Le générique de fin de ces OAV, "Tokidoki blue" est probablement mon préféré et mérite un commentaire à part. Il représente pour moi, une période particulière de ma vie : je terminais le lycée et commençais mes études. J'étais "Tokidoki blue" moi aussi, déjà empreint d'une certaine nostalgie d'un bonheur passé (et largement illusoire) : KOR était la pierre angulaire de cette émotion. Je découvrais ces OAV, ce qui était pour moi à la fois un très grand bonheur, car j'adorais cette série et rêvais de voir de nouveaux épisodes. Mais je ne pouvais pas m'empêcher de sentir qu'on me racontait une histoire venue du passé, une histoire qui s'était terminée, de façon belle et tragique quelques années auparavant.
Commençons par la musique, chantée par Ikeda Masanori.
https://youtu.be/TLH...aY41xZA24KwJquC
Les paroles du premier couplet et du refrain sont les suivantes :
"Je ne suis pas aussi insouciante que tu le dis souvent/ Moi aussi, parfois, je suis sentimentale, tu sais...
C'est elle, n'est-ce pas? / Tu te préoccupes d'elle, je le vois bien / Et même si je le savais, je n'ai rien dit parce que je préfère l’harmonie
Regarde, la passerelle où nous allions avant / Le lever de soleil réveille les souvenirs, et cette tendre passion / Viens, dansons encore une fois.
Même si tu m'embrasses tendrement, mon cœur est parfois "blue" / Ces baisers ne parviennent pas à me rassurer / Même si tu m'embrasses tendrement, mon amour est parfois "blue" / Après notre baiser, je donne l'impression d'être heureuse, mais en réalité je suis / Parfois "blue"."
Ce qui est remarquable avec ces paroles, c'est qu'elles pourraient tout autant être chantées par Madoka que par Hikaru, qui sont les deux protagonistes de ce générique. L'une comme l'autre paraissent souvent heureuses lorsqu'elles aiment. Mais toutes les deux, dans la série, doutent et sont hantées par le spectre de "l'autre", et font parfois semblant de cacher leur "blues" derrière un masque de bonne humeur.
Ce générique est marqué par l'idée de "cycle" : il se termine où il a commencé. Les deux filles semblent, au fil des images, tourner l'une autour de l'autre. Et le thème à la guitare, lui-même empreint d'une certaine "rondeur", est le même à la fin qu'au début.
Il est sublimé par les magnifiques dessins de Madoka et Hikaru, peut-être les plus beaux qu'on ait jamais vu (je crois que je les préfère même aux aquarelles, pourtant incroyables, d'Akemi Takada). Si certains dessins ressemblent à du Takada, d'autres m'ont clairement fait penser au chara design de Lynn Minmay dans Macross, et je suis persuadé que Haruhiko Mikimoto était à l’œuvre. J'ai tenté de vérifier cette hypothèse, mais la seule information sur laquelle je suis tombé est celle du dossier KOR D'animeLand de 1992... qui fait la même hypothèse, sans l'avoir vérifiée.
Ce générique raconte une histoire : elle sera différente pour tous, et aura peut-être une charge émotionnelle différente pour vous. Aussi ne voyez ici que "ma" version de "Tokidoki Blue".
Dans cette première scène, et ce sera le cas chaque fois qu'on les verra ensemble, Madoka et Hikaru sont dos à dos. C'est bien sûr très inhabituel, puisqu'elles sont très proches dans la vraie vie. L'histoire de ce générique ne parle pas de leur amitié, mais de leur vie sentimentale et émotionnelle, une vie dans laquelle elles sont opposées car leurs intérêts sont divergents (ou plutôt... convergents). D'un certain point de vue, on verra que ces images pourraient bien représenter Madoka et Hikaru pendant ou après la rupture d'Anohi ni Kaeritai.
Madoka est dans une tenue très féminine et mûre, coiffée du chapeau de paille rouge qui symbolise son amour pour Kyosuke, tandis qu'Hikaru, plus "gamine" porte une tenue simple et "sport" emblématique des années 80. Mais très vite, Madoka sort du champ pour laisser place à Hikaru.
C'est un véritable défilé de mode que nous offre ce générique, Hikaru comme Madoka sont habillées de tenues à la mode des années 80, tantôt classe, tantôt détendues.
Et sont couvertes toutes les saisons, printemps, été, automne, hiver, ce qui renforce le caractère "cyclique" de cette animation.
Au fil de la séquence, Hikaru va faire un tour sur elle-même, dans le sens des aiguilles d'une montre.
Ce qui est particulièrement marquant, c'est que son visage reflète souvent un caractère pensif, et de la tristesse, ce qui est contraire à son tempérament naturel :
Il s'agit peut-être du regret du souvenir que ressent Hikaru après la rupture d'ANK.
Une fois le tour terminé, Madoka apparaît derrière elle.
Elles se regardent en coin, et la première image, bien que distante, montre l'amitié mutuelle qu'elles ont (peut-être juste le reste de leur amitié.)
Mais cette joie de se retrouver est suivi, dès l'image suivante, par la tristesse mutuelle de ne plus pouvoir être amies.
On lit ensuite sur le visage de Madoka une certaine animosité de la part de Madoka vis-à-vis d'Hikaru : on se rappelle que c'est le sentiment qui l'habitait principalement pendant le film.
Mais cette rancune est de courte durée : car Hikaru sort du champ, et son triste sourire laisse penser qu'elle a accepté qu'elle devait quitter la scène pour que son amie soit heureuse.
Après une rupture (peut-être LA rupture), tant de l'image que de la musique, Madoka devient le centre d'intérêt. Elle passe de gauche à droite, du couplet, plus sombre, au refrain, plus dynamique. Et le fond, bleu jusqu'alors, bascule en rose, du blues d'Hikaru à la vie en rose de Madoka.
Le cycle de Madoka tourne dans le sens inverse de celui d'Hikaru : moi qui pratique les arts martiaux, je ne peux pas m'empêcher de penser au symbole du Tai Chi, le fameux Yin/Yang noir et blanc.
Sur ces premières images, elle est marquée par une certaine mélancolie, probablement le souvenir de son amitié avec Hikaru.
Mais quand elle nous tourne le dos et qu'elle nous refait face, son caractère a changé.
Elle retrouve le caractère rebelle et affirmé de ses jeunes années...
... mais aussi le bonheur, la joie, voire l'insouciance.
Bien sûr, cela peut évoquer le bonheur qu'elle ressent à l'idée d'être enfin avec Kyosuke. Mais, comme pour Hikaru on est à l'opposé de son "tempérament naturel", d'habitude plus réservé et nocturne, voire mélancolique.
Là encore, on retrouve le symbole du Taichi : le rond blanc au sein de la zone noire, et inversement,représentent le fait que Yin et Yang ne sont jamais "purs". On trouve du Yin au sein du Yang, et l'inverse est vrai également.
Le cycle se termine après un tour complet de Madoka, qui revient à son état initial, tandis qu'Hikaru revient sur scène. Entretemps, la couleur des sentiments a changé et l'on est passé du "blue" au rose, signe d'une possible nouvelle amitié.
Le cycle tend vers l'éternité, celle d'une histoire d'amour et d'amitié qui, dans le cœur de ses fans ne mourra jamais : un Éternel Été.
(Cyb, si tu veux en faire une réflexion koresque, tu es le bienvenu!)