Un ami a eu la bonne idée de me prêter sa PlayStation 4 juste avant le début du confinement. J'ai donc profité de mon surplus de temps libre pour finir plusieurs jeux.
Le premier était Detroit : Become Human. L'histoire se déroule dans un futur où l'utilisation d'androïdes dans la vie quotidienne est devenue monnaie courante. On y incarne tour à tour 3 androïdes qui vont être amenés à remettre en question leur condition de "machine". Je n'en dis pas plus pour ne pas spoiler... si tant est qu'on puisse parler de spoil.
J'ai vraiment beaucoup aimé. Il s'agit d'un jeu dit narratif. On suit donc l'histoire de ces androïdes dans leur quête d'identité. L'originalité du jeu est qu'on ne suit pas une histoire écrite à l'avance. Ce sont nos choix qui vont déterminer la tournure que prendra l'histoire. Si les premiers chapitres laissent peu de l'attitude, l'arborescence et les ramifications atteint peu à peu un un niveau vertigineux. C'est assez étonnant et j'ai même envie de vous dire que les choix que l'on fait au cours de l'aventure en disent beaucoup sur nous. L'un des plus grand plaisir du jeu est d'ailleurs, une fois que a bouclé l'aventure, de discuter avec d'autres personnes qui ont également fini le jeu afin de comparer la façon dont chacun se l'est approprié.
Je recommande chaudement.
Ensuite j'ai enchaîné avec God Of War. Jeu précédé d'une excellente réputation puisqu'il a même gagné le titre de "game of the year" il y a 2 ans il me semble. On y suit toujours Kratos qui vit désormais dans les pays nordiques au côté de son fils Atreus. au moment où ces derniers veulent honorer la mémoire de Faye (femme de Kratos et mère D'Atreus) en allant répandre les cendres de la défunte femme de la plus haute montagne des 9 royaumes.
Pour moi ce fut une énorme déception. J'ai presque envie de vous dire que j'ai trouvé ce jeu presque totalement raté. Je m'explique. God Of War est une série qui ne date pas d'hier (le premier est sorti en 2005) et j'étais assez fan des premiers épisodes qui nous racontaient l'histoire de Kratos, un spartiate qui défie les dieux de l'Olympe. Certes n'étaient certes pas des grands jeux et le gameplay était finalement assez limité, mais ils avaient pour eux une ambiance incroyable, âpre, violente et barbare. Et surtout, il émanait du personnage de Kratos un sentiment de puissance jamais vu.
Or rien dans ce God Of War millésime 2018 ne retrouve l'esprit des premiers épisodes. Malgré sa carrure imposante Kratos est ici un personnage plutôt vulnérable qui peut mourir en à peine quelques coups portés par des ennemis lambdas. Résultat, on passe son temps à esquiver, à fuir le combat et privilégier les attaques à distance plutôt que le corps à corps. Et, vous connaissez l'adage, à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. Le pire c'est que les (rares) boss censés être surpuissants font nettement moins de dégâts que le tout venant des ennemis ce qui est quand même assez déstabilisant.
Le deuxième gros problème de ce God Of War est sa volonté de vouloir proposer plus de "profondeur". Aussi, on passe un temps fou dans des menus qui sont tout sauf clairs pour faire évoluer ses personnages et leurs équipements. Ca casse le rythme du jeu et c'est une façon de compliquer inutilement les choses qui auraient pu et dû être infiniment plus simples.
Il y a encore un autre problème avec ce jeu, c'est son aspect "narratif" qui est complètement raté. L'essentiel du jeu consiste en une successions d'allers retours incessants qui m'ont franchement énervé. Aucun des personnage que l'on croise au cours de l'aventure n'apporte réellement quelque chose à l'histoire. Le jeu de tente de les étoffer par moult artifice mais au final, on aurait tout aussi bien pu s'en passer. En fait, ce jeu n'est qu'une longue introduction qui brasse du vide et nous dit : "Attention ! La suite ça va être du sérieux".
Et d'ailleurs, le pire c'est que le jeu se prend au sérieux et tente de nous vendre la relation compliquée qu'entretient Kratos avec son fils à coup de dialogues fleuves qui soulignent encore et encore et encore ce qu'on avait compris dès le début. C'est vraiment dommage car la formidable séquence d'ouverture avaient parfaitement tout établi avec une force et une économie de mots qui augurait du meilleur.
Là où le jeu se plante également, c'est en donnant l'impression que tout se déroule en l'espace de quelques heures ce qui rend d'autant plus difficile à avaler les rebondissements de l'histoire et l'évolution des personnages.
Bref j'aurais encore des tonnes de choses à dire sur ce jeu mais je vais m'arrêter là. En toute honnêteté, ce n'est pas un mauvais jeu. Techniquement, c'est somptueux et le système de combat est certainement très réussi dans son genre mais, pour moi, ce jeu n'a rien d'un vrai God Of War car il ne fait absolument pas honneur au statut de guerrier ultra "badass" du personnage principal.
Après cette déception, j'ai ensuite joué à The Last Of Us. L'histoire se déroule dans un monde où une pandémie a transformé plus de la moitié de la population en "infectés"(c'est comme des zombie, mais avec des spores). L'armée a pris le pouvoir et décrété la loi martiale. On joue Joel, un cinquantenaire qui vit du marché noir et du trafic d'armes. Un jour, il passe un marché avec un groupe de rebelle et se voit confié un colis particulier : Ellie une orpheline de 14 ans qu'il doit escorter à l'autre bout de la ville...
J'ai beaucoup aimé ce jeu. Le gameplay ne révolutionne rien mais est très solide. C'est une sorte de mix entre un Metal Gear et un Resident Evil. On passe la plupart du temps à essayer de se faufiler et passer inaperçu et il est assez jouissif de parvenir à éliminer une bande de zombies, de voyous ou de militaires en toute discrétion. Après, le jeu est dans l'ensemble assez répétitif mais suffisamment cours pour que ne se lasse pas trop. De plus, le tout est rythmé par un scénario très bien écrit, servis par des personnages forts qu'on prend plaisir à voir évoluer. Bref, d'un point de vue narratif, The Last Of Us réussit tout ce que God Of War rate. Un très bon jeu.
Enfin, j'ai eu le temps de faire un dernier jeu : The Last Guardian. Et là, j'avoue que j'ai eu un gros coup de coeur. On joue un très jeune garçon qui se réveille dans un grotte, le corps couvert de tatouages. Il ne sait comment il est arrivé là ni d'où viennent ses tatouages. A quelques mètres de lui, un monstre énorme et menaçante git au sol, enchainée. Il reconnait Trico, la "bête mangeuse d'homme" dont lui parlait les anciens de son village...
Difficile de décrire ce jeu. A première vue, on pourrait le rapprocher d'un donjon d'un Zelda puisqu'il faut résoudre une succession de puzzles pour avancer. Sauf que l'approche du jeu est totalement différente de la série de Nintendo. C'est un jeu qui nous fait vivre un aventure inédite non pas avec des cinématiques mais en utilisant le gameplay, le langage spécifique au jeu vidéo. De toute ma vie de joueur je n'ai jamais vu ça. Inutile de regarder des vidéos sur youtube, The Last Guardian ne peut se comprendre que manette en main. L'important ne sont pas tant les puzzles en eux même mais le façon dont ils nous forcent à interagir avec Trico. Cet animal est incontestablement l'autre grande force du jeu tant il semble vivant.
Le revers de la médaille, c'est que ça ne rend pas le jeu toujours très "agréable" à jouer. Trico a sa propre personnalité et n'en fait souvent qu'à sa tête. Il faudra l'amadouer, l'étudier pour interpréter ses cris et son langage corporel pour tisser des liens avec lui et faire en sorte qu'il vous comprenne et que vous le compreniez. Le plus fort, c'est que beaucoup de choses ne sont pas véritablement écrites. Selon la façon dont vous interagissez avec lui, son comportement pourra vraiment être très différent.
Par exemple, imaginons que vous soyez en danger, si votre relation est suffisamment forte, Trico interviendra pour vous prêter main forte. Mais si vous arrivez à la même séquence sans avoir réussi à développer votre relation avec lui, l'animal vous laissera vous débrouiller tout seul.
Mais tout cela fait que The Last Guardian n'est pas un jeu "agréable" à jouer. Quand je dis que ce n'est pas un jeu agréable à jouer, c'est dans le sens ou un drame n'est pas un film "agréable" à regarder. Ca n'en fait pas un mauvais film, mais ce n'est pas forcément fun.
Dans cette optique, The Last Guardian a fait des choix assez radicaux qui vont à l'encontre de la façon de faire des jeux vidéos aujourd'hui. Ainsi, le héros n'a pas la précision habituelle des héros de jeux vidéo modernes. Et ça a vraiment contrarié certains joueur. Toutefois, si réalise qu'on joue un très jeune garçon plein de fougue et maladroit on comprend que le gameplay fait en sorte de nous faire ressentir ça. Ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dit, il est loin d'être incontrôlable. Même chose pour Trico qui peut être agaçant lorsqu'il ne fait pas instantanément ce qu'on attend de lui. Toutefois, cela renforce le sentiment de vie qui émane de lui.
Bref, c'est un jeu qui m'a procuré une tonne d'émotions comme aucun autre jeu auparavant. Je vous en dis volontairement le moins possible pour vous laisser découvrir cette aventure incroyable. Jouez à The Last Guardian et même si le jeu vous énerve parfois, ne renoncez pas et allez au bout. Vous ne le regretterez pas.