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Les travaux de CyberFred


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483 réponses à ce sujet

#461 tcv

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Posté 20 juin 2024 - 05h36

J'utilise Edge et quand je clique sur le "CLIC !", je ne parviens pas à charger la page du gif animé. Par contre, on peut enregistrer le lien sur son disque dur et le visualiser avec un éditeur d'image classique.
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#462 Punch

Punch

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Posté 20 juin 2024 - 06h04

Merci pour ce fanart estival CyberFred :D

En espérant que ce rayon de soleil chasse enfin la pluie !

#463 CyberFred

CyberFred

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Posté 20 juin 2024 - 07h41

Merci Punch. Tu as raison de parler de la pluie. Qu'est-ce qu'on a été arrosés en Europe. En tous les cas, il y a quand même aussi de l'eau dans l'image. 


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#464 CyberFred

CyberFred

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Posté 20 juin 2024 - 07h49

J'utilise Edge et quand je clique sur le "CLIC !", je ne parviens pas à charger la page du gif animé. Par contre, on peut enregistrer le lien sur son disque dur et le visualiser avec un éditeur d'image classique.

 
Bonjour tcv. Réessaie encore. Pour le lien vers le .GIF, j'avais utilisé par mégarde un "https" au lieu d'un "http". C'était juste cela. C'est rectifié. Merci :)
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#465 tcv

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Posté 20 juin 2024 - 17h19

Sur mon smartphone, ça marche. J'essaierai sur mon PC quand je serai rentré chez moi.
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#466 tcv

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Posté 20 juin 2024 - 18h39

Et c'est OK sous Edge.


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#467 Jingo

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Posté 04 juillet 2024 - 10h57

Magnifique Fred, tout l'esprit summer de KOR ! J'adore ;) !


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#468 CyberFred

CyberFred

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Posté 07 juillet 2024 - 13h37

Jour de Tanabata au Japon :

 

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#469 CyberFred

CyberFred

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Posté 14 juillet 2024 - 13h52

Bon 14 juillet ! Allez-vous les rencontrer toutes les deux dans le public ?

 

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#470 FrozenOwl

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Posté 14 juillet 2024 - 15h07

Sympa!😊 Bonne fête nationale à tous!

#471 Olivier

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Posté 14 juillet 2024 - 19h00

J'ai rencontré la brune Nanami et la blonde Sana, ça me suffit. Maintenant, bouffe, douche et dodo. J'en peux plus de ces 4 jours intenses à la Japex avec le plein d'idols. J'ai tout raflé :D
I'm looking for the red straw hat...

#472 Olivier

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Posté 14 juillet 2024 - 19h03

Par contre, dessin très réussi.
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#473 CyberFred

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Posté 14 juillet 2024 - 22h20

Bon voilà : -> CLIC

 

Et Puis -> CLIC

 

J'ai rencontré la brune Nanami et la blonde Sana, ça me suffit. Maintenant, bouffe, douche et dodo. J'en peux plus de ces 4 jours intenses à la Japex avec le plein d'idols. J'ai tout raflé :D


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#474 Jingo

Jingo

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Posté 15 juillet 2024 - 09h10

Bravo Cyb, magnifique ! C'est très réussi  :t_unread_dot:  !


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#475 CyberFred

CyberFred

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Posté 26 juillet 2024 - 14h17

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 28 – Ding Dong !

 

Précédemment, dans « Kimagure Orange Road – La Première Marche »

Kyosuke et Hikaru durent se séparer dans l’interdimensionnalité, sous l’influence des forces exercées par Kurumi, qui, déterminée à plier Madoka à sa volonté, se heurte à sa résistance farouche, refusant de céder. Entretemps, l’autre dimension voit le début de la confrontation de l’ancienne coéquipière de Madoka qui ignore encore à qui elle a réellement affaire. Le duel s’annonce toutefois sans merci ! De son côté, Manami cherche la voie de son destin à travers des dimensions de plus en plus étranges et lointaines. Entretemps, à la résidence des Ayukawa, les inquiétudes sont de plus en plus intenses… Et ne sont pas prêtes de se dissiper...

 

« Ding Dong ! »

Tous, sauf Madoka et Kurumi, sursautèrent. On avait sonné à l’entrée. Si tard le soir ?...

– Vite ! Allez voir qui c’est ! demanda Takashi à Akane et Kazuya.

Le père de Kyosuke observait toujours, impuissant, l’emprise que Kurumi exerçait sur Madoka, une domination qui défiait toute logique. Madoka luttait encore, sa volonté cherchant à résister aux tourments infligés par le pouvoir de Kurumi. Cette dernière avait coupé tout contact avec son entourage, sauf avec sa prisonnière.

Akane s’approcha discrètement d’une fenêtre donnant sur l’extérieur. Elle aperçut un homme et une femme en train de converser, attendant qu’on leur ouvre.

L’homme, aux cheveux coupés court, devait frôler la trentaine. Revêtu d’un costume sombre accompagné d’une cravate, il portait des lunettes. Il semblait être l’époux de la jeune femme qui se tenait à ses côtés. Celle-ci, d’un âge comparable au sien, attira l’attention d’Akane. Elle possédait quelque chose de Madoka, bien que sa chevelure mi-longue, châtaine, avec une frange effleurant ses yeux, la distinguât nettement d’elle. Son allure était d’une grande élégance. Elle portait un tailleur-jupe turquoise très en vogue, assorti d’un blazer à manches courtes du même ton. Un sac à main, dont la bandoulière passait sur son épaule droite, complétait sa tenue.

– Il y a un monsieur et une dame ! annonça Kazuya qui regarda à son tour, sans penser à lire les pensées du couple.

– Je ne sais pas qui c’est, admit Akane, scrutant ces visiteurs.

Takashi les rejoignit et jeta un coup d’œil par la fenêtre. Il s’immobilisa, surpris, incapable de penser clairement.

– Oh non… murmura-t-il.

– Tu… tu connais ces personnes, oncle Takashi ? demanda Akane.

– Nous avons peut-être des ennuis, lâcha l’homme.

– Hééé ?!...

Dehors, le couple discutait toujours, semblant compter le nombre de secondes qui s’écoulaient depuis que la sonnette de l’entrée avait retenti.

– Ma colombe, je suis certain que tu t’inquiètes pour rien, fit l’homme.

– Je n’en suis pas sûre, rétorqua la femme. Ce n’est pas pour rien que les voisins ont appelé. Ils s’inquiètent des bruits qu’ils entendent depuis le début de la soirée.

– Tu disais que Madoka avait peut-être organisé un dîner ce soir avec des amis ?

– Justement, je voudrais en être sûre. Madoka ne me dit pas tout. J’espère qu’elle n’a pas été embarquée dans une soirée dansante à la maison, plutôt qu’au Disco Moebius.

– Ah… le Disco Moebius, fit l’homme tombant soudainement dans une certaine nostalgie. Cela me rappelle de bons souvenirs… Toi et moi, on y a été le soir de sa première ouverture, tu t’en souviens ?...

– Ce n’est pas le moment de ressasser cela, fit son épouse avec sérieux. Il y a plus urgent.

– Mais enfin, ma mésange, comment pourrait-il y avoir une soirée dansante, ici ?

La femme tourna la tête vers la porte d’entrée, qui ne s’ouvrait toujours pas. Elle sonna de nouveau, accentuant la surprise des occupants à l’intérieur.

– Pourquoi Madoka met-elle autant de temps à ouvrir ? s’impatienta-t-elle, voyant que personne ne semblait bouger à l’intérieur.

– Il faut être patiente, ma libellule, fit le mari. Elle ne va pas tarder.

– Je n’entends pas de musique à l’intérieur. D’habitude, Madoka met un peu de musique d’ambiance.

À l’intérieur, ce n’était pas le son qui montait d’un ton, mais l’inquiétude.

– C’est le couple Hamada ! déclara Takashi.

– Qui c’est ? demanda Akane, intriguée.

– Cette femme, c’est la fille aînée des Ayukawa, accompagnée de son mari.

Akane ouvrit grand les yeux.

– La sœur aînée de Madoka ?... Pourquoi sont-ils ici ? Ils ont été invités au dîner, eux aussi ?

– Non, pas du tout.

– Mais, oncle Takashi, on doit les laisser entrer ? demanda Kazuya.

Les deux cousins regardèrent Takashi avec inquiétude.

– Ils savent qu’il y a du monde dans la maison, dit l’homme, dépité. Si on n’ouvre pas bientôt, ils deviendront encore plus méfiants et risquent d’appeler la police. Habituellement, ils vivent dans une ville voisine. Leur présence ici n’est pas fortuite ce soir.

– Ont-ils été alertés ? demanda Akane.

– Probablement que certains voisins ont préféré agir discrètement par prudence.

– Mais que fait-on, oncle Takashi ? demanda Kazuya, inquiet.

L’homme prit un moment pour réfléchir, pesant soigneusement le pour et le contre. Kyosuke, Madoka et Hikaru n’étaient toujours pas revenus de l’autre dimension, ce qui indiquait que les événements ne se déroulaient pas comme prévu. De plus, il était étrange que le double de Kyosuke, ainsi qu’Hikaru d’Otaru, ne soient pas apparus dans le salon. Il était donc crucial de gagner du temps et de « tenir le terrain », c’est-à-dire rester dans la résidence des Ayukawa pour accueillir tout le monde à leur retour. Mais comment y parvenir sans éveiller les soupçons des Hamada ?...

– Je vais devoir faire appel à vous deux, les enfants, dit finalement Takashi.

À l’extérieur, la tension montait et l’impatience grandissait.

– Mais que fait donc Madoka ? s’impatienta toujours plus sa sœur aînée. Je ne vais pas tambouriner à la porte jusqu’à ce qu’on m’ouvre, tout de même !

– Patience, ma tourterelle. Elle doit sûrement se préparer à nous recevoir.

– Mais enfin, chéri, je suis sa sœur. Elle n’a pas besoin de se pomponner pour moi. Ce n’est pas du tout son genre.

– As-tu la clé de la maison ?

– Bien sûr. Papa m’a confié un double au cas où. Les absences de mes parents sont souvent très longues. Il est donc normal que je puisse entrer en cas de souci.

La jeune femme soupira de soulagement, reconnaissante de n’avoir jamais eu jusqu’ici à signaler de problèmes avec la maison de ses parents. Ces derniers étaient souvent absents ces dernières années, en raison de leur tournée musicale mondiale entre l’Europe et les États-Unis. Ils avaient même établi une résidence secondaire en Amérique du Nord, car les différentes étapes de leur tournée les amenaient fréquemment à traverser les états américains. Leur fille aînée, mariée depuis deux ans, n’aspirait en rien à mener la vie nomade de ses parents. De toute manière, elle n’était pas du tout musicienne. Elle avait épousé un ami d’enfance, devenu un honnête salaryman dans une entreprise de taille moyenne. Pour elle, il n’était pas nécessaire que son mari soit riche ou célèbre comme ses parents ; la vie qu’elle menait avec lui était suffisante. Cependant, en tant que fille aînée d’une fratrie de deux sœurs, dont la cadette était quelque peu rebelle, elle se sentait responsable pour gérer les problèmes familiaux de manière proactive. Ainsi, à l’appel du voisinage, elle avait insisté, même tardivement, pour se rendre sur place et voir ce qui se passait.

Un bruit de vibrations se fit alors entendre à travers les murs.

– As-tu entendu ? fit l’homme avec surprise. Est-ce un tremblement de terre ?

– Il n’y a jamais eu de tels phénomènes dans ce secteur, s’étonna son épouse.

– Je ne sais pas, mais j’ai clairement senti que cela venait de la maison elle-même, tu ne trouves pas ?...

La jeune femme examina les murs de la maison. Elle remarqua des petites fissures qu’elle n’avait jamais vues auparavant. Elle était certaine que cette maison avait toujours été bien entretenue, et que de telles craquelures n’auraient jamais dû apparaître.

– C’est surprenant, admit-elle. On dirait que ces lézardes sont récentes... Que se passe-t-il ici ?...

Mais elle n’eut pas le temps de réfléchir plus longtemps à ce phénomène. La porte d’entrée s’ouvrit enfin.

Le couple Hamada regarda l’hôtesse des lieux qui venait d’ouvrir.

– Madoka ! s’écria madame Hamada. Enfin tu nous ouvres !

– Onēsan [Grande sœur, NDLR], excuse-moi, j’étais en cuisine, répondit Madoka.

Sa sœur aînée ouvrit grand ses yeux marron.

– Ne sois pas si formelle, dit-elle à sa cadette. Tu es une jeune femme adulte, maintenant. Je sais que nous ne nous voyons pas souvent, mais il y a longtemps que je ne t’appelle plus imōtosan [Petite sœur, NDLR].

Madoka chercha ses mots. Elle ne savait pas comment appeler la femme qui se tenait sur le seuil avec son mari. La seule chose qu’elle savait, c’était son nom de mariée : Hamada.

– Bonsoir Madoka, fit monsieur Hamada. J’espère que tu vas bien.

– Bonsoir, giri no onii-san [Beau-frère, NDLR], répondit Madoka.

– Houlà, tu es bien formelle, giri no imouto-san [Belle-sœur qui est la sœur cadette de son épouse, NDLR], répondit le mari, en imitant exprès son style formel.

Confuse et ignorante des intentions de ces deux personnes, Madoka ne sut plus comment s’adresser à eux.

– Pourquoi... pourquoi êtes-vous venus ? demanda-t-elle.

Sans répondre et sans plus attendre, sa sœur aînée entra dans la maison, suivie de son mari. Tous deux passèrent devant Madoka, qui resta étonnée de l’audace de la femme. Cette dernière ressemblait vraiment à Madoka avec huit ans de plus. Seule la forme et la couleur de la coiffure les différenciaient. Sa frange recouvrait presque ses yeux, noyant son regard sous ses cheveux. Il était vraiment surprenant de voir une telle différence entre elles.

– Madoka, as-tu vu les craquelures sur le mur, dehors, près de l’entrée ? Il s’est passé quelque chose ?

Une perle d’inquiétude coula sur la joue de la jeune fille aux yeux couleur émeraude. Elle leva les yeux vers le plafond, prenant un air innocent.

– Ah ?... Mais je n’ai rien vu de tel. Co… comment est-ce possible ? balbutia-t-elle.

Sa sœur aînée inspecta les murs pour vérifier s’il y avait des dégâts à l’intérieur de la maison.

– Je vais devoir appeler un artisan, estima-t-elle. Papa voudra que ce soit fait le plus vite possible. Madoka, peux-tu aller me chercher son carnet d’adresses ?

Les yeux de Madoka s’agrandirent de stupeur. Jamais elle n’aurait imaginé que sa sœur lui demanderait une telle chose à ce moment précis, d’autant plus qu’elle ignorait totalement où se trouvait ce carnet.

« Cela se trouve dans un tiroir du bureau de monsieur Ayukawa, au premier étage. », entendit-elle dans son esprit. « Il est bleu. »

« Mais je ne peux pas me retirer de la vue de ce couple ! », répondit-elle en pensées.

« Ah oui, c’est vrai. J’arrive… »

Un petit garçon au visage souriant s’approcha alors du groupe qui se tenait à l’entrée. Le couple Hamada, surpris, observa le garçon.

– Oh, mais tu as de la visite, Madoka ? demanda sa sœur.

– Oui, je reçois à dîner, ce soir, répondit-elle.

– Bonsoir, madame, fit le petit garçon en s’inclinant avec politesse devant la sœur de Madoka. Je m’appelle Kazuya.

La femme examina le garçon et remarqua une étrange ressemblance avec son mari lorsqu’il avait son âge. Elle se tourna vers lui.

– Regarde, chéri, ce garçon te ressemble quand tu étais petit, tu ne trouves pas ?

– En effet, ma gazelle. C’est incroyable, admit-il.

Un nouvel arrivant se joignit alors au groupe. C’était un homme adulte portant une moustache. Les Hamada, déconcertés, se demandèrent qui pouvait être cet homme qu’ils ne connaissaient pas.

– Je vois que tu as du monde, Madoka, remarqua la sœur de cette dernière.

– Bonjour, monsieur et madame Hamada, je suis Takashi Kasuga, annonça l’homme qui s’inclinant respectueusement devant le couple. Les Hamada lui rendirent la politesse.

– Bonsoir, monsieur Kasuga. Je ne crois pas avoir eu le plaisir de vous rencontrer, vous et votre fils...

– Oh, Kazuya n’est pas mon fils. Il est le fils cadet de ma belle-sœur.

– Ah ?...

L’épouse Hamada se tourna vers Madoka, le visage empreint d’interrogation. Mais Madoka détourna le regard, esquivant les questions muettes qui se bousculaient dans son esprit.

– En fait, je… balbutia-t-elle.

Surprise par le nombre restreint d’invités, la sœur de Madoka se tourna vers Takashi.

– Comment avez-vous fait la connaissance de ma sœur ? demanda-t-elle non sans curiosité.

– C’est mon fils Kyosuke, qui est l’ami de Madoka, répondit Takashi. Ils se sont rencontrés il y a quelques années au collège.

Monsieur Hamada sembla retomber en plein souvenir :

– Oh, cela me rappelle…

– Plus tard mon chérie, coupa sa femme. (Se tournant vers Takashi) Ah oui… Kyosuke… Maintenant je me souviens : il était avec Madoka il y a deux ans, lors de mon mariage à Hawaii [Tome 14, NDLR]. Il y a eu une histoire assez étrange, d’ailleurs… (Elle se tourna vers son mari.) Un enlèvement déguisé sous couvert de jeu romantique… Je n’ai jamais vraiment compris ce qu’il en était.

– Ma coccinelle, je… balbutia son mari, légèrement embarrassé.

– Heureusement que j’ai échappé à cela, le coupa-t-elle. (Elle se tourna vers Takashi.) Votre fils est-il ici ?

– Non, il… il est absent en ce moment.

– Et votre belle-sœur ?

– Non plus.

– Ah ?...

– Je n’ai invité que le père de Kasuga-kun et Kazuya, le fils de sa belle-sœur cadette, précisa Madoka, d’un air quelque peu gêné.

La sœur aînée trouva étrange que ce petit garçon et son oncle fussent les seuls invités à ce dîner. Normalement, ce Kyosuke et la mère de Kazuya auraient dû être présents.

– Je suis désolée, s’excusa-t-elle. Je semble avoir négligé quelques devoirs. Vous étiez sans doute en train de terminer le dîner, bien qui soit déjà très tard.

– En fait, nous n’avions pas encore commencé, rectifia Madoka d’un air gêné.

– Vraiment ? s’étonna sa sœur aînée. Il est pourtant très tard. Madoka, je sais que tu es toujours si méticuleuse, mais…

Elle interrompit sa phrase en entendant des bruits feutrés provenant du salon. Madoka, Takashi et Kazuya ressentirent alors une inquiétude croissante.

– Mais… il y a du monde dans le salon ? demanda madame Hamada. Avez-vous d’autres invités ?...

Sans attendre de réponse, elle s’avança vers la pièce en question. Madoka, jetant un coup d’œil à Kazuya, lui fit comprendre par un geste qu’il fallait faire preuve de prudence. Le petit garçon répondit par un regard déterminé, semblant vouloir faire de son mieux. Takashi perçut le malaise palpable entre eux.

La sœur aînée de Madoka entra dans le salon. Bien que l’endroit parût calme, une ambiance étrange l’assaillit. Les lampes allumées un peu partout semblaient brouiller sa vision. Elle se frotta les yeux, mais la gêne persistait. Était-ce de la poussière qui la dérangeait ?...

Son mari fit son entrée à son tour, éprouvant lui aussi une sensation de flou visuel. Il se frotta les yeux, comme s’il essayait de chasser une poussière inexistante.

– Ma chérie, n’as-tu pas l’impression que le salon est un peu… poussiéreux ? demanda-t-il.

– Il semble en effet que quelque chose ne va pas ici, admit sa femme, perplexe.

Elle se tourna vers Madoka, qui venait d’entrer en compagnie de Takashi et Kazuya.

– Madoka, je ne comprends pas ce qui se passe. Cela fait des mois que je n’étais pas venue ici, mais j’ai l’impression que le ménage n’a pas été fait, et que la maison... je ne sais pas... semble différente.

– Comment cela ? demanda Madoka, feignant l’innocence.

– Écoute, je sais ce que c’est de rester toute seule dans une grande maison, poursuivit sa grande sœur. Mais je ressens une gêne inhabituelle, comme si j’avais soudainement une sorte d’allergie dans le salon. C’est inédit pour moi.

– Vraiment ?... Souhaites-tu que j’aille chercher quelque chose pour toi ?

– Ce n’est pas nécessaire, Madoka.

Madame Hamada examina sa petite sœur et trouva son air particulièrement étrange.

– Bon, Madoka, explique-moi ce qui se passe, demanda-t-elle.

– Que veux-tu dire, Onēsan ?...

– Arrête d’être si formelle, Madoka. Je suis venue à la demande des voisins. Ils ont entendu des bruits anormaux dans la maison.

– Des bruits anormaux ?... Que veux-tu dire, exactement ?...

– Des bruits suffisamment forts pour que les voisins les entendent de chez eux.

– Je... je pense que tu as dû mal comprendre, fit Madoka en se forçant à sourire. Tu me connais : s’il y avait eu des cambrioleurs ici, je me serais occupée d’eux.

– Ce ne sont pas des cambrioleurs dont je parle, mais de bruits sourds dans la maison, des lumières étranges, des perturbations dans l’électricité...

– Ah bon ? intervint Takashi. Mon neveu et moi n’avons rien remarqué. Peut-être que Kazuya a allumé le son de la télévision trop fort… N’est-ce pas Kazuya ?

– Oui, oui, oncle Takashi, confirma le petit garçon en se grattant derrière la tête.

Madame Hamada était perdue, incapable de comprendre la situation. Ses yeux se posèrent alors sur la table de la salle à manger, où sept couverts étaient dressés.

– Je ne comprends pas, murmura-t-elle. Attendez-vous encore d’autres personnes ?...

Madoka se sentit de plus en plus mal à l’aise. Madame Hamada semblait omniprésente, scrutant chaque détail avec une précision presque policière.

– Heu…

Madoka entendit dans son esprit la voix de Kazuya :

« Mme Hamada devine qu’il y a quelque chose qui cloche ici ! »

Elle poussa un soupir de frustration.

– Peux-tu m’expliquer ce qui se passe, Madoka ? demanda sa sœur, de plus en plus sceptique.

– Madame Hamada, je vous assure que nous passons une soirée des plus amicales, intervint Takashi, visiblement inquiet.

Monsieur Hamada tenta à son tour de clarifier la situation :

– Mon sucre, je ne comprends pas tes inquiétudes, mais je…

Le téléphone se mit à sonner brusquement.

La tension était palpable dans la pièce, à l’exception de la sœur aînée de Madoka, qui restait impassible.

– Réponds, Madoka. C’est sûrement papa qui appelle à cette heure.

– Comment… le sais-tu ?...

– Le décalage horaire. Aurais-tu oublié qu’il appelle des États-Unis ?

Dans l’esprit de Madoka, une voix s’éleva :

« Ah, là, je crains que tu ne puisses plus rien faire. »

– Non… répondit Madoka.

– Tu ne veux pas décrocher ? s’étonna sa sœur.

– Je…

« C’est une catastrophe… »

Madame Hamada décrocha alors le téléphone.

– Mochi mochi ?...

Tous les regards étaient braqués sur elle, tandis que Takashi observait attentivement celle que l’on prenait pour Madoka, mais qui était en réalité Akane, usant de toutes ses compétences pour tromper deux personnes à la fois avec des illusions. Kazuya contribua à la supercherie en atténuant dans l’esprit des Hamada tous les bruits issus de la maison et ceux que provoquaient Kurumi et sa prisonnière. Cependant, cela ne semblait pas suffisant.

La sœur aînée de Madoka parla à son père qui était bien à l’autre bout du fil.

– Oui, papa… Oui, c’est moi… Tu m’entends ?... Oui, je ne sais pas pourquoi le son est si mauvais… Oui ?... Oui… La maison ?... Madoka ?... Très bien…

Elle tendit alors le combiné à Madoka.

– C’est papa. Il veut te parler.

Les mains tremblantes, Madoka prit le téléphone, hésitant à prendre la parole car sa voix ne serait assurément pas reconnue par monsieur Ayukawa.

– Que se passe-t-il, Madoka ? s’impatienta sa sœur. C’est papa, voyons.

– Je…

– Vas-y, parle-lui…

À la surprise générale, Madoka raccrocha.

– Ça ne sert à rien, oncle Takashi, lâcha-t-elle.

– Tu as fait ce que tu as pu, répondit-il. Toi aussi, Kazuya.

– Nani ? fit madame Hamada, interloquée.

Aussitôt, tout changea radicalement pour le couple Hamada. Madoka se métamorphosa en une jeune femme aux cheveux châtains et aux yeux de la même couleur.

– Par le Ciel !! s’exclama l’époux Hamada, incrédule, en levant ses lunettes pour s’assurer qu’il ne rêvait pas.

Mais la véritable stupeur vint ensuite : une partie du salon se mit à vibrer intensément, révélant une scène terrifiante pour les Hamada. Ils virent Madoka, vêtue d’une combinaison de moto sombre, en suspension dans les airs, face à une jeune fille qui semblait la maintenir à distance par une magie inconnue. Les voix des deux jeunes femmes parvinrent aux oreilles des Hamada. Madoka hurlait à la fois de douleur et de rage face à Kurumi, dont l’emprise se renforçait de manière toujours plus inquiétante. La maison, quant à elle, émettait des bruits étranges, comme si ses propres fondations se tordaient de l’intérieur.

Cet ensemble de visions soudaines perturba le couple Hamada au plus haut point.

– Mais… mais… Madoka ! hurla l’épouse. Madoka ! Quelle horreur !... Que se passe-t-il ?...

Takashi s’approcha d’elle.

– Madame Hamada, gardez votre calme, je vous en prie.

Son époux, l’air menaçant, s’avança vers lui et retint son col de chemise.

– C’est… c’est vous qui faites cela ?

– Qui êtes-vous ? Que faites-vous à ma petite sœur ? cria l’épouse, effrayée.

Elle tenta alors de se rapprocher de Madoka pour la libérer, mais une force invisible la repoussa en arrière et la déséquilibra.

– Ma tourterelle ! hurla son mari.

Il relâcha Takashi et accourut vers sa femme tombée au sol, pour l’aider à se relever.

– Vous ne pouvez rien faire, expliqua Takashi. Nous n’avons aucun contrôle, mais nous avons une solution.

La sœur de Madoka se redressa, le visage marqué par la colère.

– Que faites-vous à ma petite sœur ?! réitéra-t-elle.

– Ce n’est pas la Madoka que vous connaissez, répondit Takashi.

– Je… je vous préviens : je vais appeler la police ! décida-t-elle en se précipitant vers le téléphone.

Mais Kazuya, plus rapide, avait déjà arraché les fils de l’appareil.

– Petit ! Comment oses-tu ? s’exclama la femme.

Elle se tourna alors vers Takashi, qui restait impassible et fonça vers lui.

– Êtes-vous des criminels retenant ma sœur en otage ? Qui êtes-vous ?

– Vous vous méprenez, madame Hamada. Je vous en prie, écoutez-moi. Nous sommes de la famille Kasuga. Mon fils Kyosuke est l’ami de votre sœur Madoka. Son petit ami, d’ailleurs…

– Quoi ?... Madoka est… avec votre fils ?...

– Oncle Takashi, tu n’avais pas à préciser cela ! fit Akane.

– Hum… Ce n’est pas le plus important, admit-il. Le plus important est d’attendre leur retour.

– Leur retour ?... fit l’épouse Hamada.

– Oui, leur retour. Ils sont en voyage, si l’on peut dire.

– En voyage ?... Mais vous délirez, ma parole ! Ma sœur est ici, souffrante ! Faites quelque chose !

– Celle que vous voyez là est une autre Madoka, issue d’une dimension parallèle à la nôtre. Je vous répète qu’elle n’est pas votre sœur. Votre véritable sœur est dans sa propre dimension à elle.

N’y comprenant rien, l’épouse Hamada écarquilla ses yeux comme jamais.

– Vous… vous êtes fou… Vous êtes tous fous ici !

– Ma libellule, je crois… nous… nous devons nous enfuir d’ici ! fit son mari, de plus en plus inquiet.

– Tu as raison ! admit sa femme. Appelons de l’aide depuis l’extérieur ! Partons d’ici ! Vite !

Elle se tourna vers sa petite sœur une dernière fois :

– Je reviens avec des secours, Madoka !

La femme tenta alors d’avancer vers la sortie, mais une secousse se propageant dans les murs, plus violente que les précédentes, la fit vaciller.

– Je crains qu’il ne soit trop tard, maintenant, dit Takashi avec gravité.

Le couple parvint à atteindre l’entrée, mais la porte demeura obstinément fermée.

– Ouvre cette porte, espèce d’idiot ! s’exclama nerveusement madame Hamada à son mari.

– Je… je ne comprends pas, répondit son époux avec effort. La serrure est déverrouillée, pourtant la porte refuse de s’ouvrir !

Prise de panique, madame Hamada désigna une chaise du doigt.

– Prends cette chaise, là, et brise les vitres de la fenêtre !

– Ma luciole, tu veux que je casse une vitre ?...

– Fais-le !

Obéissant, l’homme saisit la chaise et la lança contre la vitre d’une fenêtre près de l’entrée. Étrangement, la chaise rebondit juste avant de toucher sa cible, et s’immobilisa au sol.

– Nani !?...

Désespéré, il reprit la chaise et tenta vainement de frapper la vitre avec toutes ses forces.

– Tu n’es qu’un bon à rien ! lança sa femme.

Ne sachant pas s’il devait rire ou non en observant cette scène à distance, Kazuya se tourna vers Takashi :

– Oncle Takashi, il semble que cousine Kurumi ait complètement verrouillé la maison. Il est désormais impossible d’y entrer ou d’en sortir.

– Oui, nous avons maintenant atteint le point de non-retour, répondit Takashi d’un ton grave.

– Où est donc Kyosuke ? se demanda Akane, inquiète. Il aurait dû revenir ici depuis longtemps. Même son double n’est pas revenu ici !

– Oui, c’est incompréhensible ! s’exclama son petit frère.

Totalement paniqué, le couple Hamada revint vers les Kasuga.

– Qu’avez-vous fait à cette maison ? hurla la sœur de Madoka. Qui êtes-vous ? Et qui est cette fille grimaçante qui menace ainsi ma petite sœur ?

– Madame Hamada, je vous prie de vous calmer, tenta Takashi.

– Je ne vais pas me calmer si vous me parlez aussi calmement !

– C’est dans ma nature d’être calme : je suis habitué au Pouvoir.

– Au quoi ?...

– Je vous expliquerai plus tard… si nous survivons à cela.

– Hééé ?! s’exclama monsieur Hamada. Vous voulez dire ?…

– Oui, la maison qui tremble… Nous n’avons aucun contrôle sur cela.

– Que dites-vous ? s’exclama la sœur de Madoka, non sans appréhension.

– C… Cette maison est-elle hantée ? fit son mari effrayé.... Y aurait-il des fantômes, ici ?... Êtes-vous tous des fantômes ?...

– Mais ne dis pas de bêtises ! rétorqua sa femme. Les fantômes n’existent pas !

Takashi n’eut pas le temps d’intervenir. Une vibration étrange se manifesta entre lui et le couple Hamada. Une forme humaine commença à se matérialiser devant eux. Incrédules et terrifiés, ils reculèrent immédiatement.

– Il… il y a vraiment des fantômes ! s’écria monsieur Hamada, plus terrifié que jamais.

Takashi retrouva espoir : il s’agissait d’un retour venu de l’autre dimension parallèle. Cependant, il semblait qu’une seule personne avait franchi le seuil. Qui était-ce ?... Pourquoi cette matérialisation était-il si lente ?...

Les yeux du groupe s’écarquillèrent lorsqu’ils découvrirent qu’il s’agissait d’Hikaru qui parachevait sa totale réintégration dans le salon. Cette dernière émit un cri de surprise en réalisant où elle se retrouvait.

– Hikaru ! s’exclama Akane.

Madame Hamada balbutia des incohérences, après avoir vu apparaître de nulle part une personne inconnue dans le salon de la maison de ses parents.

– Mais… mais… c’est complètement fou ! s’écria-t-elle.

– Est-ce un fantôme ?... articula son mari, abasourdi.

En observant les vêtements et l’apparence de la jeune fille, Takashi comprit qu’il s’agissait de la Hikaru issue de l’autre univers. Pourquoi était-elle revenue ici ?...

Il se précipita vers elle, car elle semblait complètement désorientée.

– Hikaru ! Tu es revenue !

La jeune fille balbutia des mots incompréhensibles.

– Je… je… le vide !... La beauté !... l’intersidéral !...

Takashi ne comprit rien à ce flot de paroles.

– Hikaru… reviens à toi ! Je t’en prie !

– Le vide !... Kyosuke ! continua Hikaru, comme habitée.

– Oui ! Kyosuke. Où est Kyosuke ?... Pourquoi es-tu revenue seule ?...

Les yeux de Hikaru semblèrent émerger d’un état de transe, son esprit peinant à revenir à la réalité. Elle s’écria alors, avec une lueur folle dans le regard :

– Kyosuke !!...

– Hikaru, que s’est-il passé ?... Reviens à toi !

Finalement, les larmes naissant au niveau de ses yeux, Hikaru fixa Takashi, semblant lentement reprendre conscience.

– Kyosuke ! Il… il est resté là-bas !

– Comment cela ? s’enquit Takashi. Que veux-tu dire ?...

– L’intersidéral !... L’entre-mondes !... Il est resté là-bas !...

La surprise fut de taille pour Takashi, Akane et Kazuya.

– Ciel ! fit l’homme. Toi et lui n’avez pas pu atteindre l’autre dimension ?... Ta dimension ?...

– Impossible ! s’écria Hikaru, la voix tremblante. Nous sommes restés coincés entre les dimensions… Les visions de cet endroit ont empli mon âme d’une terreur indescriptible ! Mon esprit a failli se perdre là-bas !...

La jeune fille s’effondra en larmes, enfouissant son visage dans ses mains.

Takashi leva les yeux, la stupeur se mêlant à l’angoisse. Ses pires craintes se confirmaient. Les énergies déchaînées de Kurumi avaient commencé à fracturer le rift interdimensionnel, empêchant tout voyageur d’atteindre sa destination. Hikaru était revenue de force grâce à l’attraction de Kurumi. C’était terrible. Kyosuke était-il resté coincé entre deux mondes ?... Pourquoi ne revenait-il pas, lui aussi, de force ?...

– Oncle Takashi… demanda Akane, inquiète.

– Kyosuke… Il n’est pas revenu avec Hikaru, dit-il.

– Tu veux dire qu’il est vraiment perdu quelque part ?...

– Il… il est coincé entre les dimensions. Sinon, son double serait déjà réapparu ici. Ou lui-même.

– Mais ce n’est pas possible !... Oncle Takashi, Kyosuke était… Il était…

– … notre dernière chance. Oui…

Akane sombra dans le désespoir. Cette soirée, qui avait commencé par une simple invitation à dîner chez Madoka, s’était transformée en cauchemar. La maison tout entière était devenue une prison. Kurumi, désormais inaccessible, libérait petit à petit un pouvoir incontrôlable autour d’elle dont on ignorait l’ampleur. Et Kyosuke, le seul capable de voyager entre les mondes, ne pouvait plus rejoindre l’autre dimension pour trouver une solution à la crise.

Kazuya, d’ordinaire prompt à se moquer de Kyosuke, se trouvait maintenant sans mots pour exprimer sa tristesse. L’absence de son cousin créait en lui un grand vide. Ressentant la détresse de sa grande sœur et de son oncle Takashi, il laissa des larmes couler sur ses joues.

– Cousin Kyosuke, reviens !... s’écria-t-il, la voix pleine de désespoir.

 

 

 

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#476 CyberFred

CyberFred

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Posté 03 août 2024 - 18h17

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 29 – Bienvenue !

 

Précédemment, dans « Kimagure Orange Road – La Première Marche »

Après avoir découvert et adopté un chat dans une dimension parallèle étrangement similaire à la sienne, Manami franchit le seuil d’un mystérieux portail apparu soudainement au sommet du grand escalier.

 

Manami avait perdu depuis longtemps la notion du temps. Combien d’heures s’étaient écoulées depuis qu’elle avait franchi ce portail apparu devant elle ? Sans montre, elle n’avait aucun repère.

Dès qu’elle avait franchi ce portail, elle fut confrontée à un phénomène étrange : elle se retrouva propulsée dans une dimension où l’attendait… le même escalier. Elle ne revenait pas à son point de départ, mais franchissait des Sphères pour arriver tout en haut d’un grand escalier, identique au précédent. L’architecture restait la même, mais la végétation environnante différait, prouvant sans aucun doute qu’elle arrivait à chaque fois dans une toute nouvelle dimension.

Combien de seuils avait-elle franchis depuis le premier ? Manami avait cessé de les compter. Chaque nouvelle destination faisait apparaître un nouveau portail au bout de cinq à dix minutes. Elle hésitait cependant à s’éloigner de ces phénomènes, craignant qu’ils ne disparaissent à jamais et qu’elle ne puisse jamais rentrer chez elle. Son chez-elle lui manquait. Son absence avait certainement alarmé et inquiété tous ses proches. Mais, hélas, il n’y avait aucun moyen de leur transmettre un message.

En réalité, ce qui lassait le plus Manami, c’était qu’à chaque nouvelle destination, il n’y avait jamais âme qui vive. Normalement, même si elle savait le grand escalier peu emprunté, la jeune fille estimait qu’elle aurait dû croiser des gens, même des inconnus, comme de simples passants, et de ne pas se sentir seule. Certes, la présence à ses côtés de son petit animal, fidèle compagnon de voyage, était réconfortante. Le chat, quant à lui, était heureux d’avoir trouvé quelqu’un pour s’occuper de lui, mais cela n’était pas suffisant pour Manami. Elle voulait que son voyage ait un but, une raison d’être, avant un retour chez elle.

Combien de temps tout cela allait-il durer ? Elle ne contrôlait pas sa destination. Elle semblait suivre un parcours dont elle ignorait la finalité et le sens. Comment arrêter cette série de voyages ?… Comment rentrer chez elle ?… Pour l’instant, la jeune fille gardait espoir, mais viendrait un moment où des questions plus graves se poseraient. Le chat, blotti dans ses bras, ne semblait pas se plaindre de la situation ou du manque de nourriture. Manami se promit de lui offrir quelque chose à boire à la première occasion.

Elle arrivait systématiquement de jour, tout en haut des marches du grand escalier, alors que dans son propre univers la nuit était tombée depuis longtemps. Les mondes parallèles ne suivaient donc pas une certaine logique de similitude des cycles planétaires. Évidemment, pour l’instant, les mondes qu’elle visitait semblaient toujours être la Terre. Cependant, elle priait pour que chaque nouveau voyage ne la conduise pas dans un monde dangereux ou irrespirable, ce qui jusqu’à présent, n’avait pas été le cas.

La venue systématique des portails n’était pas fortuite, Manami en était de plus en plus persuadée. Quelque chose ou quelqu’un les plaçait là dans un but précis. Mais lequel ?… Franchir un portail menait toujours à une sorte de « retour » en haut des marches, sous un temps différent, mais généralement clément. Si ces portails apparaissaient de manière contrôlée, quel intérêt y avait-il à conduire Manami dans des lieux « identiques » ? C’était inexplicable…

À moins que…

Manami fit appel à sa mémoire. Elle revisita tout son parcours depuis le début, depuis qu’elle avait pris le chapeau de paille rouge de Madoka entre ses mains. Elle devait récapituler, déduire, découvrir ce qui la maintenait ici, maintenant. Pourquoi ce « blocage » dans ses voyages ? Tout d’abord : le chapeau de paille rouge. Sans lui, il était impossible de partir ailleurs. Dotée du Pouvoir, Manami avait fait réagir le chapeau de manière étonnante dès le début. Des flashes lui montraient Madoka récupérant inlassablement son chapeau de paille rouge, seule. Sans Kyosuke. Puis, ce voyage interdimensionnel l’avait menée dans une réalité presque similaire à la sienne, où Madoka était avec quelqu’un d’autre : Kenji Hiyama, le frère de Hikaru. Pourquoi cette dimension-là, précisément ? Ensuite, il y eut cette autre dimension où elle rencontra un chat abandonné en haut des marches du grand escalier. Ce chat au pelage roux était seul et avait accepté d’être adopté par Manami. Puis, vint ce premier mystérieux portail apparu devant elle, toujours en haut des marches. Désireuse de poursuivre son chemin, Manami l’avait emprunté, mais elle se retrouvait à chaque fois dans une autre réalité où les mêmes marches l’attendaient, sous des végétations différentes, avec des quartiers de maisons changeants autour et en bas de la Colline, à chaque voyage. Cependant, le parc de jeux, avec ses espaces de sable, toboggans et balançoires, demeurait toujours identique, ainsi que la résidence où elle habitait. Pourquoi cette fixité récurrente entre sa demeure, l’aire de jeux et le grand escalier ?

C’était incompréhensible.

Ainsi, franchir portail après portail sans recourir à son Pouvoir, ni au chapeau de paille rouge, conduisait-il ainsi à « tourner en rond » ?… Cela semblait probable. Manami se convainquit alors que ce portail fonctionnait comme un outil : sans chemin précis à suivre, il stagnait. Mais quel était le chemin véritable ? Le retour à sa dimension d’origine ?… Si tel était le cas, quel était le sens à tout ceci ?… Quel devait être la vraie destination qui révélerait enfin le but de ses voyages ?…

Un nouveau portail se reforma devant elle. Sans plus attendre et avec une détermination renouvelée, Manami ferma les yeux, puis se concentra de toutes ses forces. Elle n’avait pas fait cela auparavant. Elle sentit l’énergie vibrante de son Pouvoir, en résonance avec le chapeau de paille rouge, se rassembler en elle, prête à percer le voile des dimensions, pour une ultime tentative. C’était à elle de diriger son propre voyage. Elle franchit le seuil, désigné « outil » pour elle.

La réalité commença à se distordre autour d’elle, les couleurs se mêlaient, les sons se transformaient en murmures lointains et indistincts. Elle savait qu’elle voyageait à nouveau, véritablement. Un vertige la saisit, et elle ouvrit les yeux pour découvrir un couloir d’énergie pure, un tunnel éblouissant aux parois de lumière liquide.

C’était totalement nouveau.

Ce tunnel interdimensionnel était à la fois effrayant et captivant. Des éclairs de lumière blanche et des pulsations d’ombre s’y entrecroisaient, créant un spectacle hypnotique. Se laissant porter par le flot, Manami avançait, sentant la réalité se plier et se tordre autour d’elle. Elle percevait des fragments de mondes défiler à ses côtés, comme des images fugaces, aperçues brièvement et aussitôt oubliées, tant son esprit peinait à intégrer toutes ces visions étranges.

Blotti dans ses bras, le chat ne montrait aucun signe de peur, comme s’il savait que sa maîtresse finirait par trouver ce qu’elle cherchait. Manami inspira profondément, puis, rassemblant toutes ses forces, elle poussa un cri silencieux dans le tissu même du multivers. Un éclat de lumière la submergea, et elle sentit une traction irrésistible la tirer vers l’avant.

Soudain, le tunnel s’évanouit. Manami se retrouva face à un escalier dont le sommet n’était qu’à quelques marches.

Cet escalier était… différent.

Le contraste entre le dernier voyage tourbillonnant et la sérénité des lieux était saisissant. Au-dessus d’elle, un ciel automnal s’étendait, teinté de bleu pâle et de doré, tandis que le soleil déclinait lentement derrière les arbres. Une brise fraîche portait l’odeur de la terre et des feuilles mortes, un rappel tangible qu’elle était enfin de retour dans un monde plus familier. Mais où était-elle ?… Ce n’était certainement pas la Colline près de chez elle. Ce n’était pas le même escalier. Tout le paysage avait changé. Comment cela se faisait-il ?...

Le chat était toujours blotti dans les bras de Manami. La jeune fille observa l’escalier de pierre qui s’étendait devant elle, son regard se portant vers le sommet des marches. Elle ressentit une étrange sensation de déjà-vu, comme si cet endroit l’avait appelée à travers les dimensions.

Avec une curiosité renouvelée, Manami commença à gravir les marches restantes. À la différence du grand escalier de la Colline, celui-ci possédait une rampe centrale pour agripper ses mains. Elle sentait les feuilles craquer sous ses pieds, les quelques rayons du soleil tentant de s’infiltrer entre les mailles les plus distendues de son chapeau de paille, tandis que le chat bougeait légèrement dans ses bras, curieux de ce qui les attendait en haut. Arrivée au sommet, Manami s’arrêta, reprenant son souffle. Devant elle, s’étendait un ensemble de végétation, des arbres et de la verdure luxuriante. Elle ressentit soudain un lien profond avec cet endroit.

 

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L’automne avait peint la végétation d’une palette de couleurs chaudes et apaisantes. Les érables japonais, parés de feuilles d’une teinte orangée, se mêlaient aux ginkgos aux feuillages dorés, dont l’éclat illuminait doucement le paysage. En cette saison, la nature se drapait de teintes flamboyantes, déclinant un spectre allant du rouge vif à l’orange et au jaune. Les grands cèdres et pins, majestueux et immuables, offraient un contraste saisissant avec la vivacité environnante.

Manami marchait lentement sur un chemin pavé de feuilles orange, écoutant le chant des oiseaux se mêler au murmure lointain de la ville, à peine perceptible en ces lieux. Elle se surprit à penser à son père, Takashi, passionné de photographie, qui aurait savouré ce moment, en capturant la beauté de ces paysages.

En tournant la tête sur la droite, Manami aperçut un large panneau qui attira son attention. Elle s’approcha pour découvrir une carte des lieux indiquant : « Parc du château de Takaoka ». Saisie de surprise, elle recula instinctivement. Takaoka ?… Takaoka se trouvait à près de 300 km de Tokyo. Avait-elle voyagé dans l’espace ?… Mais sa surprise ne s’arrêta pas là : le panneau affichait également des horaires actualisés de visite pour certains lieux du parc, et indiquait que c’était l’automne 1983. 1983 !… Cinq ans en arrière !… Avait-elle aussi voyagé dans le temps ? Comment cela était-il possible ? Pourquoi ?… Elle n’avait rien fait de particulier pour se retrouver ici.

Gardant son sang froid, puis regardant la carte détaillant les lieux et les principaux points d’intérêt, Manami tourna alors sa tête sur sa droite. Sa vision fut accueillie par un panorama saisissant non loin d’elle : en contrebas, la ville de Takaoka s’étirait jusqu’à l’horizon, baignée dans la lumière douce du crépuscule. Les montagnes lointaines se découpaient en ombres pourpres contre le ciel doré. Manami prit un moment pour s’imprégner de la vue, laissant un sentiment de calme et de paix l’envahir, jusqu’à laisser retomber la tension. Là, surplombant la ville, Manami se sentit transportée hors du temps. Le vent léger faisait danser quelques mèches de ses cheveux bleus nuit sous son chapeau, tandis que son regard se perdait dans l’immensité de ce tableau paisible. Elle s’imagina ce même paysage, des siècles plus tôt, lorsqu’un château se dressait fièrement sur ces terres.

Se retournant vers le fond du parc, et ne voyant pas de portail s’ouvrir pour la porter ailleurs, Manami décida de faire une pause, et de marcher. Après tout, elle sentait avoir contrôlé son voyage, quoi que… Sans doute de nouveaux portails ne viendraient-ils plus ?…

Ainsi, après tous ces voyages interdimensionnels, Manami décida de s’aventurer sans but précis en ces lieux, espérant se perdre dans la beauté d’un paysage inconnu et éveiller les souvenirs gravés dans les pierres et les feuilles. Elle en avait bien besoin. La jeune fille marcha lentement vers le centre du parc, savourant chaque pas sous lequel des feuilles teintées d’orange avaient terminé leur envol, chaque détail du paysage, avec ce sentiment étrange et diffus d’avoir trouvé un endroit spécial, un lieu où l’histoire et la nature se rejoignaient harmonieusement.

Les chemins serpentant autour du parc étaient bordés de haies de bambous et de buissons soigneusement taillés. Manami a toujours ressenti un lien profond avec la nature. Tout comme pour sa mère, autrefois. Pour la jeune fille, les arbres n’étaient pas seulement des témoins silencieux de l’histoire, mais des gardiens du temps, murmurant des récits oubliés de ceux qui les avaient précédés.

Le chat dans ses bras tendait de temps à autre une patte curieuse vers les feuilles qui dansaient au gré du vent léger. Le chemin conduisit Manami finalement vers un petit lac, miroir calme et serein entouré d’arbres dont les branches se penchaient amicalement vers l’eau. Les nénuphars flottaient à la surface, formant un tapis vert et blanc, où quelques feuilles mortes ajoutaient une touche mélancolique au décor.

Manami s’arrêta au bord du lac, s’accroupissant pour mieux observer le reflet des arbres sur l’eau et la danse des éclats du crépuscule s’y baignant. Le chat, intrigué, se pencha lui aussi, reniflant l’air avec curiosité, tout en découvrant son propre reflet. La jeune fille esquissa un sourire en le voyant si captivé par ce qu’il découvrait. Le calme du lac, interrompu seulement par quelques poissons qui faisaient onduler sa surface, offrait un moment de paix absolue.

Le parc était désert, la saison avancée de l’automne ne se prêtant guère à la contemplation. Au printemps, les visiteurs affluent pour admirer la floraison des sakura, événement naturel majeur de ces lieux. Pourtant, Manami refusait de cantonner la beauté du parc à une seule saison. Pour elle, chaque période de l’année méritait d’être célébrée dans ce cadre enchanteur. Certes, l’air devenait frais en cette saison automnale, mais c’était aussi un moment idéal pour découvrir le parc sous un autre visage.

Poursuivant sa promenade, Manami emprunta un autre chemin qui contournait le lac, menant vers une petite colline. À mesure qu’elle avançait, elle pouvait apercevoir la base des fondations du château démantelé il y a longtemps, ainsi que les vestiges des anciennes douves, maintenant recouvertes de végétation. Les pierres, érodées par le temps, portaient les marques d’une histoire riche et tumultueuse. Elle posa une main sur l’une d’elles, fermant les yeux un instant pour ressentir les siècles d’histoire qui imprégnaient ces murs. À cet instant, elle s’imagina être une dame d’une autre époque, arpentant ces mêmes chemins, enveloppée dans la robe somptueuse d’une époque révolue. Le parc, autrefois terrain du château, semblait respirer d’une vie propre, un mélange subtil de nature et d’histoire qui, en cette fin de journée, paraissait vibrer en harmonie.

Au sommet de la colline, elle découvrit un petit sanctuaire, simple, mais empreint de sérénité. Les torii rouges qui marquaient l’entrée étaient partiellement couverts de mousse, leurs couleurs se fondant presque dans le décor automnal. Personne ici non plus. Manami s'inclina respectueusement devant l’autel, fermant les yeux pour adresser une prière silencieuse, implorant des auspices radieux pour son voyage. Le chat, toujours blotti contre elle, semblait avoir compris la solennité du moment, restant immobile et silencieux.

En redescendant de la colline, elle continua à explorer les recoins du parc, chaque détour révélant un nouveau panorama, une nouvelle perspective sur cette terre ancienne. Les chemins sinueux, bordés de fougères et de petites fleurs sauvages, la guidaient à travers des bosquets d’arbres centenaires, dont les branches s’entrelaçaient pour former des voûtes naturelles.

Alors que le crépuscule montrait ses derniers rayons de soleil, cédant lentement sa place à la nuit, Manami se retrouva de nouveau au bord du lac. Les oiseaux achèvent leur chant du soir. Les premières étoiles commençaient à scintiller dans le ciel, leur reflet se dessinant délicatement à la surface de l’eau. Une sérénité tranquille descendit sur la terre. C’était comme si le passé et le futur se rencontraient dans un présent éphémère et sublime.

La jeune fille s’assit sur un banc de pierre, tenant le chat près de son cœur, le regard semblant perdu dans la magie des lieux. Manami savait que ce moment de sérénité resterait à jamais gravé dans sa mémoire. Elle repensa aux générations qui avaient parcouru ce même sol, aux histoires qui s’étaient déroulées entre ces arbres. Elle se sentit humble et reconnaissante de pouvoir à son tour ajouter un fragment à l’histoire du parc du château de Takaoka.

Des lampadaires, conçus pour s’intégrer harmonieusement au cadre naturel du parc, s’allumèrent alors çà et là dans tout le parc. En se levant du banc pour quitter le parc, car il était tard, Manami jeta un dernier regard sur les douves, les arbres et le lac, emportant avec elle l’essence de ce lieu unique.

Guidée par les lumières des lampadaires, et tandis qu’elle s’approcha des premières marches de l’escalier par lequel elle était arrivée, un coup de vent soudain fit s’envoler son chapeau de paille rouge.

– Non ! s’écria-t-elle, saisie d’effroi. Oh non ! Pas encore ?!…

Le chapeau tourbillonna dans l’air, descendant les marches avec une légèreté presque surnaturelle. Manami, toujours surprise, le regarda impuissante.

Quelques marches plus bas, un jeune homme, habillé simplement mais avec une élégance naturelle, attrapa le chapeau au vol avant qu’il ne s’abîme sur le sol. Il contempla quelques instants cet étrange chapeau, puis avec un sourire aimable, il commença à remonter les marches vers la jeune fille qui le regardait avec étonnement. En atteignant le sommet, le jeune homme tendit le chapeau à Manami, son sourire se faisant plus large.

– Votre chapeau, mademoiselle, dit-il avec courtoisie.

Manami était pétrifiée par la scène. Comme pour Madoka, il y a des années (en réalité, dans quelques mois), Manami venait de perdre son chapeau de paille juste aux abords des premières marches d’un escalier. Un jeune homme l’avait attrapé. Comment une telle coïncidence pouvait-elle se produire ? De plus, c’était la deuxième fois qu’elle perdait son chapeau à cause d’un coup de vent, et comme la fois précédente, quelqu’un le récupérait toujours avant qu’il ne touche le sol.

Le jeune homme devait être dans la première moitié de sa vingtaine. Tout comme Manami, il portait des lunettes et avait un regard assez expressif.

Après une hésitation, la jeune fille rougit légèrement en prenant enfin son chapeau que le jeune homme lui tendait avec un sourire.

– Merci beaucoup, dit-elle avec un sourire timide, en le replaçant sur sa tête avant de s’incliner. Je pensais l’avoir perdu.

– Ce serait dommage car il vous va très bien, fit le jeune homme toujours souriant. Vous visitez ce parc pour la première fois ?

– Oui, je suis venue ici par curiosité et je ne savais pas trop à quoi m’attendre, avoua Manami. Mais c’est encore plus beau que je ne l’imaginais.

– Le parc du château de Takaoka a une façon unique de toucher les cœurs de ceux qui le visitent, fit le jeune homme doucement. Mais je manque à tous mes devoirs. Je m’appelle Kazuya. Enchanté de faire votre connaissance.

Il s’inclina selon le protocole japonais.

– Manami, dit-elle en souriant et en s’inclinant à son tour pour lui rendre la politesse. Enchantée. J’ai un petit cousin qui porte votre prénom.

Ils échangèrent alors quelques mots supplémentaires sur la beauté du parc, les couleurs de l’automne et les histoires que les pierres et les arbres semblaient raconter. Manami avait plaisir à parler enfin avec quelqu’un. Son chat, toujours blotti contre elle, regardait curieusement ce jeune homme, ajoutant une touche de douceur à la scène.

– Il est gentil votre petit chat, remarqua ce dernier.

– Je l’ai adopté récemment, fit Manami.

– Je songeais récemment aussi à en adopter un, un jour. Cela apaise un foyer où l’on recherche l’inspiration.

– L’inspiration ?… Vous la cherchez ici ?

– Haï ! [« Oui », NDLR] Je suis né dans cette ville, et je sais qu’ici, en ce parc, je peux trouver une inspiration pour mes histoires.

– Vos histoires ?…

– Haï ! Je suis mangaka. Enfin… je cherche à le devenir.

– Vous dessinez ?… Vous savez, je ne suis pas très manga. Je n’y connais pas grand-chose, j’avoue…

– Cela n’est pas grave, fit Kazuya en souriant. Je n’ai probablement pas besoin de vous dire que l’inspiration peut revenir à tout moment, quel que soit l’art pratiqué.

Les yeux de Manami s’écarquillèrent.

– Vous avez perdu l’inspiration ?…

La jeune fille regarda alors le jeune homme plus en détail. Dissimulé derrière ses lunettes, son regard semblait refléter à la fois la profondeur de sa créativité et une touche de mélancolie. Ses yeux, souvent concentrés et perçants, trahissaient un esprit en constante ébullition, toujours en quête d’inspiration pour les œuvres qu’il tentait de faire naître. Derrière les verres, on pouvait discerner une flamme vive, celle de la passion et de l’ardeur d’un jeune artiste dévoué à son art. Ses lunettes, au style discret mais fonctionnel, ajoutaient une touche d’intellectualité à son apparence, encadrant des yeux qui observaient le monde avec une curiosité insatiable et une sensibilité rare.

– Mon éditeur me soutient dans mes nouveaux projets, expliqua Kazuya avec un air de gratitude. Il me guide avec un travail acharné, ce qui est crucial pour moi, car je suis encore nouveau dans ce milieu. Récemment, je lui ai présenté une nouvelle idée, mais il m’a fait comprendre que je devais chercher ailleurs. Pas dans des hangars sombres de bikers, mais à l’extérieur, dans la nature, au sein d’une architecture atypique.

Manami songea que ce mangaka venait de prononcer le mot de « bikers ». Or, dans la dimension où Madoka était différente de celle qu’elle connaissait, il y avait ce Kenji Hiyama, qui avait clamé être chef d’une bande de bikers de Yokohama. Étrange coïncidence…

– Vous risquez d’être déçu, fit remarquer Manami avec un sourire. Ici, le château n’existe plus. Il ne reste que des douves recouvertes de végétation. Mais, vous pourriez toujours créer une histoire féodale où le château de votre ville natale est encore debout.

L’homme éclata de rire, surprenant Manami.

– Pardon, je n’ai pas pu m’empêcher de rire, dit-il en essayant de se contenir.

– Ce n’est rien, répondit-elle en souriant aussi.

– En réalité, je souhaite raconter une histoire qui résonne avec la jeunesse de notre société actuelle. Une histoire contemporaine, ancrée dans le présent, qui parle aux jeunes et qui puisse répondre à leurs aspirations.

– Ah, mais dans ce cas, ce n’est plus un château dont vous avez besoin…

– Ah bon ?…

Elle désigna les marches de l’escalier qui se trouvaient juste là.

– Vous avez simplement besoin d’un escalier comme celui-ci, offrant une vue dominante sur la ville, expliqua Manami avec une satisfaction presque palpable. La jeunesse, comme dans la vie, est comme une ascension vers un sommet et un but à atteindre.

Émerveillé par ces paroles, l’homme se retourna pour contempler de nouveau l’escalier. Bien que sa simplicité architecturale fût évidente, une nouvelle étincelle d’inspiration s’éveilla en lui. Il percevait déjà le potentiel d’un moment précieux qui pourrait se dessiner sur ces marches discrètes.

– Et la simplicité du lieu peut engendrer une série d’événements profondément significatifs ! déclara-t-il avec enthousiasme.

– Exactement… Et le reste suivra… ajouta Manami, alors qu’elle parlait encore derrière lui.

Ces mots positifs résonnaient en l’homme, éveillant quelque chose de nouveau dans son esprit.

– Mademoiselle, vous avez eu pour moi une idée qui pourrait…

Il se retourna pour finir sa phrase, mais se tut soudain. À sa grande surprise, Manami avait disparu de l’endroit où elle se trouvait, ainsi que le chat qu’elle portait dans ses bras. Comment était-ce possible ?…

L’homme était déconcerté. Il était impensable que quelqu’un disparaisse aussi rapidement.

– Manami-san ?…

Son regard fut attiré par un objet au sol, précisément à l’endroit même où Manami se tenait juste avant de s’évanouir dans les airs. C’était son chapeau de paille rouge, abandonné là, sur des feuilles orange. Comment avait-elle pu partir sans son précieux chapeau ?… Il le ramassa, retrouvant la texture familière de l’objet écarlate qu’il avait touché la première fois.

Cherchant à rendre le chapeau à Manami, il scruta les alentours, l’appelant encore, alors que la nuit commençait à envelopper pleinement les lieux. La jeune fille mystérieuse, avec son chat dans les bras, avait bel et bien quitté les lieux… comme par magie… « Magie »… Ce mot résonna profondément en Kazuya. Une œuvre destinée à la jeunesse d’aujourd’hui ne pouvait se contenter d’être simplement romantique ou comique. Elle devait aussi offrir une part de fantaisie, illuminant le cœur d’un enfant qui croit encore à la magie. La magie pouvait parfaitement s’intégrer à l’histoire… Ainsi qu’un certain chapeau de paille rouge, qui sait ?…

L’homme sourit, puis éclata de rire. Il faisait maintenant trop sombre pour explorer les ruines du château, mais l’escalier suffisait amplement. Il redescendit les marches, heureux d’avoir rencontré une muse et le chapeau qu’elle lui avait laissé. Il la remercia intérieurement. Il lui serait impossible de revenir ici demain, au cas où la jeune fille reviendrait ici pour venir récupérer son chapeau. En effet, il n’était que de passage à Takaoka, et devait rentrer à Tokyo demain matin pour entamer une nouvelle œuvre inspirée.

Un jour, il reviendrait ici…

 

Manami ne comprenait pas ce qui venait de lui arriver. Alors qu’elle écoutait le jeune mangaka, en proie à un manque d’inspiration, lui parler de l’escalier qu’elle lui avait suggéré comme idée, elle se sentit soudainement transportée ailleurs, sans pouvoir rien y faire. Quelque chose de différent venait de se produire. Aucun portail ne s’était manifesté pour l’inviter à franchir le seuil. Au contraire, elle avait été directement prise en charge, presque contre son gré.

Cette fois, Manami se tenait sur ses gardes. Elle n’était pas du genre à se laisser faire par une force mystérieuse qui semblait vouloir contrôler son destin. Plus que jamais, elle serra son animal adoptif contre elle, prête à affronter ce qui allait suivre.

Les visions qui défilaient devant elle étaient trop rapides pour que ses sens puissent les saisir. Elle n’avait aucun contrôle sur la situation, mais elle pressentait que son voyage touchait à sa fin.

Elle n’eut pas à attendre longtemps pour en avoir confirmation. Une étrange vision sombre, inconnue jusqu’à présent malgré ses nombreux voyages, marqua son arrivée dans ce nouvel espace. Tout était plongé dans une obscurité totale. Manami avait cependant la sensation d’un sol ferme sous ses pieds. L’environnement était silencieux, et elle ne voyait rien devant elle.

Une angoisse soudaine la saisit lorsqu’elle réalisa que son chapeau de paille n’était plus sur sa tête. Se libérant d’une main, l’autre tenant le chat, elle parcourut fébrilement le sommet de son crâne, constatant avec horreur que le précieux objet avait disparu. Catastrophe !... Ce chapeau était son seul moyen de voyager entre les dimensions, et était peut-être son ticket de retour. Pétrifiée par l’inquiétude, elle tenta de tâter le sol de son pied, espérant que le chapeau était simplement tombé à terre lors de son arrivée en ces lieux sombres. Rien. Pas de chapeau. Craignant de se heurter à un obstacle invisible en avançant trop, elle resta immobile, ajustant son Pouvoir, prête à faire face à toute éventualité.

Soudain, des lumières éclatantes illuminèrent l’espace autour d’elle. Ses yeux furent aveuglés pendant quelques secondes, le temps qu’ils s’habituent à cette soudaine clarté. Une voix distincte s’éleva alors derrière elle :

– Bienvenue, Manami !

 

 

 

« «

«

 

 

 

 

Hé oui ! Nouveau cliffhanger ! [NDLR] ;)

 

 

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#477 CyberFred

CyberFred

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Posté 10 août 2024 - 12h37

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 30 – Duel impitoyable !

 

 

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Précédemment, dans « Kimagure Orange Road – La Première Marche »

Madoka et Kenji, ayant vaincu tous les hommes de main de Sayuri, se retrouvent confrontés à cette dernière, qui propose à Madoka un duel à moto, où tous les coups sont permis. La règle est simple : la première à terre a perdu. L’enjeu est Hikaru, prisonnière et enchaînée. Madoka accepte de relever le défi. Mais Sayuri, consumée par la rancœur d’une trahison ancienne, est bien décidée à user des méthodes les plus perfides pour s’assurer de vaincre son ancienne amie… Une bataille épique s’engage alors…

 

La poignée des gaz à fond, Madoka fit rugir sa moto comme un fauve en chasse, s’élançant devant elle avec une puissance fulgurante. Dotée de sa sombre combinaison sombre et moulante, ses longs cheveux noirs de jais fouettaient l’air, traçant un sillage menaçant, alors qu’elle se précipitait droit sur Sayuri. En réponse, cette dernière, gracieuse sous sa combinaison couleur de neige, déclencha une accélération foudroyante de sa machine, ses cheveux blonds flottant derrière elle, tel un éclat doré. Les deux motos se rapprochèrent à une vitesse vertigineuse, frôlant l’inévitable collision, tandis que les regards des pilotes se croisaient sans sourciller en un défi intense. Madoka sentit le poids du destin peser sur ses épaules, transformant cet instant en un duel épique. C’était pour Hikaru, pour Kyosuke, pour la paix dans cet univers.

Cette passe à vide ne servit qu’à défier l’adversaire du regard, à lire et évaluer ses intentions. Au croisement des deux cylindrées, Madoka perçut dans les yeux de Sayuri une détermination implacable, une adversaire qui saisirait la moindre opportunité pour frapper sournoisement.

Elles firent demi-tour. Le véritable combat débutait à présent.

Madoka et Sayuri prirent de l’élan et se ruèrent vers un monticule de sable haut de trois mètres, cherchant à obtenir l’avantage de la hauteur. Madoka gravit l’un des côtés du monticule, tandis que Sayuri fit de même dans le sens opposé. La moto de Madoka s’envola dans les airs. Saisissant l’instant, elle lança un de ses médiators en acier trempé vers la roue avant de la moto de Sayuri, qui elle aussi avait déjà pris son envol. Le projectile de Madoka fendit l’air avec une précision meurtrière. Mais Sayuri, anticipant l’attaque, manœuvra habilement son guidon, esquivant la lame de justesse. Les deux adversaires atterrirent gracieusement et en souplesse sur le versant de sable, puis sur le sol ferme du hangar, maîtrisant parfaitement leurs machines, malgré la poussière soulevée par l’impact. Elles s’éloignèrent l’une de l’autre, prêtes à reprendre leur élan pour une nouvelle attaque.

Madoka sentit une pointe de stress monter en elle. Elle savait que chaque seconde comptait, que chaque erreur pouvait être fatale. Hikaru et Kyosuke (celui de ce monde-ci) étaient en danger. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre ce duel.

Les motos foncèrent à nouveau l’une vers l’autre, tels des éclairs de métal sur une mer de sable. Cette fois-ci, les deux adversaires choisirent de s’élancer depuis sa propre dune de sable. Elles s’envolèrent dans les airs, tels des faucons en chasse. En plein saut, Madoka dégaina un deuxième médiator, visant cette fois le carburateur de la moto de Sayuri. Le projectile fendit l’air et atteignit sa cible, provoquant une étincelle, mais sans conséquence majeure. Sayuri vacilla, mais parvint à maintenir le contrôle de sa machine, son regard étincelant de colère et de détermination glaciale. Dans un mouvement fluide, elle dégaina un dard anesthésiant et le lança en direction de Madoka. Le projectile siffla dans l’air, et la jeune femme, le regard émeraude flamboyant, réagit en une fraction de seconde. Elle se pencha brusquement sur le côté de sa moto, sentant le danger frôler son épaule, avant de disparaître dans les profondeurs du hangar. Son cœur battait à tout rompre, mais elle ne pouvait se permettre de céder à la peur. Après cette escarmouche aérienne, Les motos touchèrent à nouveau le sol, pour vrombir à nouveau, en vue d’une nouvelle attaque.

Sur le container sur lequel elle était juchée, Hikaru retenait son souffle, les mains tremblantes. Ayant toujours le bâillon sur la bouche, ne pouvant parler, elle observait chaque mouvement de ce duel impitoyable avec une intensité désespérée, priant fébrilement pour que Madoka parvienne à trouver une ouverture gagnante. À ses côtés, son garde, imposant de deux mètres, resta silencieux. Il se contenta de regarder le duel, tout en maintenant fermement la chaîne qui entravait les mains de sa prisonnière.

Repartant à l’assaut en poursuivant cette fois-ci Madoka à travers les monticules de sable, Sayuri, furieuse de voir son adversaire si agile sur sa moto, riposta par une rafale de dards. Madoka, semblant dotée d’yeux dans le dos, esquivait avec une habilité déconcertante, sa moto serpentant entre les obstacles avec une précision mortelle. Chaque mouvement était une danse funeste, un ballet de vitesse et de dextérité. Les deux rivales livraient une bataille acharnée, mettant à l’épreuve leurs compétences et leur détermination à chaque instant.

En pleine poursuite, Madoka eut un mauvais pressentiment vis-à-vis des projectiles singuliers que Sayuri lançaient directement sur elle. Ce n’étaient pas de simples objets formés d’une longue pointe fine et acérée. En esquivant de justesse, elle vit l’un d’eux se planter dans la poignée en caoutchouc de son guidon. Elle l’extirpa prudemment pour l’examiner de plus près du coin de l’œil, distinguant une légère lueur verte à son extrémité. Son cœur se serra, lorsqu’elle comprit qu’il s’agissait en réalité d’un dard, contenant à l’intérieur une petite dose d’un puissant anesthésiant, qu’un petit ressort libérait sur la pointe en cas d’impact sur une cible. Une seule piqûre pourrait la paralyser instantanément, la rendant incapable de poursuivre le duel. La perfidie de Sayuri se dévoilait dans toute sa cruauté. Madoka savait qu’elle devait redoubler de vigilance, car la moindre égratignure pouvait sceller sa défaite, et condamner Hikaru à un sort incertain.

Les motos, adaptés tout terrain, bondissaient et virevoltaient toujours, utilisant les hauts monticules de sable comme rampes de lancement. À chaque saut, Madoka et Sayuri exécutaient des figures acrobatiques très audacieuses, tout en projetant l’une sur l’autre, leurs armes de prédilection scintillant sous les lumières du hangar. Madoka savait qu’elle devait rester concentrée et faire montre de stratégie, pour éviter les coups de son adversaire, tout en protégeant sa monture mécanique. Les saltos des motos et des pilotes s’enchaînaient, entrecoupés de renversement des motos, indépendamment des pilotes.

Après une dernière attaque, durant laquelle elle avait accompli un magnifique salto arrière avec rotation inversée de sa machine, Madoka, de retour au sol, fit un demi-tour rapide, sa moto dérapant dans un nuage de poussière, et se prépara pour un nouvel assaut contre Sayuri.

Hikaru tentait de crier sous son bâillon des encouragements envers Madoka, mais elle savait que le bruit imposant des motos ne parviendrait pas à laisser passer sa voix tremblant d’angoisse et d’espoir.

L’attaque suivante fut particulièrement intense. Durant une manœuvre aérienne en tournant la moto latéralement en l’air, Madoka lança deux médiators en acier trempé en direction de la moto de Sayuri. Dans un mouvement d’une agilité stupéfiante, cette dernière, ayant déjà levé sa jambe dans sa direction, intercepta les deux projectiles avec le talon de sa chaussure, seul endroit de sa tenue suffisamment dur pour bloquer ces armes ! Les récupérant tous deux habilement de sa main, tout en étant lancée avec un sourire perfide, elle les projeta aussitôt vers Madoka, qui, surprise par la rapidité et la précision de l’attaque, ne put éviter l’un des médiators. Le projectile s’enfonça dans sa jambe gauche, lui arrachant un cri de douleur. En un instant, Madoka comprit à quel point Sayuri maîtrisait ses attaques, son niveau de dangerosité s’élevant bien au-delà de ce qu’elle avait imaginé. L’atterrissage au sol élança sa jambe.

Le visage d’Hikaru vira au tragique quand elle vit cela.

Les adversaires s’étaient de nouveau éloignées l’une de l’autre pour se préparer à un nouvel assaut. Son cœur battant à tout rompre, Madoka retira douloureusement le médiator de sa chair.

 

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Puis s’aidant de la même lame, elle découpa tout un long morceau de tissu de sa sombre tenue pour faire un garrot de fortune sur sa jambe endolorie.

– La prochaine fois, ce seront mes dards, Madoka ! avertit de loin Sayuri, profitant de l’accalmie temporaire des moteurs.

Puis, sans plus attendre, elle entreprit un nouvel assaut sur Madoka en poussant les gaz à fond. Pas de pitié, cette fois !

Dans un moment d’intensité plus épique que jamais, Madoka et Sayuri, de nouveau face à face, roulant sur le sol l’une vers l’autre, projetèrent simultanément l’un de leurs projectiles. Ceux-ci se percutèrent à mi-distance en un éclair métallique. Sayuri vira soudainement à droite, évitant étrangement la zone de l’impact, disparaissant derrière un monticule de sable. Poussée par son élan initial, Madoka vit avec surprise une épaisse volute de poussière se former droit devant elle. Elle comprit instantanément le danger : Sayuri avait intentionnellement souhaité que son dard soit intercepté par son adversaire. La brutale collision des deux projectiles ayant fracassé le dard, celui-ci avait libéré en un instant un puissant gaz anesthésiant qui menaçait d’être inhalé par Madoka. Devant cette nouvelle traîtrise, et d’un geste rapide et précis, la jeune femme aux cheveux bleu profond fit un instant déraper sa moto, projetant une gerbe de sable vers le nuage toxique. Le sable, soulevé en un rideau protecteur, absorba le gaz, l’empêchant de se diffuser davantage dans l’air. Madoka reprit le contrôle de sa route libérée de tout danger.

De loin, Sayuri, voyant son plan échouer, laissa échapper un cri de rage, et se prépara à une prochaine attaque, non sans une détermination renouvelée.

Pendant ce temps, Madoka, furieuse devant les trahisons successives de son adversaire, sentait la douleur à sa jambe s’intensifier. Bien qu’aucune artère n’ait été touchée, le sang continuait de couler de sa plaie d’environ trois centimètres. Pour la cautériser, elle avait brièvement envisagé de chauffer à blanc un médiator en le frottant contre la jante de la roue de sa moto en mouvement rapide, mais l’opération était trop périlleuse pour ses doigts. De plus, elle ne pouvait se permettre de se pencher dangereusement pour réaliser cette manœuvre, tout en étant sous la menace constante de Sayuri. Sans suture ni cautérisation, elle savait qu’elle finirait bientôt par s’effondrer si elle perdait trop de sang.

Mais Madoka avait accepté les règles de Sayuri pour ce duel, à savoir : « Tous les coups sont permis. ». Résiliente, elle s’empara alors de trois médiators, une dans chaque main et une tenue par ses dents, son regard sévère fixé sur Sayuri, ses cheveux aux couleurs de nuit contrastant avec la blondeur éclatante de son adversaire. C’était ses trois derniers médiators. Les lancer un par un ne suffirait pas, face à un adversaire aussi aguerri que cette Sayuri issue d’un monde parallèle. Cette dernière avait aussi œuvré pour faire en sorte que son adversaire gaspillât ses derniers médiators. Pour Madoka, il fallait donc changer complètement de stratégie. Quand elle s’était entraînée durement durant les années d’avant sa seconde rencontre avec Kyosuke, Madoka s’était juré de se servir de ses armes de prédilection pour défendre la justice. Sayuri incarnait la trahison et la perfidie, des ténèbres dans lesquelles Madoka n’avait jamais sombré, même dans les moments de doutes de son passé. Elle ne haïssait pas Sayuri, mais elle lui en voulut de s’être servie lâchement de Hikaru pour faire pression sur elle et Kenji.

En face de Madoka, se tenait une dune de sable plus haute que les autres, la séparant de Hikaru, prisonnière, assise et perchée tout en haut du container, dont la vue offrait un point de vue élargi sur tout le hangar.

Derrière ce monticule imposant, Sayuri à l’affut, prête à reprendre l’assaut dès que possible. Madoka entreprit une stratégie tellement folle qu’elle hésita un instant à la mettre en pratique. Mais elle se ravisa car le temps jouait contre elle. La douleur à sa jambe gauche ne faisait qu’empirer, et devenait progressivement plus intense, à mesure des efforts qu’elle faisait endurer sur elle. D’ici quelques instants, elle allait retomber de sa moto, engin de plus en plus difficile à tenir en équilibre. Elle perdait ses forces très rapidement.

Ceci était pour elle son tout dernier assaut.

En un instant, Madoka accéléra, fonçant sur la pente du gros monticule de sable, juste au moment où Sayuri empruntait le même, dans le sens opposé. Le monde sembla ralentir, alors que les deux motos s’envolaient dans les airs en même temps, leurs silhouettes se découpant contre les lumières du hangar, leurs ombres portées sur les murs, qui s’empreignaient de toute une tension montée à son paroxysme.

Sayuri, plus rapide, lança trois dards en direction de la moto de Madoka, visant avec une précision mortelle le réservoir d’essence, le carburateur et le moteur. En une fraction de seconde, la moto de Madoka explosa en plein air, une boule de feu illuminant le hangar. Hikaru hurla comme jamais, sa voix déchirante résonnant même à travers son bâillon.

Mais Madoka avait anticipé l’attaque. Sa moto fut perdue en plein vol. Mais catapultée par le souffle de l’explosion, la jeune femme exécuta un double saut périlleux avant, se propulsant en direction de Sayuri avec une grâce et une détermination surnaturelles.

Dans le même mouvement, elle attrapa le médiator qu’elle tenait entre les dents et le lança vers le garde d’Hikaru situé à cinq mètres d’elle, à sa hauteur. Le projectile atteignit sa cible, se plantant avec précision dans le front épais de l’homme, la douleur le contraignant à relâcher la chaîne de sa prisonnière.

Surprise, Sayuri, qui avait cru que le médiator lancé par Madoka lui était destiné, avait déjà projeté un dard en anticipation pour l’intercepter. En vain, son projectile anesthésiant s’égara, frôlant le bras de son adversaire d’extrême justesse, non sans déchirer au passage un morceau d’étoffe de sa combinaison. Jamais elle n’avait été si stupéfaite que lorsqu’elle vit soudain les mains de Madoka s’agripper fermement par-dessus les siennes, lesquelles contrôlaient les poignées du guidon. Une douleur ineffable la traversa, tandis qu’elle réalisait avec horreur que deux médiators venaient d’être plantés de force dans chacun des métacarpes de ses mains, les lames s’enfonçant profondément dans les cartilages, jusqu’à atteindre l’acier des poignées de son guidon.

En ayant pris appui de ses mains sur celles de Sayuri, Madoka avait ainsi, d’un geste sûr, planté directement ses deux dernières lames, dissimulées jusque-là dans les replis de ses paumes, leur pointe, s’enfonçant sur chaque dos des mains de Sayuri, la vitesse et le poids du corps de Madoka facilitant et accélérant leur pénétration dans la chair.

Puis elle exécuta un magistral « front handspring » (ou « flip avant »), défiant la gravité, passant tout son corps par-dessus la tête de Sayuri. Cette dernière, subissant une douleur insoutenable, fut incapable de libérer ses mains des lames qui la fixaient aux poignées de sa moto. Madoka se réceptionna à pieds joints sur l’extrémité arrière de la selle, puis, dans un ultime effort douloureux pour tout son corps, se propulsa aussitôt avec force en direction du garde situé à cinq mètres devant elle.

Sous l’impact vertigineux de cette manœuvre, Sayuri, hurlant d’effroi, chuta lourdement avec sa moto sur le sable. Elle et sa machine firent quelques tonneaux, avant de s’immobiliser sur le sol ferme du hangar. La violence de l’atterrissage libéra Sayuri des médiators, puis elle sombra dans l’inconscience.

De son côté, propulsée dans les airs à une vitesse défiant l’entendement, oubliant la douleur à sa jambe gauche, le sang coulant en un long sillage derrière elle, Madoka présenta son genou droit aux yeux du garde, ce dernier ne pouvant éviter qu’il ne s’écrase violement contre la lame d’acier déjà plantée sur son crane, enfonçant celui-ci un peu plus profondément. Sous ce choc d’une extrême violence, le colosse vacilla, et retomba lourdement à terre, complètement sonné.

Mais Madoka, affaiblie par cet effort ultime, sentit son corps tout entier la trahir. Paralysée, elle se sentit partir, incapable de contrôler sa réception au sol. Sa vision se brouillant, elle comprit alors : le dernier dard de Sayuri, sa piqure l’ayant frôlée de justesse, avait malgré tout déposé du liquide anesthésiant à travers les tissus de sa combinaison, que sa pointe avait déchirée au niveau de son bras, ce qui eut pour effet d’imbiber du liquide anesthésiant à la surface de sa peau. De deux mètres d’altitude, taille du mastodonte qu’elle venait de terrasser, Madoka retomba, sa tête se présentant la première face au sol dur !

Horrifiée, Hikaru, ayant enfin retiré son bâillon, mais toujours enchaînée et incapable de bouger suffisamment vite pour tenter de réceptionner Madoka, hurla de terreur comme jamais auparavant. Impuissante, elle vit devant elle son amie d’enfance sur le point de se fracasser violemment la tête sur le sol métallique du container !

Dans sa chute, Madoka était étrangement sereine, car elle savait que cet ultime sauvetage était chargé de tout le courage et sa volonté qu’elle offrait à Hikaru, son amie de toujours. Sa dernière pensée fut pour Kyosuke… Son Kyosuke… si loin désormais, dans un autre univers…

Des images traversèrent son esprit en une fraction de seconde : c’était il y a quatre ans, durant ses vacances d’été à la plage, avec Kyosuke, Hikaru et Yusaku [Tome 3, NDLR]. Au bord de la mer, ils avaient décidé de faire une course en barque par groupe de deux vers une île déserte. Un tirage au sort l’avait placée avec Kyosuke. La course commença, mais les courants firent dériver les deux barques. Elle s’était retrouvée seule avec Kyosuke sur l’île. Tous deux partagèrent alors des moments de joie durant cette journée. Mais à la fin de l’après-midi, elle s’irrita quand elle s’était rendu compte que Kyosuke avait mal attaché leur barque, qui s’était perdue en mer. Incapables de rentrer, elle avait décidé de grimper tout une falaise escarpée pour voir ce qu’il y avait de l’autre côté de l’île, espérant y trouver de l’aide. Alors qu’elle escaladait la dangereuse falaise, la mer en furie frappant les rochers en dessous d’elle, elle perdit l’équilibre, et retomba la tête la première. Contre toute attente, Kyosuke l’a rattrapa en plein vol, l’enlaçant de ses bras protecteurs. Il avait pris un risque énorme pour elle et lui-même afin d’éviter les rochers qui les menaçaient tous deux dans leur chute. Ils atterrirent en sécurité dans l’eau, miraculeusement épargnés. Elle se remémora ces mots qu’elle lui avait prononcés : « Kasuga-kun… Merci… ». Le soir venu, assis côte à côte devant un feu allumé sur la plage, le garçon tourna son regard vers elle, ses yeux brillants d’une tendresse infinie, comme pour lui dire : « Ayukawa, tu es la personne la plus importante pour moi. Je veux être à tes côtés, toujours. » Leurs regards s’étaient croisés, et à cet instant précis, le monde entier avait disparu. Il ne restait plus qu’eux, deux âmes liées par un amour naissant et inébranlable, leurs yeux remplis de douceur et de promesses.

Revenant à la réalité, une dernière larme pleine d’amour et de gratitude coula sur la joue de la jeune femme, se mêlant aux souvenirs précieux de son cœur. Chaque image, chaque souvenir, était un trésor qu’elle était sur le point d’emporter avec elle au-delà de ce monde. Elle voyait Kyosuke, son sourire réconfortant et ses yeux emplis d’amour. Elle voulut ressentir une dernière fois ses bras protecteurs l’enlacer, comme il l’avait fait autrefois, il y a quatre ans, sur la falaise de l’île déserte.

« Kyosuke… Merci pour tout. Je suis heureuse d’avoir partagé tous ces moments passés avec toi… »

Elle sombra dans l’inconscience.

Le monde sembla se figer, alors que Madoka, suspendue entre la vie et la mort, chutait vers son destin…

 

 

 

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#478 FrozenOwl

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Posté 12 août 2024 - 11h00

Je me sens légèrement menacé par l'image d'accueil que tu as dernièrement mise à jour sur ton site. :D



#479 CyberFred

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Posté 13 août 2024 - 18h29

Je me sens légèrement menacé par l'image d'accueil que tu as dernièrement mise à jour sur ton site. :D

 Ah ? Je sais donc que tu viens sur mon site :D Et n'oublie pas que Madoka peut perdre patience. Tu étais intéressé par ma fan fiction au début car il y avait Manami. Tu continue à la lire ? J'ai fait un long épisode concernant Manami récemment qui visitait le parc de Takaoka. Tu vois que je suis toujours son parcours et que je ne l'oublie pas. La suivras-tu ? :D 


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#480 CyberFred

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Posté 17 août 2024 - 19h38

« La Première Marche »

par CyberFred

 

Épisode 31 - La renaissance du cœur

 

 

 

Précédemment, dans « Kimagure Orange Road – La Première Marche »

Après un duel contre une adversaire acharnée que Madoka est finalement parvenue à vaincre, les conséquences vont se décider d’ici quelques instants, engageant plus que son destin tout entier !

 

La jeune femme fixait l’horizon lointain, là où le Pacifique s’étendait à perte de vue. Au-delà de cette ligne où ciel et mer se rejoignent, se trouvaient les rives de son Japon natal, le pays où elle avait vu le jour dix-neuf ans plus tôt. En ce printemps 1988, Madoka, le chapeau de paille rouge posé sur sa tête, observait les rayons du soleil se fondre dans les vagues qui caressaient l’horizon. La mer était paisible en cette fin de journée. Les bras croisés, elle méditait en silence, les yeux rivés sur la splendeur du crépuscule qui se déployait devant elle.

Cela faisait maintenant six mois qu’elle vivait à Los Angeles. Ses parents l’avaient invitée à les rejoindre aux États-Unis pour intégrer une école de musique, cette voie qu’ils avaient choisie pour elle. Parallèlement, Madoka ressentait le besoin de s’éloigner, non seulement de Kyosuke, mais aussi d’elle-même. Ce n’était pas lui qu’elle fuyait ; c’était avant tout d’elle-même. Pour cela, il lui fallait mettre de la distance entre elle et tout son quotidien… quitter le Japon pour un temps.

Pour la première fois de sa vie, ses sentiments avaient vacillé sous le poids de l’épreuve. Autour d’elle, une amitié, tissée depuis l’enfance, venait de se briser. Hikaru, qu’elle considérait depuis toujours comme une petite sœur, avait vu son cœur se fissurer sous le choc d’une vérité impitoyable : Kyosuke ne l’avait jamais aimée. Le garçon sur lequel elle avait tant porté son dévolu, n’avait eu d’yeux que pour celle qu’elle considérait comme sa grande sœur : Madoka. C’était Madoka qu’il avait toujours portée en son cœur, dès le premier instant. Cette révélation avait dévasté Hikaru, éparpillant en éclats l’amitié précieuse qu’elle conservait comme un trésor.

Madoka repensa à ces quatre dernières années, ces années qui avaient débuté un jour de printemps 1984, lorsqu’elle avait croisé Kyosuke sur les marches du grand escalier. Une rencontre étrange. Quatre-vingt-dix-neuf marches… Cent marches… Pourquoi lui avait-elle donné ce chapeau de paille rouge ?… Pourquoi l’avoir fait ?… Elle se disait que si elle avait gardé ce chapeau pour elle-même ce jour-là, rien de tout cela ne se serait produit. Peut-être ne serait-elle même pas ici, à Los Angeles, à ressasser ces souvenirs douloureux. Et pourtant, voilà qu’Hikaru le lui avait rapporté, là-bas, à l’aéroport, comme pour lui rappeler que l’on ne joue pas avec l’amitié. Ce chapeau… Madoka le considérait désormais comme maudit, porteur d’un destin funeste devant l’accompagner perpétuellement. Rien de bon n’était sorti de cet objet.

Elle prit le chapeau entre ses mains, caressant sa surface rude du bout des doigts. Devait-elle le jeter ?… S’en débarrasser comme on exorcise un mauvais présage ?… Elle observa longuement ce qu’elle tenait pour la source de tous ses maux. Mais au fond d’elle, une pensée contradictoire se fraya un chemin : autrefois, ce chapeau lui avait été offert par quelqu’un qui lui a sauvé la vie. Autrefois… Une rencontre d’un autre temps, perdue quelque part aux rivages de la mémoire. Madoka fouillait dans ses souvenirs, mais le visage de celui qui lui avait offert ce chapeau restait flou, insaisissable… Cela remontait à sept ans. Tant d’eau avait coulé sous les ponts depuis lors… Et pourtant, à l’aube de ses dix-neuf ans, la jeune femme se surprenait à penser que l’on ne perdait pas ainsi les souvenirs de son enfance.

Qu’importe. Elle fixa encore une fois ce chapeau.

Elle s’approcha du rivage, où de petites vagues, effleurées par une lune vacillante, dissimulée sous des nuages épars, venaient se briser paisiblement sur le sable. À ses oreilles, le ressac résonnait comme une mélodie nostalgique, évoquant un passé qu’elle ne parvenait à laisser derrière elle.

En ce début de soirée, seuls quelques rares passants contemplaient de loin le spectacle de l’océan, dont les flots bordaient la côte, infusés des courants qui avaient déjà fait le tour du vaste Pacifique. Madoka se prit à penser que si elle lançait son chapeau à la mer à cet instant, peut-être irait-il s’échouer sur les côtes du Japon. Peut-être se retrouverait-il entre les mains d’un inconnu, tout comme celui d’autrefois qui le lui avait offert. Si le hasard avait son mot à dire, peut-être que le Ciel lui-même approuverait. D’une certaine manière, c’était une offrande silencieuse adressée aux Forces de la Nature… et à celles de la Rédemption.

Elle avança encore, de plus en plus près de l’eau. Elle retira ses sandales, sentant sous ses pieds nus la fraîcheur des premiers centimètres d’eau. Elle espérait que les courants océaniques emmèneraient au loin ce chapeau, qu’elle s’apprêtait à jeter.

 

«

 

Kyosuke avançait lentement vers une lumière éclatante, semblable à un phare solitaire dans la nuit. Une nuit spectrale, où s’étendait tout autour de lui tout un champ interdimensionnel en perpétuel changement. Il avait quitté sa mère, pour toujours, dans un adieu déchirant. Celle-ci, parvenant à lui parler à travers les méandres du Temps, lui avait offert une chance unique : la possibilité de s’orienter vers la dimension où se trouvaient Madoka et Hikaru d’Otaru. Mais à cet instant précis, il ignorait tout de leur sort. Que leur était-il arrivé ?… Était-il déjà trop tard pour les sauver ?… Ce champ interdimensionnel, à la fois hallucinant et troublant, rendait impossible toute perception du temps entre les différentes réalités. Avait-il déjà laissé filer des années dans son monde d’origine ?… Le temps avait-il accéléré, tout comme lors de cette étrange téléportation où son double était resté immobile durant deux ans ?… Et la dimension de Madoka et Hikaru, était-elle elle aussi soumise aux caprices des creusets temporels ?… Un doute cruel s’emparait de l’esprit de Kyosuke. Allait-il arriver trop tard auprès de Madoka ?… Un malheur l’avait-il frappée ?… L’idée de l’échec était insupportable. Il venait déjà de perdre sa mère, pour la seconde fois. Il ne pouvait pas… il ne devait pas perdre aussi Madoka et Hikaru !

Son cœur était lourd. Sa mère, Akemi, au bout de ses forces, lui avait offert une ultime guidance vers sa destination. Le sacrifice immense qu’elle avait consenti à son fils, obligeait ce dernier à réussir. Cette lumière qu’il apercevait au loin, ce « phare », était sa seule chance. Il pria pour qu’aucun retour forcé ne vienne le ramener sur Terre. Hikaru, elle-même, avait subi ce sort malheureux ; il ne pouvait pas se permettre de suivre le même chemin.

Trop de temps s’était écoulé dans cet espace entre les dimensions. Des visions spectrales de toutes sortes assaillaient sans cesse son esprit, s’insinuant dans ses pensées à chaque instant. Il savait qu’il ne tiendrait pas longtemps. Son Pouvoir le protégeait encore, mais pour combien de temps ?…

Il approchait du « phare », épuisé. Le pouvoir nécessaire pour se propulser jusque-là avait largement dépassé ses capacités. Même si sa mère l’avait aidé à retrouver un peu de force et lui avait tracé une voie directe, elle ne pouvait pas tout lui offrir, car il lui fallait encore veiller sur Kurumi (qui venait de naître) et les pouvoirs incontrôlables qu’elle libérait dangereusement. Dans une prière muette, Kyosuke remercia sa mère, conscient du poids de son immense sacrifice.

Enfin, il pénétra dans la lumière du « phare », prêt à rejoindre cette dimension, et à prendre la place de son double. Il savait que la Terre exercerait une force d’attraction puissante sur tous ceux qui s’aventuraient à voyager entre les mondes. En entrant dans cette dimension, Kyosuke permettrait à son double d’entrer en phase d’échange. Il pria pour que le Temps n’ait pas changé du tout au tout…

Soudain, quelque chose n’allait pas.

Alors qu’il avançait dans la lumière, une force invisible le repoussa violemment en arrière. Sidéré, les yeux écarquillés, Kyosuke tenta de comprendre l’impossible. Il devait pénétrer cette dimension, mais elle semblait le rejeter. Pourquoi ?… Il fit une nouvelle tentative. À nouveau, une sorte de barrière le stoppa et le repoussa encore. Son esprit se brouillait. Cette lumière, aussi vaste qu’une petite lune, lui restait inaccessible. De plus en plus intrigué, il tenta de contourner la sphère lumineuse, de trouver une autre « entrée ». Mais rien n’y fit. Chaque fois, il était repoussé.

L’inquiétude grandit en lui. Pourquoi cela arrivait-il maintenant ? Pourquoi cette dimension le rejetait-elle, alors qu’il avait déjà réussi à y pénétrer, ne serait-ce que brièvement ?… Il revoyait les événements dans son esprit. Manami avait été la première à entrer dans cette dimension. Puis, lui-même, même si son passage avait été fugace. En effet, il avait à peine eu le temps de sauver Hikaru, en danger sur le pont de Yokohama, avant que la peur ne le ramène chez lui. Et enfin, Madoka était restée, bloquée là-bas.

Il fouilla plus loin encore dans ses souvenirs. Lors de ses premiers voyages interdimensionnels, chaque saut l’avait conduit vers un monde nouveau, avant de revenir ensuite dans sa propre réalité. Mais il n’avait jamais voyagé deux fois vers le même monde. Était-ce là le problème ?… Était-il le premier à tenter un second voyage vers une même dimension ?…

La loi des échanges entre doubles, découverte par son père Takashi, régissait ces passages entre mondes. Mais jamais n’avait été évoquée la possibilité d’une limite quant aux nombre d’allers-retours entre deux mêmes dimensions. Et si une telle limite existait vraiment ?… Kyosuke sentit une terreur glacée l’envahir.

Horrifié par cette pensée, il s’arrêta net. Son cœur battait à tout rompre.

 

«

 

Entre ses mains délicates, Madoka tenait son chapeau de paille rouge, fragile vestige d’un amour qu’elle s’apprêtait à confier aux caprices de l’océan. Elle sentait au fond d’elle que la blessure qui avait fracturé son cœur et celui d’Hikaru devait s’effacer à jamais de sa vie, comme un rêve évanescent. Ce chapeau était bien plus qu’un simple objet. Il incarnait les émotions qui la liaient à Kyosuke, cet amour naissant que, dans une ultime confession avant son départ de Tokyo, Kyosuke lui avait avoué. Ses mots flottaient encore dans l’air, empreints de cette douce mélancolie. Mais Madoka n’avait pu trouver la force de répondre à cet aveu par les siens. Un abîme s’était creusé en elle… un abîme insondable. Et elle se retrouvait incapable de le combler. Il lui manquait l’élan de cet amour pour pouvoir libérer ses propres sentiments. Ce vide et cette incertitude l’avaient consumée jusqu’à la laisser dériver sur un océan d’hésitations.

Son départ pour l’Amérique, ce voyage entrepris dans l’espoir de retrouver des réponses, n’avait fait qu’approfondir ses questionnements. Six mois avaient passé dans l’étrangeté de cette distance. Ni l’éloignement, ni le changement d’air ou de routine ne lui avaient permis d’apaiser les tourments qui agitaient son esprit. Elle ne voulait pas être égoïste. Ni envers Kyosuke, ni envers Hikaru, cette petite sœur dont elle ignorait tout, désormais. Hikaru… Depuis son départ, le silence s’était installé comme un voile posé entre elles. Pas une lettre, pas un appel. Six mois sans nouvelles. Peut-être était-ce une nécessité, une manière de rompre avec le passé pour que chacune puisse avancer pleinement… Kyosuke restait également silencieux, respectant sa décision de partir, de chercher loin d’eux des réponses qu’elle seule devait découvrir. Il s’était tenu à l’écart, ne l’ayant ni appelée ni cherchée, car il savait que toute tentative d’intervention n’aurait fait qu’embrouiller davantage son esprit.

Une fois, elle avait failli briser ce silence en composant le numéro de l’Abcb. Là-bas, Master continuait son service, avec cette inébranlable sérénité que tout un chacun lui connaissait, malgré ses inquiétudes pour elle. Mais au moment de composer le dernier chiffre sur le cadran de son téléphone, elle raccrocha, comprenant que même un homme aussi sage et bienveillant que lui ne pourrait l’aider à résoudre ses propres dilemmes. Parler avec cet ami de confiance n’aurait été qu’un détour, une évasion temporaire, qui ne lui aurait offert aucun véritable soulagement, ne lui permettant pas d’avancer sur le chemin de sa propre indécision.

« Indécision »… Ce mot résonnait en elle avec une ironie amère. Combien de fois avait-elle reproché à Kyosuke son indécision ?… Et voilà qu’à présent, c’était elle qui se retrouvait prisonnière de cette même incertitude. Elle, si fière, si sûre d’elle-même, se voyait aujourd’hui plongée dans l’embarras d’un cœur qui hésitait entre deux voies. Kyosuke ne pouvait pas lui indiquer la route à suivre, elle le savait bien, et son orgueil l’empêchait de chercher en lui cette guidance. Mais la vérité était implacable : elle souffrait, ballottée entre le besoin d’une solitude expiatoire, une quête de rédemption réparatrice, et le désir de retrouver les bras de Kyosuke, tout en cherchant, quelque part, le pardon d’Hikaru.

Pieds nus dans l’eau, Madoka observait les vagues effleurer la rive, mourant doucement avant d’atteindre ses chevilles. Elle leva les yeux vers le ciel, priant en silence pour qu’un signe vienne à elle, une lueur de clarté dans l’obscurité de ses pensées troublées.

 

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Kyosuke arpentait le seuil dimensionnel, cette porte entre les mondes, qui devait le conduire jusqu’à son propre double. Il espérait ardemment, une fois sur place, que Madoka ne soit pas loin de lui. Mais pénétrer cette frontière invisible semblait impossible. Une barrière impalpable, infranchissable, le repoussait inexorablement. Il tenta alors d’échafauder un plan audacieux : trouver une dimension semblable à celle-ci, où les événements auraient pris une tournure subtilement différente. Dans un tel monde, il serait accueilli comme un voyageur étranger, puisque jamais il n’y aurait encore mis les pieds. Mais il prit conscience bien vite que c’était peine perdue d’avance. Comment dénicher un tel lieu, alors même qu’il ignorait où diriger ses pas ?… Comment être sûr que Madoka et Hikaru s’y trouveraient également ?… L’univers s’ouvrait en une infinité vertigineuse de possibilités, et Kyosuke se rendait compte que se perdre dans l’exploration de cet océan de réalités reviendrait peut-être à ne rien découvrir du tout. Non, la véritable réponse à son voyage résidait là, sous ses yeux, dans cette lumière qui continuait obstinément de lui refuser l’accès.

Il réfléchit alors à ces étranges visions qui s’étaient offertes à lui, à la lisière des mondes dont il effleurait seulement les rivages, ces paysages fantastiques qui se révélaient aux voyageurs des dimensions. Hikaru et lui avaient pu entrevoir ces aperçus fugaces lorsqu’ils étaient ensemble. Pourquoi en serait-il autrement pour ce monde qu’il contemplait à présent, même s’il ne pouvait y pénétrer ?

S’éloignant légèrement du seuil lumineux, Kyosuke chercha à en appréhender la forme dans son ensemble. Cela s’apparentait à une sphère, radieuse et muette, flottant dans le vide. Il la fixa intensément, remarquant bientôt que des énergies s’en échappaient par intermittence, émanations sans cause apparente, comme des pulsations. Puis, en observant plus attentivement encore, il vit que ces irradiations lui révélaient des images. Des scènes d’apparence irréelle prirent forme devant ses yeux. Il les reconnaissait. C’étaient des lieux familiers, appartenant aussi au monde qu’il avait laissé derrière lui. Les mêmes villes, les mêmes rues, les mêmes paysages… C’était ce qu’il connaissait.

Tout bascula subitement.

Hikaru apparut alors, enchaînée par les poignets, assise sur un immense container métallique.

– Hikaru !…

À ses côtés, un garde veillait, tenant la chaîne d’une poigne de fer. Le trouble envahit Kyosuke. S’il pouvait voir cette scène, cela signifiait-il que son double était à proximité de Hikaru ?… Cela semblait plausible. Derrière elle, un second container se dressait, sa porte béante. Était-ce là que son double était retenu, captif également ? Mais Madoka, où était-elle ?…

Bien qu’il ne puisse maîtriser ces visions, Kyosuke comprit que son ardent désir de retrouver Madoka avait guidé ces images jusqu’à lui. Ainsi, si l’on avait la chance de voyager dans cette interdimensionnalité, il était possible de percevoir des images de tout monde parallèle avant d’y pénétrer. Cependant, revoir Hikaru, la Hikaru de son propre monde, éveilla en lui une émotion si vive qu’il sentit naître une nouvelle résolution. Il devait tenter à nouveau de franchir ce seuil, de pénétrer cette dimension qui lui était interdite.

 

«

 

Madoka leva les yeux vers le ciel étoilé, brisé ici et là par des nuages épars derrière lesquels se devinait la lune. Elle se surprit à murmurer intérieurement que ce ciel, si vaste et indifférent, ne lui apporterait aucune réponse. Ces étoiles scintillantes, ces échos lumineux d’un passé lointain, n’étaient après tout que des vestiges scientifiques, des messagers sans âme, incapables de dévoiler les secrets de son cœur. En cet instant précis, elle ressentait une étrange distance, comme une barrière invisible qui l’empêchait de ressentir pleinement l’amour. Mais de quelle nature était cette barrière ?… Qu’est-ce qui alourdissait son cœur de ce poids insaisissable ?… Était-ce la peine ?… La culpabilité ?… La peur ?…

Non, cela allait bien au-delà. Ce fardeau semblait plonger ses racines dans un lieu plus profond et plus secret en elle. En fixant le chapeau de paille rouge qu’elle tenait entre ses mains, elle sentit soudain qu’il pouvait peut-être lui offrir une lueur de clarté, une porte vers ces recoins inexplorés de son âme. Pourtant, l’idée même lui paraissait insensée. Comment cet objet, qu’elle s’apprêtait à abandonner aux flots, pourrait-il lui dévoiler les mystères de son cœur ?… Elle secoua la tête, consciente qu’elle dérivait vers des pensées dénuées de toute logique. Mais cette dérive elle-même, n’était-ce pas justement le fruit de la logique qu’elle s’efforçait d’imposer à sa vie ?… Son esprit rationnel refusait de voir, mais au fond, elle savait. Tout dans sa situation actuelle échappait à la raison. Son choix de se trouver ici, loin du Japon, loin des siens, était en soi une absurdité. S’isoler pendant six mois, rompre tous les liens, tout cela n’avait rien de raisonnable. Ce n’était pas elle, cette Madoka qui avait toujours façonné son existence comme un refuge de liberté, un îlot stable dans un océan de chaos. C’était cette soif de liberté qui l’avait guidée, mais jamais au prix de celle de ses proches. Alors pourquoi ce chapeau, cet objet à la fois si banal et chargé de souvenirs, pesait-il sur son cœur, comme une ancre lourde et incompréhensible ?…

Ce chapeau, offert par un inconnu, portait en lui toute la contradiction de ses sentiments. Elle le chérissait malgré elle, tout en voulant s’en défaire, car il était devenu le symbole de son malheur, le catalyseur des souffrances de ceux qu’elle aimait le plus. Ses pensées se heurtaient les unes aux autres, se dissolvant dans un tumulte intérieur qui semblait ne jamais s’apaiser. Elles tournaient en rond, jusqu’à se briser sur les murs de son cœur, cette barrière immuable et infranchissable. Madoka sentit un poids s’alourdir en elle, non pas une faiblesse physique, mais l’écho d’une guerre intime qui commençait à se jouer. Elle porta alors une main tremblante à sa poitrine, serrant le chapeau contre elle, tandis qu’une vague de trouble inondait son être, balayant ses certitudes et plongeant son esprit dans un maelström de doutes.

 

«

 

Kyosuke aperçut sur les images que quelque chose d’étrange était en train de se dérouler, non loin de l’endroit où se trouvait Hikaru. Il s’agissait d’une vaste salle, démesurément grande, un immense entrepôt dont les parois métalliques formaient les limites. À l’intérieur, d’imposants monticules de sable s’élevaient, éparpillés de manière anarchique. Mais que diable pouvait bien être cet endroit ?… Son esprit vacilla lorsque, avec effroi, il réalisa l’agitation fébrile qui régnait en ce lieu. Bien que les sons ne lui parviennent pas, les images seules suffisaient à traduire la violence inouïe des scènes qui se jouaient devant ses yeux incrédules. Madoka !… Et un double de Sayuri Hirose ?… Toutes deux, juchées sur leurs motos, s’affrontaient dans une lutte acharnée, tentant l’une de renverser l’autre !… Ce duel, qui mêlait les acrobaties effrénées du freestyle à moto à une sorte de joute chevaleresque d’un autre temps occidental, glaça Kyosuke jusqu’au plus profond de son être. Il trembla pour Madoka qu’il découvrait, stupéfait, accomplir des manœuvres d’évitement et d’attaque d’une virtuosité qu’il ne lui avait jamais soupçonnée. Mais comment pouvait-elle être capable de telles prouesses ?… Et cette ennemie… Était-il possible que Sayuri Hirose soit véritablement là ?… Lui qui l’avait connue autrefois, au lycée, n’avait vu en elle qu’une séductrice manipulant le cœur des garçons avec une indifférence cruelle. Et voilà qu’à présent, elle rivalisait d’agilité avec Madoka, aussi bien dans la maîtrise de sa moto que dans le lancer précis et acéré de ses projectiles. C’était à peine croyable.

Peu à peu, Kyosuke prit conscience que ce qu’il voyait n’était en rien une hallucination née de quelque facétie issue l’interdimensionnalité voulant torturer son esprit. Non, c’était bel et bien la réalité qui se déroulait là, sous ses yeux. Frappé d’un sentiment d’urgence, il tenta d’agir. Il se projeta lui-même vers les images, espérant franchir cette frontière impalpable. Mais sa tentative ne fut guère plus efficace que la lumière qui, inlassablement, traverse un verre transparent sans jamais rencontrer d’obstacle. Ce n’étaient pas ces images qui marquaient l’entrée de cette dimension, mais bien cette lumière mystérieuse qu’il avait auparavant tenté de pénétrer en vain. Il redoubla d’effort sur ce « phare », mais quelque chose, comme un mur invisible, se dressait toujours entre lui et ce seuil, l’empêchant de le franchir. Et pourtant, sous ses yeux impuissants, Madoka continuait à se battre contre une ennemie implacable !

Lorsqu’il la vit soudainement blessée, percée par son propre médiator, il hurla d’horreur. Le sang de Madoka se répandait sur le sol ! Et même en tendant la main vers cette vision effroyable, Kyosuke restait impuissant. Désespéré, il lança un cri déchirant, hurlant le nom de Madoka dans l’immensité du vide interdimensionnel.

C’est alors que, dans un grondement sourd, une faille interdimensionnelle se dessina, à une centaine de mètres derrière lui. Un frisson glacé parcourut Kyosuke, tandis qu’une terreur incommensurable l’envahissait. Il reconnut aussitôt cette force irrésistible, ce rappel impérieux qui le tirait inexorablement vers sa propre dimension d’origine, comme cela avait happé Hikaru avant lui. Tout autour de lui, le monde semblait aspiré dans ce vortex d’oubli. Mais une chose était certaine : c’était bien lui, Kyosuke, qui était visé. Dans quelques instants à peine, il serait ramené impuissant sur la Terre, condamné à être séparé pour toujours de Madoka…

 

«

 

Madoka se sentit soudainement en proie à un étrange et profond malaise. Non pas que son corps fût malade, mais quelque chose en elle de bien plus subtil tourbillonnait dans les recoins les plus sombres de la région de son cœur. Comme si tout son être s’agitait, suite à l’écho d’un cri de détresse lointain posé sur son cœur.

Durant toutes ses années de lycée, elle avait enfoui ses sentiments, les enfermant dans les tréfonds de son âme, cherchant le courage d’affronter un amour impossible, insaisissable, comme une ombre prête à s’évanouir à tout instant. Pour apaiser ce chagrin étrange qui, tel un océan, faisait déferler des vagues incessantes de tristesse sur son être, elle s’était abritée derrière un masque indestructible, impossible à briser de l’extérieur, tout comme de l’intérieur. Madoka, malgré tout, devint l’objet d’admiration pour tous, même pour ceux qui autrefois avaient raillé son caractère taciturne, ou qui murmuraient qu’elle n’était qu’une délinquante.

Quand le hasard plaçait Kyosuke sur son chemin, elle s’efforça, avec encore plus d’acharnement, de comprimer ses propres émotions, les reléguant plus loin encore dans les abîmes de son cœur. Son âme, dans un murmure silencieux, la suppliait de sacrifier son propre bonheur au profit de celle qu’elle considérait comme une sœur. Elle savait qu’il ne lui fallait pas s’ouvrir à Kyosuke, pas tant que l’avenir demeurait voilé de tant d’incertitudes. Quatre longues années, elle poursuivit ainsi, bâtissant peu à peu une coquille épaisse tout autour de son cœur, une barrière hermétique qui la protégeait, mais qui l’empêchait également de laisser filtrer la moindre lueur sur ses véritables sentiments. Elle devint alors la prisonnière de son propre cœur, capturée par ses émotions refoulées.

C’est dans cette prison intérieure que le cataclysme survint. La découverte du chapeau de paille rouge par Hikaru dans la chambre de Kyosuke fit vaciller son monde entier. Seule, coupée du reste du monde, enfermée dans une douleur immense et insondable, Madoka se sentit submergée par une vague de désespoir contre laquelle elle ne pouvait lutter.

Des larmes coulèrent et glissèrent silencieusement dans l’eau, comme autant de secrets enfouis. Comment puiser dans cet amour qu’elle croyait à jamais hors d’atteinte, cet amour qu’elle avait enseveli si profondément en elle ? Comment trouver la force de s’élever au-dessus des abîmes pour offrir à l’univers une âme ravagée par les épreuves de la vie ?… Comment oser s’avouer et avouer qu’elle aimait Kyosuke ?… Comment briser toutes les chaînes invisibles qui l’enserraient ?

Son regard se posa à nouveau sur le chapeau de paille rouge. Pour la première fois depuis des années, elle pressentit qu’en cet objet résidait peut-être une réponse, un chemin vers la délivrance, vers ce cœur inaccessible qui était le sien.

– Kasuga… murmura-t-elle, l’écho du passé se dévoilant encore en elle.

« Cent marches !… »

« Non ! Quatre-vingt-dix-neuf !… »

« Trouvons un compromis : quatre-vingt-dix-neuf marches et demi, d’accord ?… »

D’autres larmes roulèrent à nouveau sur ses joues.

– Kasuga…

L’esprit de Madoka était brouillé, confus. Ce chapeau faisait ressurgir en elle un souvenir magique, venu d’il y a quatre ans. Elle ne comprenait pas pourquoi cet objet semblait soudain revêtir une importance capitale, alors qu’elle avait voulu s’en débarrasser quelques minutes plus tôt.

Elle l’examina de plus près.

– Kasuga…

 

«

 

Les yeux de Kyosuke s’emplirent de terreur. Une terreur qui ne suffisait plus à franchir les mondes. Une force invisible venait l’assaillir, le contraignant à dériver légèrement dans l’instant. Tandis qu’il fixait les images montrant Madoka en lutte contre une ennemie inflexible, il remarqua que la moto de Madoka était perdue. La jeune femme au regard d’émeraude s’était alors jetée, seule et avec une audace folle, contre son adversaire, exécutant une contre-attaque aérienne d’une habileté extraordinaire, avant de frapper de plein fouet l’imposant garde qui retenait les chaînes de Hikaru.

Cependant, l’horreur éprouvée par Kyosuke atteignit son paroxysme quand il vit qu’une paralysie soudaine et totale affectait tout le corps Madoka ! Incapable de contrôler sa propre chute dans le vide, la jeune femme, déjà tombée dans l’inconscience, menaçait, la tête la première, de s’écraser mortellement au sol.

Combien de temps dure une seule seconde ?…

Selon les préceptes de la Science, il s’agit d’une fraction mesurable du temps.

Mais pour Kyosuke, le temps devenait une notion fluide, échappant à toute logique grâce au Pouvoir.

Le Pouvoir !…

Cela vint en lui comme jamais…

Le cœur de Kyosuke explosa alors de colère et de rage. Tandis que la scène de la chute de Madoka se figeait dans un instant suspendu, accordé par le Pouvoir comme jamais auparavant, il hurla avec une intensité inégalée :

– Je te sauverai, Ayukawa !…

 

«

 

« Je te sauverai, Ayukawa ! »

Sur la plage couverte par un champ d’étoiles scintillantes, Madoka, tétanisée, perçut ces mots comme un murmure intemporel, résonnant avec une clarté déconcertante dans les profondeurs de son esprit. Chaque syllabe était empreinte d’une gravité sublime, une promesse inébranlable portée par un écho d’émotion brute et sincère. La voix de Kyosuke, teintée de passion et de détermination, semblait se frayer un chemin à travers les méandres de ses pensées, faisant vibrer les cordes les plus secrètes de son cœur, qui tressaillit d’émotion.

Madoka n’avait pas rêvé ! La présence de ces mots était trop réelle, trop vivante pour être le fruit de son imagination. Leur intensité transcendait les frontières du tangible, comme un serment silencieux porté par le vent.

– Kasuga ?…

 

«

 

Ce cri, jailli des lèvres de Kyosuke, ne se contentait pas de s’élever en un simple écho à travers l’immensité des espaces. Il se transforma en une onde vibrante, répercutée avec une intensité rare à travers tout le tissu de l’univers. Enfin, dans cet entre-univers mystérieux où il se trouvait. En une fraction de seconde, Kyosuke déchaîna un torrent de pouvoir, une explosion inédite de force et de passion, concentrant son être tout entier pour Madoka, imprégnant chaque parcelle de son âme d’un mélange ardent d’amour, de colère et de détermination. La peur avait disparu, effacée par la fulgurante certitude de l’instant. Tout ce qui existait dans cet unique instant suspendu était pour Madoka.

La force mystérieuse qui tentait de le ramener vers la Terre se rapprochait inexorablement. Kyosuke, ancré dans cette seconde figée comme un cristal dans l’immensité de son esprit, entreprit un acte de bravoure démesuré : tenter une téléportation au cœur du « phare ». Le risque était colossal, presque insensé ; se téléporter en plein milieu de la translation interdimensionnelle relevait d’une témérité pure. Mais il n’avait pas d’alternative. Chaque fraction de cette seconde était précieuse, et il fallait bien plus qu’un battement de cil pour s’avancer et franchir le seuil qui se dressait devant lui, pénétrer dans la dimension, puis tenter de sauver Madoka d’une mort certaine. La téléportation était la seule solution.

Au-delà du pouvoir qu’il dégageait avec une intensité phénoménale, comme s’il s’était libéré d’un poids ancien et écrasant, Kyosuke se volatilisa de l’espace interdimensionnel, laissant derrière lui un cri déchirant, vibrant en échos à travers tout le Multivers :

– Ayukawa ! Je viens à toi !

 

«

 

« Ayukawa ! Je viens à toi ! »

Une fois de plus, alors qu’elle se tenait face à l’immensité sombre de l’océan, Madoka perçut ces mots destinés à elle comme un écho vibrant dans les profondeurs de son âme. C’était bien Kyosuke, elle en était certaine ! Sa voix, claire et distincte, empreinte de détermination, absente d’indécision, avait traversé son esprit comme un rayon de lumière fouaillant à travers les nuages d’un ciel orageux.

Elle scruta les environs avec une intensité désespérée. Il n’y avait rien. Pas une silhouette à l’horizon, seulement l’étendue infinie de sable et d’eau. Comment Kasuga pouvait-il être là ?… Mais ses oreilles n’avaient pas menti. Elle avait réellement entendu sa voix, par deux fois, comme un appel du Destin !

Revenant à la réalité avec une brusque fermeté, mentalisant, elle ajusta son chapeau sur sa tête et reprit sa marche vers le rivage. C’est alors qu’un rugissement de l’océan sembla résonner dans son cœur. Une onde émotionnelle immense déferla en elle, comme une vague impétueuse et inarrêtable. Chaque battement de son cœur semblait suspendu dans le flot du Temps, le monde extérieur s’évanouissant pour céder place à une perception intime et suspendue.

Le temps, dans cette seconde précieuse, parut se dilater, ralentissant jusqu’à atteindre une douceur inédite. L’explosion intérieure de son être fit surgir des profondeurs toutes les émotions endormies, comme si la voix de Kyosuke avait réveillé une mer de sentiments ancrés profondément en elle. C’était bien lui ! L’amour qu’elle avait ressenti se déploya dans une intensité qu’elle n’avait jamais connue, un amour qui transcenda les limites de ses perceptions habituelles. Elle en avait la certitude : elle venait de ressentir en elle l’amour pur et authentique de Kyosuke. Comme jamais auparavant !

Ce sentiment, vibrant et irrépressible, remonta avec une puissance irrésistible, éclatant dans le cœur de Madoka comme une étoile filante traversant le firmament. Elle ne pouvait contenir cette vague d’émotion. Alors, dans un cri libérateur, son amour pour Kyosuke s’exprima avec une intensité rare, résonnant dans l’univers tout entier.

Dans un torrent de larmes qui ne cessèrent point, elle hurla le nom de l’être aimé, son nom s’élevant vers le Ciel comme une déclaration sacrée. Ce n’était pas un simple nom, mais une révélation éclatante : elle avait découvert, avec une clarté absolue, qu’elle aimait vraiment Kyosuke Kasuga, qu’elle était enfin libre de se l’avouer dans toutes les strates de son âme, et que celle-ci n’avait plus à le cacher. Elle se laissa tomber à genoux sur le sable, ses mains cachant son visage tremblant sous le poids de cette révélation sublime.

Sa respiration était haletante, comme si elle venait de découvrir un trésor caché au plus profond d’elle-même. Ses repères se rétablissant lentement, elle chercha à calmer son cœur renaissant, maintenant enfin libre de toutes ses chaînes émotionnelles. Ses yeux, chargés d’une détermination inébranlable et d’une tendresse infinie, se découvrirent sous ses mains.

Se redressant avec une résolue élégance, ses mots, chargés d’une pureté et d’une passion inextinguibles, s’élevèrent pour s’unir à son être tout entier :

– Kyosuke, c’est moi qui reviens vers toi !

 

 

 

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