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CyberFred

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Dans le sujet : 11e convention Japan Matsuri en Suisse

aujourd'hui, 14h53

Ah parce que tu es là bas ? Bigre !


Dans le sujet : Les travaux de CyberFred

aujourd'hui, 02h29

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 35

C'est cela !...

 

Précédemment, dans « Kimagure Orange Road – La Première Marche »

Kyosuke a réussi l’impossible, en réintégrant la dimension où Madoka et Hikaru se trouvent. Ayant convaincu Kenji de ses origines, il doit s’efforcer de soigner Madoka, qui a été blessée gravement lors de son affrontement avec Sayuri. Une voix nouvelle derrière lui ordonne de cesser toute action.

 

En se retournant, Kyosuke et Kenji observèrent un étrange groupe de trois femmes qui se tenait à quelques mètres d’eux. Kenji, prompt à réagir dès que quelque chose n’allait pas, écarquilla les yeux. Il reconnut la première fille, celle qui portait normalement des lunettes, mais ne les avait plus. Deux autres personnes l’accompagnaient : une jeune fille de son âge, aux cheveux longs et soyeux, avec un regard à la fois tranquille et rêveur. Mais celle qui avait ordonné de cesser toute action se tenait devant elles, imposante par sa prestance.

Une femme d’une trentaine d’années, aux cheveux courts stylés, de couleur marron clair, et aux yeux d’un violet profond, empreints d’une vivacité d’esprit, se distinguait par son allure élégante. Elle portait une jupe beige midi qui tombait jusqu’aux mollets, une fine ceinture marron soulignant sa taille, et une blouse en satin noir à pois blancs avec un col lavallière. Ses escarpins blancs accentuaient la sophistication de sa démarche.

Kyosuke resta pétrifié. Cette femme… c’était sa mère ! Akemi Kasuga se tenait là, devant lui, bien vivante ! Il avait encore en mémoire son visage, celui avec lequel il avait échangé lors de son incursion dans l’espace entre les dimensions. Pourtant, avant qu’il ne puisse prononcer un seul mot, il comprit qu’il ne devait pas l’appeler « maman ».

Kenji, lui, n’essaya même pas de masquer son agitation :

– C’est quoi ce cirque ?!… Qui sont ces femmes ?!… Comment sont-elles parvenues ici ?…

De son côté, Hikaru, encore au pied du grand container, demanda :

– Que se passe-t-il, là-haut ?…

Akemi, quant à elle, regardait Madoka, allongée au sol, sa respiration faible.

– Il ne faut pas soigner cette jeune femme avec des moyens rudimentaires, même si vous avez fait de votre mieux, dit-elle d’une voix douce.

Akemi s’agenouilla à côté de Madoka, posa ses mains au-dessus de sa jambe blessée, puis ferma les yeux. Un souffle d’énergie subtile émana d’elle, enveloppant la jeune fille aux cheveux bleu nuit d’une lumière apaisante. Peu à peu, la plaie de Madoka se referma toute seule, puis ne laissa aucune cicatrice. Et bien qu’encore endormie, elle semblait désormais paisible. Enfin, d’une pensée, Akemi dénoua le garrot qui enserrait la jambe de celle qu’elle avait guéri avec tant d’aisance.

Kenji, abasourdi, recula d’un pas.

– Qu’est-ce que… Comment est-ce possible ?!…

– Elle doit encore se reposer un peu, déclara calmement Akemi en se relevant.

La femme fixa alors Kyosuke avec un regard perçant. Elle s’avança vers lui.

– Alors, c’est toi… le Kyosuke originaire de l’autre univers ? Que devient mon fils ?… Si tu es ici, cela signifie qu’il est actuellement à ta place, n’est-ce pas ?…

Kyosuke hocha la tête.

– Comment savez-vous…

– Manami m’a tout raconté quand elle est venue me voir à la maison, reprit Akemi. J’ai dû prendre du temps pour appréhender tout ce qui est arrivé. Je devais être ici maintenant.

Son regard se porta sur les scènes de désolation situées au pied du container et au-delà.

– Il semble que bien des troubles aient eu lieu ici, poursuivit-elle. Je vais d’abord demander à mes deux filles d’évacuer tous les blessés vers l’hôpital de Yokohama, en prenant soin de ne pas attirer l’attention. Les filles, pouvez-vous vous en charger ?

– Oui, maman ! répondirent-elles en chœur.

Kurumi posa une main sur le garde imposant que Madoka avait terrassé sur le container. En un instant, il disparut dans le néant, sous les yeux ébahis de Kenji.

– Oh !… Mince de mince !… s’exclama-t-il, incrédule.

Manami sauta à pieds joints du container, en contrôlant et ralentissant sa chute à l’aide de son pouvoir télékinésique, pour finalement atterrir proche de Sayuri Hirose, toujours évanouie à terre. Elle s’agenouilla à côté d’elle, et répéta les mêmes gestes de sa sœur. Sayuri disparut également. De son côté, Kurumi se téléporta dans la pièce voisine de l’entrepôt, pour s’occuper du groupe d’acolytes de Sayuri, évanouis ou gémissant encore au sol. Lorsque l’un d’eux était éveillé, la jeune fille l’endormait immédiatement d’un doigt avant de le téléporter de force ailleurs. Manami la rejoignit pour l’aider à compléter l’opération.

Bientôt, il ne resta plus aucune personne du groupe de Sayuri dans les environs. Les deux jeunes filles revinrent, se téléportant aux côtés de leur mère. Manami en profita pour ramener Hikaru avec elle, en la téléportant tout en haut du container pour rejoindre tout le monde.

L’incroyable spectacle impressionna Kenji, témoin de pouvoirs extraordinaires déployés devant lui sous ses propres yeux.

– Merci, les filles, dit Akemi, une fois qu’elles furent revenues à ses côtés. À quel endroit de l’hôpital les avez-vous transportés ?

– Ils sont tous dans la cafétéria, inconscients, expliqua Manami. À cette heure-ci, personne ne vient manger, mais j’ai lancé un signal d’alarme dans cette pièce pour que les urgentistes puissent les découvrir.

– Parfait ! Merci encore, les filles. Nous allons pouvoir discuter tranquillement sans être dérangés.

Akemi se tourna vers Kenji, qui manifestait silencieusement un visage incrédule, suite à tout ce dont ses yeux venaient d’être témoin.

– Ce que tu viens de voir ne doit jamais être raconté, même à tes proches, lui dit-elle. Est-ce bien clair ?

Kenji déglutit.

– Ou… Oui, madame, répondit-il après hésitation.

– J’aurais pu t’hypnotiser pour que tu oublies tout cela, mais je pense que tu es capable de changer et d’œuvrer pour rendre ton monde plus paisible, surtout si tu retrouves ta petite sœur, actuellement coincée dans l’autre univers.

Kenji parut troublé, mais acquiesça.

– Oui, madame. Ma sœur est… tout pour moi.

Akemi sourit légèrement.

– À la bonne heure. On va t’aider.

Un profond changement habita Kenji. Lui qui était si dur, semblait redevenir plus social.

Hikaru, qui jusque-là avait observé le silence depuis son retour en haut du container, se tourna vers Kyosuke, visiblement inquiète :

– Et maintenant, Kasuga ?… Est-ce que nous pouvons rentrer chez nous ?… Je ne veux pas rester ici. Mais… tu disais tout à l’heure que c’était compliqué ?…

Kyosuke baissa la tête, un air sombre se lisant à présent sur son visage. Il savait que le moment était venu de parler de choses sérieuses.

– C’est compliqué, effectivement, murmura-t-il.

Kenji, toujours sur le qui-vive, s’approcha d’eux, les sourcils froncés.

– De quoi parle-t-elle, Kasuga ?… Qu’est-ce qui est compliqué ? demanda-t-il, de plus en plus inquiet.

– Ce n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît, répondit Kyosuke d’une voix lasse.

Manami, qui écoutait en silence, intervint alors avec assurance :

– Si ce sont les mots-clés dont tu as besoin pour rentrer, je les connais, lui dit-elle avec calme.

Mais Kyosuke secoua la tête.

– Ce n’est pas ça, Manami. Ce n’est pas une question de mots-clés. Le problème vient de ma sœur, Kurumi… Elle a… piégé Madoka – celle de cet univers – dans une bulle où elle la torture avec grande colère. Je ne peux pas revenir chez moi sans apporter une solution à sa crise.

– Je vous en prie… Faites quelque chose pour ma Madoka ! implora Kenji.

Intriguée, Akemi, qui avait écouté Kyosuke avec attention, posa une main apaisante sur son épaule.

– Kyosuke… Je sens que ton esprit est déjà troublé par tant de choses, dit-elle d’une voix douce. Je ne veux pas que tu ravives ces drames en les exprimant à voix haute.

Kyosuke leva des yeux fatigués vers elle, reconnaissant, mais désemparé.

– Je suis ici pour demander votre aide, lui dit-il. Voilà pourquoi je suis revenu dans ce monde.

Akemi montra un signe d’étonnement :

– « Revenu dans ce monde » ?… Ce que tu as accompli est absolument unique. Tu ignores sans doute qu’il est normalement impossible de revenir une deuxième fois dans le même univers parallèle. Pourtant, tu l’as fait.

Kyosuke fronça les sourcils, intrigué.

– Impossible, dites-vous ?… Comment ça ?…

– Je veux comprendre ce qui a motivé un voyage aussi risqué, reprit Akemi. Et pour cela, je dois explorer tes souvenirs.

Kyosuke eut un léger mouvement de recul.

– Mes souvenirs ?… Vous pouvez faire ça ?…

– Oui. Cela m’aidera à comprendre ce qu’il se passe.

– Mais mon cousin Kazuya était incapable de lire les pensées de personnes issues d’autres mondes.

– Ton cousin, bien qu’il soit télépathe, ne peut pas encore lire à son âge les pensées des voyageurs d’autres dimensions, expliqua Akemi. Son don est encore limité aux fréquences de ton monde. Mais en grandissant, il saura ajuster son pouvoir au-delà des Sphères. Ce que je peux faire.

Hikaru, qui écoutait avec attention, fronça les sourcils.

– Vous voulez dire que vous pouvez lire dans l’esprit de Kasuga ? demanda-t-elle.

Akemi acquiesça.

– Seulement voir dans ses souvenirs récents, ce qui s’est passé depuis hier. Cela nous aidera à mieux comprendre la situation. Car je pressens que sa sœur Kurumi ne souffre pas d’une simple crise de colère.

Kyosuke hésita, mais il comprenait que la situation dans son univers était critique. Il soupira et accepta.

– Très bien. Faites-le.

Akemi s’approcha alors de lui, posant délicatement sa main sur son front, en fermant les yeux. Kyosuke sentit une vague de chaleur envahir son esprit. Il ferma les yeux à son tour, se laissant aller à cette étrange sensation. Le visage d’Akemi se tendit à mesure qu’elle explorait ses souvenirs. Ses paupières tremblaient légèrement, et ses lèvres, auparavant calmes, se crispèrent. Manami et Kurumi, observant leur mère, échangèrent un regard inquiet.

– Maman… est-ce que tout va bien ? demanda Manami, s’approchant doucement.

Akemi ne répondit pas immédiatement. Après quelques secondes, elle retira brusquement sa main du front de Kyosuke, reculant d’un pas, le souffle court.

– Maman ?! s’exclamèrent Manami et Kurumi en même temps, accourant toutes les deux vers elle avec inquiétude.

Kyosuke, encore sous le choc, ouvrit les yeux pour découvrir la femme vaciller légèrement.

– Que… Que s’est-il passé ?! demanda-t-il avec appréhension.

Akemi prit une grande inspiration et fit signe à ses filles qu’elle allait bien.

– J’ai bien fait de plonger dans tes souvenirs, Kyosuke, dit-elle enfin, la voix grave.

– Maman, qu’as-tu vu ? demanda Manami, le visage marqué par l’inquiétude.

Akemi détourna le regard, visiblement troublée.

– La situation est bien pire que tu ne l’imagines…

Un silence pesant s’installa alors. Kyosuke sentit son cœur s’alourdir, tandis que Kenji observait la scène avec une certaine méfiance.

– Mais… que voulez-vous dire ?… Qu’est-ce qui est pire ? demanda Kyosuke, la voix tremblante.

Akemi ferma les yeux, comme pour rassembler ses pensées avant de répondre, puis les rouvrit, en posant son regard sur Kyosuke.

– C’est bien Kurumi, ta petite sœur. Elle est en train de subir un « dévorement conflagrateur du Pouvoir ».

– Nani ?… Un… quoi ? balbutia Kurumi, sous le choc.

Le visage d’Akemi se fit plus sombre.

– C’est une crise extrêmement rare. Nos ancêtres, bien plus érudits que nous tous dans l’art du Pouvoir, en parlaient comme d’une légende. Je pensais jusqu’ici que cela n’existait que dans les théories les plus folles. Mais Kurumi absorbe le Pouvoir à un rythme incontrôlable et effroyable. Si cela continue, elle pourrait faire effondrer les barrières qui séparent les dimensions. Kurumi est désormais proche du point de rupture.

Le sang de Kyosuke se glaça.

– Vous voulez dire que… cette crise pourrait affecter tout le Multivers ?…

Akemi acquiesça gravement.

– Dans tes souvenirs, j’ai vu que Kurumi avait réussi à ouvrir une brèche dans l’Entre-Dimensions pour tenter d’absorber ton Pouvoir. Cela prouve que son mal se propage déjà à un rythme exponentiel. Si elle parvient à ouvrir un passage complet, et qu’elle ne peut plus continuer absorber toute cette énergie… alors oui, nous serons tous confrontés à une catastrophe.

Tout le monde resta figé. Manami et Kurumi se regardèrent, bouleversées par la gravité de la situation.

– Maman… est-ce qu’on pourrait arrêter Kurumi avec nos pouvoirs ? demanda Manami, d’une voix hésitante.

– Non, surtout pas ! répliqua Akemi fermement.

En pleine confusion, Kyosuke fronça les sourcils.

– Comment ça ? Pourquoi ne pas intervenir ?! s’exclama-t-il, incrédule.

Akemi se tourna vers Kyosuke, le regard lourd de gravité.

– Kurumi est devenue bien trop puissante. Si nous intervenons directement, elle pourrait aspirer nos pouvoirs et ainsi amplifier sa crise. Nous serions alors totalement impuissants face à elle.

– Kurumi… est devenue trop puissante, maintenant ? répéta Kyosuke, abasourdi.

– Oui, et elle s’est enfermée dans une bulle, tout comme à sa naissance, continua Akemi, son ton empreint de gravité.

Kyosuke fronça les sourcils en se rappelant les mots de sa mère.

– Une bulle ?… Ma mère m’en avait parlé…

Akemi hocha lentement la tête.

– Cette bulle est une sorte de dimension de poche mais toujours dans ta dimension. Si elle venait à « exploser », elle remplacerait instantanément toutes les dimensions du Multivers. Ce serait le point zéro d’un tout nouvel univers. Et pour nous tous… la fin de tout.

Kyosuke sentit un immense frisson parcourir son échine.

– Mais… mais ma mère avait réussi à calmer Kurumi à sa naissance, avec son Pouvoir, murmura-t-il, espérant trouver une lueur d’espoir.

Akemi le regarda avec douceur.

– J’ai vu ta mère dans l’Entre-Dimensions, Kyosuke. C’était une femme d’un courage exceptionnel, dit-elle avec admiration. À la naissance de ta sœur Kurumi, elle nous a tous sauvés ce jour-là. Elle a sauvé ton univers et tous les autres ! Elle a réussi à stopper la crise de Kurumi en sacrifiant sa propre vie. Alors qu’elle était avec sa fille, j’ai vu qu’elle t’a guidé à travers le Temps, pour que tu puisses trouver ton chemin jusqu’ici et sauver celle que tu aimes. Ta mère était une femme d’une grandeur infinie.

Kyosuke serra les poings, sa voix tremblant légèrement d’émotion.

– Ma mère n’est plus… Voilà pourquoi je me tourne vers vous… pour m’aider à résoudre cette crise. Avec votre Pouvoir, avec vos connaissances…

Akemi soupira doucement avant de secouer la tête.

– Cela ne suffira pas, Kyosuke. Il faut pénétrer à l’intérieur de la bulle pour avoir une chance d’arrêter Kurumi. Mais aucun Pouvoir ne peut traverser la barrière qu’elle a érigée autour d’elle. Pire encore, tout Pouvoir situé à l’extérieur sera immédiatement absorbé par Kurumi, aggravant ainsi sa crise… La rapprochant dangereusement du point de rupture conflagrateur.

La voix tremblante d’espoir, Manami se tourna vers sa mère :

– Maman, je suis certaine que l’on peut faire quelque chose !

– J’en suis certaine aussi ! fit Kurumi à ses côtés.

La voix pleine d’incertitudes, Kyosuke ajouta :

– Ma mère a donné tout son Pouvoir à ma sœur Kurumi pour parvenir à calmer sa crise…

Akemi acquiesça doucement :

– Oui, c’est vrai. Elle a tout donné. Et c’était la bonne chose à faire. Une fois encore, ta mère a été l’héroïne qui nous a tous sauvés. Il n’y a pas de femme plus courageuse qu’elle. Sois fier d’elle, Kyosuke, et de l’héritage qu’elle a légué à ceux qu’elle aimait. Elle est restée seule dans cette clinique avec Kurumi dans ses bras, et elle a pu lui transmettre son Pouvoir directement. La présence de ta mère et du Pouvoir qu’elle possédait a permis à Kurumi d’accepter cette guérison.

– Je ne comprends pas, fit Kyosuke perplexe tout en fronçant les sourcils. Si ma mère nous a quittés après avoir guéri Kurumi, pourquoi cette dernière n’a-t-elle pas eu d’autres crises similaires dans les années qui ont suivi ? Elle a toujours eu du mal à maîtriser son Pouvoir et a déjà subi des accès de colère. Et puis, les disputes entre mes deux sœurs étaient monnaie courante. Alors… pourquoi maintenant ?

Akemi regarda le jeune homme avec une grande patience.

– Kyosuke, il faut que tu comprennes quelque chose : ta sœur Manami n’est pas simplement la jumelle de Kurumi. Elle est bien plus que cela. Manami a, sans le savoir, toujours aidé Kurumi à canaliser son Pouvoir. Leur lien est très profond. Et c’est ce lien qui a permis à Kurumi de garder le contrôle, même en l’absence de ta mère durant toutes ces années. Mais aujourd’hui, ta sœur Manami a quitté ta dimension pour une autre, puis une autre encore. En s’éloignant ainsi à travers les Sphères, le lien qu’elle entretenait avec Kurumi s’est étiolé, laissant Kurumi perdre ses moyens pour maîtriser son propre Pouvoir, canalisé pour elle jusqu’ici par sa sœur aînée.

– Je… J’en reviens pas ! s’écria Kyosuke.

Manami, visiblement inquiète, s’exclama alors :

– Mais maman, je suis la jumelle de Kurumi ! Est-ce que cela signifie qu’elle pourrait subir une crise similaire, si je m’éloignais d’elle ?

Kurumi, qui observait la scène, répliqua avec un sourire ironique :

– Oh, toi, je te vois venir !

Akemi leva la main pour les rassurer :

– Doucement, les filles !… (Se tournant vers sa fille aînée) Manami, tu as déjà quitté ta dimension pour celle de Kyosuke, et tu en es revenue. Ta sœur a-t-elle eu pour autant un début de crise ? Non. Toutes les deux n’êtes pas concernées, je vous assure. Ce problème est spécifique à la dimension où vit Kyosuke.

Ce dernier, revenant au sujet qui le préoccupait, demanda avec insistance :

– Donc, ma sœur Manami… c’est elle qui a permis de canaliser durablement ce qui avait été endormi chez Kurumi par ma mère, n’est-ce pas ?

Akemi hocha la tête.

– En effet. Tant que Manami ne s’éloignait pas de sa propre dimension, Kurumi pouvait contrôler de manière normale son propre Pouvoir, comme tous les êtres disposant du Pouvoir dans le Multivers.

Kyosuke, le regard grave, poursuivit :

– Il faut donc que le Pouvoir puisse parvenir à Kurumi sans être absorbé brutalement par elle, mais qu’il soit d’une nature à l’apaiser et non à nourrir toujours plus sa crise…

– Oui, confirma Akemi.

– Mais… dans cette bulle ? insista Kyosuke.

Akemi soupira doucement avant de répondre.

– Oui, mais cela ne suffira pas. C’est plus compliqué encore.

Kyosuke fronça les sourcils, perplexe.

– Comment ça ?…

Akemi posa un regard désolé sur lui.

– Maintenant que je comprends la situation, je sais qu’il ne suffit pas d’entrer dans la bulle pour donner simplement du Pouvoir à Kurumi. Il faut que ce soit donné par ta mère !

Kyosuke, abasourdi, s’écria :

– Mais… vous êtes… « comme » ma mère !

Akemi secoua la tête doucement.

– Je lui ressemble, oui, mais je ne suis pas ta mère, Kyosuke. Je ne suis pas non plus la mère de ta sœur Kurumi.

Le jeune homme soupira, désemparé.

– Ce n’est pas ce que je voulais dire…

Akemi lui adressa un regard compréhensif.

– Je sais ce que tu voulais dire, Kyosuke. Tu crois que si j’arrivais à entrer dans la bulle où Kurumi s’est enfermée (et ça, ce serait déjà un immense miracle), je pourrais lui transmettre mon Pouvoir, tout comme ta mère l’a fait autrefois, et que cela suffirait, n’est-ce pas ?

– Oui, exactement.

Mais une fois encore, Akemi secoua la tête tristement.

– Non, ce ne sera pas suffisant.

– Même avec une quantité supérieure de Pouvoir ? demanda Kyosuke, l’espoir vacillant peu à peu.

– Non plus. Puisque ta mère n’est plus là, il faut maintenant que ce soit Manami, ta sœur, et non moi, qui fasse cela. Elle seule est désormais capable d’offrir le Pouvoir à Kurumi pour l’apaiser.

Kyosuke se montra désemparé :

– Mais… Manami a complètement disparu ! On ne sait absolument pas où elle est ! Il existe une infinité de dimensions dans le Multivers ! Il est impossible de la retrouver avant que Kurumi n’atteigne le point de rupture !

Akemi soupira profondément.

– Tu as raison, répondit-elle avec gravité. Et imaginons qu’elle parvenait à revenir chez elle, ignorant en plus ce qui se passe dans ton univers, son Pouvoir serait instantanément absorbé par Kurumi. Ce serait une catastrophe.

Kyosuke, luttant pour trouver une solution, releva soudain la tête.

– Et si c’était moi qui prenais la place de Manami ? Je suis son frère, après tout ! Je pourrais transmettre mon Pouvoir à ma sœur !

Akemi secoua la tête avec regret.

– Je suis désolée, Kyosuke. Ni toi, ni tes cousins, ni même ta tante ou tes grands-parents ne pourraient faire cela. Il faut que ce soit sa sœur jumelle, née le même jour qu’elle… Ou ta mère… Or, toutes les deux sont… hors de portée.

Kyosuke se passa une main dans les cheveux, désespéré.

– C’est… c’est insoluble ! murmura-t-il, la voix tremblante.

Akemi acquiesça tristement :

– La situation est désespérée… La bulle dans laquelle Kurumi s’est enfermée est à présent inexpugnable. Même si ta sœur Manami revenait maintenant dans ton univers, elle ne pourrait plus franchir cette barrière… Même son lien qu’elle entretenait depuis toujours avec Kurumi pour canaliser son Pouvoir ne pourrait plus avoir d’effet sur elle, du fait de cette barrière.

– Maman, je suis certaine qu’on peut faire quelque chose ! insista Manami, pleine d’espoir.

– Oui, je veux retrouver ma petite sœur Hikaru ! ajouta Kenji avec ferveur.

Kyosuke, désemparé, se prit la tête entre les mains en marmonnant :

– Mais pourquoi une telle malédiction s’est-elle abattue sur Kurumi ? Pourquoi elle ?…

Akemi le regarda avec compassion.

– Nous n’avons pas toutes les réponses, exprima-t-elle. Le Pouvoir est une force redoutable qui ne connaît ni Bien, ni Mal. Nous avons la chance d’en être dotés, mais tous ne sont pas capables de le maîtriser aisément. Kurumi est née dans ton monde avec la capacité de régénérer en elle le Pouvoir, comme tous ceux disposant du Pouvoir. Sauf qu’elle n’a pas de « mécanisme de sécurité ».

– De mécanisme de sécurité ?

– Je ne connais pas vraiment le mot car c’est inné. Ici, tous les membres de la famille Kasuga possèdent en eux ce mécanisme qui empêche une absorption excessive du Pouvoir. C’est inscrit en chacun. Mais dans le cas de Kurumi, étonnement, ce mécanisme n’existe pas en elle. En revanche, il est présent pour elle à travers Manami, sa sœur jumelle. Elle en possède deux !

Kyosuke écarquilla les yeux.

– Deux mécanismes ? C’est incroyable…

Akemi acquiesça.

– Oui, c’est ce qui a permis de maintenir l’équilibre de Kurumi jusqu’à maintenant. Mais nous devons non seulement résoudre cette crise, mais aussi anticiper pour que cela ne se reproduise plus jamais.

Kyosuke réfléchit un instant avant de répondre :

– Vous avez raison. Maintenant que je sais ce qui se passe avec Kurumi, nous devrons être plus vigilants à l’avenir.

Akemi posa un regard grave sur Kyosuke.

– D’autant plus que si tu quittes cette présente dimension, nous ne pourrons plus jamais nous revoir. Tu as eu une chance incroyable de revenir ici pour Madoka, mais il n’y aura pas de troisième opportunité. Si ta sœur Kurumi devait faire face à une nouvelle crise à l’avenir, nous serions incapables de vous aider. Il ne te restera que ta sœur Manami.

Kyosuke hocha la tête, pensif.

– Mais pour l’instant, il faut arrêter ce qui arrive à Kurumi, dit-il, résolu.

Akemi acquiesça silencieusement, puis s’éloigna de quelques pas, se plongeant dans une réflexion intense. Elle envisagea toutes les solutions possibles, mais aucune ne semblait satisfaisante. La situation était vraiment désespérée.

De son côté, Kyosuke observait cette femme qui ressemblait tant à sa mère. À quoi pensait-elle ?… Était-ce réellement la fin de tout ?… Comment une simple bulle de pouvoir isolée formée par Kurumi pouvait-elle menacer toute l’existence ?… C’était inconcevable, et pourtant… Akemi semblait si préoccupée. Manami et Kurumi la rejoignirent et elles discutèrent ensemble à voix basse. Kyosuke ne put entendre ce qu’elles se disaient.

C’est alors qu’Hikaru s’approcha de lui.

– Kasuga… tu crois vraiment à tout ce que cette femme vient de dire ? demanda-t-elle.

– Oui, Hikaru… Je crois que tout est possible.

Hikaru se mordit la lèvre, inquiète.

– Mais… comment faire pour rentrer maintenant ? Sommes-nous condamnés à rester ici ?…

Kyosuke la regarda un moment, avant de soupirer.

– Même ici, nous ne serions pas à l’abri. Ce que traverse ma petite sœur est bien pire que tout ce que je pouvais imaginer. Mais une chose est sûre…

Hikaru le fixa, anxieuse.

– Laquelle ?…

Kyosuke sourit faiblement.

– Si nous sommes encore là, en train de parler, c’est que Kurumi n’a pas encore atteint le point de rupture.

Hikaru esquissa un sourire en retour.

– Voilà une remarque rassurante… Mais tout ça est devenu tellement insensé. C’était si simple, autrefois…

Kyosuke fronça les sourcils, curieux.

– De quoi parles-tu ?

Hikaru eut un regard nostalgique en levant la tête pour regarder symboliquement le ciel.

– Je parle de l’époque où tu nous cachais l’existence de tes dons. Tes maladresses, tes excuses étranges, tes disparitions inexplicables… Tout ça, c’était à cause du Pouvoir, non ?… Avec le recul, je me rends compte que cela ne t’a pas aidé à conquérir Madoka.

Kyosuke sursauta.

– Conquérir ?…

Hikaru sourit doucement.

– J’exagère un peu. Mais je suis heureuse que tu n’aies pas utilisé ton Pouvoir pour forcer le Destin.

Kyosuke baissa alors les yeux, songeur.

– Ayukawa et moi…

– Oui, je sais… Madoka savait déjà ce qu’il en était pour elle-même, répondit Hikaru avec tendresse. Il n’y avait pas de Pouvoir entre vous, seulement l’amour. Il n’y avait que vous deux.

Kyosuke la regarda, touché par ses mots.

– Hikaru…

La jeune fille au regard azur sourit tristement et ajouta :

– Tu sais… j’ai maintenant un peu peur que ce soit notre dernier jour. Je n’avais jamais imaginé que le Pouvoir, cette énergie si spéciale, deviendrait une menace pour nous tous.

– Le Pouvoir n’est pas une malédiction, fit Kyosuke en secouant la tête.

Hikaru haussa légèrement les épaules et reprit :

– Kasuga, je voulais juste te dire… Il n’y a pas de problème entre nous. Il y a eu des souvenirs heureux qui nous ont rapprochés, des moments tristes qui nous ont éloignés, et un jour où nous nous sommes retrouvés. C’est cela que je retiens, maintenant. Même si nous ne devions pas voir l’aube après cette nuit, je veux garder cela en mémoire avec bienveillance.

Kyosuke la regarda en silence. Hikaru semblait transformée, comme si la prise de conscience de ce danger omniprésent et universel l’avait rendue plus sereine et plus réfléchie. Son sourire doux cachait une sagesse nouvelle, comme si en trouvant refuge dans un passé nostalgique et amer à la fois, elle pouvait enfin lâcher prise sur tout un poids qui pesait sur ses épaules.

– Tu sais, Kasuga, j’ai déjà vu une manifestation de ton Pouvoir, une fois…

Kyosuke, surpris, arqua un sourcil.

– Hein ?… De quoi tu parles ?…

– Le panier que tu as réussi à marquer de très loin, lors de ta première semaine à Koryô Gakuen… Je l’ai vu.

Hikaru lui fit un clin d’œil complice, tandis que Kyosuke écarquillait les yeux.

– Quoi ?!… Tu as vu ça ?… Je croyais que j’étais seul…

Hikaru tourna la tête en regardant droit devant elle, vers le fond du hangar.

– Oui, je l’ai vu. Et je me rends compte maintenant que c’est ton Pouvoir qui m’a fascinée au tout début. Bien sûr, tu étais déjà un garçon gentil, mais ce que tu as accompli ce jour-là m’a vraiment intriguée. Tu as accompli ce panier à l’abri des regards, sans jamais te servir de ton don pour obtenir ce que tu voulais devant un public. J’ai vu quelque chose que je n’aurais pas dû voir, et c’est ce qui m’a plongée dans cet émerveillement… qui n’a plus cessé ensuite…

Elle marqua une pause, de peur au passage que Kyosuke n’imagine des choses, avant de reprendre, pensive :

– Je veux dire que je n’ai pu me détacher de toi, parce que je suis tombée amoureuse. Mais tu dois savoir que Madoka, aussi exceptionnelle qu’elle est…. (Son esprit fut alors envahie par des images épiques)… Si tu l’avais vue combattre tout à l’heure pour me sauver… Madoka, est exceptionnelle. Elle mérite vraiment quelqu’un d’exceptionnel. Non pas parce qu’il est doté du Pouvoir… Mais parce qu’il est celui qui est resté toujours droit dans ses sentiments jusqu’au bout. Tu n’as pas failli, Kasuga. Malgré toutes les situations complètement folles que nous avons vécues autrefois, tu n’as jamais failli envers celle que je considère toujours comme ma grande sœur. Il était normal que…

Kyosuke sourit à ces mots. Il sentit aussi un poids se libérer en lui.

– Hikaru, je comprends à quel point Ayukawa est exceptionnelle et combien elle compte pour toi. Ce que tu dis sur elle et sur moi me touche énormément. Mais sache que tu n’as rien à te reprocher à toi-même. Tu n’as en rien démérité un bonheur qui t’attend quelque part. Nous serons toujours là, Ayukawa et moi, pour te soutenir.

Hikaru sourit tendrement, intégrant en elle les mots tout aussi tendres que venait de lui prononcer Kyosuke.

– Je me demande souvent comment les choses auraient été pour moi si je n’avais jamais vu ce panier… lâcha-t-elle alors, comme pour détendre l’atmosphère.

Kyosuke sourit.

– C’est tout un monde parallèle à explorer, peut-être. Il y a tout une myriade de possibilités, comme tu as pu le découvrir ici.

Hikaru acquiesça doucement.

– Oui… Ici, c’est un monde où toi et moi sommes ensemble. Tu te rends compte ?

Kyosuke la regarda tendrement.

– Je te rassure, Hikaru : ce qui s’est passé ici n’a rien à voir avec un panier. Cela démontre encore que le champ des possibles est infini. Il existe sûrement des tas de mondes où un autre « toi » est avec quelqu’un d’autre…

Hikaru eut un petit rire.

– Quand je pense à tous ces univers où nous sommes ensemble… Je me demande comment ils ont fait pour gérer leur couple ! Ha ! Ha ! Ha !…

Kyosuke rit à son tour.

– Au fait, Hikaru, je me souviens que Yusaku et Shinichi Harada s’intéressaient tous les deux à toi…

Hikaru éclata encore de rire.

– Mais tu plaisantes, Kasuga ! Tu me voyais vraiment avec l’un ou l’autre de ces deux-là ?

Kyosuke sourit à cette évocation. Mais il dût admettre quelque part qu’elle avait bien raison.

– Mais tu as eu des nouvelles d’eux, récemment ?

Hikaru hocha la tête.

– Harada a déménagé dans une autre préfecture. Là-bas, il a fini par trouver une copine. Il m’écrit moins souvent… preuve sans doute que tout va bien pour lui et elle…

– Et Yusaku ?…

Hikaru soupira légèrement.

– Il est toujours au lycée Koryô. Mais il s’ennuie depuis que j’ai déménagé à Otaru avec mes parents. Je lui ai dit de faire quelque chose de sa vie. Oui, je sais qu’il avait de grands espoirs avec moi. Mais je n’ai jamais souhaité construire ma vie avec lui. Il a toujours été comme le petit frère parfois turbulent… que je n’ai jamais eu.

– J’ai tout entendu ! fit Kenji de loin les bras croisés.

Hikaru lui tira la langue pour se moquer de lui.

Soudain, un soupir émergea des lèvres de Madoka, brisant ce rare moment détendu. La jeune femme aux cheveux de jais se réveillait lentement du long sommeil provoqué par le dard anesthésiant.

– C’est Ayukawa ! s’exclama Kyosuke. Elle revient à elle !

– Madoka ! Enfin ! s’écria Hikaru l’âme joyeuse.

Madoka ouvrit les yeux, cherchant à percer le brouillard qui se distillait à travers son esprit engourdi. Son regard légèrement troublé se posa sur des visages familiers qui l’entouraient. Elle jeta alors un œil inquiet à sa jambe blessée… Elle était totalement guérie, comme si rien ne s’était passé. Un frisson d’incertitude la traversa un moment. Était-ce là un rêve ou la réalité ?… Mais en voyant clairement Hikaru et Kyosuke s’approcher d’elle, sa conscience se reconnecta au monde (ou plutôt, au monde parallèle) qui l’entourait.

– Madoka ! Je suis si heureuse que tu ailles bien ! s’exclama Hikaru la première, l’enlaçant avec force.

La jeune fille aux cheveux dorés éprouvait le besoin de célébrer une amitié retrouvée, après tant d’éloignement et d’incertitudes.

– Hikaru… Tu es saine et sauve… émit Madoka encore faiblement, un sourire doux illuminant petit à petit son visage. C’est tout ce qui compte.

– Tu as été incroyable tout à l’heure ! clama Hikaru d’un ton presque larmoyant. Mais quelle frayeur tu m’as causée ! Ne recommence plus jamais cela !

Madoka lui rendit son sourire, ses yeux brillants d’une lueur sincère.

Hikaru relâcha son étreinte pour laisser place à Kyosuke, qui s’était approché. Le visage du jeune homme était marqué par une hésitation palpable.

– Ayukawa, je… Je ne sais comment…

Une pensée le traversa : était-il convenable de s’exprimer ainsi en présence d’Hikaru ?…

– Allez, Kasuga, aide Madoka à se relever ! incita Hikaru avec douceur.

– Oui, laisse-moi t’aider, Ayukawa. Est-ce que tu peux marcher ?

– Ma blessure… fit-elle. Elle a disparu… Je ne comprends pas…

Il sourit.

– Oui, c’est un petit miracle de la part des membres de la famille Kasuga.

Kyosuke prit délicatement la main de Madoka et utilisa son autre bras pour soutenir son dos, l’aidant à se redresser lentement.

– Est-ce que ça va, Ayukawa ? demanda-t-il, son regard empreint d’inquiétude.

– Je n’ai plus de douleur, observa la jeune femme. C’est comme si je n’avais jamais été blessée. J’avais une telle douleur avant…

– Regarde…

Kyosuke lui désigna Manami, Kurumi et Akemi Kasuga, qui se tenaient là, des silhouettes familières, mais étranges.

Madoka éprouva une surprise mêlée de compréhension en découvrant ou en redécouvrant ces visages de la famille de Kyosuke, mais appartenant à un univers parallèle. Manami portait les mêmes vêtements que tout à l’heure, tandis que Kurumi affichait un regard rêveur, bien plus sérieux que son alter ego. Une différence frappante. Cependant, la femme qui les accompagnait toutes deux éveilla en elle une stupéfaction sans précédent.

– Mais, c’est… ! commença-t-elle par dire.

– C’est ma mère dans cet univers, expliqua Kyosuke. Elle est vivante. C’est elle qui t’a soignée tout à l’heure, pendant ton sommeil. Elle possède des dons de guérison… Entre autres.

Hésitant tout d’abord, Madoka avança alors vers Akemi, son cœur débordant de gratitude.

– Madame Kasuga, je vous remercie infiniment pour ce que vous avez fait pour moi. Enchantée, je suis Madoka Ayukawa.

Elle s’inclina en signe de respect.

Akemi contempla cette jeune femme au regard émeraude qui était celle pour qui Kyosuke avait défié toutes les lois du voyage interdimensionnel.

– Madoka, tu as agi avec bravoure pour défendre la justice ici, répondit Akemi, sa voix empreinte de respect. Tu as pris des risques considérables pour sauver ceux que tu chéris.

– Je n’ai pas peur pour moi, mais pour les autres…

– C’est tout à ton honneur. Mais sache, Madoka, que je me dois de t’expliquer ce qui arrive à présent dans ton monde.

Madoka se figea.

– Comment ?…

– Ayukawa, nous allons t’expliquer, ajouta Kyosuke, prêt à la soutenir au moindre signe de faiblesse.

– Oui, Madoka, confirma Akemi. Dans ton monde, Kurumi, la sœur de Kyosuke ici présent, a déclenché une crise sans précédent qui pourrait…

Madoka eut du mal à entendre la suite. Est-ce le coup de l’émotion ?… Toujours est-il qu’un vertige la saisit soudain. Elle faillit perdre l’équilibre, avant que Kyosuke ne la retienne avec précaution.

– Ayukawa !…

– Madoka ! s’écria Hikaru, surprise.

Kyosuke, d’un bras protecteur, maintint la jeune femme sur ses pieds.

– Est-ce que ça va, Ayukawa ?… As.. as-tu besoin de t’asseoir un moment ?

Madoka retrouva rapidement ses appuis, bien que le malaise d’un instant ait laissé son empreinte dans les esprits.

– Non, merci, Kasuga. Je vais bien maintenant. Ne t’inquiète pas.

– Mais que t’est-il arrivé, Madoka ? demanda Hikaru, curieuse et inquiète.

– Je pense que tu manques de vitamines, Ayukawa, tenta Kyosuke pour détendre l’atmosphère.

Témoin de la scène, Akemi fut soudain traversée par une pensée funeste qui lui fait regarder vers le ciel. Si Madoka avait ressenti ce malaise soudain, c’était que la situation dans son propre monde prenait une tournure bien plus inquiétante. Akemi comprit alors avec effroi que la souffrance de l’alter ego de Madoka, prisonnière de Kurumi dans son monde, commençait à se répandre à travers tous les doubles de Madoka dans le Multivers ! Une catastrophe imminente ! Même si Madoka ici présente venait de guérir complètement de sa blessure à la jambe, une menace bien plus terrifiante était sur le point de fondre sur elle. Akemi choisit de taire cette révélation pour éviter de semer davantage de confusion et de panique. Il fallait agir… maintenant et vite !

Tournant à nouveau la tête vers Madoka, Akemi haussa soudainement les sourcils, un étonnement palpable illuminant son visage. Après le malaise de Madoka dont elle fut témoin, elle venait à l’instant de voir quelque chose d’inattendu.

– Attendez ! s’écria-t-elle brusquement.

Tous se tournèrent vers elle, intrigués par son expression soudainement frappée de surprise, juste après le petit malaise de Madoka.

– Par nos ancêtres ! s’écria encore Akemi, n’en croyant pas ses propres yeux. Est-ce possible ?…

Stupéfait, Kyosuke observa celle qui ressemblait à sa mère. Il ne l’avait jamais vue aussi déconcertée. Même Manami et Kurumi semblaient découvrir leur mère sous un jour nouveau.

– Maman ?…

– Mais enfin, madame Kasuga, que se passe-t-il ? s’étonna Hikaru, perplexe.

– C’est cela ! s’écria Akemi, ne prêtant aucune attention à la question. C’est cela !...

Elle ferma les yeux et inspira profondément, comme si une prière ou une illumination venait de lui être révélée.

Silencieusement, tous les autres restèrent figés sur le container, spectateurs d’un moment inattendu qui dépassait toute compréhension…

 

 

 

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Dans le sujet : 11e convention Japan Matsuri en Suisse

20 septembre 2024 - 23h13

Personne réagi aux artworks ? Madoka est vraiment bien dessinée. Surtout qu'Akemi Takada a fait cela rapidement. 


Dans le sujet : 11e convention Japan Matsuri en Suisse

20 septembre 2024 - 18h38

Les artworks d'Akemi Takada pour ses dédicaces suisse (la convention commence demain) sont sortis.

 

On peut les voir sur la page Facebook de la convention -> CLIC


Dans le sujet : OAV 1&2, presque une nouvelle saison

19 septembre 2024 - 23h36

Mhhhh... Tiens tiens...


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