Histoire du Weekly Shonen Jump
#41
Posté 27 juin 2023 - 09h37
#42
Posté 27 juin 2023 - 12h32
Est-ce qu'il y a un article sur le site qui parle de comment la prépublication dans le Jump s'est passée ?
Si non, et si ça intéresse, je peux proposer quelque chose.
Bonjour Dino,
Je n'ai pas spécifiquement parlé de la prépublication de KOR dans le WSJ sur mon site, mais pas mal d'articles ont été publiés ici sur le forum depuis 2005. En tous les cas, si tu as réalisé un article spécifiquement sur ce sujet, nous allons avoir plaisir à te lire et à découvrir des éléments que nous ne connaissons pas. Il y a un point en particulier que j'ai évoqué récemment - tu as dû le voir - à propos des dates de sortie du WSJ : ce sont les dates de sortie en kiosque et date de couverture qui sont souvent différentes. Ce qui peut ainsi nous dire que le manga de KOR en version prépubliée au niveau du premier épisode a été connu avant même le 26 mars 1984. Sur la FAQ question 7, j'indique même (et c'est une info d'Olivier qu'il nous a transmise ici), que l'annonce de la prochaine prépublication s'est opérée début mars 1984.
En tous les cas, n'hésite pas à publier tes réflexions sur cet espace sur le WSJ. A bientôt.
#43
Posté 27 juin 2023 - 21h41
Je n'ai pas plus à dire sur les dates que ce qu'Olivier a déjà dit de façon correcte.
Mon angle c'est plutôt voir le niveau de succès.
En effet, le Weekly Shonen Jump a réussi à publier autant de séries à succès grâce à son système d'émulation/compétition entre les auteurs et leurs séries. Comme dans tous les magazines de prépublication, le public peut désigner ses chapitres préférés dans le numéro en cours grâce à une carte postale qui y est insérée. Le lecteur est motivé pour répondre à ce sondage par la perspective de gagner un des lots mis en jeu par tirage au sort, et présentés dans une des pages du magazine. Les données sont agglomérées et permettent de désigner quel chapitre a recueilli les faveurs du public et quel chapitre n’a provoqué qu’indifférence. Cela permet aux responsables éditoriaux de voir quelles séries sont populaires.
La particularité du Jump, c’est d’une part d’être réputé être plus impitoyable que ses concurrents dans l’annulation des séries qui ne fonctionnent pas très bien. Cette forte rotation permet de tester plus de nouvelles séries, mais force celles-ci à s’imposer assez rapidement, et même par la suite à ne pas se reposer sur ses lauriers. D’autre part, la popularité d’une série se constate de façon assez transparente à travers le sommaire de chaque numéro.
Dans un Jump, l’ordre des séries est donné par la façon dont le rédacteur en chef veut mettre en avant telle ou telle série. Si une série a quelque chose de particulier à promouvoir, comme en période de lancement, ou la sortie d’un anime, la série se retrouvera plus haut dans le sommaire et aura des pages couleurs et/ou la couverture. Sinon, ce seront les séries les plus populaires qui seront plus mis en avant, et celles qui le sont moins sont condamnées à se retrouver souvent en fin de Jump. Et voir une série qui apparaît régulièrement dans les deux ou trois dernières séries du Jump est un signe infâmant, montrant qu’elle est clairement menacée d’annulation si elle ne sort pas sans trop tarder de la zone de relégation.
Lors de la prépublication de Kimagure Orange Road, 50 numéros du Jump étaient publiés par an, comprenant 15-16 séries par numéro en 1984, et augmentant progressivement pour atteindre 17-18 séries en 1987 (aujourd’hui cela tourne autour de 19 séries sur 48 numéros par an).
Comme chaque nouvelle série, Orange Road voit son premier chapitre obtenir la couverture et plusieurs pages couleurs, et après quelques semaines, voit sa période de lancement ce qui permet de voir sa popularité. Avec un rang moyen assez stable, de 9 environ, c’est une série de milieu de tableau, suffisamment populaire pour ne pas être inquiétée de finir prématurément, mais loin des cadors qui portent le Jump. Orange Road finit ainsi l’année en 7ème position en rang moyen sur l’année, derrière Ken le Survivant/Hokuto no Ken 1er, Kinnikuman/Muscleman 2ème, Captain Tsubasa/Olive et Tom 4ème, Kimengumi High School/Le collège fou fou fou en 5ème position, mais devant Baoh (de Hirohiko Araki, le futur auteur de JoJo’s Bizarre Adventure) et le relativement peu populaire Wingman, respectivement 9ème et 13ème.
Rangs moyens de Kimagure Orange dans le sommaire du Jump pendant sa prépublication
Avec le temps, le dessin et les histoires s’améliorent, et à partir des pages couleurs pour le début des deux chapitres « Message au rouge », on voit que la série devient plus populaire, et le rang moyen tourne alors autour de 7.
6 pages couleurs + le reste du chapitre en bichromie, c'est alors le grand succès !
A la fin de l’année, la série se classe toutefois toujours 7ème malgré ce progrès, au sein de séries prestigieuses :
- Hokuto no Ken
- Dragon Ball
- Captain Tsubasa
- Kinnikuman
- City Hunter
- Sagikake Otoko Juku
- Kimagure Orange Road
- High School Kimengumi
Les choses se compliquent en 1986. Les nouveaux personnages ne semblent pas emporter l’adhésion, et la série commence à baisser visiblement dans le sommaire. Elle est même publiée en dernière position dans le Jump 38 de cette année là, avec le chapitre 123 (Kyosuke, Madoka et Sayuri sont alors à Hawaï).
A ce moment, Izumi Matsumoto n’en peux plus, comme il l’évoque dans le chapitre 125, et se met en longue pause après le chapitre 126, alors que c’est encore l’été pour nos héros et les lecteurs.
Les mois passent. Or pendant ce temps là (ou même avant) une adaptation en anime a été décidée. Il est impensable pour le Jump de ne pas bénéficier de l’exposition médiatique qui en découlera, et il parvient à remettre Izumi Matsumoto en selle juste avant le début. Le Jump 12 de 1987 (paru en février) donne à Orange Road la couverture, des pages couleurs et présente l’anime qui va bientôt arriver à l’antenne. Le temps a aussi passé pour les personnages, ils sont en hiver, et Kyosuke s’est cassé le bras au réveillon du nouvel an. On ne saura jamais ce qu’ils ont fait à l’automne 1986.
Annonce de l'anime en couverture du Jump, en même temps que le retour de la série.
Problème : Izumi Matsumoto a voulu profiter de ce redémarrage pour donner un nouveau look à son héroïne Madoka, avec une nouvelle coupe de cheveux. Ce changement est si impopulaire (surtout qu’il ne correspond plus au design superbe fourni par Akemi Takada dans l’anime) que l’auteur est obligé de faire machine arrière au bout de quelques mois.
Après une période où la série semblait remonter dans le classement du Jump à la faveur du lancement de l’anime, elle se remet à baisser dangereusement à l’été 87. La série n’était elle alors plus assez populaire ? Ou bien Izumi Matsumoto avait des problèmes qui ne lui permettaient plus de continuer comme le voulait la rédaction du Jump ?
Toujours est-il qu’après avoir approché puis touché le fond du Jump, le couperet tombe : l’auteur n’a que deux chapitres de 19 pages pour terminer sa série. Lors de la parution du tome relié, il remaniera le chapitre 155 pour le faire tripler de taille et le rendre plus satisfaisant aux lecteurs de la série.
Chapitre d'Orange Road page 341 du Jump 41 de 1987. Preview du Jump suivant page 360 = chapitre 155 de 19 pages, comme les autres. La série se fait virer sans pitié, sans laisser le temps d'une fin bien construite.
Par la suite, Izumi Matsumoto ne publiera plus jamais rien dans le Weekly Shonen Jump.
#45
Posté 28 juin 2023 - 05h29
#46
Posté 28 juin 2023 - 06h12
Merci pour cet article détaillé, clair et intéressant !
N'hésites pas à intervenir aussi souvent tu en auras envie
P.s : ton pseudo Dino, c'est par rapport au manga de Dragon Quest ?
#47
Posté 28 juin 2023 - 17h34
P.s : ton pseudo Dino, c'est par rapport au manga de Dragon Quest ?
Tout à fait, si Orange Road est mon anime favori, côté manga, c'est Fly !
Est-ce que tu as ces numéros du WSJ ? Pour l'avant-dernier chapitre, je m'étais toujours demandé si la version prépubliée était la même que dans l'édition tankoubon.
J'ai seulement le Jump 15 de 1985, dont j'ai tiré les pages couleurs postées ici, avec des photos prises il y a 15 ans. Je pourrais scanner en plus haute définition.
Par contre je serais très curieux de voir le chapitre 155 dans sa version prépubliée dans le Jump, pour voir à quel point ça a dû être redessiné.
Mon texte se base essentiellement sur une base de données perso sur le Jump, entretenue et exploitée depuis pas loin de 20 ans pour un autre forum de manga.
#51
Posté 22 juillet 2023 - 10h45
Si on lit les données du site Comicvine sur le WSJ, on a les différentes séries présentes qui semblent classées dans l'ordre du sommaire. Ce dernier se trouve parfois en photo sur les offres en ligne sur ces WSJ. On a alors en plus les numéros de page associés, ce qui permet de connaître le nombre de pages. A-t-on toujours 19 pages pour chaque chapitre de KOR prépublié ?
#52
Posté 22 juillet 2023 - 11h13
#58
Posté 23 juillet 2023 - 06h29
Je n'ai pas plus à dire sur les dates que ce qu'Olivier a déjà dit de façon correcte.
Mon angle c'est plutôt voir le niveau de succès.
En effet, le Weekly Shonen Jump a réussi à publier autant de séries à succès grâce à son système d'émulation/compétition entre les auteurs et leurs séries. Comme dans tous les magazines de prépublication, le public peut désigner ses chapitres préférés dans le numéro en cours grâce à une carte postale qui y est insérée. Le lecteur est motivé pour répondre à ce sondage par la perspective de gagner un des lots mis en jeu par tirage au sort, et présentés dans une des pages du magazine. Les données sont agglomérées et permettent de désigner quel chapitre a recueilli les faveurs du public et quel chapitre n’a provoqué qu’indifférence. Cela permet aux responsables éditoriaux de voir quelles séries sont populaires.
La particularité du Jump, c’est d’une part d’être réputé être plus impitoyable que ses concurrents dans l’annulation des séries qui ne fonctionnent pas très bien. Cette forte rotation permet de tester plus de nouvelles séries, mais force celles-ci à s’imposer assez rapidement, et même par la suite à ne pas se reposer sur ses lauriers. D’autre part, la popularité d’une série se constate de façon assez transparente à travers le sommaire de chaque numéro.
Dans un Jump, l’ordre des séries est donné par la façon dont le rédacteur en chef veut mettre en avant telle ou telle série. Si une série a quelque chose de particulier à promouvoir, comme en période de lancement, ou la sortie d’un anime, la série se retrouvera plus haut dans le sommaire et aura des pages couleurs et/ou la couverture. Sinon, ce seront les séries les plus populaires qui seront plus mis en avant, et celles qui le sont moins sont condamnées à se retrouver souvent en fin de Jump. Et voir une série qui apparaît régulièrement dans les deux ou trois dernières séries du Jump est un signe infâmant, montrant qu’elle est clairement menacée d’annulation si elle ne sort pas sans trop tarder de la zone de relégation.
Lors de la prépublication de Kimagure Orange Road, 50 numéros du Jump étaient publiés par an, comprenant 15-16 séries par numéro en 1984, et augmentant progressivement pour atteindre 17-18 séries en 1987 (aujourd’hui cela tourne autour de 19 séries sur 48 numéros par an).
Comme chaque nouvelle série, Orange Road voit son premier chapitre obtenir la couverture et plusieurs pages couleurs, et après quelques semaines, voit sa période de lancement ce qui permet de voir sa popularité. Avec un rang moyen assez stable, de 9 environ, c’est une série de milieu de tableau, suffisamment populaire pour ne pas être inquiétée de finir prématurément, mais loin des cadors qui portent le Jump. Orange Road finit ainsi l’année en 7ème position en rang moyen sur l’année, derrière Ken le Survivant/Hokuto no Ken 1er, Kinnikuman/Muscleman 2ème, Captain Tsubasa/Olive et Tom 4ème, Kimengumi High School/Le collège fou fou fou en 5ème position, mais devant Baoh (de Hirohiko Araki, le futur auteur de JoJo’s Bizarre Adventure) et le relativement peu populaire Wingman, respectivement 9ème et 13ème.
Rangs moyens de Kimagure Orange dans le sommaire du Jump pendant sa prépublication
Avec le temps, le dessin et les histoires s’améliorent, et à partir des pages couleurs pour le début des deux chapitres « Message au rouge », on voit que la série devient plus populaire, et le rang moyen tourne alors autour de 7.
6 pages couleurs + le reste du chapitre en bichromie, c'est alors le grand succès !
A la fin de l’année, la série se classe toutefois toujours 7ème malgré ce progrès, au sein de séries prestigieuses :
- Hokuto no Ken
- Dragon Ball
- Captain Tsubasa
- Kinnikuman
- City Hunter
- Sagikake Otoko Juku
- Kimagure Orange Road
- High School Kimengumi
Les choses se compliquent en 1986. Les nouveaux personnages ne semblent pas emporter l’adhésion, et la série commence à baisser visiblement dans le sommaire. Elle est même publiée en dernière position dans le Jump 38 de cette année là, avec le chapitre 123 (Kyosuke, Madoka et Sayuri sont alors à Hawaï).
A ce moment, Izumi Matsumoto n’en peux plus, comme il l’évoque dans le chapitre 125, et se met en longue pause après le chapitre 126, alors que c’est encore l’été pour nos héros et les lecteurs.
Les mois passent. Or pendant ce temps là (ou même avant) une adaptation en anime a été décidée. Il est impensable pour le Jump de ne pas bénéficier de l’exposition médiatique qui en découlera, et il parvient à remettre Izumi Matsumoto en selle juste avant le début. Le Jump 12 de 1987 (paru en février) donne à Orange Road la couverture, des pages couleurs et présente l’anime qui va bientôt arriver à l’antenne. Le temps a aussi passé pour les personnages, ils sont en hiver, et Kyosuke s’est cassé le bras au réveillon du nouvel an. On ne saura jamais ce qu’ils ont fait à l’automne 1986.
Annonce de l'anime en couverture du Jump, en même temps que le retour de la série.
Problème : Izumi Matsumoto a voulu profiter de ce redémarrage pour donner un nouveau look à son héroïne Madoka, avec une nouvelle coupe de cheveux. Ce changement est si impopulaire (surtout qu’il ne correspond plus au design superbe fourni par Akemi Takada dans l’anime) que l’auteur est obligé de faire machine arrière au bout de quelques mois.
Après une période où la série semblait remonter dans le classement du Jump à la faveur du lancement de l’anime, elle se remet à baisser dangereusement à l’été 87. La série n’était elle alors plus assez populaire ? Ou bien Izumi Matsumoto avait des problèmes qui ne lui permettaient plus de continuer comme le voulait la rédaction du Jump ?
Toujours est-il qu’après avoir approché puis touché le fond du Jump, le couperet tombe : l’auteur n’a que deux chapitres de 19 pages pour terminer sa série. Lors de la parution du tome relié, il remaniera le chapitre 155 pour le faire tripler de taille et le rendre plus satisfaisant aux lecteurs de la série.
Chapitre d'Orange Road page 341 du Jump 41 de 1987. Preview du Jump suivant page 360 = chapitre 155 de 19 pages, comme les autres. La série se fait virer sans pitié, sans laisser le temps d'une fin bien construite.
Par la suite, Izumi Matsumoto ne publiera plus jamais rien dans le Weekly Shonen Jump.
Salut Dino,
Ton article sur le WSJ devrait aussi figurer dans les Réflexions KOResques que je publie sur mon site. Est-ce que l'idée en question te parait intéressante ? Pas d'urgence bien sûr.
#59
Posté 23 juillet 2023 - 09h07
Ca me va, pour l'occasion je vais essayer de faire de meilleurs scans de mon vieux Jump.
Sans la pub, est-ce que 19 pages est un standard ?
Oui, ça peux varier, mais pour la plupart des séries, dont Orange Road, le standard est de 19 pages par chapitres, éventuelle couverture comprise.
Après, que ce soit dans le Jump ou en tome relié, il y a un nouveau chapitre toutes les 20 pages. Un nouveau chapitre commence habituellement par une page simple et se termine par deux pages en vis à vis, donc après un chapitre avant le prochain il y a dans le Jump une page de blabla (promo d'un anime, prochaines dates de sorties des tomes reliés, émission de télé consacrée au Jump, des trucs qu'on ne regarde habituellement pas en fait), et dans le tome relié, ça peut être une page blanche, des explications de l'auteur (comme dans Dr Slump ou One Piece)...
Suivant les circonstances, l'auteur peut négocier à la baisse le nombre de pages à fournir chaque semaine. Les chapitres de Dragon Ball ne faisaient que 15 pages, ce qui fait que 10 ans de publication ne font que 42 tomes. Les auteurs de Naruto, One Piece ou Hunter X Hunter ont tous réussi à diminuer leur quota pour passer à 17, voire 15 pages par semaines pour limiter leur charge de travail ou à cause de leurs soucis de santé. A contrario, pour un chapitre particulier, le nombre de pages peut augmenter, et ça fera l'objet d'une communication spéciale (chapitre de tant de pages cette semaine !!).
#60
Posté 23 juillet 2023 - 12h08
Salut Dino,
Ton article sur le WSJ devrait aussi figurer dans les Réflexions KOResques que je publie sur mon site. Est-ce que l'idée en question te parait intéressante ? Pas d'urgence bien sûr.
Izumi Matsumoto parle a plusieurs reprise de la fin du manga ; il dit notamment que , comme la serie suit une chronologie "réel" ses personnages allaient rentrer à l 'université , qu'ils avaient evolués et que donc l histoire ne pouvait plus continuer comme ca. Il a donc été decidé lors d une reunion avec Mr Takahashi de finir la serie rapidement le processus de fin commencant avec l episode "les 2 qui ne revidendront pas"
de plus au vu des temoignages , la serialisation de manga dans Jump est extenuante et stressante ( voir traduction de golden mirage of last summer (reflexion 50 ) et des commentaires de K.HAgiwara suivant.
et il avait d 'autres projets
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