Kyosuke, elle perdra, tout comme moi, immédiatement tous ses pouvoirs. Car Kurumi les absorbe inlassablement à portée. Ma mère sera alors aussi impuissante que je ne le suis maintenant. Et quand bien même parviendrait-elle à garder le contrôle de ses pouvoirs une fois ici, comment agir avec sur Kurumi à travers sa barrière ?… L’équation est insoluble.

Takashi sembla comprendre la gravité de la situation. Ses épaules s’affaissèrent légèrement, comme si le poids de cette révélation venait de l’écraser.

– Donc… si je comprends bien, même si mon fils réussit à convaincre ta mère de venir ici, cela ne servirait à rien au final, murmura-t-il, les yeux perdus dans le vide.

Kyosuke hocha tristement la tête.

– Exactement. Et le pire, c’est que ma mère ne pourrait même pas repartir. Elle serait coincée ici, sans Pouvoir. Même si elle envisageait de repartir immédiatement dans le passé de ce monde pour empêcher Kurumi d’avoir cette crise, cela ne marcherait pas car elle n’aurait pas le temps de le faire.

Le silence qui s’abattit sur la pièce était glacial. Chacun réalisait à quel point la situation était désespérée.

Hikaru, incapable de retenir ses émotions plus longtemps, éclata en sanglots et se jeta dans les bras de Kyosuke.

– Peu importe, murmura-t-elle à travers ses larmes. Peu importe si tout doit s’effondrer… Je veux juste être avec toi, jusqu’à la fin…

Kyosuke serra Hikaru contre lui, sentant son cœur se nouer. L’idée qu’ils étaient peut-être tous condamnés, sans espoir de salut, pesait lourdement sur lui. Il caressa doucement les cheveux courts de la jeune fille, essayant de la réconforter, même si lui-même n’avait plus aucune certitude.

– On… On va essayer de trouver une solution, Hikaru… On doit la trouver, murmura-t-il tendrement.

Kazuya, jusque-là silencieux, exprima sa voix tremblante :

– On va tous mourir ? demanda-t-il, les yeux écarquillés de peur.

– Il est donc impossible de résoudre ce problème ?… De s’échapper d’ici ? fit de son côté monsieur Hamada, abattu.

Akane se tourna alors vers Takashi, cherchant désespérément une réponse.

– Oncle Takashi, si Ayukawa cède complètement face à Kurumi, est-ce que ça pourrait la calmer ?… Est-ce qu’elle va arrêter tout ça ?…

Takashi secoua tristement la tête.

– Non… Ce qui est en train de se passer va au-delà de ça. Kurumi n’est plus la même. Son esprit a été submergé par le Pouvoir qu’elle ne peut canaliser. Quelque part, elle ne fait plus qu’une avec cette énergie. Et elle continue à puiser le maximum de cette énergie dans le Pouvoir. Tôt ou tard, elle atteindra un point où elle ne pourra plus contenir en elle toute cette puissance. Et quand cela arrivera… il n’y aura plus rien pour l’arrêter.

Kyosuke sentit à nouveau une vague glaciale envahir tout son être. Le spectre d’une catastrophe imminente se dressait devant eux, et il n’y avait aucun moyen de l’éviter. Il serra plus fort Hikaru, comme pour se rassurer qu’au moins, dans cette ultime épreuve, il ne serait pas seul.

Takashi compris alors l’enjeu terrifiant, et l’impossibilité de résoudre l’équation. Il devait admettre que Kyosuke avait raison : même si son fils parvenait à convaincre le double de sa défunte épouse à venir ici avec lui, cela ne servirait à rien. Le résultat serait pire : il assisterait en direct à une nouvelle disparition d’Akemi, avec lui et tous les autres ici.

– Vous comprenez aussi qu’il ne faut pas que ma mère vienne ici, ajouta Kyosuke, relâchant l’étreinte sur Hikaru. Si cela était le cas, elle ne pourrait jamais repartir d’ici. De là où je serai, il sera impossible pour moi de revenir l’aider car je n’ai pas le pouvoir de traverser les dimensions.

Un nouveau silence glacial s’installa dans la pièce.

– C’est une situation impossible à résoudre ! admit Akane. Nous ne pouvons rien faire !… Et si cousin Kyosuke agit de l’autre univers, cela serait inutile. Et impossible de faire appel aux grands-parents, nous sommes coincés.

Les regards se tournèrent de nouveau vers Kyosuke, comme si tout reposait sur ses épaules, alors même qu’il était impuissant dans cette situation. Le poids de leur espoir lui sembla insupportable.

Le jeune homme prit une profonde inspiration, cherchant à maintenir un semblant de calme malgré la panique qui menaçait de le submerger.

– Mon double parviendra peut-être à trouver une solution avec ma mère… Mais encore une fois, même s’il réussit à revenir ici avec elle, je ne sais pas si cela suffira à résoudre la crise, avoua-t-il avec gravité.

Une nouvelle vague de silence s’abattit sur le groupe. Chacun semblait lutter contre le désespoir, tentant de trouver une issue là où il n’y en avait peut-être pas. Kurumi, toujours enfermée avec Madoka dans sa bulle, continuait à accumuler une énergie venue de nulle part et de partout, dont personne ne pouvait mesurer l’ampleur. Mais tous sentaient la menace qu’elle faisait peser sur eux. Les vibrations plus intenses que jamais que subissait la maison ne disaient rien qui vaille.

Hikaru releva la tête vers le visage de Kyosuke, les yeux rougis par les larmes, et murmura d’une voix tremblante :

– Kyosuke, même si nous n’avons plus beaucoup de temps… je suis heureuse d’être là, maintenant avec toi. C’est tout ce qui compte !

Kyosuke la fixa, serra à nouveau tendrement les mains de celle qu’il aimait, touché par sa sincérité et son amour inébranlable, malgré la situation.

– Moi aussi, Hikaru, répondit-il, la voix lourde de tristesse. Moi aussi.

 

 

 

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