Historique personnel
Mon 1er LDVEH n’est autre que « les maîtres des ténèbres » 1er volet de la série « Loup Solitaire ». On me l’avait offert alors que j’étais en primaire, je pense que c’était en CE2. L’édition que je possède date de 1987 (le livre a été écrit en 1984). A l’époque, je n’avais rien compris à ce livre étrange aux concepts obscurs et aux dessins pas forcément agréables. Ce n’est que lorsque l’un de mes oncles a commencé à s’y intéresser sérieusement que je lui ai emboîté le pas (en trichant un peu !). J’ai ainsi poursuivi jusqu’au bout le 1er cycle composé de 5 tomes. J’ai acheté longtemps après la suite dans une nouvelle édition, mais les jeux vidéo étant passés par là, je ne les ai jamais ouverts ! La rencontre avec les LDVEH a été certainement l’élément déclencheur de mon intérêt pour les jeux de rôle dans leur version vidéoludique moderne (surtout les JRPG consoles).
Couverture du 1er volume
Ma collection de LDVEH (qui a un peu souffert)
Qu’est-ce qu’un LDVEH ?
Dans les années 1980, les jeux vidéo n’étaient pas du niveau de ceux que nous connaissons actuellement. Les 1ers jeux de rôle étaient sur ordinateur et comprenaient essentiellement des lignes de texte en anglais. La partie interactive se faisait par le biais de choix sous forme de verbes d’action (parler, prendre, regarder…) selon un langage machine particulier ! Et, un mauvais choix pouvait se solder par une mort rapide !
A mi-chemin entre le jeu de rôle sur table et les 1ères aventures vidéoludiques se situe les LDVEH.
Rappel rapide du JDR sur table
Les JDR sur table sont le prolongement de grandes œuvres littéraires de l’héroïc-fantasy telles que le Seigneur des Anneaux (pour citer la plus connue). De ces romans sont nés une multitude de JDR dont la licence la plus célèbre et celle de Donjons et Dragons. Les créateurs de Lodoss ont eux-mêmes pratiqués le JDR sur table et c’est à partir de leurs expériences qu’ils ont créés leur propre univers ! La popularité des JDR sur table étant bien installée tous les univers imaginables ont été déclinés dépassant largement le cadre initial de l’héroïc-fantasy.
Les participants se tiennent autour d’une table et jouent chacun leur tour en lançant un ou plusieurs dés. L’un des participants est appelé le « maître du jeu » c’est lui qui organise et anime la partie. L’histoire qu’il raconte peut-être issue de son imagination ou d’un livre dédié à cet effet. Les inconvénients liés à cette pratique sont nombreux, il faut :
- Un lieu adéquat et un minimum de matériel pour jouer
- Un nombre de joueur suffisant, motivé, et respectueux des règles
- Un maître de jeu expérimenté à la fois conteur, animateur et organisateur
- Du temps, car les parties peuvent être longues !
Grâce aux LDVEH, vous pouvez éviter tous ces inconvénients. Il suffit de suivre les indications contenues dans le livre pour participer seul et avec peu de matériel à une grande aventure !
Il existe de multiples séries de LDVEH, chacune étant ancrée dans un type d’univers ou une ambiance particulière allant de la SF, à l’héroïc-fantasy, l’épouvante... Je vais citer pêle-mêle les séries : Loup Solitaire, Défis Fantastiques, Soleil Noir, Dragon d’Or, la Voie du Tigre, Quête du Graal, Histoire, Défis et Sortilèges… Chaque série comporte un nombre variables d’ouvrages dont les histoires peuvent se suivre ou être indépendantes les unes des autres.
Exemple d'illustration
Comment s’en sert-on ?
Pour la suite, je vais me baser sur la série « Loup Solitaire ». Des différences de règlement plus ou moins importantes peuvent apparaître dans les autres séries.
1) Les préparatifs
Dès l’ouverture du livre, vous êtes amenés à compléter une « feuille d’aventure ». Cette feuille est l’équivalent de ce que l’on nomme aujourd’hui « l’inventaire » et une version sommaire de la fiche de caractéristiques de son personnage.
Il faut tout d’abord définir ses points d’habileté (points d’attaque) et d’endurance (points de vie). Pour se faire, il faut pointer avec un objet (un stylo par exemple) un chiffre de la table de hasard (document primordial à l’aventure remplaçant les dés) et ajouter 10 au chiffre trouvé pour l’habileté. Même chose pour l’endurance où l’ajoute 20.
Ensuite, particularité de la série « Loup Solitaire », il faut choisir 5 disciplines Kaï (des compétences) portant des noms familiers tels que « sixième sens », « guérison », « camouflage »… dans une liste de 10. Sachant que si l’on poursuit l’aventure avec les livres suivants on pourra en choisir une supplémentaire par livre (et se retrouver au 5ème avec les 10 disciplines).
Enfin, un équipement de base est offert au joueur dont un objet à tirer au hasard. Il est bien sûr expliqué les restrictions liées à l’équipement (50 pièces d’or maximum par exemple).
La feuille d'aventure
La table de hasard
2) La progression
Le livre est composé de chapitres numérotés plus ou moins longs. A chaque décision que doit prendre le joueur correspond un numéro de chapitre différent.
Exemple :
« Vous vous retrouvez à un croisement où trois chemins s’offrent à vous. Vous ne pouvez pas faire demi-tour car la meute de loups ensorcelés vous poursuit. Le panneau indicateur ne vous est d’aucune aide car les inscriptions sont partiellement effacées. Si vous désirez prendre le chemin de gauche allez au 35 ; si vous désirez aller tout droit allez au 93 ; enfin si vous désirez prendre le chemin de droite allez au 28. »
Pour résumer rapidement les conséquences de cet exemple, dans un tel choix, les trois directions peuvent aller de la meilleure (raccourci) à la pire (cul-de-sac et mort immédiate).
Carte du monde
3) Les combats
Le système de combat n’est pas très compliqué en soi, mais il peut se révéler cruellement injuste selon les circonstances.
1) Il faut soustraire ses points d’habileté avec ceux de son (ses) adversaire(s). Le résultat donne un « coefficient d’attaque » positif ou négatif.
2) Ce coefficient doit être croisé entre la « table des coups portés » avec un chiffre obtenu dans la table de hasard. A chaque attaque correspondant à un tirage (ou tour de jeu), le joueur et son ennemi perdent ou non des points d’endurance. Autrement dit, ce n’est pas du « tour par tour » mais un combat en « temps réel ».
3) Le premier qui arrive à 0 point d’endurance à perdu. Si le joueur n’a plus de points d’endurance c’est « game over ».
Il faut savoir que l’on peut régulièrement gagner ou perdre des points d’endurance au cours des déplacements selon les événements. Une nuit de repos ou un bon repas permettra de récupérer tout ou partie de ses points. Tandis qu’un piège, un empoisonnement ou une attaque subite pourra éventuellement vous tuer sur le coup ! Il peut donc arriver que l’on arrive affaibli face à une horde d’adversaires ou que l’on tombe bêtement dans un piège juste après un rude combat !
La table des coups portés
4) Les limites du concept
Ce type de livres a un défaut majeur : il faut respecter les règles pour y jouer sérieusement. Le hic, c’est qu’en dehors du système de chapitre, où les événements sont donnés dans le désordre, le système repose entièrement sur l’honnêteté du joueur ! On peut facilement gagner certains combats, éviter de perdre des points d’endurance, revenir en arrière si l’on s’est trompé, utiliser des objets que l’on n’a jamais ramassé… Vu la difficulté et la relative complexité du système pour les plus jeunes, il est difficile de ne pas céder à la tentation de la « triche ». Je suis bien au courant de cette limite car j’y ai eu moi-même recours. Bien sûr comme tout système de triche (ancien ou moderne) cela gâche l’aventure… J’ai le souvenir d’un livre que je n’ai jamais réussi à terminer honnêtement : le « Manoir de l’Enfer » et ses fameux points de peur !
Conclusion
La saga « Loup Solitaire » a été pour moi une grande expérience. Grâce au système d’inventaire, il est possible de conserver certains objets et aptitudes obtenus d’un livre à un autre. Le fabuleux « Glaive de Sommer » en fait partie ! Bien avant les jeux dont on peut récupérer la sauvegarde, ces livres avaient inventé le système et ainsi préfiguré la nécessité pour le joueur d’acheter tous les épisodes !
Même si ce type d’ouvrage peut aujourd’hui sembler désuet, ceux qui les ont connus en garde tous de magnifiques souvenirs. On avait vraiment l’impression de participer activement à l’aventure et les possibilités de jeu étaient multiples grâce au hasard et aux différents choix disponibles.
Voilà pour ce bref aperçu des LDVEH, si vous désirez partager votre expérience personnelle ou corriger certaines approximations (je n’ai pas eu recours à une aide extérieure autre que mes propres livres) la parole est à vous